Dreamy girl [FREE]

Ses pattes foulaient le sol de la lande, au ralentit. Elle courrait, galopant même. Une journée de fin d’hiver, Petite Pause, toujours la même malgré le temps, était là, à jouer dans la neige avec le froid et son pelage d’été. Rien ne pouvait déranger ce magnifique tableau. Les hirondelles avaient migrés, les rongeur hibernaient, quelques oiseaux hivernaux avaient revêtus leur duvet chaud. On ne voyait plus la femelle, à moins de se concentrer, tellement sa vitesse était époustouflante. Chacun de ses pas était délicatement marqué dans la neige, qui semblait éternelle. Petite Pause se stoppa doucement, entreprit une toilette douce de ses coussinets pour commencer, ceux-ci s’habituaient mois au froid. Puis elle passa derrière son oreille étrangement refermée. Ensuite vint l’autre oreille, puis enfin tout son corps. Une brume délicate se levait dans la lande, celle-ci ne portait plus ses arbres fins et leurs branches fébriles. Le paysage n’était qu’une infinie clairière vers les multiples directions du monde. Etonnamment vite, la brume avait recouvert tout le décor, la chatonne ne put pas voir à plus d’un mètre. Paniquant, elle tourna furtivement sur elle-même, au point qu’elle fut totalement désorientée. Où était le camp, et les pics, le champ ? Soudain, une ombre noire vint s’avancer vers la petite chatonne grise.

Une peur sombre vint piquer la jeune femelle. Mais cet effroi était mêlé à une subtile curiosité. Malgré ses inquiétudes, Stop s’approcha du spectre. Elle avait l’ultime conviction que c’était son père. Ce mâle noir, ce batard dont elle ne connaissait rien, qui était apparemment un chat des rues. C’est-à-dire errant mais dans les villes et ce nourrissant des déchets des bipèdes. Personne ne savait si ce chat était encore en vie, où s’il était mort. Mais si vous voulez savoir, il est décédé, assassiné par la mère même de Petite Pause. La petite, même si elle voulait ce trouver un père, ce verrait orpheline, sans famille. Elle était la seule chatonne de la portée, donc ni frère ni sœur. Pas de famille pour Petite Pause. Elle accéléra le pas de plus en plus rapidement, jusqu’à galoper le plus vite qu’elle ne l’avait jamais fait. Ce magnifique matin d’hiver se transformait de plus en plus en cauchemar. Imaginez un chaton courir après un bout de ficelle. Maintenant faites la même chose mais sans bout de ficelle. Ca lui faisait aussi peur qu’à vous. Une foulée fut de trop. La chatonne tomba dans le vide des Cris Effrénés.

Elle s’éveilla en sursaut, et en nage, dans sa litière de mousse de la pouponnière. Vous voyez cette sensation que l’on a lorsqu’on croit fortement à un songe et que l’on s’éveille seul en plein été. Vous ne saurez jamais plus que moi si c’était un rêve ou une prédiction du futur. Elle regarda autour d’elle, passa la tête dehors. La nuit était à son apogée et le Clan endormi. Elle s’étira de tout son long, elle ne savait que faire. Et comme vous et moi, elle se leva, marcha quelques pas. Sorties de la pouponnière, ses jambes tremblaient encore. Petite Pause se concentra, marcha quelque pas. Il n’y avait nullement de neige ou de brume, ce n’était pas une raison de paniquer. La journée qui suivrait serait une belle journée ensoleillée de fin d’été. Aucunement similaire à celle de son rêve. Elle regarda prudemment autour d’elle, mais rien, et encore moins une ombre noire, ne trainait dans les environ. Le Clan était même trop parfait pour une période d’après guerre. Les yeux de la chatonne se posèrent sur les chatons qui dormaient paisiblement sans avoir été réveillés par le souffle long de la petite femelle. Celle-ci se dirigeait maintenant vers l’extérieur, elle avait grandement besoin de marcher.

