Who are you ? [PV Emy (Autumn)] [FINI]

A nouveau sans mentor (ils avaient donc un don pour me laisser tomber !?), j'allais chasser pour passer le temps. Je ramena deux proies, bien avant midi. Et lorsque la mi-journée fut atteinte, je n'avais pas faim et ne rentra donc pas au Clan pour me nourrir. Au pire, si j'avais faim en route, je mangerais dans les bois.

J'attrapais encore quelques proies, puis rentra les déposer. On me proposa de faire une pause, de déjeuner, mais je ne voulais point. De toutes manières, quel mal y avait-il à ce que je continue de chasser ? Cela bénéficiait à tout le monde !

Depuis qu'on ne croyait plus au Clan des Étoiles, certains avaient l'impression qu'une malédiction tomberait bientôt sur nous ; les anciens surtout pensaient cela. Personnellement, je n'y croyais pas. Je n'ai jamais vraiment cru au Clan des Étoiles ; avant d'arriver ici, je ne me souviens pas avoir eu quelques problèmes et pourtant je ne connaissais pas ce Clan béni du ciel.
De toutes manières, en admettant qu'ils existent (en admettant j'ai bien dis), ils ne peuvent pas nous jeter de malédictions si on n'y crois plus ! C'est complètement insensé.

J'avançais sans vraiment regarder où j'allais, et lorsque je releva la tête, je vis que je me trouvais à l'Aube Harmonieuse.
Je soupira ; évidemment, il fallait que mes pieds me conduisent ici !
Les oiseaux chantaient et virevoltaient d'arbres en arbres, pendant que moi, je regardais ce qui semblait être les tombes des derniers morts.
Je n'en connaissais pas vraiment. Oh, bien sûr, j'en avais certainement déjà croisé, mais ils ne mettaient pas proches.
A mon arrivée, il y avait eu quelques chats qui n'étaient pas d'accord pour que je "m’incruste" comme ils disaient. Et certains étaient des anciens, décédés aujourd'hui pour la plus part.

J'entendis des bruits de pas, et me retourna...

Autumn
Who’s in your head ?





Le soleil venait à peine de se lever. La neige scintillait doucement. Il n’y avait aucun bruit. Je dormais paisiblement. Pour une fois, je ne rêvais pas. Il faut dire que j’étais tellement fatiguée… Je ne savais pas pourquoi j’étais atteinte d’insomnie. Mais en tout cas, cela m’avait permis des rencontres impossibles en temps normal. Enfin… Pas réellement impossibles. Difficiles à mettre en place je dirais.

Le soleil caressa gentiment mon museau et je soupirai intérieurement. Pourquoi ne m’étais-je pas installée à ma place habituelle en revenant ? Une patte me poussa doucement le ventre. Je gémis. Ouvrit les yeux. Nuage de Caramel me regardait, assit par terre. Je baillai. M’étirait. Puis, bien réveillée, quoique fatiguée, je me levais. J’avais conscience que mes yeux devaient être bouffis. C’est pour cela que j’enfouis ma tête dans la neige.

Je frissonnai. Elle était vraiment froide. Je ne devais pas m’étonner si j’attrapais un rhume prochainement. Seulement, c’était la chose à éviter. Surtout que le baptême était pour bientôt. Si j’étais malade, je n’aurais pas d’apprenti. Et cela, c’était hors de question ! Mon frère m’indiqua qu’il fallait que je parte à la chasse. Je le remerciai d’un signe de tête. Il était vrai qu’il fallait le plus de proies possibles pour le Clan.

Je marchai dans le camp et observait le tas de gibier. Il était quasiment inexistant. Cela me brisa le cœur. Il était grand temps de faire quelque chose ! Je trottinai hors du camp puis m’arrêtait. Rien ne servait de courir dans ce monde blanc. Même si j’étais facilement repérable, ce n’était pas une raison. Je commençai à marcher à pas de loups, humant l’air sans relâche. Le froid me piquait le museau.

Enfin, je sentis un écureuil. Le petit animal s’était aventuré hors de son refuge pour chercher à manger. J’évaluais rapidement la situation. Son arbre rachitique n’était pas très éloigné. Si j’étais rapide, je pouvais… Ma proie rentra précipitamment dans sa cachette. Vexée, je me jetai sur l’arbre. Passai ma patte à l’intérieur. Heureusement, le trou n’était pas profond. J’arrivai donc à attraper l’écureuil.

Si quelqu’un m’avait vue comme ça, il devait s’être empressé de le dire à tout le Clan. Un peu rougissante, je me dépêchais de ramener le gibier au camp. Personne ne se moqua de moi, j’en conclus donc que personne ne connaissait ma manière… spéciale de chasser. Bien sûr, j’apprendrai à mon apprenti la meilleure méthode ! Pour ne pas qu’il se couvre de ridicule. Parce que sinon, c’était tout de même dommage.

Regrettant que ce soit la saison des feuilles mortes, je retournais chasser. Je ne pus attraper que deux autre proies. Un peu frustrée, je les déposais sur le tas. Puis, réfléchissant l’espace d’un instant, je pris un oiseau et l’apportai aux reines. Elles me remercièrent d’un sourire. Pourquoi un simple oiseau ? Eh bien, j’avais vu quelqu’un leur apporter du gibier un peu plus tôt. Nous avions dépassé la mi-journée.

Sachant d’avance que je ne prendrais rien cette fois, je décidai, au lieu de dormir, de me balader. La tête dans les nuages, je laissais mes pas me conduire. J’arrivais à l’Aube Harmonieuse. Encore ? Bon sang… Et dire que c’est ici que j’ai rencontré l’ancienne mentor d’Âme de Jais… Cela déclenche encore des frissons dans mon ventre. Mais ici avait été enterrée ma mère et ma meilleure amie.

Je me devais donc de les saluer. Non ? Soudain, je la vis. Pas Lune d’Émeraude. Une jeune chatte grise. Je mis un peu de temps à me souvenir de son nom. Nuage d’Hiver. Non seulement elle n’était pas issue du Clan mais ses mentors l’avaient tous lâchée. J’eus de la pitié pour elle. M’avançant, je m’assis à côté d’elle et murmurai une prière pour ma mère et mon amie. Je n’étais tout de même pas venue pour rien !

- Bonjour Nuage d’Hiver, commençais-je en lui souriant. Comment vas-tu ?

Je n’avais certes pas envie de brusquer la pauvre chatte. Elle s’était peut-être renfermée sur elle-même. Peut-être qu’elle refuserait de me parler. Cela me rendit triste mais je ne voulus pas le montrer. J’avais juste oublié qu’on pouvait tout lire dans mes yeux. Ce n’était pas grave, bien sûr. J’attendis sa réponse avec un peu d’appréhension.

Une chatte au pelage brun-roux rayé d'or s'était assise près de moi :

- Bonjour Nuage d’Hiver, commençait-elle en lui souriant. Comment vas-tu ?

Je ne la reconnaissais pas... Qui était-elle ? Elle avait l'odeur du Clan du Vent, je n'avais donc rien à craindre. Mais elle, elle me connaissait. Enfin, tout le monde me connaissait après mon "apparition" suspect qui m'avait valu d'être "adoptée" par le Clan du Vent. Mais chaque fois que quelqu'un voulait me parler, il ne se présentait pas. Savaient-ils au moins que moi je ne les connaissais pas tous ?
Je me tourna vers elle, tout en disant :

- Je ne te connais pas, quel est ton nom ?

Répondre à une question par une question. Généralement, cela avait le don d'énerver au plus haut point certains chats. Mais moi, j'adorais cela, ça m'amusait.

La neige recommençait à tomber, effaçant peu à peu mes traces et celle de l'autre chatte. Je regarda à l'horizon : tout n'était que neige blanche. Rien ne venait changer les tons des couleurs, rien sauf nous deux.

Les oiseaux avaient arrêtés de chanter et de virevolter entre les arbres.
Parce que...

...les oiseaux se cachent pour mourir.

Autumn
Être ou ne pas être…





Tout commence avec un simple mot. Tout finit de ce même mot. Et enfin, tout n’existe que grâce à ce mot. Être. Tout le monde l’utilise, souvent à tort et à travers. Car en vérité, cela fait preuve d’un narcissisme flagrant. Sauf lorsque l’on sait le manier tendrement. Hélas, rares sont ceux qui le comprennent. Beaucoup sont ceux qui en souffrent. Tous l’aiment malgré tout. Car il leur donne un sentiment de puissance.

