Jais Rp's

Il fait froid. La saison des feuilles mortes est là, avec elle la blettissure des fruits et le manque de gibier. Le froid et l’humidité empirent mes rhumatismes. Que ne donnerais-je pas pour retrouver ma jeunesse ! Je regarde les chatons, encore si jeunes et innocents, courir après les feuilles mortes. Je vois les apprentis, qui ne savent encore rien de la vie, certains partent à l’entrainement, d’autres en patrouilles. J’aperçois les guerriers, qui pensent tout savoir et qui savent pourtant si peu, attendre les ordres de leur chef ou du lieutenant. Et puis il y a moi. L’unique ancienne du clan. Nous étions deux il y a à peine une lune, mais mon unique compagnon de tanière à trouver la mort il y a peu. Je suis Douceur Déchue, la doyenne du clan de la Rivière. Je me sens seule. Le temps où les chatons venaient écouter mes histoires est révolu. Les apprentis ne s’occupent de moi que lorsqu’ils y sont obligés. Et moi je suis malade. Vieille, seule et malade. Je dépérie dans mon coin, sans aide, sans soin. Pourtant j’aime profondément mon clan. J’ai été lieutenante un moment. Avant que je devienne aveugle d’un œil, suite à un combat. Alors j’espère. J’espère que tout s’arrangera, que l’on s’occupera de moi, que l'on se souviendra de mon existence. Ma piètre existence. L’espoir fait vivre dit on, et bien c’est vrai. Je vie d’espoir. Pourtant, aujourd’hui j’ai décidé de partir. Je m’ennuie bien trop pour rester là à ne rien faire. Personne ne remarquera mon absence. Je m’apprête à me lever, quand une guerrière au pelage blanc comme la neige et aux yeux bleus vient me voir. Il s’agit de ma fille, Aile de Fée. Fille que j’ai eut avec un guerrier du clan du Tonnerre, mais elle ne le sait pas. Son père est encore vivant, lui aussi à rejoins les anciens de son clan. Nous nous voyons parfois. De plus en plus rarement. Quoi qu’il en soit, Aile de Fée m’avait apporté une boule de mousse imbibée d’eau, et un des rares campagnols encore dodu. Sa gentillesse me fait sourire. Je l’a remercie chaleureusement, et attaque mon repas en me promettant de sortir du camp dès que je l’aurais finit. Bientôt, j’ai terminé ma proie. Je me lève difficilement, mes douleurs sont encore bien présentes. Tant pis, advienne que pourra ! Et je sors du camp. Une fois dehors, j’ai l’impression de revivre. Voici quelques jours que je contemplais l’entrée avec nostalgie, rêvant de partir à l’aventure comme au bon vieux temps. Un vent glacial souffle sur le territoire, les rares arbres présents sont colorés de rouge et d’or et le silence est plus que présent. Tout semple mort, comme éteint. Pas une trace de vie. Je suis entièrement seule. Il n’y a plus que moi, moi et la nature. Je cours allègrement sur la roche, ne sentant plus mes douleurs. Mon handicap à œil me gêne un peu, mais j’arrive tout de même à m’orienter. Je n’ai plus qu’une envie : me rendre à la frontière avec les clans du Tonnerre. Ainsi, j’aurai une chance d’avoir des nouvelles de mon amour… Je me doute bien qu’il n’y est pas, mais je sais que si j’ai la change de croiser Poussière des Âmes, ou Anis Etoilé, je pourrais avoir de ses nouvelles. Ces deux guerriers ennemis sont les seuls à être au courant de notre relation. Jamais ils ne nous ont trahis, et c’est eux qui organisaient nos rencontres secrètes. Sans eux, ma belle Aile de Fée ne serait surement pas là, et nous n’aurions jamais put nous voir. Approchant de la frontière, je scrute avec impatience les bois du Tonnerre. Je ne voie rien, mais croie deviner l’odeur acre d’un de leur guerrier. Il me semble qu’il s’agit d’Anis Etoilé, mais, prudente, je ne bouge pas. Au fur et à mesure, l’odeur se précise. Mais je suis toujours incertaine… Si ce n’était pas celui que j’attendais, je devrais me dépêcher de trouver une excuse justifiant le fait que je sois à la frontière, en train d’espionner – du moins c’est l’impression que je devais donner d’extérieur – les terres ennemies. Encore quelques secondes et je serais sure. Pourtant, plus l’odeur s’approche, moins je suis sure de moi. Mon cerveau fonctionne à toute allure, cherchant quelque chose à dire pour ma défense… Au moment où j’allais me décider à partir en courant, faute de bonne trouvaille, la silhouette d’Anis Etoilé apparut, majestueuse, parmi les arbres. Pourtant, quelque chose dans son expression me fait craindre le pire… Il semble soucieux, et en même temps infiniment… triste ? Je ne saurais vraiment dire. Il s’approche, me parle d’une voix brisée. Au fil de ses paroles, c’est moi qui me brise. Il n’y a qu’un mot en moi : la mort. Je ne suis plus sur de comprendre… Il est mort, lui, mon seul amour. C’est tout. Ivre de tristesse, je pars en courant. Sans un mot. Sans un regard pour celui qui est venu m’annoncer la terrible nouvelle. Je cours, loin, loin, très loin. Mon œil unique se voile de larmes. Je n’y voie plus rien. Tout est flou. Comme mon esprit. Rien ne va plus. Soudain, je sens le sol se dérober sous mes pattes. Un froid glaciale m’enveloppe, je ne sais plus où je suis. Dans un élan de panique, je bas des pattes. Rien. Je tente d’ouvrir les yeux, tout est bleu. Je finis par comprendre. Je suis tombé dans la rivière. Je m’étouffe, je suffoque. Impossible de respirer. Je me sens épuiser, fatiguer... Je sens la vie m’échapper. Je songe à ma fille, ma douce fille, ma merveilleuse fille… Aile de Fée… Que va-t-elle devenir sans moi ? Je sais que je vais retrouver celui que j’aimais. Et pourtant… Je ne peux m’empêcher de songer à elle. Je ne peux là laisser. Je me débats de nouveau, mais rien n’y fait, je suis prisonnières des eaux. Aile de Fée… Un vide d’installe petit à petit en moi. Une vague me jette violement sur la berge. Je n’ai plus la force de respirer. Aile de Fée… Adieu. Anis Etoilé… Poussière des Âmes… Adieu. Je m’apprête à quitter ce monde pour un autre. Adieu le monde, adieu la vie. Je n’ai plus ma place ici. Tout est finit. Bonjour Clan des Etoiles, bonjour mon amour. Ce jour là, j’ai cessé d’espérer. J’ai cessé de vivre.