Ces pas se guidèrent immédiatement vers la forêt la plus dense possible, Petite Pause ne voulait surtout pas s’approcher, du moins pas maintenant du lieu effrayant de son rêve. La lande pourtant sublime en cette nuit d’été n’attirait surement pas la belle chatonne argentée. Elle continua doucement vers la forêt du Clan du Tonnerre, elle lui semblait tellement attrayante. Même si elle ne faisait pas partie de leur territoire, comme sa mère, Stop se fichait des frontières. Elle passa vivement la limite de son territoire. Traversa la zone sans maitre, celle qui fait partie des lieux libres, les endroits de rencontre avec les chats d’autres Clan, mais les lieux de vie des chats errants aussi ! La partie fut vite passée et le territoire du Tonnerre s’offrait à elle. Petite Pause ne connaissait rien de cet endroit mais, il l’intriguait, elle n’en avait nullement peur. Et dire que la plupart des chatons ne sortent pas de la pouponnière avant leur 6 lunes, ils ne savent pas ce qu’ils ratent. Et le pire c’est « Qu’est-ce qu’il peut ce passer s’ils se font prendre ? » On les punira, plus de bruyère dans la litière ! Le drame ! RIDICULE !

Petite Pause ne pensait pas du tout aux sanctions que l’on pouvait lui infligée, elle n’était qu’une pauvre orpheline trouillarde aux yeux des autres de toute façon. Ce n’était pas faux. Un lieu parfait se présentait à elle. Des herbes hautes se dressaient haut vers le ciel. Fleurie encore à cette période de sècheresse. Petite Pause se trouvait dans cette zone que l’on nomme imprudemment « la mer originelle ». Elle se nicha doucement au creux de deux branches délicates. Elle ferma les yeux, l’aube se montrait et elle ne devait pas se faire noir ni sentir par la patrouille qui l’accompagnerait. Elle se frotta en vitesse aux branches rugueuses pour que son odeur légère s’évapore. Petite Pause ferma les yeux. Quelques secondes s’écoulèrent avant que des vibrations lui parvinrent. Des pas s’approchaient. Des pas de chat. Était-elle repérée ? Stop se coinça encore plus profondément dans ce creux. On ne discernait plus que ses grands yeux azurs dans le paysage ! Un ou plusieurs chats ? En tout cas, il s’approchait !

|Nuage de Cannabis|
Il était seul. Vraiment seul. Pas juste une solitude d'un instant, comme lorsqu'on est dans son coin mais qu'on sait que les autres nous attendent pour nous accueillir en nous chatouillant les oreilles, comme le faisait sa mère lorsqu'il n'était qu'un simple chaton, non. Il était seul mais seul. Sans famille quoi. Tous avaient péris: son père qu'il n'avait connu, sa soeur si proche et maintenant sa mère si douce... Quelque part sa mort le soulageait. Non qu'il soit sadique ou autre mais parce qu'avant sa mort, Perle d'Eau, la gentille Perle d'Eau était entrée dans un état lamentable de drogue et de dépression. Il ne la reconnaissait plus. Et maintenant, elle était tranquille, bien au chaud avec le reste de la famille, son compagnon et sa fille certainement retrouvés. Quelque part, la vie était injuste. Mais bon, il ne préférait pas y penser. Il en devenait mélancolique à force et il ne voulait pas tomber dans le même mal que sa pauvre mère. Sinon, que diraient les autres sur sa famille? Et surtout, que dirait celle qu'il aimait? Non, il préférait mieux vivre. Même si il devait sacrifier certains bonheurs.



Il ferma les yeux et respira un grand coup. Un parfum entêtant se répandait dans ces champs colorés. La fin de l'été était très proche mais ici, les fleurs restaient même en hiver. Des colchiques roses s'agitaient doucement à la caresse fluide d'une brise légère et des tournesols aux pétales dorés couverts de gouttelettes. Nuage de Cannabis plissa deux yeux couleurs d'émeraude en réponse aux rayons éclatants du soleil qui venait d'émerger et avança dans le champ. Il s'était levé aux premières heures, mû comme par un instinct de conscience et était sorti du camp. Il allait bientôt être nommé guerrier. Il s'en réjouissait d'avance. Il avait attendu si longtemps ce moment divin...Il se voyait encore, petit chaton, attendre l'appel de son nom et l'attribution de son mentor. Lui aussi espérait recevoir un apprenti! Il était frébile à l'idée d'apprendre les bases de la chasse et du combat comme lui l'avait fait! Il réessaya la position du chasseur, les pattes tendues, l'oreille alerte.


