Mais t'es qui toi? |Fox|

Il n'était pas spécialement tôt, il ne faisait pas spécialement chaud. Shade n'avait rien de spécial à faire, elle se promenait au milieu d'un champ. De sa démarche nonchalante, elle secouait sa queue de gauche à droite. La chatonne ne cherchant pas à être discrète se mit à siffloter un air guilleret. C'était une belle journée, la noiraude avait attrapé quelques mouches et une araignée. Mais surtout, Shade savourait la sensation d'avoir le ventre plein à craquer. Elle se contentait généralement d'insectes pour seule nourriture mais aujourd’hui, à l'aube, elle avait attrapé un mulot. Un mulot quoi! Et elle avait de quoi être fière. C'était sa première vraie proie depuis que sa mère l'avait abandonné! La jeune chatte devait avoir aux alentours des 3 lunes, peut-être un peu plus, peut-être un peu moins. Pourtant, elle avait réussi à survivre seule dans cette partie des territoires claniques. Sa mère elle-même en était originaire mais sa mère, elle voudrait plutôt la chasser de sa vie et de son esprit. Sa soeur avait disparu, la seule qu'elle aimait vraiment l'avait quitté à son tour. Un immense manque tiraillait son coeur. Désormais elle errait dans les plaines, ne passant pas plus de quelques jours au même endroit. Elle appréciait sa vie de vagabonde même si au fond, elle préférait se poser bien au chaud dans une tanière avec pour seule compagnie sa famille. Mais non, le destine n avait décidé autrement. Les seules femelles qu'elle avait connu la trahirent, brisèrent son coeur. Celui-ci s'est forgé une carapace et sous son expression fragile cachait une dangereuse psychopathe qui tirait un plaisir jouissif à terroriser les pimbêches qui tortillait avec imprudence leur postérieur devant son nez.
La jeune chatte sauta sur une des pierres écroulées du mur dardée par le soleil et s'allongea dessus. Elle étira chacun de ses membres et bailla allègrement. La nuit fut rude, le vent froid mordant. Elle regarda quelques papillons la survoler, elle essaya de leur donner quelques coups de patte pour le jeu. Elle admira le ciel bleu et les boules de coton qui s’effilochaient et décrivaient parfois des formes étranges. Elle s'amusa à essayer d'inventer une histoire à chacun, celui en forme d'aigle venait d'une contrée lointaine, il veillait sur ses camarades car les Deux-Pattes menaçaient les arbres. Un autre vient jouer avec une pomme de pin, il ressemble un peu à un chaton si on tourne suffisamment la tête sur la droite. Bien sur, elle pensa à sa soeur, Hickaru. Elle retint les larmes qui tentaient de percer à travers ses yeux. Il n'y avait pas de place pour la peine et la nostalgie dans cette vie. La chattone de charbon luttait sans cesse pour non pas vivre mais survivre. Nuance subtile mais essentielle. Une vertèbre craqua, elle changea de position, offrant son petit minois aux rayons ardents.
La chaleur ajoutée à la digestion ne tardèrent pas à dégager son effet soporifique et Shade somnola très vite. Sa seule respiration était étouffée par le chant des oiseaux qui paillaient au dessus de leur nid. La journée était belle, mais elle allait prendre un tournant décisif pour son avenir.
Son instinct de survie lui ordonna de rouler sur le côté, son flair lui dicta qu'elle courrait un danger. Elle s'affala dans la poussière au moment même où une patte toutes griffes sorties dehors s'écrasa sur sa précédente couche. La chatonne bondit sur son assaillant sans prendre le temps de connaitre qui l'attaque. Elle planta ses crocs d’ivoire dans la peau du dos de son ennemi. Ils roulèrent tout deux dans la poussière et Shade fut secouée par le choc. Elle aperçu une vague silhouette rousse qui, semblerait, lui hurler dessus.

Shade avait de la fourrure rousse entre les griffes. Et un sacré paquet. La chatonne n'avait pas du y aller de patte morte. Elle était vilaine, mais le pire c'est qu'elle aimait ça. Contemplant la preuve de son "méfait" elle pensa alors à ce qu'elle aurait pu faire avec ses dents. Parce que les griffes c'est bien mais si elles ne sont pas suffisamment aiguisées bah à sert à rien. Alors que les crocs, ils rentrent dans la chaire et la déchiquètent. Brrr. La chatonne se demandait si se faire mordre la patte était aussi douloureux que la morsure d'un roche... Enfin ce qu'elle entendait par là c'était que par un malencontreux hasard, elle se baladait sur une falaise, qu'elle dérapait, qu'elle se rattrape à un pierre mais qu'une autre tombe et qu'elle soit prise dans l’étreinte rocheuse. La question est donc si tu te fais "attaquer" par des pierres, est-ce que la douleur est aussi violente qu'une morsure féline.
Peut-être que la rouquine voudrait participer et l’aiderai à résoudre cette question quasiment existentielle. La noiraude la regarda, elle avait l'air en colère et faisait une grimace. C'est alors que le jeunette tilta que peut-être les poils... c'était les siens. Tout lui revient en mémoire et elle ne put s'empêcher de pouffer. Ce qui était une réaction étrange puisqu'au fond, elle aussi sentait l'agacement monter en elle.

« Bon maintenant que tu m'as empêcher de faire ma sieste, tu pourrais dégager cervelle de crevette pourrie! »

Elle soupira et commença à sérieusement en avoir marre. C'était marrant cinq minutes mais la solitaire rousse commençait sérieusement à lui pomper l'air. Elle savait qu'elle était solitaire parce qu'elle sentait pas l'odeur d'autres chats. Ceux des Clans, ils sentent toujours mauvais, entre l'urine des vieux et le vomis des jeunes... Beurk! Bon, il y a quand même des côtés positifs avec leurs situations: les apprentis ou plus généralement boule de poils inconscientes étaient facilement terriffiables. Ouais, la chatonne inventait des mots en plus. Quand ces bestioles s'aventuraient trop loin de leur Camp, elles commençaient à s'imaginer monstres et autres aventures. Le pire, c'est qu'elles se croient courageuses. Et le petit plaisir et passe-temps de Shade, c'était de leur faire avaler leurs illusions de bravoure et les faire déguerpir en pleurant "Oh Maman! Oh Maman!" Là elle se mettait à rire comme une bossue. C'est débile. Cependant quand on n'a plus de famille, il faut bien trouver un peu de réconfort quelque part. Si quelqu'un prenait le temps de la connaitre, il verrait que effrayer les minettes, c'est un moyen pour la noiraude d'évacuer ses propres angoisses. Au fond d'elle même, elle prend la place de ses chatonnes et s'imagine qu'elle aussi, elle aurait une personne contre qui se blottir quand elle a froid, une personne envers qui elle pourrait se confier et faire confiance. Mais elle déteste les filles. Les mecs, c'est différent, mais en parler prendrait trop de temps.

« Allez casse-toi! A moins que tu veuilles encore te battre. »

Ses babines se fendirent en un rictus malsain. La rouquine faisait quoi... deux fois sa taille, à vu de truffe, quatre fois son poids et devait avoir le triple de sa force. Envie de suicide? Non, juste assez crétine pour foncer tête baissée.

[Désolé ma Cam' pour ce truc minable et le retard. Pas d'inspi :/]