- Scott ? Scott, ouvre les yeux, espèce d'idiot !
Je pousse un grognement qui n’a rien d’amical. Et j’ai toutes mes raisons. J’étais en train de dormir calmement sur la table de la salle à manger. Ce n’est pas un crime ! Enfin, je pense. J’ouvre les paupières, dévoilant mes charmants yeux bleus. Devant moi se trouve ma mère, attablée. A mes côtés ? Mon beau-père. Gabriel. Et Charles. Mon frère. C’est lui qui m’a arraché au sommeil. Son air hilare parle pour lui. De toute façon, c’est le seul dans cette maison qui soit suffisamment espiègle pour oser me réveiller. Ma génitrice est bien trop attentionnée pour le faire. Et Gaby… Trop amical. Il convoite la place de mon père. Cependant, je n’arrive pas à le détester. Il est bien trop sympathique. Son regard vert pétille de malice. Ce dernier me sourit timidement, comme pour pardonner l’attitude de mon frère. Je ne peux m’empêcher de lui rendre son sourire. Cet homme est le contraire absolu de mon paternel. Le nom de celui avec qui j'ai des liens de sang ? François. Son divorce avec ma mère remonte à deux ans. Ce fut une libération. Je pouvais enfin vivre ma vie comme je l’entends. Sans lui. Ma mère ne pleurait plus, le soir.
- Tu peux aller dans ta chambre, si tu veux.
Ma génitrice, justement. Toujours aussi agréable. Je lui souris, touché. Et suis sa suggestion à la lettre. Je me lève doucement, l’esprit encore embrumé par le sommeil. J’adresse un regard amical à ma famille, puis me dirige tranquillement vers une pièce en particulier. Ma chambre. Et non, je n’allais pas aux toilettes. Je passe devant un miroir particulièrement laid que ma mère avait acheté quelques temps auparavant. Le verre est brisé, et déforme la moitié de mon visage angélique. J'observe mon reflet. Mes cheveux châtains me tombent sur les yeux, cachant discrètement mes pupilles azures. Je rajuste mon gilet bleu, et me détourne du miroir. Je fais quelques mètres, et arrive dans ma chambre. Sans prendre la peine de me déshabiller, je me laisse tomber sur mon lit moelleux et ferme les yeux presqu’aussitôt. Ma dernière pensée ? Eteindre la lumière. Bien sur, je me suis endormi avant d’avoir pu appuyer sur l’interrupteur. Comme d'habitude.
- Le gamin dort toujours.
J ’ouvre les paupières. Ma première réaction est vraiment stupide, je le reconnais. Mais pourtant, je ne peux pas m’empêcher de penser que je ne suis pas un simple gamin. Je suis un adolescent. N’importe qui peut le voir aisément. Je n’ai pas les formes arrondies des petits de primaires. J’ai déjà les épaules carrées. Un duvet discret pousse au-dessus de ma lèvre.