Une respiration se fit entendre et il se dirigea dans la direction d'o?u venait le bruit. Qui donc était tapi dans ce champ? Un ennemi? Sans doute non. Il ne sentait pas d'odeur étrangères au Clan du Tonnerre. Juste celle d'un chaton. Mais que faisait donc un chaton ici? Il sourit en se remémorant ses propres bêtises. Il se pencha pour découvrir, tapie sous un massif d'herbe, une petite chatte à l'air déterminé et aux yeux clairs.

- Salut toi! Lança-t-il. Puis, tentant de rassurer la jeune femelle, il souffla:
- T'en fait pas, je vais rien rapporter, j'ai fait pareil à ton âge.

Yes ... I can !
Petite Pause

La petite femelle resta figée les instants qui suivirent. Elle vit à qui elle avait à faire, un jeune guerrier ou un vieil apprenti retardé par son entrainement. Il était couleur nuit avec quelques étoiles blanches scintillante sur son pelage. Il portait l’odeur du tonnerre. Elle venait du Vent, l’avait-il senti ? Elle n’avait pas l’odeur marquée en temps que chatonne vagabonde. Elle plis les paupières quelques longues secondes et s’empêcha de respirer. Elle ne devait pas se faire remarquer par un mâle. Les hommes sont odieux, ils ne veulent que le mal d’autrui, ils ont tué sa mère et ils la tueraient aussi. La chatonne ouvra doucement les yeux. Elle leva lentement la tête et vit le mâle qui se penchait sur elle. Ils étaient face à face et elle se sentait dans une situation minoritaire. Il lui était supérieur. Il allait lui vouloir du mal ? Peut-être était-il différent ? Y a-t-il des mâles gentils ? Il lança d’une voix indifférente.



« Salut toi ! »



La chatonne était toujours tremblante, elle plongea ses yeux azurs dans les émeraudes du mâle. Elle y chercha longuement un espoir de gentillesse et de paix. Elle était en territoire ennemi, il se devait de la chasser. C’était son but s’il voulait être un bon guerrier de Clan. Mais elle est une chatonne, les chatons sont parfois pardonné de leurs imprudence. Mais le Tonnerre est terrible, jamais ils ne voudront d’une chatte ennemie sur leur territoire peut importe l’âge et le rang de celle-ci. A moins d’être guérisseur, et encore …



« T'en fait pas, je vais rien rapporter, j'ai fait pareil à ton âge. »



Cela voulait dire qu’il ne lui ferait aucun mal ? Elle se ressaisit, cligna des yeux plusieurs fois mais son rêve ne partait pas, elle était bien dans la réalité. Elle émit un ronronnement de joie et de réconfort d’être tombé sur une personne aussi simple et douce d’esprit. Elle le regarda, rougit sous son pelage grisé, confuse de se ronron inapproprié ! Elle ouvrit doucement la mâchoire et parla dans un souffle toujours ponctué de syllabes inutiles. Ce bégaiement qui la rongeait encore et encore.



« Me-merci-i ! Je ne re-recomence-cerai pl-plus… Promis ! »



Un mot composé de deux syllabes est sorti sans aucun bégaiement. La joie noya les yeux de la femelle grise de larmes gaies. C’était un jour magnifique qui n’était pas encore fini …

|Nuage de Cannabis|







La petite le regarda avec des yeux ébahis et commença à ronronner inconsciemment. Le novice ne put retenir un petit rire bienveillant. Cette jeune chatte lui plaisait. Non pas de sentiments car dans cette matière, son coeur était déjà prit mais sa petite tête lui était sympathique. Elle ouvrit la bouche et dit alors:

«- Me-merci-i ! Je ne re-recomence-cerai pl-plus… Promis ! »

Elle bégayait donc. La pauvre. Ses sens observateurs réalisèrent que le dernier mot était sortit tout droit, sans aucun trébuchement sur une syllabe. La petite semblait heureuse de cette prouesse et ses yeux de saphir étincelèrent. Il lui relança un sourire. Il renifla son odeur. Celle du Clan du Vent! Son instinct de guerrier loyal lui hurlait de faire décamper vite fait cette petite intruse et que si on le prenait à bavarder avec, il serait puni, voir renié du Clan. Mais son instinct protecteur et maternel, celui qu'il avait sans doute hérité de sa mère lui murmurait, lui, de continuer à bavarder avec le chaton, de le réconforter car en général, lorsqu'on est atteint d'un défaut, les autres ne font que de se moquer et en plus, ce chaton, cette petite forme grise recroquevillée ne pouvait pas être un espion! Ou alors le Clan du Vent était tombé bien bas...



