Deuxième évaluation, Patte de Blé

De précieux souvenirs …




Ah cette douce odeur, cette douce chaleur ! Je ne pouvais m'empêcher de sourire en sentant ce parfum sucré et appétissant, ça me rappelait les bonbons que je mangeais toujours ! Un bruit me dérangea et j'ouvris doucement les yeux. Ne sachant pas ou j'étais. Je regardais ce qui se trouvais au-dessus de moi, des nuages blancs, avec de jolies sourires étaient dessinés sur le plafond. Je les contemplais un moment et je souris à ces petits nuages tout doux. Je me relevais doucement, me mettant en position assise et je regardais autour de moi. Il y avait plein d'autres petits comme moi, des filles et des garçons. Là-bas je voyais quelqu'un de grand, très grand, un géant ? Ah non, c'était ma maîtresse. Je mis mon pouce dans ma bouche et je l'observais parler gentillement à un petit garçon qui pleurait. Il était habillé d'un pull bleu clair et d'un short assortit. Je baissais les yeux vers mes propres habits, je portais un bavoir rose et une jupe assortit. J'attrapais mon nounours à côtés de moi, mon petit ours aux yeux bruns, si doux, et dont la couleur crème me rappelais tellement la tendresse de ma mamie. Je le serrais dans mes petits bras, et je penchais doucement la tête de côté. Je vis une grande dame, avec de long cheveux blonds et de petits yeux vert rentrer dans la classe et une petite fille avec des tresses claires couru dans ses bras. J'entendis ce qu'elles disaient : « Maman ! Maman ! Dis ... tu m'achèteras une glace en rentrant, s'il te plaitttttt » sa maman rit et répondit : « bien sur mon ange ! Si tu veux nous iront même jouer au parc ! » les rires s'élevaient joyeusement dans toute la crèche. Je laissais mon nounours et m'approchait d'une petite fille aux cheveux bruns en disant :

« Dis ? Tu veux jouer avec moi ? »

La petite en question me regarda et me poussa, je tombais par terre et me mit à pleurer pendant qu'elle répondait :

« Nan ! Puis d'abord t'es pas belle ! Je veux pas jouer avec toi ! »

La maîtresse vint vers moi et me dit :

« Emily ! Qu'est-ce que tu as encore fait! »

Je la regardais avec de grand yeux baignés de larmes et répondis :

« mais j'ai rien fait ! C'est elle qui m'a poussé ! »


Je me remis à pleurer tandis que la maîtresse me laissait seule. Je retournais dans un coin de la pièce avec mon nounours et j'attendis. Mamie n'allait pas tarder à venir me chercher ! Enfin je pourrais jouer sur ses genoux et manger ses délicieux gâteaux .. comment elle les appelait déjà ? Ah oui ! Des cookies ! Miam ! Rien que d'y penser je souris et je regardais vers l'entrée. Presque tous les petits étaient déjà partis ... Mamie ? Pourquoi ne viens tu pas me chercher ? Je suis là ! Tu ne m'as pas oublié hein ? Mamie ! Je serrais encore plus fort mon nounours pour ne pas pleurer et j'attendis. Longtemps ... Si longtemps que je finis par me rendormir.





Je me retrouvais dans ce monde coloré et joyaux. Je me sentais si bien ici, au chaud dans la maison de Mamie ! Avec cette chose qui réchauffait la pièce et qui faisait du bruit ... j'entendais le bruit de la chaise ou Mamie aimait s'asseoir. Je souris et m'avançais à quatre pattes vers elle. Elle me sourit et me prit dans ses bras où je gazouillais joyeusement m'amusant avec son écharpe. Je levais les yeux vers elle, elle avait le visage en forme de rond, ses yeux étaient marqués de petits traits qui donnaient à son regard une infinie tendresse. Sa bouche était elle aussi marquée de fin traits, à force de sourire. Ses cheveux étaient attachés avec un gros ruban rose et quelques petits cheveux retombaient sur son visage. Son gilet blanc, posé par dessus sa chemise rose sentait le chocolat et la laine formait de jolies motifs. Il ne se dégageait d'elle que douceur et amour. Je me souviens encore des chansons qu'elle me chantait lorsque j'étais sur ses genoux ... c'était si doux et si joyeux en même temps ...Mamie ... elle était si gentille ! Alors pourquoi ne viens tu plus me chercher Mamie ? Est-ce que j'ai fais quelque chose de mal ? Pourtant,  j'essaie d'être une gentille fille ! Je ne dis rien aux maîtresses et je ne fais pas trop d'histoires ! Tu m'as dis que si j'étais sage tu viendrais me chercher ... Alors pourquoi ne viens-tu pas ? Mamie ! Je frissonnais de froid et ouvrit les yeux, je me trouvais maintenant dans un lit. La maîtresse avait du me coucher en attendant Mamie. Il n'y avait personne dans la pièce et j'essayais de sortir de mon lit pour retrouver mes camarades. Ils étaient dans la pièce d'à côté ! Je souris et je m'installais à côté d'eux lorsque je me fis violemment pousser par deux garçons qui dirent :


« bouhhhhh la vilaine ! T'a même pas de maman ! Va-t-en ! On veut pas de toi ici, et puis d'abord personne t'aime ! T'es juste une pleurnicharde ! »