J ’attends quelques instants, le temps que mon esprit oublie ces pensées idiotes, puis observe les alentours. Je ne suis pas dans ma chambre. Cette constatation est aisée. Pourquoi ? C’est tout simple. Les murs ne sont pas bleus. Les posters mal agrafés ont tout simplement disparus. Mon armoire, que j’ai décoré à l’aide d’autocollants stupides, n’est pas en face de moi. Et surtout, je ne suis pas confortablement installé sur mon lit. Où suis-je, alors ? Cette réponse est tout aussi simple. Je me trouve à l’intérieur d’une voiture. Qui est en marche. Comment suis-je arrivé dans ce véhicule ? Bonne question. A vrai dire, je n’en ai pas la moindre idée. Pour une fois. Je tente de comprendre ce qu’il m’arrive. Je me souviens du dîner que j’avais pris en compagnie de Gabriel et de ma mère. De ma fatigue, qui a d’ailleurs complètement disparue. Enfin, un sourire éclaire mon visage. J’ai compris ! Je suis tout simplement en train de rêver ! Lorsque l’on rêve, on se souvient uniquement de la moitié du songe. Le début, la façon dont on arrive dans un lieu, est totalement oublié par l’esprit. Mon corps est donc en train de se reposer sur mon lit douillet, tandis que mon esprit est coincé dans ce camion. D’ailleurs, si mon cerveau voulait bien me fournir un verre d’Oasis, je serais vraiment heureux. J’attends, la main en l’air, un sourire benêt sur le visage. Mais rien ne se passe. Mon inconscient semble disposer à me laisser mourir de soif. Bien. C'est vraiment sympathique de sa part. Je ris doucement. Je vais avoir une petite conversation avec mon esprit, dès que ce rêve sera terminé. Les humains ne se font pas enfermer dans un coffre. Sauf lors des enlèvements. Et encore. Les malades qui décident d’enlever des jeunes ne se trouvent pas facilement. Enfin, je pense. Bref. Je retourne à la réalité, ou, du moins, à mon rêve. D’un regard, j’observe l’arrière du véhicule. A ma gauche se trouve un arrosoir, ainsi qu’une mannette de Xbox. Et une paire de botte. Original. Je retiens un sourire narquois, et pose mon regard bleu sur ma droite. Un sceau. Vide. Bien. Les objets qui sont placés à mes cotés sont vraiment… variés. Je prends une grande inspiration, et retiens un rire nerveux.
« Tililit Tililit Tililit »
Je sursaute, et regarde le coffre d’un air épouvanté. Quel est la source de ce bruit ? Une bombe à retardement, qui va exploser ? Un haut parleur ? La poche de mon jean vibre. Cette sensation familière me soulage. Ce n’est que mon portable. Je regarde trop la télévision. Je le sors rapidement, encore tout tremblant. Je regarde l’écran, et soupire. Le réveil, tout simplement, que j’avais programmé à dix heures. J’observe mon téléphone. Il n’y a pas de réseau. Evidement. Il n’y en a jamais dans les songes. C’est bien connu. Malgré moi, un ricanement sort de ma bouche. Je suis vraiment idiot. Je suis coincé dans le coffre d’un camion, au beau milieu d’un rêve étrange, et tout ce que je trouve à faire, c’est de rire. Néanmoins, cette action me fait du bien. Je me sens légèrement plus détendu.
- Arrête-toi, imbécile, c’est là !
Une voix grave résonne. J’ai beau chercher, réfléchir, me plonger dans mes souvenirs les plus profonds, je ne connais pas le propriétaire de ce son. Mais bon. Généralement, mon cerveau détraqué invente des personnages lors de mes songes. Cependant, j’avoue que l’adulte qui venait de prendre la parole n’a pas l'air vraiment amical. Un peu comme mon père, tiens. Le camion s’arrête enfin. J’entends les portières qui s’ouvrent en grinçant. Une sorte de grognement peu amical. Des pas, qui se rapprochent de l’arrière du véhicule. L’endroit où j’ai atterris. Je prends une grande inspiration, et sers les poings. D’accord. J’avoue. Même si je sais que je suis en plein rêve, je suis terrifié. Tout bonnement paralysé par la peur. Ce n’est pas un comportement d’adolescent, je sais. Mais c’est la vérité. Le coffre s’ouvre. Je ferme rapidement les yeux, éblouit par la luminosité. Je grogne lorsque j’entends un rire. L’un d’eux se moque ouvertement de ma réaction. J’entrouvre les paupières. Devant moi se trouvent deux adultes, d’une trentaine d’années. Ils se ressemblent étrangement. Leurs cheveux noirs sont collés sur leur crâne luisant. Ils portent tout deux un T-shirt noir moulant qui donne un aperçu de leurs muscles impressionnants. Leurs yeux sont noirs et globuleux. J’oublie immédiatement mon plan stupide. Et oui, j’avais un plan. Je comptais en assommer un, et courir vers la maison la plus proche, pour demander de l’aide. Cependant, si j’essayais de donner un coup de poing à l’un des deux hommes, je me briserai les os. Ou me ferai suffisamment mal pour les suivre sans poser de questions. Quant à se réfugier dans une demeure… En pleine forêt, je ne risquais pas d’en trouver. Je me répète doucement que je suis en train de dormir tranquillement dans ma chambre, et que rien de ceci n’est réel. Ensuite ? J’attends, tout simplement. Apparemment, les deux colosses sont aussi musclés qu’impatients.