Son instinct Maternel prit le dessus et tant pis pour la sanction! De toute façon, nettoyer les litières d'un ancien, il l'avait déjà fait plusieurs fois, et en particulier la fois où un ami et lui avaient rendu visite à sa douce, à la rivière Il se souvenait encore du BIIIIIIIIIIP qu'ils avaient échangé...
Mais revenant au présent, il remarqua que la Jeune attendait qu'il dise quelque chose.

"- Ah? Euh, non, c'est pas grave! Mais fais attention car il y a des gens moins gentils que moi qui rôdent...enfin, si on peut dire que je suis gentil bien entendu. En principe, tu n'as rien à craindre tant que je suis avec toi. Au fait, j'ai oublié de me présenter: Je m'appelle Nuage de Cannabis. Il paraît que c'est parce que je suis un rêveur. Et toi, c'est quoi ton nom?"

In Studio
Petite Pause

Le mâle noir qui faisait face à Petite Pause se perdit quelque peu dans ses pensées. Elle se demandait si le membre du Tonnerre allait la chasser, lui faire du mal ou que sais-je peut-être pire. Sa joie instantanée se tut peu à peu. Il lui voudrait surement du mal ! Et si elle était en mauvaise posture. Pourtant son instinct de petite chatonne perdue en terre inconnue lui soufflait de faire confiance à ce jeune mâle. Mais si lui prenait soin d’elle, il pourrait lui arriver du mal. Il ne semblait pas vraiment s’en soucier. Est-ce que sa mère avait fait confiance à des gens comme lui ? Petite Pause ne cessait de revenir à sa mère. Celle que les mâles avaient chassée du Clan, celle qui était pourtant la plus connue des charmeuses de son époque. Même si petite Pause lui ressemble physiquement d’une manière éblouissante, la peur des mâles attaque elle la jeune femelle. Alors qu’elle le sait, ce n’est pas les hommes qui ont tué sa mère, c’est elle, en naissant …

La chatonne ne se permit pas d’avoir des pensées aussi lugubre plus longtemps. Elle revint à elle-même et fixa le jeunot du Tonnerre, qui lui n’était pas revenu à ses pensées. Elle le fixa de manière telle à lui faire comprendre qu’elle l’attendait. Et s’il doutait plus longtemps de son sort, elle irait se perdre dans les bois, elle retournerait dans son camp et perdrait sa seule chance de connaitre une personne extérieure à son Clan. L’apprenti prit la parole au bon moment, à l’instant exacte où elle commençait à s’impatienter. Car malgré ses airs de chatonne malheureuse, peureuse et naïve, elle avait les idées claires. Elle pouvait penser de manière très mature mais n’arrivera jamais à l’exprimer à cause de son handicap.


« Ah ? Euh, non, c’est pas grave! Mais fais attention car il y a des gens moins gentils que moi qui rôdent... Enfin, si on peut dire que je suis gentil bien entendu. En principe, tu n'as rien à craindre tant que je suis avec toi. Au fait, j'ai oublié de me présenter: Je m'appelle Nuage de Cannabis. Il paraît que c'est parce que je suis un rêveur. Et toi, c'est quoi ton nom ? »


Il était gentil même s’il ne semblait pas en être certain. Le passé du jeune devait être douloureux pour que si jeune on ne se sente pas gentil et simple auprès des autres et des inconnus. En tout cas la jeune chatonne se dira longtemps que Nuage du Cannabis est son prince charmant, comme on voit les fillettes de gardienne craquer sur des ados rebelles parce qu’ils sont gentils et beau. Elle avait la même chose avec Nuage du Cannabis, c’était son n’amoureux comme on dit. Elle rougit de manière imperceptible et le regarda d’un air adorable et très admirateur. Elle ne comprenait pas qu’on puisse ressentir ça si jeune et avec un MALE en plus. Mais ce n’est pas l’amour avec un grand A, plutôt une adoration…

