Lost Hope [Flamichou =P]

Une ombre avancait, rapidement et d'un pas décidé. Cette ombre ressemblait vaguement à un chat, la morphologie, peut-être mais si seuleument ils savaient ce que cette silhouette cachait dans son âme !
Tout le monde la connaissait, mais qui savait ? Qui connaissait son histoire ? Qui savait ce qui se cachait dans son coeur ? Qui ? Personne. Personne ne savait, ils ne voyaient que l'ombre, l'apparence de cette chatte. Ils ne savaient pas ce que ce pelage roux et ces yeux verts cachaient. Non, ils ne savaient rien. Pourtant ils lui faisaient confiance et certains racontaient qu'elle serait lieutenant. Vrai ? Faux ? Qui le saura ? Quelqu'un le saura-til au moins un jour ? Sera-t-elle là lorsqu'il sera désigné ? Peut-être. Peut-être pas. Tant de questions pour si peu de réponses… La vie vaut-elle la peine d'être vécue lorsqu'on à tout perdu ?
Elle avait tout perdu. Ses amies, sa famille, sa précieuse soeur et son compagnon. Personne ne le savait, évidemment. Personne n'était au courant pour ses chatons décédés pendant l'hiver. Personne ne savait rien sur elle et pourtant, ils croyaient tout savoir. Si seuleument ils savaient vraiment…

Piment des Indes rit intérieurement à cette pensée. Un rire âpre, dépourvu de joie. Un rire jaune. Elle ne savait plus vivre, encore moins rire ou pleurer. Elle ne savait qu'être indifférente; elle ne savait qu'ignorer les gens autour d'elle, elle n'était plus qu'un corp sans âme condamné à errer dans un monde qui n'était plus le sien et suivre un destin dont elle n'était plus maître depuis fort longtemps. Elle avait perdu la notion du temps, celle de la faim et du sommeil, elle passait son temps en dehors du camp et on eu peine à croire qu'elle fusse partie d'un Clan lorsqu'on la croisait dans la forêt; son poil autrefois propre et lustré était devenu sale et emmêlé, ses yeux qui, un temps, brillèrent de santé s'étaient éteins. Elle ne parlait pas, acquiescait seulement avec la tête et secouait celle-ci en cas de négation. Tout était devenu pâle à ses yeux.
Elle était seule, tout les autres chats la fuyaient, pourtant, elle s'en fichait. Qu'avait-elle à perdre maintenant qu'elle avait déjà tout perdu ? La réponse était claire : rien. Non, elle n'avait plus rien à perdre : aucun prestige, aucune dignité, aucune famille, aucun ami. Elle dormait. Peu. Trop peu pour une chatte de Clan. Elle se demandait parfois pourquoi elle vivait, à quoi elle était utile en restant vivante. Parfois elle implorait le Clan des Étoiles de la tuer, bien qu'elle savait que c'était inutile. Elle ne savait même pas pourquoi certains disaient qu'elle serait lieutenante, c'était perdu d'avance. Des guerriers et des guerrières beaucoup plus efficaces méritaient ce poste. Elle en était indigne.

« Maybe one day they will see me as I am… ? »

C'est donc, une fois de plus, vide et à demi consciente qu'elle marchait sans but dans la forêt. Aucune pensée de venait encombrer son esprit, aucun son ne sortait de sa bouche, seul le faible bruit de sa respiration troublait le calme lourd qui régnait sur la forêt. Le soleil était caché par les nuages, un mauvais temps. Un temps d'orge. Autrefois, Piment des Indes raffolait des orages. Aujourd'hui, elle s'en fichait comme du reste. Les oiseaux ne chantaient pas et le son de la rivière était camouflé par les buissons. Soudain, pour la première fois depuis plusieurs lunes, la chatte rousse dressa les oreilles et huma l'air car une odeur l'avait interpellée. Elle partit en chasse vers sa source, plus silencieuse quelle ne l'avait jamais été. Lorsqu'elle vit que l'odeur venait d'un tronc d'arbre où mangait une souris, les oreilles de la rouquinne retombèrent et elle rebroussa chemin.
Qu'avait elle cru ? Les miracles n'existent pas, pourtant c'était bien l'odeur de sa soeur disparue qu'elle avait sentie. Elle en était si sûre… Et si incertaine. Voilà qu'elle commencait a avoir des hallucinations, maintenant ! Décidément, son cas ne faisait que s'aggraver…
Après s'être enfoncée dans la forêt, elle trouva une petite clairière à l'aura mystique. Pourtant, elle fut insensible à cette aura et à la beauté de cette prairie enchantée et c'est simplement pour se reposer qu'elle se coucha et posa la tête sur ses pattes.