- Tu vas nous suivre, petit. Mouais. Ce n’est pas vraiment ce dont j’ai envie. Je voudrai plutôt qu’ils me laissent gentiment leur camionnette blanche, et qu’ils me laissent partir. Même si je n’ai pas le permis, et que je n’ai jamais conduis une voiture de ma vie. Néanmoins, comment refuser quelque chose à deux géants ? C’est tout bonnement impossible. A moins d’avoir de fortes tendances suicidaires. Et encore. Alors, quelle fut ma réaction ? Toute simple. J’hoche la tête. Les deux adultes sourient. Leurs dents jaunies par le manque de soin me donnent une forte envie de rendre mon dîner. Je me mors la langue pour ne pas vomir, et sors de la voiture. J’observe rapidement les alentours. Des arbres. Je suis entouré par d’immenses végétaux. Je déteste le vert. Une petite voix résonne dans ma tête.
« Il n’y a pas que du vert, ici »
C ’est quoi, ça ? Ma conscience ? En tout cas, cette phrase est vraiment stupide. Je m’en fiche royalement. Oui, d’accord, le chemin de terre qui nous a conduit jusque dans cet endroit perdu est marron. Oui, le véhicule dans lequel j’étais enfermé est blanc. Oui, ma peau, ainsi que mes vêtements, ne sont pas vert. Et alors ? Ce n’est pas le plus important dans l’immédiat. Pour l’instant, je dois me concentrer. Je n’aime pas ce rêve. Pas du tout. Je préfère les lapins bleus, qui courent après les éléphants roses. Je sais, c’est un songe idiot. Puérile. Mais il est nettement plus drôle que celui-ci. Je fais de mon mieux pour imaginer les rongeurs azurs bondissant autour de moi… Mais je n’aperçois pas le moindre éclair bleuté. Mon inconscient à l’air de préféré ce songe étrange où deux brutes musclées m’ont enfermés dans un coffre. Je peste contre mon cerveau. Une pression désagréable sur mes épaules m’arrache à mes pensées. Les mains noueuses des adultes se sont refermées sur moi, me broyant les trapèzes au passage. Je grimace sous la douleur.
- Marche, gamin.
Apparemment, le surnom est officiel. Scott, mon nom que j’apprécie à sa juste valeur, a été remplacé par un vulgaire « gamin ». Mouais. Vraiment, mon esprit est étrange. Ce n’est pas normal de faire des rêves de ce genre. Dominé par la carrure impressionnante de mes guides, je m’exécute. Et commence à avancer dans les bois, suivis par les deux adultes. Tout en marchant, je ferme plusieurs fois les paupières. Chaque fois que je les clos, j’espère me réveiller. Voir le plafond à la place des chênes. Etre allongé sur mon lit. Et chaque fois que je les rouvre, je soupire. Pourquoi ? Tout simplement parce que je me trouve encore dans la forêt, en compagnie des hommes, habillés en noir. Je ferme les yeux une énième fois, priant de toutes mes forces. Cette fois-ci, je n’ai pas le temps d’être déçu. Mes pieds se prennent dans une branche, et je tombe brutalement sur le sol humide. Les rires mauvais des géants me parviennent. Je grogne. Ce songe commence vraiment à m’énerver. Il est bien trop long à mon goût. Une main puissante me soulève, et je reprends ma lente marche à travers les bois. Les minutes passent doucement. Ma soif se fait ressentir avec plus d’intensité. Et bien sur, mon inconscient ne se décide toujours pas à me faire apparaître gentiment un verre d’Oasis. M’enfin. Je veux aussi que les deux brutes me lâchent, et me laissent partir. A l’instar de la boisson, mon cerveau ne se décide pas à m’offrir ce plaisir.
- Marc, on est arrivé. Il doit être dans la prairie, là-bas.
