[- 16/18] Welcome in Wonderland ♪ [Chihuahua]

Brume




Baby doll. Baby doll. Baby doll. Baby doll. Baby doll. Baby doll. Baby doll. Baby doll. Baby doll. Baby doll. Baby doll. Baby doll.






Alexandre Desplat – New Moon (The Meadow)

Brume poussa doucement la porte arrière de la maison. Celle-ci donnait sur une rue sombre et assez glauque, seule raison pour laquelle elle n’était pas envahie par les jeunes qui faisaient la fête, à deux pas d’elle. En temps normal, elle serait restée. Elle se serait bourré la gueule, aurait trouvé un – voire plusieurs – mec pour passer le reste de la nuit et se serait réveillée dans son lit avec une p*tain de gueule de bois. Puis elle se serait faite répriman… non, tout simplement engueuler. Parce que « une jeune fille de bonne famille, qui plus est de quinze ans, ne peut se permettre de fréquenter de tels voyous ! » Ben voyons. Il n’empêche que Brume avait une certaine préférence pour les mecs plus âgés. Or, la plupart des mecs présents aux fêtes étaient mineurs. Rien de très excitant en somme. Et cette nuit, Brume avait envie de se faire plaisir. Ce serait sans doute l’une de ses dernières nuits avant qu’elle ne soit coincée à l’hôpital, autant en profiter. Saloperie de cancer.

Elle grimaça et se mit à marcher. Elle ne savait absolument pas où cette ruelle menait. Peut-être à un cul-de-sac. Et alors, elle n’aurait plus qu’à retourner sur ses pas et affronter la foule de regards. Pff… Résolue, elle s’avança jusqu’au bout de la ruelle et déboucha sur une petite rue, style vieux Paris. Elle sourit. Elle aimait bien les trucs un peu vieillots, ça lui rappelait sa grand-mère maternelle. Elle n’était pas issue de la « haute société » et crachait volontiers sur ceux qui l’emmerdaient. Dieu qu’elle l’aimait ! Et puis il avait fallu qu’elle meure. P*tain de vie. Enfin bref. Brume déambula dans la rue, son regard accrochant chaque détail, pour les graver à jamais dans sa mémoire. Enfin, elle trouva un bar. Le genre d’endroit mal fréquenté, où ils se foutent pas mal de savoir si t’es mineure ou pas. Le genre d’endroit qu’elle aimait.

Elle poussa la lourde porte à battant et s’assit sur un des tabourets miteux du bar. L’arrière devait servir de boîte de strip-tease. La musique résonnait à ses oreilles. Les cloisons devaient être fines. Soupirant, elle commanda une vodka au barman, un mec baraqué, qui avait dû être biker à une époque de sa vie. Il sortit une bouteille du frigo, la déposa brutalement devant elle, ainsi que le verre qui allait avec, et lui fit un magnifique sourire édenté. Brume le lui rendit, en plus sardonique. Faut dire qu’elle était bien foutue la gamine. Elle avait de longs cheveux noirs, une peau mate et une petite taille, tirés de sa mère, et une superbe poitrine agrémentée d’yeux bleus, qu’elle tenait de son père. Ouais, sa mère était une gitane. C’est genre le mythe d’Esmeralda revisité. Ça la faisait bien rire. Sa mère avait tout perdu de son côté gitan, préférant la « classe » pompeuse de son mari. Brume secoua la tête, faisant virevolter ses cheveux ondulés, et but la vodka à même la bouteille. Bon, pas tout non plus, histoire de rester lucide. Juste un quart, cul sec.