Un seul petit mot et tout vole en éclats. Un seul petit mot que parfois on ne maîtrise pas. C’est pour cela que la politesse existe. Pour éviter ces mots qui blessent. Bien sûr, cela n’exclue jamais un renversement de situation. Mais du moins peut-on minimiser les risques. Car l’amitié est précieuse. L’amour aussi. D’ailleurs, nous utilisons le même mot. Aimer. Un mot tout simple et pourtant si criant de sens.

Nuage d’Hiver se tourna vers moi.

- Je ne te connais pas, quel est ton nom ?

Je me figeais. Avais-je enfreint les règles ? Certes, elle devrait savoir mon nom puisque nous étions du même Clan. Mais puisque nous l’avions recueillie, il était tout naturel qu’elle ne nous connaisse pas tous. N’est-ce pas ? Répondre à une question par une autre énervait beaucoup les autres. Cette jeune chatte semblait le savoir. Pourquoi donc voulait-elle se faire recaler dès le début ? Ne voulait-elle pas avoir des amis ?

Un bruissement. Impossible à entendre. Facile à deviner. La neige tombait, effaçant nos traces. J’eus un pincement au cœur. J’avais l’étrange impression de ne pas être à ma place. Dissimuler ses traces, c’était signifier que nous nous cachions. Que nous fuyions. Je n’aimais pas ça. Un manteau blanc recouvrait doucement les tombes. La neige s’accrochait doucement à mes poils. Nous commencions à nous fondre dans le paysage.

Les oiseaux avaient cessés de chanter et s’étaient cachés dans les arbres. J’aurais bien aimé les attraper mais ils étaient bien trop hauts. Et maigres. Pas vraiment de quoi rassasier le Clan. Tiens. Un autre mot que l’on utilise bien trop. Avoir. Cela aussi me semble narcissique. Avoir quelque chose. Avoir. Toujours avoir. Cela en est même légèrement écœurant. Nous ne pensons donc qu’à ça ? Surpasser les autres ?

Le déni de soi n’est pas non plus une bonne chose en elle-même.

- Je me nomme Autumn. Excuse-moi, il est vrai que j’aurais dû me présenter, lui répondis-je avec un sourire que j’espérais bienveillant.

Le sort en est jeté. A elle désormais de choisir. Être amicale ou pas ? Oui, tout revient à ça. A sa manière de vivre et de penser. Être ou ne pas être. Avoir ou ne pas avoir.

[Moins d'inspiration ._.]

Autumn. La guerrière s'appelait Autumn. Je ne comprenais pas, les guerriers devaient tous avoir un nom composé comme "Plume d'Argent", non ? Peut-être qu'elle était un cas particulier ?

Et pourquoi venait-elle me parler ? Elle n'était pas méfiante envers moi comme les autres chats ?
Tant de questions depuis mon arrivée...
... Que je voulu oublier.
Mais peut-être que cette Autumn m'aiderait à les résoudre ? Une lueur d'espoir s'éclaira en moi, que je m'empressais de calmer : si cela n'était pas possible, si la guerrière ne pouvait pas m'aider, je serais extrêmement déçue.

Je baissa la tête vers l'une des tombes ; à qui était-elle celle-ci ? Un vieux guerrier sage qui avait bien servi son Clan ou un pauvre chaton non-épargné par les forces de la nature qui n'avait même pas eu le temps d'ouvrir les yeux sur ce dur monde ?

Je tourna la tête vers Autumn en disant :

- A qui est-elle cette tombe ?

Ma voix n'était en rien méchante ou agressive et j'espèrais que la chatte l'aurait remarqué. Je voulais me faire des amis, ou au moins des gens qui m'appréciaient.

Spoiler:

Autumn
Live your life…





Elle semblait… Comment dire ? Troublée. Oui. C’était le bon mot. Mais pourquoi donc ? Qu’avais-je dit de mal ? Peut-être rien. Peut-être tout. Après tout, la nature est tellement abstraite. Dire quelque chose revient à redouter de son effet. Lorsque l’on dit bonjour à un groupe de chats, certains peuvent être heureux que vous les saluiez, tandis que d’autres grogneront. Les chats sont complexes.

Bien sûr, c’est ce qui fait leur personnalité mais tout de même. La vie serait bien plus simple si nous nous ressemblions. Mais elle serait tellement ennuyante… Non, à vrai dire, mieux vaut des chats différents et complexes. La vie est certes plus compliquée mais elle est d’autant plus attrayante. Elle nous prend par surprise, parfois à nos dépends. Elle rebondit sans cesse. La vie… c’est époustouflant.

Nuage d’Hiver baissa la tête vers une des tombes. Je sentis mon cœur battre plus vite. Les souvenirs me revenaient en mémoire. Plus vite. Plus forts. Insoutenables. Les larmes coulaient sans que je m’en rende compte. Elles obscurcissaient ma vision. Tout était flou. Mais cela m’importait peu. Les images qui comptaient pour moi passaient en boucle dans ma tête. Toujours…

Autumn a neuf lunes. Elle a grandi et mûri. Et pourtant, il vient de se passer quelque chose qu’elle ne comprend tout simplement pas. L’information refuse de s’afficher dans son esprit. La scène qui se déroule devant elle est impossible. Irréelle.

Nuage de Cœur…

Impossible… Irréelle…

Nuage de Cœur !

Et pourtant, elle se passe. Autumn hoquette. Charbon… Son cher Charbon. Il vient de… Non. Ce n’est pas possible. Cœur est à côté de lui, allongée. Pleine de sang. Elle ne peut pas être morte. Non. NON !

Ça y est. C’en est trop. Je me suis effondrée par terre. Reniflais. Il fallait… Que j’arrête de pleurer… Je séchais mes larmes du mieux que je pus. Nuage d’Hiver voulait savoir ? Elle saurait ! Ce n’était pas le moment de flancher !

- C’est… C’est la tombe… D’une amie. Nuage de Cœur.


[Hmm ? Pourquoi ais-je l'impression que tu écris beaucoup ? u_u]

Je regarda Autumn, elle s’effondra par terre et se mit à pleurer. Elle sécha ses larmes et me dit d'une voix chevrotante :

- C’est… C’est la tombe… D’une amie. Nuage de Cœur.

Nuage de Coeur. Je ne connaissais pas. Certainement décédé avant mon arrivée.
La curiosité grandissait en moi, j'avais envie de savoir comment ce Nuage de Coeur était parti. Je ne savais même pas si c'était une femelle ou un mâle...
Mais si je lui demandais, Autumn allait être encore plus triste... Je ne le voulais pas. Je n'aimais pas la tristesse.
Mais là, tout de suite, je ne savais pas quoi dire d'autre que :

- Comment est-il mort ?

Autumn m'en voudrait certainement de lui remémorer les mauvais souvenirs... Je lui donna un petit coup de tête amicale pour me faire pardonner.
Peut-être irait-elle mieux après ? Parfois, parler fait du bien.

Spoiler:

Autumn
La vie est faite pour être finie





Les souvenirs affluents, toujours plus vite, toujours plus vifs. C’est une symphonie sans fin. Une symphonie triste et mélancolique. Qui ne partira jamais vraiment. Elle sera toujours là, prenant par surprise les cœurs les plus durs. Faisant couler les larmes des plus féroces. Sans cesse. Virevoltant entre les âmes. Dansant dans les cœurs. Une symphonie bien triste. Trop triste. Les souvenirs reviennent. Toujours.

- Comment est-elle morte ?

Quelques mots. Tout ressurgit, encore plus fort. Tambourine dans mon esprit. Les mots me manquent. J’ouvris la bouche. Incapable de parler. La refermais. Aucun son ne parvenait à franchir ma bouche. Les larmes restaient bloquées. Refusaient de sortir de nouveau. Je me redressai mécaniquement. Cœur… Si tu étais encore vivante, que ferions-nous ensemble ? Si Charbon ne t’avais pas tuée… Que se serait-il passé ?

Et puis sans vraiment m’en rendre compte, je lui racontais tout. Les mots sortaient, si vite qu’ils furent d’abord incompréhensibles. Et pourtant, je parvins à lui raconter la triste histoire. Ce fut difficile. Mais bientôt mes phrases redevinrent cohérentes. Et Nuage d’Hiver m’écoutait. Je lui racontais le début de notre amitié à tous les trois. Comment j’avais sauvé Cœur. Comment elle était morte quelques lunes plus tard.

