Reprendre un rythme. Balancer le temps [FREE]

Il en avait perdu du temps, souvent trop. Parfois, ce fut bénéfique, parfois ce fut tout le contraire. Il ne voulait pas en prendre conscience mais aujourd'hui la conscience venait simplement à lui, comme une évidence, il était vieux. Il avait erré pendant trop longtemps, toutes les secondes passées à oublier ce temps étaient révolues, il avait changé, inconsciemment. Comme si une ombre s'était soudainement envolée de son esprit, lui dévoilant tout ce qu'elle cachait derrière sa noirceur, tout ce qu'il avait raté. Le rythme de sa vie avait changé et il s'affaissait de plus en plus, les ombres s'effondraient une a une, peu à peu. Chaque jour, le mâle balafré voyait des couples vivre leurs vies avec ou sans chatons répugnants qui leur courent dans les pattes. Chaque jour, Galérien avait senti les rumeur des jeunes se poser dans les têtes autour de lui, comme lui les avaient lancé était plus jeune. Et maintenant, il n'en faisait plus partie, sa vie avait changé. Il ne pouvait plus courir avec les jeunes guerrier ni même tenter de séduire cette jeune minette noire et extrêment charmeuse. Il avait raté son tour comme on rate le dernier train un soir d'hiver. Le mâle avait pris peu de temps à comprendre que sa vie n'était en réalité qu'écrite noir sur blanc par une de ces humaines pathétiques dans sa chambre. Il ne le savait pas avec précision mais il sentait sa vie contrôlée par une force extérieure. Il savait qu'il avait un destin qu'il ne pourrait très certainement pas changer, que sa vie l'amènerait soit au bonheur soit au malheur, sans choix, sans foi, sans direction à prendre. Et vraisemblablement, sa destinée avait été poussée par une envie de pouvoir et d'attaque certaine mais pas par une vie simple et rythmée d'un bonheur quotidien.


Il était apparu ici, parmi les esprits tous aussi différent les un des autres de ce clan, le clan de la Rivière et y savait sa place, sa place y est d'ailleurs toujours. Sa destinée serait-elle différente une fois qu'il sera chef ? Etre un poulidor ne lui suffit pas, il refuse obstinément de rester calmement à cette seconde place mais Etoile d'azur n'est pas prêt de baisser les armes malgré sa seule vie restante. dire qu'il suffirait d'une seule griffe, plantée au bon endroit avec toute la force de ce mâle. mais les échos de ce monde ressorte trop vite, tôt ou tard, on saurait que ç'avait été lui l'investigateur de la mort du chef et cette place ne lui serait alors plus donnée. Il devait être patient comme tout les chats de ce monde prêt à être chef, un seul mot se devait de résonner dans sa tête patience. Mais il n'y a plus de temps à perdre dans sa vie. Il faut agir ... Il faut se faire aimer. Il faut se faire des amitiés et des ennemis, il faut se bouger pour un jour ne plus être le fou qui règne. La folie rogne encore et toujours l'esprit du mâle des galères mais là elle était ailleurs, en train de booster les envies de rencontres qui sont pourtant les envies les plus ombrageuses du lieutenant.


Voilà comment ce mâle au pelage défiguré s'est levé un matin après les autres. Toujours isolé dans un coin très sombre et peu fréquenté de la tanière des guerrier, le mâle avait pris l'habitude de se lever parmi les premier pour ne pas avoir à subir un réveil inopiné réalisé par un chaton trop brailleur mais là, il avait dormi, longtemps dans la matinée. Car c'était un matinée changeante, il allait changer sa vie... Il ne prit pas le temps, à son habitude, de faire sa toilette, ses poils étaient trop emmêlés par le temps pour y perdre encore des précieuses minutes. Galérien se lève alors, enlève les quelques brindilles de roseau qui lui vienne de son nid accrochées à son pelage. Il sort alors de la tanière et se rendant compte que les rencontres ne le connaissent pas. Il se pose à la droite, juste à coté de l'entrée de sa tanière à vrai dire, de la clairière, un endroit qui ne demande qu'à être bondé de chats et se pose, simplement. Il attendra là, que quelqu'un vienne lui adresser la parole ou lui poser une simple question. Il ne voulait qu'une chose, que les chats de ce clan ne le considère plus avec cette indifférence répugnante.


Le soleil se posa promptueusement sur son pelage quelque seconde après que le mâle se soit posé. Et il y resta ainsi quelques longues heures. Le mâle se refusa à bouger, voulant tester sa popularité qui était vraisemblablement au plus, bas, personne ne l'avait jamais aimé dans ce clan et apparemment ce ne sera pas aujourd'hui que les choses commenceront. Galérien ne bougea pas, pendant trop longtemps, laissant son ventre crier famine, laissant le soleil lui faire tourner la tête, il ne fit même pas frémir sa peau quand une mouche malheureuse vint se poser sur un de ses poils. Les rayons continuèrent de frapper son crâne longtemps. Il entendit les gargouillis de son ventre se mêler aux cris des chatons, aux rires des apprentis revenus et partant aussitôt en entrainement ou en patrouille, les engueulade finissant en lèches somptueuses des couples de chats isolés et les pas de la guérisseuse vacillant des anciens à la pouponnière. Tout celà le poussa à un demi-sommeil.