De toute façon, il la prendrait toujours en pitié et en moquerie comme tous les autres à cause de son bégaiement. Elle se devait quand même de répondre à cet adorable apprenti. Stop se concentra pour sortir au moins un mot sans double-syllabe. Mais la manœuvre n’était pas des plus évidentes…


« P-Petite P-Paus-se ! P-Parce q-qu’i-il y a des pauses d-dans p-pres-sque tou-out me-mes m-mots… »


Un morceau de phrase était sorti presqu’à moitié normalement… Mais ce n’était pas exceptionnel, à son âge tout le monde savait sortir deux mots sans souci, elle serait toujours inférieure aux autres. Elle se sentait mal de laisser les inconnus ne pas la comprendre. Elle en était terriblement désolée.


« Ex-excuse moi ! »

|Nuage de Cannabis|


La petite le fixa de ses yeux bleus. Ses yeux...ils étaient vraiment beaux trouvait-i. Ils lui faisaient penser à ceux de sa mère... elle avait les mêmes. Deux perles brillantes et indigo fixées sur lui. Il crut déceler un soupçon de sentiment à son égard dans ce regard. Mis à part son bégayement, elle était plutôt mignonne et occupait une place positive dans sa tête. Elle avait beau ne pas être du même clan, une certaine affection pour cette boule de poil naquit dans son coeur. Une certaine tristesse habitait la jeune chatte lui semblait-il. Il croyait deviner ce que c'était: la discrimination de ses semblables à cause de sa manière de trébucher sur les mots. Il comprenait tout à fait. Lui aussi autrefois était diffamé pour sa manie de rêver. Elle prit alors la parole, sa poitrine se soulevant rapidement au rythme de sa respiration:

« P-Petite P-Paus-se ! P-Parce q-qu’i-il y a des pauses d-dans p-pres-sque tou-out me-mes m-mots… »


A ces mots, elle baissa imperceptiblement la tête. Nuage de Cannabis voyait plus ou moins que c'était parce qu'elle avait encore buté sur sa phrase. Contrairement à certains, il ne la méprisait pas le moindre du monde pour son bégayement. Il trouvait même que cela lui conférait une certaine originalité mais sans pour autant adorer cette façon de parler.

« Ex-excuse moi ! »


Il lui lança un regard mélancolique qui se voulait rassurant. Que croyait-elle? Qu'il allait lui cracher dessus ou se moquer d'elle pour ça? Un vol d'oiseaux passa dans le ciel, piaillant stridamment, brisant le silence s'étant installé entre eux. Il était pas une personne très rapide à répondre, il en avait conscience.

« Je vois pas pourquoi tu t'excuserai pour quelque chose dont tu n'est pas responsable. Je ne vais pas me moquer de toi à cause de ça, promis.»

Il lui lança un clin-d'oeil entendu. Hou! Il devait avoir vraiment l'air ridicule pensa-t-il.

Quand on était gosses
Petie Pause

Les regards des deux jeunes chats se croisèrent. Bizarrement Petite Pause ne sentit pas de mépris ou de compassion dans le regard virevoltant du mâle noir. Elle se sentit soudain comme dans une sorte de cocon, c’était confortable et aisé. Elle sentait comme une sorte de confiance et d’amitié se lier avec ce jeune chaton. Il était plus vieux qu’elle et semblait prêt à vouloir et à pouvoir la protéger. Pouvait-elle accorder un minimum de chance et d’espoir un mâle. Les mâles sont tous les mêmes ont ne peut ni leurs accorder la confiance ni le moindre espoir, ils détruisent tout d’un simple coup de patte. Ils sont désobligeants, inintéressants et agressifs. Un mâle c’est comme le diable, comme l’enfer, comme une drogue. Nuage de Cannabis, comme une drogue, qui fait planer, qui donne un espoir et une raison d’être, qui rend toute la vie comme une chose faussée, pour moi, c’est ça la description et la façon dont je décrirais le Cannabis. C’est un riveteur de sentiments, une excuse. Mais pourtant, la représentation de l’animal qui lui faisait face, ne suivait aucun de ces préjugés. Alors pourquoi pas ? Peut-être le mâle, long à la réponse, allait-il lui sauter à la gorge d’une seconde à l’autre, mais surement allait-il la pardonner, l’excuser de sa façon d’être. La pardonner de son handicap, comme les autres finalement.