Mon cœur s’allégeait au fur et à mesure de mes paroles. J’étais… apaisée. Pourquoi donc n’avais-je jamais essayé de me confier ? Car désormais, je me sentais mieux. J’avais tout dit à une chatte que je connaissais à peine. Certes, elle était de mon Clan. Mais alors… Était-il donc plus facile de parler à quelqu’un d’inconnu ou presque ? Quoi qu’il en soit, j’étais vraiment heureuse d’avoir pût faire connaissance.

- Dis moi Nuage d’Hiver… Je ne voudrais pas être indiscrète mais que fais-tu ici ?


[Wesh, pas trop d'inspi =/]

Autumn me raconta tout, comment Nuage de Coeur était morte (c'était une femelle). Elles ne s'aimaient pas, quand elles étaient petites. Pourtant, un jour Autumn a sauvé Coeur, alors que celle-ci avait sa patte coincée dans les champs ; un monstre de la mort arrivait coupant tout sur son passage.
Après cela, Autumn et Nuage de Coeur étaient devenues amies, elles étaient apprentis avec un autre chaton : Nuage de Charbon, et tous trois étaient inséparables. Pourtant, un jour... Coeur est morte, couverte de sang, à cause de Charbon.

Je ne comprenais pas. Comment Charbon avait-il pu faire cela ? Après tout, ils étaient amis, non ?
Devais-je poser la question ? Oui, Autumn avait l'air d'aller déjà mieux. Mais avant même que je ne commença à lui demander :

- Dis moi Nuage d’Hiver… Je ne voudrais pas être indiscrète mais que fais-tu ici ?

Je soupira ; qu'allais-je lui répondre ? Je n'avais rien à faire ici.
Je m'assis près d'elle dans la neige fraiche ; tant pis si j'étais malade, de toutes manières aucun mentor ne m'attendait.

- Je ne sais pas. A vrai dire... Je n'ai rien à faire ici. Je n'ai perdu... personne.

Cette fois-ci, j'hésitais vraiment à lui poser la question ; m'avait-elle demandé ça pour changer de sujet ou juste pour savoir ? Et alors, devais-je lui demander maintenant ? Je fis un petit soupir ; oui, je devais lui demander pour la sortir de tout son mal.

- Comment Nuage de Charbon a-t-il pu faire ça ?

Autumn
Oublions le passé, songeons à l’avenir





Un soupir. Tristesse ? Douleur ? Désespoir ? Tout se traduit par nos gestes, par nos expressions. Par nos paroles. Nos attitudes. Car même lorsque nous ne parlons pas, nous transmettons des choses. Des émotions. Des histoires. Le cœur peut alors devenir un véritable livre ouvert, accessible à tous. Cela nous rend fragile, certes, mais cela fait également notre force. Car c’est lorsque l’on tire un trait sur la passé pour se diriger vers le futur que l’on avance. Et que l’on devient plus fort.

Un sentiment se dégageait d’elle, se traduisait et se trahissait. Un peu d’indignation. De résignation. De tristesse. D’incompréhension. C’est tout ce mélange qui formait ce soupir. Un soupir compliqué, mais restant dans la même intonation. La douleur. Sourde. Un besoin irrépressible de la quitter, de sortir de la torpeur étrange dans la quelle on s’enfonce. Un désir de prouver au reste du monde qui on est. Ce qu’on a fait. Pour ne plus souffrir. Se faire accepter. Tel que l’on est. Chose si difficile…

- Je ne sais pas. A vrai dire… Je n’ai rien à faire ici. Je n’ai perdu… personne.

Ainsi donc elle n’avait pas compris le sens de ma question. Cela n’était pas bien grave, certes, puisque j’allais clarifier mes pensées. Étrangement, ce genre d’attitude énervait. Je ne savais pas pourquoi puisqu’il était tout naturel de se tromper. Dans la vie, il faut faire des erreurs afin de pouvoir avancer. Elle s’était assise à côté de moi. Hésitais. A me poser une question sans doute. Elle ne savait pas que je pouvais subir un grand nombre de problèmes. Poussant un autre soupir, mais plus léger, elle se lança.

- Comment Nuage de Charbon a-t-il pût faire ça ?

Une tristesse emplie de mélancolie m’envahit. Je ne connaissais nullement la réponse à cette question. Parfois, les chats que l’on croyait connaître changent brusquement. Tel le vent qui souffle sur les plaines. Ainsi va la vie. Parfois, c’est dû à une souffrance intérieure qu’on ne peut exprimer. D’autres fois, c’est par les gens que l’on côtoie. Et encore, cela peut être de naissance. Un petit quelque chose planté en nous, qui a grandi et germé sans que personne ne s’en rende compte. Et de tellement d’autres manières…

- A vrai dire, je ne sais pas. Je pensais le connaître, je me suis trompée. Peut-être était-il fou ? Mais pourquoi, je n’en sais rien. Par contre, tu n’as pas besoin d’un motif spécial pour être ici. Ce que je voulais dire, c’est que fais-tu seule dehors ? Je ne sens l’odeur d’aucun chat sur toi, c’est ce qui m’interpelle.

Si cela avait été un duel de mots, j’aurais marqué des points. Mais cela n’étant pas mon but, j’espérais ne pas l’avoir vexée. Je ne la considérais nullement comme une chatonne mais j’estimais qu’elle devait se rapprocher de son Clan. Même si nous l’avions adoptée, elle faisait partie du Clan à part entière. Et peu importe si d’autres n’étaient pas d’accord. Selon moi, tout le monde se méritait, qu’ils soient chatons ou anciens. Mais d’ailleurs… Peut-être devrais-je devenir chef ? Pour répandre mes idées…

Oui… Cela était une excellente idée. […]



[Oyeah ! Sublime idée ça ! Présenter Autumn comme lieutenante ! ♥
Au fait, je tiens à dire que tu es la plus rapide des personnes avec qui je RP à répondre à nos RPs ♥]

- A vrai dire, je ne sais pas. Je pensais le connaître, je me suis trompée. Peut-être était-il fou ? Mais pourquoi, je n’en sais rien. Par contre, tu n’as pas besoin d’un motif spécial pour être ici. Ce que je voulais dire, c’est que fais-tu seule dehors ? Je ne sens l’odeur d’aucun chat sur toi, c’est ce qui m’interpelle.

Autumn voulait donc parler de mentor. Ne savait-elle pas qu'ils m'avaient tous lâché ? Deux mentors. Deux mentors n'ont pas fait de moi une guerrière.
Je n'ai pas l'esprit rancunier, mais j'aurais voulu qu'il se passe quelque chose. Qu'on les punisse de m'avoir laissé tomber ? Peut-être pas. Ou peut-être bien que si... Mais pas à vie.

- Je n'ai aucun mentor. Les autres chats sont tous parti s'entrainer. Alors je suis venue chasser seule et je suis arrivée ici, sans m'en rendre compte. Qu'est devenu Nuage de Charbon ?

Si Charbon était ami avec Coeur, il n'avait aucune raison de la tuer. Autumn disait que plus ils grandissaient plus Nuage de Charbon devenait étrange. Il lui était peut-être arrivé quelque chose ? Un malheur, qu'il n'aurait su oublier ? Et pour une raison que personne ne comprenait, il se serait venger sur Nuage de Coeur.
Et maintenant ? Qu'était-il devenu ? Je n'avais nullement entendu parler d'un Nuage de Charbon chez les apprentis. Peut-être était-il devenu guerrier ? Non plus, je n'en ai pas entendu parler. Certes certes, je ne connaissais pas tout le monde ici, d'ailleurs je connaissais bien peu de monde. Mais une histoire pareille m'aurait alertée, serait venue à mes oreilles quand même !

Spoiler:

Autumn
He began to lose control…





La rancune et la rage sont mauvaises conseillères. Elles nous font faire des actions que l’on regrette, que ce soit sur le coup ou bien plus tard. Malheureusement, nul ne peut effacer le passé. C’est pourquoi il faut toujours garder son sang-froid et être certain de ses choix. Car ils s’avèrent en général décisifs quant à notre futur. Ainsi, si lors d’une bagarre vous tuez un chat qui vous implorait, vous serez considéré comme sanguinaire. Et si par malheur vous tombez amoureux d’un de ses enfants, vous le regretterez. Amèrement.