Ces deux phrases me donnent quelques informations. Le géant qui se trouve à ma gauche se prénomme Marc. Notre parcours à travers la forêt a apparemment prit fin. Et quelqu’un nous attend dans un champ. Bien. Je ne comprends rien. Mais cela ne m’inquiète pas vraiment. Lorsque je rêve, je n’arrive pas à saisir ce qu’il se passe autour de moi. Nous entrons dans la fameuse clairière. Comment la décrire ? C’est une étendue d’herbe. Parsemée de discrètes fleurs colorées. Entourée d’arbres dont je ne connais pas le nom. Et, au beau milieu de cet endroit désespérément vert… un homme. Brun. Aux yeux bleus. Je déglutis. Ce visage m’est vraiment familier. Normal. Je le vois chaque jour dans la glace. Moi. En plus âgé, cependant. Avec quelques rides. Mon portait craché. Mon père biologique. Je déglutis. Bien sur. Une apparition de mon géniteur dans mon rêve. Je ne demande que cela. Je ne l’avais pas revu depuis deux longues années. Et, c’est triste à dire, mais il ne m’avait pas manqué. Son caractère cruel ne me plaisait guère. J’avais été soulagé lorsque mes parents avaient divorcé. Suis-je horriblement égoïste ? Non. Enfin, je ne le pense pas. J’avais simplement envie de vivre un peu dans le bonheur. Sans avoir un être agressif dans ma famille. Maintenant, je suis un peu plus prêt de l’adulte. Je souris lorsque je remarque qu’il a le sourcil gauche rasé. Oui. Il m’en avait souvent parlé avant le divorce. Son plus grand rêve. Un désir stupide, selon moi.
- Alors, fils… J’espère que ta mère ne te maltraite pas.
Une vague de colère m’envahit. Il avait prononcé le mot « mère » avec un air dégouté. Après deux ans, il est toujours le même. La rage se dissipe rapidement, faisant place au calme plat. Il n’est pas présent. Ce n’est qu’une hallucination, un personnage de mon songe. Il n’a jamais prononcé ces paroles. Non. Je prends une profonde inspiration. Il attend ma réponse. Lui. François. Mon père. J’ai encore du mal à croire qu’il n’est qu’un rêve, qu’un simple souvenir. Les expressions de son visage ont l’air tellement réelles ! Le doute, le dédain, la jalousie, la haine… Je souris tristement. Je ne vois aucun sentiment positif en lui. Il ne voit que les défauts. Ne pense qu’à lui. Ne voit que des mensonges, des complots.
- Tu espères… Quelle blague ! Si tu te préoccupais vraiment de ton ancienne épouse, tu serais venu à la maison !
Je sais parfaitement que je n’aurais pas du dire cela. Mon géniteur est tellement agressif qu’il me blessera facilement. Néanmoins, j’ai besoin de lui parler. De lui expliquer mes peines. De lui montrer ma haine à son égard. J’ai envie qu’il fasse son rôle de père. Qu’il soit protecteur. Qu’il écoute son fils au moins une fois dans sa vie. Cependant, j’ai l’impression qu’il ne m’écoute pas. Ou qu’il s’en fiche royalement. Au choix. De toute façon, son absence de réaction me rend triste. Il n'est pas même énervé de mon attitude.
- Enfin… Tu n’es pas là pour entendre mes excuses. Sauf si tu veux écouter des mensonges. Fils. Grâce à toi, je vais pouvoir me venger de ta mère.