« Je vois pas pourquoi tu t'excuserais pour quelque chose dont tu n'es pas responsable. Je ne vais pas me moquer de toi à cause de ça, promis.»



Il semblait sincère, il semblait pouvoir être digne de confiance, mais entre sembler et être, il y a tant de différence. Nuage de Cannabis, elle resta plongée sur ce nom, Stop peut-elle faire véritablement un pas vers sa peur ? Peut-on à ce point vouloir dépasser une phobie. Ca en devient presque de la folie. Finalement, Petite Pause se laissa vivre. Elle remarqua le clin d’œil fait par le mâle qui lui faisait face. Elle sourit doucement ! Il était sympa et réellement compréhensif, mais Petite Pause ne semblait pas le comprendre. Elle sourit, remerciant par ce geste le jeune mâle. Mais parfois les gestes ne valent pas les paroles. Elle leva les yeux au ciel et ce concentra, celui-là se devait de sortir seul. Peut-être qu’un jour, elle y arrivera, une phrases complète sans le moindre bégaiement, mais en attendant elle devait se contenter de réussir ne serait-ce que ce mot. Elle plongea ses yeux dans les perles du jeune noir et dit, le plus simplement possible.



« Merci ! »



Une première victoire dans une si petite vie.

Nuage de Cannabis


« La méfiance est la sagesse des faibles. »





Le jeune félin sentait le regard indigo de la jeune chatte sur sa peau comme une brûlure. Elle ne semblait pas être vraiment convaincue par sa sincérité et son bon vouloir. Il vit passer une étincelle de suspicion dans la pupille saphir de la petite femelle. Pensait-elle vraiment qu'il était mauvais? Qu'avait-elle donc vécu dans sa vie pour être si méfiante? La réponse lui sauta aux yeux. Son bégayement. Il éprouvait de la compassion et de la sympathie pour cette petite créature. Pas de la malveillance ou de l'entourloupe. C'est ce qu'elle ne semblait pas vouloir comprendre.

« Merci ! »


Il nota que le mot avait été dit sans fausse note et était sortit clairement. Mais que pouvait il lui répondre? Bravo? Félicitations, je suis fier de toi, tu as réussi à dire un mot sans bégayer dans la vie, c'est pas comme si je le faisais depuis que je suis né? Ce serait vraiment se payer de sa tête. Il se contenta de lui envoyer un sourire de prince charmant. Elle semblait contente mais toujours pas rassurée. Elle ne le serait peut être jamais. Enfin. C'est toujours mieux d'être trop méfiant que naïf. Lui se situait plutôt dans la deuxième catégorie malheureusement. Sa nature chaleureuse et sa peine à blesser les autre étaient des facteurs importants dans le développement de son esprit ingénu. En revanche dans Petite Pause la suspicion était solidement ancrée et l'on ne pouvait l'y détacher. Ce serait comme imaginer lui arracher un organe vital. La suspicion la faisait vivre presque, tourner à plein régime. Sans méfiance on ne survit pas dans la vie. Pourtant, lui, si distrait y avait réussi. Garderait-il la vie assez longtemps pour pouvoir jubiler à la fin de ses jours? Rien n'était sûr. Là dessus le destin était trop épais et nébuleux pour pouvoir y percevoir quoi que ce soit. Il prit alors conscience de son ignorance. C'était beau ça. Un guerrier naïf et une chatonne bégayante sur ses gardes. Qui était le plus malin des deux? Certainement pas lui.

« Pourquoi bégayes-tu?»

La question qui brûlait sur ses lèvres s'était échappée. Alors pour ce était du tact c'était mort. Pour ce qui était de la rendre moins méfiante aussi. Qu'est-ce qui lui avait prit? En plus encore une fois la réponse était sous ses yeux: elle était née avec. Il voulut lever les yeux aux ciel mais jugeant cette manière peu convenable préféra se rattraper:

« Oh désolé, ça m'a échappé. Tu ne veux sans doute pas en parler.»