HIBOU

" Rien n'est impossible. Non sérieux. Quand on veut on peut. Enfin, moi, quand je veux je peux. Merde, faut arrêter, un peu de conviction dans la vie. Quand j'étais petit, enfin, plus petit que ça, j'abandonnais assez facilement. C'est pas que j'étais spécialement nul, mais j'avais pas la hargne vous voyez. Il faut avoir la hargne, faut avoir envie de gagner. Faut haïr son adversaire les mecs. Faut pas juste espérer gagner. Si t'espère gagner, c'est déjà mort. Ton adversaire lui, il espère pas que tu gagnes. Les combats, c'est pas juste quelques poings, c'est mental. Regardez, j'suis pas baraqué les mecs. J'ai déjà perdu un combat. Putain, non ! C'est pas physique cette histoire, c'est mental. Allez, j'suis avec vous les mecs. Ce soir, vous défoncez toute ces mauviettes, et je vous paie une tournée Romy ! "

Ça changera rien, je le sais bien. Mais que voulez vous que je vous dises. Ces mecs sont des nuls, des cons. Ils savent pas pourquoi ils sont là. Ils font les malins, mais tout leur corps tremble de peur quand ils montent sur le ring. C'est ridicule. Avant, cette salle c'était de la qualité, quand j'étais petit, y avait des stars ici. Maintenant je me retrouve a entrainer des frimeurs trouillards de 15 ans à peine. Enfin, c'est un peu d'argent, c'est mieux que rien. Je m’appelle Ibrahim, mais tout ceux qui font quelques millimètres de plus que moi - c'est à dire une grande part de la population - m’appelle Hibou. Je vais sur mes 17 ans, je suis en première, je vais aussi sur mon bac de français d'ailleurs. Dommage pour lui. J'entraine des jeunes gars, enfin, plus jeunes que moi, à la boxe, du moins j'essaye. C'est pas une partie de plaisir. Mais faut de l'argent comme je vous disais.

J'aime pas spécialement le sport, ou plutôt, le sport m'aime pas. Je suis petit, 1m65, à 17 ans, c'est critique. Les entraineurs me voient et se moquent. Moi, si je suis tombé à 10 ans dans la boxe, c'est à cause de mon frère, et j'm'en sors pas mal. Comme j'expliquais aux gars, la boxe c'est une question de mental. Et ça, j'en ai. On dit à droite que j'ai mauvais caractère, que je suis entêté, capricieux et orgueilleux. Mais je suis intelligent, alors je m'en sort dans ce monde tant bien que mal. Mes parents vivent dans la misère, ils ont à peine de quoi nourrir leurs enfants. Mon frère, il fait des études en espérant rapporter des biftons à la maison plus tard. Mais pour l'instant, ces conneries coutent plus cher qu'autre chose. J'avais une sœur, Isa, elle doit avoir 19 ans maintenant, mais cette ... est partie y a 2 ans. Elle a disparu de la maison, elle s'est mariée à un vieux pervers, de toute façon, même avant ça, elle faisait chier tout le monde, et avait une réputation de pute. Elle faisait honte à tout le monde. Sinon, j'ai une petit sœur, Naïma, 14 ans, elle s'applique à ne pas devenir comme Isa. Enfin bref.

Du coup, ces incapables ont perdu. Et je me retrouve tout seul a aller chez Romy. Ça pue chez lui, c'est moche, mais putain, j'aime cet endroit. Je pousse doucement la porte, il n'y a pas grand monde, la musique est forte, et désagréable. Comme toujours. Romy n'est pas au bar, et les filles ne sont pas encore entrain de faire leur numéro. Tant mieux. J'aime cet endroit, mais pas les salopes qui le fréquente. Isa venait ici, j'en suis sûr. Tiens, quand on parle du loup. Il y a une fille au bar. Bien le genre salope. Elle a de longs cheveux noirs, un corps de rêve, sérieux, elle est jolie, mais qu'est ce qu'elle a l'air pute. Et elle boit. Beurk. J'ai rien contre les filles, j'suis pas le genre homo, mais les filles qui fréquente le bar de Romy, c'est pas des filles fréquentable. C'est juste des filles bonne a sauter. Sans être vulgaire. Moi j'aime les filles avec qui on peut un peu parler. Pourtant, j'attire les salopes. C'est sûr qu'avec mon look de racaille, et puis j'ai la gueule du connard de base. Petit, sourire d'ange, beau gosse, métisse aux yeux noisette. Après, je suis comme n'importe quel mec. Mais là, même si elle est belle, j'ai envie de parler, pas de retrouver une salope avec la gueule de bois dans mon lit demain. Merde, j'aurai du rester chez moi, elle a cramé que je la regardait.

| Ouah je raconte ma vie, mais tu vois je décris le mec de mes rêves alors ** Bref, c'est pas qu'il est pas intéressé par Brume, mais il est sûr que c'est une salope, alors fais en sorte qu'il soit intrigué :3 |

Brume
I’m up all night for good fun !