La vie est faite de ces petites choses qu’on pense futiles et pourtant très importantes. Décider d’aller à tel endroit plutôt qu’à un autre peut nous sauver la vie. Ou au contraire nous l’ôter. Ainsi est la vie, c’est pourquoi il ne faut pas avoir de regrets. Parce que les regrets nous empoisonnent la vie. Et que cela nous empêche d’avancer. Alors que dans la vie, il faut avancer, toujours. Peu importe les problèmes, demain sera un autre jour. Un jour nouveau, où tout sera différent, où tout sera résolu.

- Je n’ai aucun mentor. Les autres chats sont tous partis s’entraîner. Alors je suis venue chasser seule et je suis arrivée ici, sans m’en rendre compte. Qu’est devenu Nuage de Charbon ?

Je fronçais le museau. La pauvre. Certes, je savais déjà qu’elle n’avait personne. Mais au point de chasser seul, c’en était déprimant. Peut-être ne faisait-elle pas assez d’efforts pour s’intégrer ? Ou bien peut-être les autres membres du Clan ne faisaient rien pour qu’elle se sente à part entière parmi nous. Car il y en avait hélas plusieurs qui voyaient ces soi-disant impurs arriver parmi nous. Personnellement, je n’y voyais aucun inconvénient. Je me promis de faire des choses avec Nuage d’Hiver. Pour qu’elle comprenne.

Charbon… Elle devait sans doute se demander s’il était toujours dans le Clan. Ce qu’il était devenu. Je rejouais la scène mentalement. Lorsque Nuage de Charbon avait prononcé mon nom, j’étais devenue tétanisée. Et puis l’instinct de survie avait pris le dessus. J’avais fui. Après lui avoir auparavant demandé pourquoi. Pourquoi avait-il tué notre amie. Il m’avait lancé un sourire glaçant. Alors j’avais couru. De toute la force de mes pattes d’apprentie. J’avais prévenu tout le Clan, les avait guidés jusqu’au corps. Charbon avait disparu.

- Je sais que… tu n’as plus de mentor. Je t’aurais bien prise sous mon aile mais je crois que Trafalgar m’a déjà réservé quelqu’un. Je suis désolée. Quant à Charbon… Il a disparu, je ne sais pas ce qu’il est devenu.

Sourire triste. Si j’avais su ses problèmes, j’étais certaine que j’aurais pus l’aider. Pourquoi ne m’avait-il rien dit ? Il s’était muré dans le silence, se contentant de sourires. Tristes également. Sur le coup, je me suis simplement dit qu’il n’aimait pas être apprenti. Je n’avais pas beaucoup de temps pour penser à lui. Notre vie carburait à cent à l’heure. Sans jamais s’arrêter. La seule et unique fois où il a failli me répondre. Il m’a regardée fixement dans les yeux. Puis Cœur. Et elle, se sentant observée, est arrivée en trottinant, l’air joyeuse. J’aurais aimé savoir. L’aider. Mais je ne pouvais pas. Je ne savais pas.



[Ben oui pourquoi pas ? ♥
Han, on est pareilles Bretzel ! <3]

- Je sais que… tu n’as plus de mentor. Je t’aurais bien prise sous mon aile mais je crois que Trafalgar m’a déjà réservé quelqu’un. Je suis désolée. Quant à Charbon… Il a disparu, je ne sais pas ce qu’il est devenu.

Comment Nuage de Charbon pouvait-il avoir fait tout cela ? Tuer une amie, puis fuir et quitter son Clan. Alors que moi, j'avais corps et âme voulu entrer dans un Clan !
Je n'avais assurément pas la même mentalité que lui. Mais quand même...
... Un sanguinaire se baladerait dans la forêt ? Un ancien chat de Clan devenu solitaire et sanguinaire. De quoi me glacer le sang...

... J'étais aussi reconnaissante à Autumn de me proposer son aide. Elle ne sera pas ma mentor, mais nous pourrions toujours chasser ensemble ? Elle... Elle, elle m'acceptait, contrairement à certains.
Mais avais-je demandé de venir de << dehors >> ? Non ! Certes, je voulais faire parti d'un Clan ; maintenant, cela était fait. Mais j'aurais préféré être de << sang pur >> comme disaient certains. Ca m'aurait évité diverses problèmes... Quoique, même les chats de sang "pure" avaient des rivalités avec d'autres, non ?

- Allons chasser, Autumn.

Parler fait du bien. Oui, peut-être, c'est même quasiment sûr, mais il fallait tout de même qu'elle se change les idées. Et puis, n'étions pas sensé chasser en plus ?

Autumn
Sous le soleil…





Souvent à tort, certains chats pensent qu’il faut respecter la vie mais pas la mort. Voire, ne rien respecter du tout. Dans ce cas, voulaient-ils que l’on piétine leur tombe ? Ou bien que l’on jette leurs corps en pâture aux corbeaux ? Et puis après tout, la mort était un autre aspect de la vie puisque nous montions aux cieux. Soit nous rejoignons le Clan des Étoiles, soit nous errons dans des plaines sombres. Ce dernier cas est destiné aux sanguinaires, aux infidèles, ceux qui ne méritent pas leur place parmi nous.

Charbon était de ceux-là. C’est dur à penser, encore plus à dire, mais s’il était encore vivant, ce félon devait mourir. Ce n’était pas de la vengeance que je demandais, seulement de la compréhension. Et puis aussi un brinde vengeance. Car après tout, elle était ma meilleure amie. Lui aussi. Mais autrefois. Avant qu’il ne brise tout. Par un simple geste. Un seul regard. Démoniaque. Un sanguinaire de plus en liberté. Il y en avait déjà beaucoup dans les Clans. Mais si en plus il y en avait à l’extérieur, on ne s’en sortirait jamais !

Et elle… Nuage d’Hiver… Elle devait enrager de voir un chat quitter son Clan alors qu’elle avait tout fait pour entrer dans le notre. Ces histoires de pureté étaient stupides, infantiles et tout simplement inutiles. Seule comptait la loyauté, la fidélité du chat envers les siens. Son courage ou sa bravoure. Nuage d’Hiver avait tout ça. Elle deviendrait une guerrière merveilleuse, j’en étais certaine. Et alors, tous songeraient à quel point ils avaient été stupides. Si j’étais chef, je changerais tout cela.

- Allons chasser Autumn.

La voix de l’apprentie me tira de mes pensées. J’hochais mécaniquement la tête. Oui. Chasser. Attraper du gibier. Nourrir le Clan. Et l’un de ces chatons qui deviendra mon apprenti. Mon moral remonta en flèche et je me relevai, un grand sourire aux lèvres. Du bout de la queue, je luis fis signe de me suivre. Trottinant dans la douce neige, je songeais que le redoux arriverait bientôt. Une autre bonne nouvelle.

Louvoyant entre les arbres, j’humais l’air frais à pleins poumons. Revigorant et sec. Il était toutefois dommage que je fus si visible dans ce paysage immaculé. Et soudain, un bruit. Léger, presque infime. Et pourtant, bien présent. Je me figeais et battit de la queue pour indiquer à Nuage d’Hiver de s’arrêter, bien que je ne sache pas si elle me suivait. Me plaquant contre le sol, je tendis de nouveau l’oreille.



[Choisis ta proie ♥]

Dès qu'Autumn eut accepté d'aller chasser, ce ne fut plus la même ; elle souriait et m'invita à la suivre, ce que je fis. Nous trottinâmes doucement dans la neige blanche, laissant nos empreintes. De plus, nous étions très visible à cause de la couleur de notre pelage, mais j'entendis un bruit. Aussitôt la guerrière m'ordonna de m'arrêter, ce que je fis. C'était un tout petit bruit, minuscule et pourtant nous l'avions entendu. J'avançais d'un pas. Tant pis si je n'en avais pas le droit, il fallait que je déniche cette proie et puis, Autumn n'était pas ma mentor, juste une camarade de chasse.

Une souris grignotait près d'un arbre.
Une souris. La première fois que j'avais chassé, j'avais parfaitement attrapé une souris. C'était avec ma première mentor, Assonance Lumineuse. Elle m'avait félicitée ; elle était très gentille, pourtant quelques lunes plus tard, j'étais seule, à attendre un nouveau mentor.

Je secoua discrètement la tête pour faire disparaître ses pensées et j'avançais doucement en m’aplatissant. Cette proie serait mienne, non, elle est déjà mienne. Je voulais montrer, prouver à Autumn mes talents de chasseuse, pour qu'elle ne pense pas que mes deux anciens mentors m'aient lâché parce que je n'étais pas assez "forte". De toutes manières, en avaient-ils le droit ? Non, ils ne pouvaient pas me laisser tomber parce que je n'étais pas de sang pure, ou pas assez forte ou que sais-je encore.