Un sommeil léger interrompu après un temps inconnu par une ombre venant gâcher le soleil. On lui accordait enfin une attention. Enfin ... !

La personne qui avait dérangé le sommeil léger du mâle n'était autre qu'une chatonne légère du Clan. Le lieutenant leva simplement ses yeux vers elle, soutenant son regard d'une manière fixe, attendant que cette dernière se pose près de lui. Quand il s'habitua au contre-jour que la chatonne lui faisait, le lieutenant reconnu Nuages des Ombres. La femelle était déjà apprentie depuis un certain temps. Le mâle posa un regard différent sur son pelage. Il était d'un blanc éclatant. Il rit intérieurement, à une époque son pelage à lui aussi fut toujours lustré de cette façon, mais depuis la malédiction il avait pris peur de s'arracher des poils en se lavant. Et même si la malédiction ne lui faisait plus du tout ressentir cette peur, il avait simplement perdu l'habitude de se lustrer le poil. Malédiction ... Celà faisait longtemps que le mâle blanc n'avait plus songé à cette dernière. A son piège, qui aurait pu lui être fatal pendant l'hiver ... Mais désormais ? En plein été débutant, il n'avait tellement rien à craindre de la perte de ses poils qui ne pouvait lui être fatale. Il songea à y faire plus attention la prochaine fois. Il ne s'agirait pas de mourir lieutenant, si près de la marche des chefs. Galérien fut sortit de ses pensées dans lesquels il avait habilement replongé, par l'appel de son nom. Il lui sembla soudain lointain, personne ne l'appelait plus jamais par son surnom de rescapé, tout le clan l'appelait désormais Fou du Roi ! Fou du Roi. Son nom de guerrier ne lui avait jamais sonné comme réel. Seul Galérien pouvait le sortir de ses pensées. Comme cette fois.



« Galérien »


Le mâle leva à nouveau les yeux vers ceux de la chatonne. Il lui surprit des iris marqués d’un vert émeraude très puissant. Il remarqua alors la ressemblance étrange entre lui à son âge et la chatonne. Lui aussi avait les yeux d’un vert puissant, plus proche du vert d’eau. Mais plutôt peu fréquent pour un chat. Il se prit d’une soudaine sympathie pour la chatonne qui lui servait un sourire narquois, avec son air arrogant. Pourtant, il ne pouvait pas se baisser à lui soutenir. Il l’ignora, simplement. Galérien n’était pas d’une humeur belliqueuse mais il avait envie de compagnie et une fois que celle-ci se présentait, il n’avait pas la capacité de réagir. Pourtant, s’il ne voulait pas que la chatonne parte d’elle-même, il se devait de lui réponde. Il choisit un air détaché, il baissa la tête sur ses pattes et s’allongea de tout son long. Il entendit un petit miaulement grave, ne sachant pas s’il venait de sa conscience au fond de sa tête ou d’un apprenti qui cherchait plus loin de l’amitié lui aussi, il décida de ne pas y prêter attention. Galérien ne regarda pas la chatonne posée à ses cotés quand il lui répondit.



« Mmm… Tu désires quelque chose en particulier ? »


Fou du Roi ne savait s’il parlait du désir dans la vie en général ou d’un désir à ses cotés. En tout cas, il n’était pas assez rongé par la folie aujourd’hui perdre conscience et se sentait apte à répondre aux questions qu’un chaton futile pouvait perdre à lui poser. Il lui revint en mémoire la période où lui se posait des questions. Où le monde demeurait pour lui un énorme point d’interrogation. Et maintenant, il se devait de répondre aux interrogations des autres alors que lui-même n’avait pas les réponses. C’est là qu’apparait le détachement des adultes face à leurs enfants, on berce leur vie d’espérances et de mensonges qui finalement n’arrivent à rien. Et ce n’est qu’une fois adulte que les jeunes se rendent compte de ces supercheries et pardonnant leurs mentors, se mettent à en raconter à leurs jeunes. Peut-être cependant avec plus de sagesse. La sagesse. Voilà une chose que Galérien n’avait pas, il paraissait poser pour se donner un genre mais la sagesse ne se fait pas par la vieillesse mais par un état d’esprit. Il lui faudrait pouvoir poser son esprit, ce qui est tout bonnement impossible avec la part de folie qui traine dans son esprit.


Celui-ci revint à la jeune chatonne qui semblait apte à lui servir une réponse. Finalement, il admirait cette chatonne qui avait eu le courage de s’adresser avec détachement à son lieutenant sans montrer la moindre gêne. C’est un bon élément à avoir dans un clan …