Daft Punk – Get Lucky

Ça brûlait foutrement la gorge. C’était ça qu’elle aimait. La sensation de brûlure vive que la boisson lui laissait. Allez savoir pourquoi, elle avait toujours préféré les trucs un peu gore ou trash. Les trucs qui faisaient mal. Tout en procurant un certain plaisir. C’est sans doute pour ça qu’elle s’était mise à coucher très tôt. Elle aimait sentir cette sensation douloureuse et plaisante à la fois, autant sur le moment qu’après. Nombre de fois, elle n’avait pu s’asseoir sans grimacer de douleur. Mais Dieu, ce qu’elle adorait ça ! Bon, c’est sûr qu’elle se traînait une réputation de salope alcoolique. Ce qu’elle trouvait étrange étant donné qu’elle supportait bien l’alcool. Mais au fond d’elle, elle aurait bien aimé avoir plus qu’une relation d’un soir. Une histoire de romance tragique, dans laquelle elle souffrirait. Oui, elle était maso. Elle s’en rendait compte un peu plus chaque jour et en était très fière. Elle reprit une autre gorgée de vodka, grimaça, sourit. Tant de plaisir dans la souffrance. Inconcevable. Incompréhensible. Réel. Elle jeta un coup d’œil aux alentours, histoire de se trouver un plan pour la nuit. C’est là qu’elle le vit.

Il la fixait, l’air un peu dégoûté. Ben quoi, il avait jamais vu de mineure qui buvait ? Elle lui tira malicieusement la langue et le détailla. Il était mignon, genre un peu bohémien. Ça, ça lui plaisait beaucoup. Petit, musclé. Il devait faire mal au lit. Tant mieux. La peau mate, les cheveux et les yeux sombres. Un vrai Don Juan, l’air un peu canaille, sexy à en mourir. Bon. Il avait l’air plutôt déçu de la voir, elle, la salope de base. Brume mettait toujours un point d’honneur à ne pas parler d’elle. Pas parce qu’elle n’avait rien à raconter, non. C’était plutôt le contraire. Mais elle n’avait pas envie que les gens voient cette fêlure en elle, ce morceau d’âme brisée qu’elle essayait tant bien que mal de recoller. Allons bon. Les sentiments qui revenaient. Vraiment pas le moment. Se concentrer sur lui. Rien que lui. Elle pencha la tête de côté, intriguée par son comportement. Il semblait vouloir lui parler et en même temps refuser de s’approcher d’elle. Bizarre. Bah. Autant faire comme d’habitude. Prendre les devants. Sauf que celui-là était particulier, elle le sentait. Elle allait devoir le draguer d’une autre manière.

Elle prit son verre et se dirigea vers lui, roulant inconsciemment des hanches. Elle lui tendit la vodka avec un sourire. « Tu sais, j’vais pas te manger. Et je crois que tu en as besoin. » Elle n’était pas sûre que ça marche. Jusqu’ici, elle ne s’était fait que des mecs avides de sexe. Ils se foutaient pas mal des sentiments et elle aussi. Mais bon. Celui-là, il sera son défi ultime. Sa proie. Un beau gosse comme elle les aimait. Plus vieux, musclé, sexy. Parfait. Le genre qu’elle n’avait jamais vraiment osé aborder. Pourtant elel était bien foutue. La timidité, sans doute. Aucune importance. Celui-là, elle se le ferait, elle se l’était juré. Et puis, peut-être qu’ils iraient plus loin qu’une simple histoire d’un soir… Au fond, elle l’espérait un peu. Alors elle croisa intérieurement les doigts.
FICHE PAR STILLNOTGINGER.






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