D'un coup, je sauta sur la souris. Elle se débattait mais je la tenais fermement et d'un coup de dents lui ôta la vie. Puis, je revins vers la guerrière, posa le gibier à ses pieds en disant avec un sourire :

- Première proie. A ton tour.

Bien entendu, je ne faisais que la taquiner sans douter de ses talents de chasseuse à elle. Si elle était guerrière, c'est qu'elle savait s'y prendre !

Autumn
Et hop !





Elle avança d’un pas. D’un coup, ce ne fut plus la même. Je voyais Cœur au même âge. Jamais fichue de m’écouter dès qu’il s’agissait de prouver quelque chose. Mais c’est justement ce qui me faisait rire. Je laissais donc l’apprentie. Souriait. Tristement. En temps normal, même si je n’étais pas son mentor, elle se devait de me laisser la priorité. Non ? Et puis de toute façon, nous n’étions pas censées chasser ensemble, cela étant plus compliqué. Et pourtant, nous le faisions. Transgresser une règle de plus ne ferait pas de mal.

Une souris. Plutôt dodue pour la saison. Je sentis mon cœur se réchauffer. Une proie magnifique. Elle grignotait tranquillement près d’un arbre. Elle n’avait sans doute pas remarqué que nous existions, ou bien alors elle pensait que nous étions tous morts. Ou bien alors elle ne pensait pas. C’était également une explication plausible. Un petit gland qui s’était échappé. Il appartenait sans aucun doute à un écureuil. Je tendis donc l’oreille, à l’affût du bruit, qui, je le sentais, arriverait bientôt.

Nuage d’Hiver secoua la tête. Je me mordis la lèvre. Ne pas bouger. Elle allait l’alerter ! Elle s’aplatit et rampa en direction de la proie. Ces anciens mentor l’avaient bien formée. Néanmoins, je retins mon souffle. J’avais déjà vu de pareilles situations où quelque chose, voire quelqu’un, avait tout gâché. Mais je sentais que ce moment serait le bon. L’apprentie ondulait sur la neige. C’était un véritable mouvement empreint de grâce et de rapidité. Normal ceci dit. Les chats du Clan du Venté étaient très rapides.

Et brusquement, sans qu’aucun mouvement ne trahisse ses gestes, elle sauta sur la souris. Celle-ci se débattit, l’air de commencer à comprendre qu’il existait des prédateurs. L’insulte « Cervelle de souris » me revint brusquement en mémoire et je ne pus m’empêcher de rire. Tout bas. Je n’avais pas envie que Nuage d’Hiver pense que je me moquais d’elle. Celle-ci tenait sa proie fermement et la tua d’un coup de dents. J’hochais la tête, un grand sourire aux lèvres. Elle ferait une excellente guerrière.

- Première proie. A ton tour, dit-elle en déposant le gibier à mes pattes en souriant.

Je pris cela pour un défi. Que j’avais décidé de relever la tête haute. Je l’attirais tranquillement dans des fougères et m’aplatit sur la neige froide. Au bout de quelques minutes, alors que je commençais à croire que je me trompais, il arriva. Pointant son museau hors de l’arbre, il regarda aux alentours. Ne sentant aucun danger, il descendit rapidement et attrapa son gland. Pile à ce moment, je bondis, toutes griffes dehors, et atterrit sur lui. Ma patte avant le plaqua au sol, broyant son maigre cou.

- Deuxième proie ! lançais-je joyeusement. Pari réussi ! Tu sais, continuais-je en la regardant, tu te débrouilles très bien, tes mentors t’ont bien instruite.

J’avais souri davantage en disant cela. J’espérais juste qu’elle ne se vexerait pas. Et attendit.

Autumn eut l'air de relever le défi et m'entraina dans les fougères, elle s’aplatit sur le sol couvert de neige et attendit. Je m'impatientais, si nous perdions du temps ici, nous n'en aurions plus pour chasser ! Soudain, alors que j'avais la tête ailleurs, la chasseuse sauta sur quelque chose. Je regarda ; elle venait de donner le coup de grâce à un écureuil.

- Deuxième proie !Pari réussi ! Tu sais,tu te débrouilles très bien, tes mentors t’ont bien instruite, lança-t-elle joyeusement en souriant.

Je sourie à mon tour et fis plusieurs sauts excités, en lui demandant de continuer la chasse. C'était une forme de remerciement, à ma manière.
Enfin, je m'amusais. Certes, lorsque nous sommes un apprenti, nous sommes sensé s'entrainer ; fini la rigolade. Mais les moments de plaisir, les jeux, font du bien à tout le monde ; petits comme grands. Autumn et moi en avions bien besoin, d'ailleurs.

Je me tapis et avança doucement, humant l'air. Là ! Une proie ! C'était un...une pie. Je dépassa quelques buissons et découvrit une pie noire - très visible donc dans la neige, un peu comme nous - qui traficotait quelque chose. Elle devait manger, mais quoi ? Si sa propre proie n'était pas encore morte, ni trop amochée, peut-être que nous pourrions la prendre ?
Je fis le tour, pour me retrouver à quelques mètres sur le côté de ma victime. Elle... enlevait les poils d'une souris. Je failli éclater de rire ; cette vision était tellement comique !
Reprenant mon sérieux, je me cloua au sol, puis bondis, collant entre mes deux pattes la pie et la souris. Je tua d'abord la pie, qui me causait beaucoup de soucis à me piqueter de partout, puis la souris, qui terrorisée ne bougeait plus.
Je les posa à terre, puis regarda Autumn, un immense sourire sur les lèvres :

- Deux proies en même temps, plus celle de tout à l'heure ça fait trois ! Et toi ? Combien en as-tu déjà ? Attend, laisse moi compter...[b], dis-je en levant les yeux au ciel avec un air de réflexion. [b] Une seule !

Autumn
Alors on danse !





La patience. Une qualité précieuse et pourtant un défaut permanent. A trop attendre, on peut tout rater. Rater sa vie. Ses amis. Son amour. Cette boule de poils rayonnait de vie. Elle était heureuse. Alors je l’étais aussi. Car l’on a tendance à copier les autres. Les émotions. Les attitudes. Lorsqu’un ami est triste, on ne peut s’empêcher d’être triste pour lui. Quand quelqu’un est en colère, on la ressent également. Si un chat s’asseyait, sans vraiment s’en rendre compte, on va s’asseoir pour le mettre à l’aise.

Nuage d’Hiver me sourit et sautilla sur place. L’espace d’un instant, je crus voir une chatonne. Je ris intérieurement. Je sentais une grande affection naître dans mon cœur. Elle était le parfait contraire de mon frère. Elle avait la bougeotte, un drôle de caractère. Elle était impulsive. Cela me changeait drôlement de Nuage de Caramel. Et pourtant, je m’étais adaptée aussi facilement que si j’avais dût changer de vitesse pour m’adapter à celle d’un autre chat. C’était simple. Vivant. Réel. Et tout simplement exaltant.

La plupart des chats pensent qu’il est impossible de travailler en s’amusant. J’avais la preuve que cela était faux. L’apprentie et moi nous amusions et nous taquinions comme si nous nous connaissions depuis des années. J’avais l’étrange impression de revoir mon amie d’autrefois. Une douce chaleur s’empara de mon cœur et je souris. Je retrouvais mon enfance. Une période plus douce que la soie, plus joyeuse que tout. J’adorais l’apprentie. Je fermais les yeux, savourant ce moment. Si beau…

Je sentis un fumet non loin et souris. Autant laisser les proies à Nuage d’Hiver. Je sentais d’avance que ce serais drôle. Je la sentis se tapir dans la neige. D’instinct, je savais sa position parfaite. Une pie. Et une souris. Étrange. J’ouvris mes yeux et les plissais. Même de loin, j’arrivais à voir l’oiseau arracher les poils du rongeur. Je faillis éclater de rire. On aurait même pût inventer l’expression « Cervelle de pie » ! Je me mordis la lèvre pour ne pas briser la concentration de l’apprentie. Cette journée était placée sous le signe de la chance.

Nuage d’Hiver fit le tour pour se retrouver à quelques mètres de ses victimes. Elle se cloua au sol, bondis… Attrapa avec ses pattes le gibier. Je retins mon souffle. La pie s’entêtait à picorer les pattes de la jeune chatte mais celle-ci finit par la tuer. La souris ne bougeait plus. La pauvre était traumatisée. Je respirais de nouveau. L’apprentie tua sa proie et revint vers moi l’air très fière d’elle. Ce qui était tout naturel. Je sentais déjà ce qu’elle allait me dire et ne put m’empêcher de sourire. Je la connaissais déjà par cœur.

