" Rien n'éteindra la flamme qui brûle en moi, elle est éternelle " ~ Vulpes Flamboyante

C'était un soir d'été, le soleil brûlant se couchant et teintait le ciel d'une magnifique couleur pourpre... A cet instant même, sur le territoire du Clan du Vent, une jolie chatte rousse et son compagnon, un chat couleur crème, attendaient. La chatte, le ventre gonflé par la présence des êtres qui attendaient de voir le jour, fixait l'astre avec un air serein. Son compagnon, lui, était plus inquiet. Ils n'auraient jamais dû se rencontrer, jamais dû s'aimer. Et pourtant, les faits étaient là. Bientôt, des chatons - leurs chatons - naîtraient sur ce territoire. Ils suivront les traces de leur mère, allant habiter avec des dizaines d'autres chats qui chassaient et se battaient pour survivre, tandis que lui, leur père, retournerait à la ville, près de ses maîtres, en gardant pour toujours le souvenir de cette soirée. La dernière qu'ils passeraient ensemble, elle et lui.
Soudain, la chatte rousse se tourna vers lui, un sourire apaisant aux lèvres. Il avait compris. Le moment était venu.

Bien des lunes avaient passé, et maintenant, Petite Vulpes et Petit Sacrilège, les deux chatons de Pétale Pourpre, avaient atteint l'âge de devenir apprentis. La petite femelle, aussi excitée que son frère, avait du mal à rester calme. Enfin, ses six lunes étaient arrivées. Aujourd'hui, ils commenceraient leur entraînement, pour prouver aux autres qu'eux aussi, ils étaient aussi loyaux aux Clan du Vent. Après tout, ils avaient toujours vécu une vie de chat de Clans, ils n'avaient jamais connu leur père, un chat domestique. A la pensée que son géniteur vivent chez les bipèdes, Petite Vulpes se renfrogna. Comme elle aurait aimé avoir ses deux parents vivant dans un Clan ! Leur situation, à son frère et elle, était pire qu'être des Clans-Mêlés : Ils étaient à moitié domestiques ! Mais elle était bien décidée à devenir une grande guerrière, comme sa mère. Jamais, s'était-elle juré, jamais elle ne laisserait ses origines domestiques nuire à son Clan !

" Par les pouvoirs qui me sont conférés, moi, le Chef du Clan du Vent, vous donne vos noms de guerriers. Désormais, Nuage de Vulpes, tu te nommeras Vulpes Flamboyante. Et toi, Nuage des Sacrilèges, tu te nommeras Sacrilège Divin. Je compte sur votre loyauté et votre courage pour protéger ce Clan qui est le votre, quoiqu'on en dise. "
Les yeux brillants de bonheur, les deux chats roux comme le feu avaient acquiescé. Ils avaient réussi à prouver leur valeur, plus aucun chat ne les traitaient de chats domestiques. Ils étaient enfin admis dans le Clan. Cette nuit, ils surveilleront le camp, comme devait le faire chaque nouveau guerrier. Ils n'avaient plus rien à prouver aux Clans. Ils resteraient loyaux au Clan du Vent jusqu'à leur dernier souffle.

Vulpes Flamboyante regardait, impuissante, les flammes ravager une partie de son territoire. La fumée montait, le feu crépitait, les arbres brûlaient. Et elle, immobile, regardait cet élément si puissant faire des ravages. Elle entendit une voix, sentis un corps se presser contre le sien, des mouvements l'écarter des flammes. Elle s'ébroua, tourna les yeux vers le visage effrayé de son frère, et fit volte-face. Elle courrait, galopait, jusqu'à son camp, dans l'espoir de pouvoir aider à l'évacuer. L'incendie s'était déclaré au début de la nuit, et le ciel noir semblait empli d'effroi. Brusquement, la chatte rousse s'arrêta et se retourna, les yeux rivés sur le brasier. Une silhouette aussi rousse que les flammes, presque invisible dans ce décor de feu, grimpait à un arbre, cherchant à aider une minuscule chose blanche. Paralysée, Vulpes regardait. Le chat roux réussit à rejoindre le chaton blanc, l’attrapa par la peau du cou et descendit de l'arbre. Mais, au même moment, une branche enflammée se détacha de son tronc et dégringola, écrasant le chat couleur de feu. Vulpes poussa un hurlement et courut aider son frère. Le chaton blanc se trouvait à moins d'une longueur de queue de la branche, tremblant. Elle l'attrapa par la peau du cou et le déposa à l'abri, avant de retourner près des flammes. Elle les scrutait, dans l'espoir de revoir son frère. Mais il n'était plus là. Elle ne le voyait pas. Il avait disparu, englouti par les flammes. Jamais elle ne le reverrait.