Il n’a donc aucun remord. N’est pas même honteux du traitement qu’il m’a infligé. Ma rage s’accentue. Sa dernière phrase résonne dans mon esprit d’adolescent. Il compte faire souffrir ma génitrice. Comment ? Bonne question. Pourquoi ? Idem. « Parce qu’il est aussi idiot que cruel » Non. Mes pensées ne sont plus très claires. Soudain, mon père sort un pistolet. Je recule. Logique. J’ai peur, même si je sais pertinemment que tout ceci n’est qu’un songe idiot. Un sourire mauvais apparait sur le visage de mon interlocuteur. Ce geste me terrifie encore plus. Je tente de me calmer, en me répétant inlassablement que je suis en train de rêver. François lève le bras, pointant l'arme vers moi. Je déglutis. Et ? Il appuie sur la détente. Je sursaute lorsque le bruit puissant du pistolet me parvient. La plupart des gens pensent que lorsque l’on va mourir, notre vie défile devant nos yeux. Le temps passe au ralenti, permettant de comprendre que c’est la fin. De savourer les derniers moments passés sur le monde. Et bien, je voie bien que ces imbéciles ne se sont jamais fait tirer dessus. Je n’ai même pas eu une seconde de répit. Immédiatement après avoir entendu le coup de feu, une douleur incalculable se fait ressentir au niveau de ma jambe. Je tombe sur le sol, envahit par cette brûlure intolérable. C’est horriblement douloureux. Je crie. Je pleure. Je respire avec difficulté. Et autour de moi, qu’entends-je ? Les rires excités de mes deux guides. Et le grognement satisfait de mon père. Instinctivement, je pose ma main sur ma blessure. Je fronce les sourcils lorsque ma paume rencontre un liquide chaud à la place de ma peau lisse. Je me redresse, et observe ma jambe. Et que vois-je ? Du sang. Mon sang. Qui coule rapidement le long de mon jean, et colore la verdure de son étrange teinte écarlate. Je n’ai pas le temps d’avoir peur. Pas le temps de montrer ma surprise. Pas le temps de comprendre. Un deuxième coup de feu retentit. Cette fois, la douleur se fait ressentir au niveau de mon omoplate. Je hurle. Malgré moi. Mon buste tombe sur l'herbe fraîche. Je sens le liquide vital qui coule sur mon gilet. Je porte la main à mon visage, comme pour dissimuler à mon regard cette réalité. L'un de mes doigts se pose sur mes lèvres. Le goût métallique du sang m'envahit la bouche. Ma vue se brouille. Les arbres qui m’encerclent se déforment. Les trois adultes qui me dominent prennent d’horribles formes, digne d’un miroir déformant.
Puis ? Je comprends. Je ne suis pas en train de rêver. Ceci n’est pas une invention de mon inconscient. Je suis véritablement dans cette clairière. Mon père et ses deux subordonnés sont réellement à mes côtés. Comment suis-je parvenu à cette conclusion ? La douleur. Le feu qui me ravage de l’intérieur, et me brule chaque organe avec soin. C’est une sensation bien trop réelle. Il y a bien trop de détails. Bien trop de vérité. Ensuite ? L’apparence de mon père. Dans mon souvenir, il n’avait pas le sourcil gauche entièrement rasé. Je sais, ce n’est qu’un détail. Cependant, c’était l’un de ses désirs. Etrange, je sais. Mais c’est la vérité. Je déglutis. Mon géniteur va me tuer. Pour faire souffrir ma mère. Ma vie est aussi peu importante à ses yeux ? Mon corps est secoué de spasmes. Je sens la vie qui m’échappe. Je n'ai pas envie de mourir. Je suis trop jeune. J’entends un rire sinistre. Quelque part. Loin. Je ressens une troisième brulure. Etrangement, cette dernière est bien plus supportable que les précédentes. Et soudain, le noir. Je ne vois plus rien. Les bruits autour de moi semblent atténués. Je me sens étonnement léger. J'ouvre les yeux. J’ai la tenace impression d’être allongé dans un des couloirs sombre de mon collège. Puis, je remarque une lumière. Au loin. Je me relève facilement. Je n’ai plus aucune douleur. Je ne porte pas les marques de mes blessures. Pourtant, mes vêtements sont encore tachés par le sang. Je suis étonnement calme. J’avance vers la lumière éblouissante. La lumière, au bout du couloir. Comme dans les films. Lorsque les gens sont morts. Personne ne sait ce qu’il y a, là-bas. Ou du moins, personne n'en est revenu. Toutes mes pensées, tout mes doutes, ont été balayés. Il n'y a plus que cette lueur, qui se rapproche de plus en plus. Et l'envie de découvrir le monde lumineux qui s'offre à moi. Un monde que j'espère plus juste, où je pourrais m'épanouir pleinement. Un monde calme, où le mal n'existe que dans les livres. Un monde nouveau, tout à moi.