- Deux proie en même temps plus celle de tout à l’heure ça fait trois ! Et toi ? Combien en as-tu déjà ? Attends laisse-moi compter… dit-elle en levant les yeux au ciel avec l’air de réfléchir. Une seule !
- On n’apprend pas au vieux singe à faire des grimaces, rétorquais-je en riant.

Je lui fis signe d’enterre ses proies et tournais les talons. L’air frais vivifiait mes poumons. Il y avait longtemps que je ne m’étais pas autant amusée. Juste pour le plaisir de retrouver mes années d’apprentie, je me plaquais dans la neige et roulais sur moi-même. Camoufler le pelage. Lorsque mes poils furent suffisamment blancs, je rampais pour contourner l’apprentie. J’avais bien l’intention de lui faire peur. Arrivée sur un talus, je la vis non loin. Souris. Sautai sur son dos en poussant un rugissement de rage.

Nous roulâmes dans la poudreuse et j’éclatais de rire. Un - zéro. Je me relevais, les yeux pétillants. Pas question de me secouer afin de faire tomber la neige ! Je lui gratouillais le ventre de ma patte avant, griffes rentrées. Ca y est, l’enfance m’avait emportée. Courant dans la prairie de neige, je dévalais la pente à toute allure. J’étais heureuse, le cœur en fête. La vie était belle… Pour le moment du moins… Je tendis l’oreille, histoire de ne pas me faire prendre. Je ne redoutais pas grand-chose mais bon…

Et comme prévu, un bruit. Je relevais la tête. M’accroupit. Un autre. Plus proche. J’allais me redresser quand quelque chose fonça sur moi. Orange. Un peu de marron. Museau allongé. Renard ! Un petit, mais un renard tout de même. Non. Un bébé. Il courait, l’air effrayé. Pas le temps de voir ce qui se passait. Je me jetais sur lui. Aussitôt, il se débattit et planta ses griffes dans mon flanc. Je le mordis férocement à la nuque. Il mourut sur le coup. Je fronçais le museau. Il devait vraiment être en mauvais état pour mourir aussi vite.

Je le trainais dans la neige, camouflant le sang en le couvrant avec le manteau blanc. J’eus juste le temps de partir derrière une petite dune. Un Bipède arriva. Je grognai doucement. Si ça se trouve, il avait installé de pièges. J’irais voir après et je préviendrais Trafalgar Star. Le Bipède dit quelque chose qui se perdit dans ses poils. Ceux du menton. Je m’aplatis dans la neige, le renardeau avec. Enfin, il partit. J’attendis encore un peu et me redressai vivement. Bon, aller vérifier le terrain. Et vite. Faire un rapport.

Je me glissais silencieusement vers l’endroit d’où ils avaient jailli et humait l’air. Rien. Pas un seul piège. Je soupirai. Joyeuse. La chasse pouvait continuer. Tirant mon gibier, je le ramenais vers l’apprentie, un grand sourire plaqué sur le visage.

- Et hop un renard ! C’est bien mieux que deux vulgaires proies ! Et puis, dois-je te rappeler que j’ai senti l’écureuil et pas toi ? Je mène donc la danse avec un renardeau et un écureuil ! lançais-je joyeusement.

- On n’apprend pas au vieux singe à faire des grimaces.
Je fronça les sourcils : drôle d'expression, je n'y comprenais rien.
J'enterrais mes trois proies, mais lorsque je releva la tête, je ne vis plus Autumn. Je commençais à avoir peur ; où était-elle ? Et si Nuage de Charbon était revenu pour faire une nouvelle victime ?

Soudain, on me sauta dessus, je hurla. C'était Charbon, j'en étais sûre ! Je roula dans la neige fraiche avec mon agresseur qui poussait des cris de rage. Qu'allais-je devenir ?! Une apprentie contre un sanguinaire ?
Non. Je ne devais pas avoir peur. La peur est synonyme de lâcheté.
L'agresseur riait et me chatouillait ; qui était donc cet agresseur aux techniques si étranges ? Je me releva donc et fis face. Je crus reconnaître Autumn, mais... Mais oui, c'était bien elle ! Recouverte de neige ! Quelle farce elle m'avait faite !
Je voulu lui sauter dessus, mais elle partait déjà. Que faisait-elle ? Je la suivis, doucement ; elle sauta sur un renard ! Un renard ! Mais nous ne sommes pas de taille à nous battre contre un renard !
Puis, elle se cacha ; je fis de même. Il y avait quelque chose... un Bipède ! Lorsqu'Autumn sortit, elle vint vers moi que quelques minutes, trainant un renardeau.

- Et hop un renard ! C’est bien mieux que deux vulgaires proies ! Et puis, dois-je te rappeler que j’ai senti l’écureuil et pas toi ? Je mène donc la danse avec un renardeau et un écureuil !

- Où ça un écureuil ? demandais-je en regardant aux alentours.

C'était vrai. Je ne voyais aucun écureuil moi !

- Tu m'as fait une de ces peurs à te jeter sur moi ! J'ai cru que Charbon était revenu ! ... Bon allez, tu viens ? Dis-je en voulant rectifier ma faute.

Ca n'était pas le moment de parler de Charbon. Non seulement cela allait rendre triste Autumn, mais en plus, j'avais l'impression d'être hantée par son souvenir.
Balivernes ! Il ne pouvait pas être encore en vie, après tout combien de temps cela faisait-il qu'il était parti ? Autumn n'avait pas l'air d'être une nouvelle guerrière.

Je m'élança dans la neige, batifolant. La guerrière m'avait fait peur lorsqu'elle avait fait ça, à moi de m'amuser donc !

Autumn
Quand y en a plus… Eh ben y en a encore !





- Où ça un écureuil ? me demanda t-elle, incrédule.

J’éclatais de rire. Elle regardait aux alentours, l’air de le chercher. Ce qui me tordit littéralement de rire. Avait-elle donc déjà oublié ? J’avais attrapé un écureuil, peu après elle. Lorsqu’elle avait tué sa souris, j’avais senti l’odeur d’une autre proie. Alors j’avais attendu, cachée dans les fourrés, qu’elle daigne se montrer. Et elle était arrivée. Un très bel écureuil d’ailleurs. J’avais bondi. L’avait tué. Simple. Rapide. Efficace. Je regardais l’apprentie d’un air amusé. Soit elle me jouait un tour, soit elle avait vraiment oublié.

- Tu m’as fait une de ces peurs en te jetant sur moi ! J’ai cru que Charbon était revenu ! Euh… Bon, allez, tu viens ? lança t-elle d’un ton hésitant.

Mon sourire ne faillit pas le moins du monde. Charbon… C’est à partir de ce moment là que je crains qu’elle ne vive avec la peur de le croiser à chaque détour. Je me demandais alors si j’avais bien fait de lui raconter ce sombre passé. Personne n’avait envie de connaître ça. Même pour aider quelqu’un. Elle s’élança dans la neige, l’air heureuse. Je la suivis en souriant. Un petit sourire triste. Elle batifolait joyeusement dans la neige, tel un chaton qui en voit pour la première fois. Il est vrai que la neige, c’est amusant.

- L’écureuil que j’ai attrapé juste après toi. Quand tu as tué ta souris ! dis-je lorsque je fus à sa hauteur. Bon, et maintenant, où veux-tu aller ?

J’avais pris soin d’enterrer mon renardeau juste avant. Après tout, c’était une bonne proie dont il ne fallait pas se priver. Je m’arrêtais et regardais aux alentours. Une autre proie. Déjà. Décidemment, le redoux les faisait revenir en vitesse ! Vive le printemps ! Je me léchais les babines et tendit l’oreille. Là. Sous une couche de neige. Un terrier. Avec… Une hermine. Elles s’étaient introduites il y a plusieurs années, à cause, ou plutôt grâce aux Bipèdes. C’était un merveilleux gibier, toujours dodu mais malheureusement malin.

Sans faire attention à Nuage d’Hiver, je m’aplatis contre le sol et rampai jusqu’à l’endroit que j’avais repéré. Je posai mon oreille sur la neige pour écouter. Un battement de cœur. Régulier. Il fallait faire vite. Je sortis mes griffes silencieusement et inspirai un grand coup. Trois… Deux… Un… Go ! Je plantai mes pattes dans la neige et la repoussai de toutes mes forces. A l’intérieur, les battements de cœur étaient devenus irréguliers. Vite. Plus vite. Enfin, j’aperçus son longs corps svelte. Je tendis la patte pour l’attraper.