Je les regardais sans comprendre. Je n'avais pas de Maman ? Mais Mamie était ma maman non ? Et puis d'abord elle, elle m'aime ! Je repartis dans un coin et je commençais à parler avec mon ours. Nono au moins il m'aimait ! Je jouais pendant un moment. Sans que les autres ne me prête la moindre attention. Je souriais toujours mais je ne comprenais pas pourquoi je n'avais pas le droit de jouer avec les autres. Est-ce que j'étais différente ? Non je ne crois pas, alors pourquoi ? Et puis pourquoi la maîtresse me grondait-elle toujours ? C'est toujours moi la coupable on dirait ! Mon sourire disparut pour laisser place à des yeux tristes, la maîtresse le vit mais ne sembla pas s'en faire, au contraire elle se détourna de moi pour s'amuser avec les autres. Je m'assis par terre et je remontais mes genoux sur ma poitrine. Cachant mon visage. Mamiiiieeee viens me chercher s'il te plait ! Je te promets que je serais sage maintenant, mais s'il te plait vient me chercher ! Tu ne veux plus me faire des gâteaux ? Ni me donner de la tisane ? Pourtant, c'est si bon ! Mamiieeeeee je comprends pas pourquoi tu ne viens plus ! Soudain je sentis que quelqu'un me tirait les cheveux, je relevais la tête pour voir une petite fille qui me tirait l'une de mes couettes, je dis :
« Aïeeeeeee ça fait mal ! »

L'autre fille rigola et partie en courant tout en criant :


« Emily la pleurnicharde ! Emily la Pleurnicharde ! »


J'en avais marre ! Pourquoi on m'embêtais toujours ? Je m'approchais de la maîtresse et lui dis :


« Maîtresse ! Pourquoi Mamie ne viens pas me chercher ? »


Elle me regarda longuement et me dis :


« Ta mamie ne viendras plus Emily, elle est partie ... »


« Partie ? Ou ça ? Faire des courses ? C'est pour ça qu'elle est en retard ?»


« Hum enfait, je veux dire qu'elle est partie, qu'elle est décédée, enfin elle n'est plus de ce monde ... »


Plus de ce monde ? Alors, il existait un autre monde ?Moi aussi je voulais partir dans cet autre monde ! Je dis :


« un autre monde ? Et comment on fait pour y aller ? »


La maîtresse me regarda avec froideur et dis :


« Elle est morte ! Tu ne la reverras plus, maintenant arrête de me poser des questions et va dormir ! Elle ne viendra plus te chercher c'est tout ! »


Je la regardais, mes petits yeux agrandit par l'incompréhension. Morte ? Ça voulait dire quoi ?J'avais déjà entendu ce mot, mais je ne savais pas ce que cela signifiait .. La dernière fois que j'avais entendu ce mot c'était quand beaucoup de gens habillés en noir pleuraient en parlant de mamie ... Pourquoi pleuraient-ils d'ailleurs ? Elle avait fait quelque chose de mal ? Je rejoignis un coin de la pièce et observais les autres enfants ... Soudain le bruit d'une cloche se fit entendre, je me relevais, enfin Mamie venais me chercher ! Je courrais vers la porte et j'attendis. Cette dernière s'ouvrit et je ne pu retenir un soupir de déception. Ce n'était pas ma Mamie ... c'était la maman de la petite fille qui m'avait tiré les cheveux ...


Je me redressais, les yeux déterminés. Puisque Mamie ne venait pas me chercher c'est moi qui irai la retrouver ! Je profitais du fait que la porte soit ouverte pour partir en courant. J'entendis des cris mais je continuais. Un bruit me fis relever la tête, des voitures passaient et repassaient devant mes yeux, donc j'étais bien dans la rue. Mais où aller pour retrouver Mamie ? Dis moi Mamie ... Je suis grande regarde, je vais retrouver le chemin toute seule, et tu seras fière de moi ! Je me remis en marche et continuais longtemps, très longtemps je pense, sans que la maîtresse de la crèche ne vienne me chercher. De grandes maisons bariolées de couleurs défilaient devant moi, mais ce n'étais toujours pas celle de Mamie ... Pourquoi ? Mes yeux se remplirent de larmes et je courus, je ne sais pas trop où. J'avais peur, peur de ne pas retrouver ma mamie, peur du noir qui commençait à s'abattre sur la ville, peur de tout, peur des gens qui marchaient sans faire attention à moi, peur des chiens ... Je fermais les yeux et me mis à courir encore plus vite.

J'entendis le bruit d'une voiture, les crissements de pneus, je rouvris les yeux, tout était noir, la douleur éclata dans mon corps, puis plus rien. La douleur et la peur avaient disparu. Je ne voyais même plus les gens qui m’entouraient ! Enfin ! Je n'avais plus peur ... Je clignais des yeux et je me retrouvais à nouveau chez Mamie ... Enfin je t'avais retrouvé ! Elle me sourit, elle était un peu transparente, comme une image,mais elle était toujours ma Mamie. Elle me repris dans ses bras. La chaleur m'enveloppa, je ressentais seulement la douceur et la joie d'être avec ma mamie. Je posais ma tête contre elle, je n'entendais plus le doux bruit que j'entendais avant quand j'étais dans ses bras, il n'y avait plus ce "boum boum" régulier mais ce n'était pas grave, tout ce qui comptait maintenant c'était que j'étais avec Mamie... Ma Mamie. Enfin ! Enfin je ne serais plus séparé de ma Mamie ... Je fermais doucement les yeux et plongeais alors dans un sommeil éternel ...