Elle se faufila dans l’espace entre ma patte et la paroi et s’échappa. Je me retournais vivement vers l’apprentie et lui fit signe de lui courir après. Pas question de la laisser s’enfuir ! Une proie pareille, on n’en trouve pas partout. Je m’élançais moi-même derrière l’hermine mais Nuage d’Hiver étant déjà loin devant moi, je préférais ralentir et la laisser tuer le gibier. Elle serait contente. Et puis bon, je n’avais pas spécialement envie de courir à toute vitesse pour rien. Donc autant regarder le spectacle.


[Éclate toi ! :D]

- L’écureuil que j’ai attrapé juste après toi. Quand tu as tué ta souris ! dit-elle lorsqu'elle fut à ma hauteur. Bon, et maintenant, où veux-tu aller ?

Je me souvenais maintenant ; quelle idiote ! L'espace d'un instant, je l'avais oubliée ; des fois, je suis vraiment ailleurs, moi.
Je rassura donc Autumn, lui assurant que je m'en souvenais.

D'un coup, Autumn reprit son sérieux, elle s’aplatit sur le sol et rampa jusqu'à un endroit, là elle planta ses griffes dans la neige. Je frissonna : ça devait être froid. Comme de la neige, quoi.
Une bestiole se faufila dehors et la guerrière m'ordonna presque, de la suivre. Qu'est-ce que c'était que cette chose ? Je lui courus tout de même après, le plus vite possible.

La bête était rapide ; encore quelques mètres et je serais sur elle. Du peu que je voyais, elle était plutôt petite, enfin, comparé à Autumn, elle faisait la moitié de sa taille. Moi, j'étais juste un peu plus grande qu'elle.
Allais-je pouvoir la tuée ? Je l’espérais. De toutes manières, il y avait toujours Autu... Je réalisa alors qu'elle ne me suivait pas ; que lui était-il arrivé ?!
Je continua ma course : si elle avait été attaquée (par Charbon !?), je ne lui serais d'aucune utilité, alors que la bestiole après qui je courrais, elle, elle serait utile au Clan.

J’accélérais encore. Je suis du Clan du Vent ! Et le Clan du Vent est réputé pour sa vitesse ! Même si je ne suis pas de << sang pure >> je devais être digne d'en faire parti !

Je sauta sur ma proie qui se débattait. Oh non ma belle ! Je ne te laisserais pas échappée ! Je lui planta mes griffes et mes crocs dans son petit corps, et elle bougea de moins en moins jusqu'à... être morte.
Fière de moi, je me retourna et vit qu'Autumn n'avait aucuns problèmes, elle m'avait juste laissé la proie. Je pris donc le cadavre par la peau du cou et trotta doucement jusqu'à elle.
Je lui déposa la proie à ses pieds, un grand sourire aux lèvres :

- Et de quatre ! Merci de m'avoir laissé la tuer, n'empêche que je me suis demandée où tu étais ! C'est quoi cette bête ? demandais-je en désignant de la tête la proie à nos pieds.

Je ne voulais pas lui dire que j'avais encore pensé à Charbon. Que dirait-elle ?! La chasseuse était déjà assez triste comme ça, je n'allais pas lui donner mauvaise conscience en lui annonçant que j'avais peur qu'il ne revienne. Elle regretterait alors de m'avoir raconter son histoire, et elle n'aurait eu le sourire que l'espace d'un instant. Mais, moi, je voulais plus. Plus de sourires pour plus de moments.
Et je n'avais pas à avoir peur ! La peur est synonyme de lâcheté et je ne suis pas une lâche ! Et puis, je ne suis pas seule !

- Continuons à chasser ! Il n'est pas si tard, regarde, la coupais-je en levant les yeux vers le soleil dans le ciel.

Spoiler:

Autumn
Et puis seulement quand c’est fini…





Elle courait, loin devant. Je souris. Malgré le fait un peu gênant qu’elle soit à peine plus grande que l’hermine, elle se débrouillait très bien. Une véritable petite guerrière. Elle accéléra davantage, ce qui me fit sourire encore. Mais différemment. Un sourire triste. Au fond d’elle-même, elle voulait me prouver qu’elle était digne du Clan du Vent. Après tout, nous étions les plus rapides. Rattraper cette proie était dans nos cordes. Nos capacités. Nous étions nés pour ça. Nés pour chasser, en courant de toute la force de nos pattes. Comme les grands félins. Sauf que nous coursions en général des lapins.

J’eus un autre sourire triste. Le premier lapin que j’avais attrapé, c’était lors d’une compétition entre Cœur et moi. Celle qui rapporte le plus gros gibier a gagné. Malgré ses deux rongeurs et son oiseau, j’avais réussi en ramenant un lapin presque aussi gros que moi. En le voyant, mon amie avait ouvert de gros yeux ronds puis tout simplement éclaté de rire. Il faut dire que j’avais l’air comique. Je trébuchais tous les trois pas, le lapin traînant joyeusement derrière moi une coulée de sang. Le visage complètement barbouillé et entièrement dégoûtée, j’allais me rincer rapidement.

Mais j’y étais parvenue. C’est pourquoi j’étais certaine que l’apprentie ferait de même. Elle m’épaterait. Encore une fois. Ce n’était pas le genre de chatte qui baissait les bras. Celles qui s’arrêtaient à la moindre difficulté. Qui gémissaient de soulagement dès qu’elles pouvaient se reposer. Qui avaient toujours quelque chose à redire. Non. Nuage d’Hiver était des combattantes. Des courageuses qui n’ont pas honte de dire ce qu’elles pensent. Et qui en sont fières. Même si, malgré tout, elle redoute sa soi-disant différence. Ce n’est que pure ineptie pour moi. Une chatte reste une chatte. Toujours.

Elle sauta lestement sur sa proie, l’air très concentrée. Elle ne la laisserait jamais s’échapper. Le fait qu’elle ait quasiment sa taille ne semblait plus la gêner. Ou alors, elle l’avait oublié. Quoi qu’il en soit, elle avait planté ses griffes et ses crocs dans le corps mou et chaud. Petit à petit, il cessa de se débattre. Cette fois, ce fut un sourire joyeux qui s’empara de mon visage. L’hermine était bel et bien morte. Se tournant vers moi, l’apprentie dévoila sa fierté et sa joie (?) de me voir là. Elle avait compris mon stratagème. Qu’importe. Prenant le cadavre par la peau du cou, elle le déposa devant moi. Un sourire accroché aux lèvres.

- Et de quatre ! Merci de m’avoir laissée la tuer. N’empêche que je me suis demandée où tu étais ! C’est quoi cette bête ? demanda t-elle en désignant la proie.

Mon sourire ne varia pas d’un millimètre. Et pour cause. J’étais pétrifiée. La pauvre chatte était désormais terrorisée par mon ancien meilleur ami. Il n’y avait aucun doute. Je n’aurais jamais dû lui raconter cette histoire. Elle allait la hanter pour le reste de sa vie. En chaque chat noir elle verra Charbon. En chaque Ombre. Au moindre bruit, elle tressaillira de terreur. Elle vivra terrée. Je ne voulais pas ça pour elle. C’était une vie bien trop horrible. Et je le savais bien trop. Puisque j’en avais fait les frais durant quelques lunes. Je me demande toujours comment j’ai réussi à monter la garde. Seule en plus.

- Continuons à chasser ! Il n’est pas si tard, regarde ! s’exclama t-elle alors que j’allais ouvrir la bouche.

Je regardais le ciel. Le soleil allait bientôt se coucher. Il ne nous restait pas beaucoup de temps. Je calculais mentalement. Vu le peu d’éloignement de nos proies, nous pouvions nous permettre de chasser encore un peu. Mais ensuite, il faudrait rentrer. Et tout le monde serait fier de nos proies. L’apprentie verrait sans doute qu’elle fait bel et bien partie du Clan et n’a rien à prouver. Et tous admettraient qu’elle faisait une excellente guerrière. Et chasseuse bien sûr. Alors elle serait véritablement heureuse. Et oublierait Charbon. Oui, excellent plan tout ça. J’élargis donc mon sourire, joyeuse.

- Bien sûr Nuage d’Hiver ! Mais pas longtemps alors. Le soleil va bientôt se coucher. Et cette bête est une hermine.

Puis je l’invitais du bout de la queue à choisir une direction. Il était grand temps de chasser non pas pour survivre, mais pour manger.



[Ben je voulais juste que tu t'amuses ^^
Awi, bravo ! *-*]

Le temps. Chose qui varie toujours, qui, un jour nous plait et l'autre jour nous déplait. Parfois on veut qu'il passe vite, pour pouvoir faire autre chose, aller autre part, être avec quelqu'un d'autre. Et l'autre coup, on désire qu'il passe lentement. Et puis il y a aussi les fois où l'on souhaite que le temps passe lentement mais que l'on fasse un tas de choses.
C'était ce que je voulais à ce moment là : que la fin de la journée - car bien que j'assure qu'il nous reste encore du temps pour chasser, il n'en était point vrai - s'écoule aussi lentement qu'un escargot, mais que moi et Autumn nous chassions rapidement. Rapidement dans le sens : chasser beaucoup de proies en peu de temps. Être l'apprentie, voir même le seul chat du Clan qui ait rapporté le plus de proies aujourd'hui me remplirait d'une immense joie.

Et si le temps n'existait pas ? Et si nous étions figer ? On n'existe, mais on ne peut pas bouger. Ce serait tellement... étrange, tellement... mauvais...
Je secoua la tête : je n'avais pas besoin de penser et de me poser ce genre de questions. Le moment était à la chasse et à rien d'autre que la chasse !

- Bien sûr Nuage d’Hiver ! Mais pas longtemps alors. Le soleil va bientôt se coucher. Et cette bête est une hermine.

Je hocha légèrement la tête : j'avais attrapé et tué une hermine qui faisait presque ma taille !
Autumn m'indiqua d'un signe de la queue de choisir une direction. Je huma l'air : rien. Il n'y avait tout bonnement aucunes proies dans les parages. Je fis quelques pas : toujours rien.
Cela m'énervait déjà. Nous n'allions pas abandonner ! Pas déjà ! J’espérais, je priais presque pour que les proies reviennent. Encore une ou deux proies et j'aurais largement dépassé la guerrière, bien que j'ai déjà une proie d'avance.

Je courus jusqu'à un arbre, le dépassa quelque peu et sentit l'air encore, puis je me tourna vers Autumn :

- Il n'y a aucune proie ! Rien ! Je ne sens rien ! Et toi ?

L'espoir de pouvoir encore chasser se faisait entendre dans ma voix. Peut-être que la guerrière aurait plus de succès que moi ?

Spoiler:

Autumn
Set fire to the rain





Bouh… Un petit mot destiné à effrayer les chatons. Ou les plus vieux. Il peut emplit de rire, ou au contraire, de tristesse. De rage. Il peut-être utilisé pour saluer. De façon laconique. Ou bien joyeuse. Mais il est surtout employé pour effrayer. En se cachant dans un coin, puis en surgissant brusquement. Quoi qu’il en soit, ce mot, si simple, si banal, a plusieurs facettes. C’est pourquoi je peux le comparer sans inquiétude à un être vivant. Car vous aurez beau être gentil, doux et attentionné, au fond de vous, il y aura toujours cette parcelle du mal. Et inversement, bien sûr.

Et voilà, encore un petit monologue intérieur inutile. Et dire que je ne m’en lassais pas… Ces petits dialectes philosophiques constituaient une part de moi. De mon être. De mon âme. Je ne me souviens pas d’une journée durant laquelle je n’ai pas songé ainsi, m’interrogeant sans cesse sur le sens de la vie, arborant chaque jour de nouvelles facettes de doutes. Me poser ces questions, tenter d’y répondre… Tout cela me plaisait beaucoup. M’amusait même. C’était une autre façon d’aborder ce fil sans fin, qui se tisse chaque jour un peu plus, tout en se brisant. La vie.

Je m’ébrouai silencieusement, me concentrant de nouveau sur l’apprentie. Elle hocha légèrement la tête, m’indiquant qu’elle avait compris l’information. Et une nouvelle de taille, si je puis me permettre ce jeu de mot. Jeune apprentie, elle avait tué une hermine presque aussi grosse qu’elle. Elle ferait une guerrière et une chasseuse surprenant, j’en étais certaine. Mais pour le moment, elle n’avait plus de mentor. Je soupirai. Si j’avais put choisir un apprenti, je l’aurais prise sous mon aile sans hésiter. Avec bien sûr Nuage de Cerise. Ces deux chattes se ressemblaient beaucoup.

Nuage d’Hiver huma l’air. Sembla contrariée. Je l’imitais. Aucun fumet ne parvenait à mon museau, que je fronçais, dépitée. L’apprentie, loin d’être découragée, fit quelques pas dans la neige. Rien. Pas une seule trace de gibier. Étrange. La novice devait sans doute espérer me battre au jeu de la chasse, raison pour laquelle elle était si déçue. Je ne pus m’empêcher de sourire, attendrie. Elle courut jusqu’à l’arbre, huma l’air de nouveau. Rien. Toujours rien. Juste un froid glacial. Et étrangement, ce froid me faisait frissonner. De peur. Nuage d’Hiver se tourna vers moi.

- Il n’y a aucune proie ! Rien ! Je ne sens rien ! Et toi ? me demanda t-elle d’une voix vibrante d’espoir.
- Rien non plus. Mais peut-être est-ce à cause du Bipède. Il aurait très bien put faire fuir notre pauvre gibier, indiquais-je.

Néanmoins décidée à ne pas décevoir ma nouvelle amie, je marchais lentement dans la neige. Tous mes sens à l’affût. J’humais l’air rapidement, de façon à ne pas m’enrhumer. Il était facile d’attraper froid en reniflant le vent gelé. Et ça, c’était hors de question. Au bout de plusieurs minutes, pourtant, il fallut se rendre à l’évidence : le gibier avait disparu. J’eus une moue. Certes, la journée avait été fructueuse pour la saison, mais cela n’impliquait en rien une quelconque intervention de Bipèdes. Nous chassions pour survivre. Eux, tuaient pour le plaisir. Où était la justice ?

- Je suis désolée Nuage d’Hiver, il n’y a plus rien. Nous avons bien chassé. Allons déterrer nos proies et ramenons-les au camp.

Je n’avais put empêcher de faire sentir ma déception. De toute façon, il était facile de le lire dans mes yeux.


[Il est presque fini. Je ne sais vraiment pas ce qu'elles pourraient faire d'autre, d'autant qu'au départ, on est parties d'une rencontre imprévue à l'Aube Harmonieuse ^^
Je vois ça. Ne t'inquiètes, ça ne me dérange pas du tout, au contraire ! Ca me fait plaisir de voir qu'on s'inspire de moi ♥]

Autumn huma à son tour l'air et ne trouva rien. Elle supposa l'intervention du Bipède de tout à l'heure. Mais pourtant, j'avais réussi à attraper une hermine ! Et puis d'abord, de quoi se mêlait-il ce Bipède ?! C'était mes proies, non, nos proies à notre Clan ! Il n'avait l'air de mourir de faim, mais nous par contre, si nous n'avons plus de proies à chasser, nous mourrons de faim !
Je me mis à haïr ce Bipède pendant qu'Autumn me disait :

- Je suis désolée Nuage d’Hiver, il n’y a plus rien. Nous avons bien chassé. Allons déterrer nos proies et ramenons-les au camp.

Elle avait raison. En plus, comme la guerrière l'avait dit juste avant : le soleil se couchait derrière l'horizon.
Le Clan ainsi que tous les autres chats aussi avaient raison. Raison d'haïr les Bipèdes. D'une manière ou d'une autre, ils avaient plus de facilitée pour tuer. Bin oui, avez-vous déjà vu un Bipède errant ? Sans but précis ? Oui il y en a, mais eux se promènent, ou promènent leurs maudits chiens.

Je soupira et tenta de me calmer. A quoi bon s'énerver de toutes manières ? Je trotta jusqu'à l'endroit où j'avais enterré mes proies, puis retourna avec ces dernières près de la chasseuse et lui demanda :

- Qui a gagné ?

Autumn avait le renardeau et l'écureuil et moi une hermine, une pie et deux souris. J'avais donc gagné ! Contente, je sautilla sur place, informant Autumn (bien qu'elle devait déjà le savoir). Puis, je pris le plus de gibier dans ma gueule et commença à rentrer au camp, jetant un coup d'oeil derrière moi pour vérifier si ma nouvelle amie me suivait.

Spoiler: