Youtalktome? | Private |

Sur un chemin forestier.
{ Privé Sanka'-Encre-Séis-Silex }
De l'amour propre ? Lui ? Énormément.

Ses prunelles obliques, cernées d’ébènes, miroitaient les regards de tout les chats de clans. Il avait dit de son ton décontracté habituel, qu’il devait rendre visite à Étoile d’Encre. Le clan du Vent vivait dans l’Anarchie. La guerre avait seulement eu lieu hier soir, la mort d’Etoile Magique hier à l’aube, et l’Assemblée avant-hier. Les groupes de chats étaient tous ébaubis par tant d’activité, eux qui vivaient dans une terre si douce et sereine depuis des lunes et des lunes. Déjà, de nombreux guerriers étaient consternés que Trafalgar Law ne soit pas encore allé à la Source de Lune. Il irait juste après. Durant une semaine entière, le clan du Vent allait être sans Chef, vu que celui-ci s’élançait dans un grand périple entre Ombre et Source. Il redoutait, ou plutôt appréhendait ce qui allait se passer face au clan des Etoiles. Déclarer la guerre à des morts n’allaient sûrement pas être une chose facile. Mais il ne pouvait pas s’empêcher d’en vouloir aux ancêtres claniques, pourrissant chaque être vivant par une foi omniprésente, écrasant les autres par son manque de simplicité. Trafalgar Law voulait faire du clan du Vent un Empire, une Equipe, une Nation, enfin, n’importe qu’elle chose qui ne rimait ni avec clan, ni tribu, ni monarchie. Un groupe libre de choisir ses rêves et ses horizons. Mais il savait que pour changer les mentalités, et détruire le Code du Guerrier, une effroyable guerre aura lieu. De nombreuses vies devront être massacrées ou exilées. Il laisserait sûrement cette tâche à Tornade d’Azur, si le mâle venait à être de son coté. Sinon, prendre la tête de la tuerie ne le gênait guère. Sanguinaire, lui ? Je dirais simplement qu’il faut nuancer les mots. Oui, Trafalgar aimait la guerre. Mais il n’était loin d’être un abruti écervelé, tuant dans le vide ou par pure addiction. Le futur chef pouvait être infiniment cruel, mais uniquement lorsque la tâche lui tenait à cœur ou lui était d’un quelconque intérêt. Tuer n’était pas pour lui une passion, mais pas non plus une phobie. Comme vous lorsque vous jouez à la Wii, cela vous tient à cœur de gagner, de rétamer votre adversaire, de lui mettre la honte, mais cela fait pas de vous un tennisman qui se lève tôt tout les matins pour aller faire quelques frappes. Enfin, bref. Tout ces palabres pour dire que la tâches sera infiniment dure et sanglante. Pour un futur idéaliste, le lieutenant était capable de tout, même écraser la totalité des meneurs sur son passage. En aurait-il la puissance ? Ce n’est pas forcément certain, même très peu probable, mais il se la procurerait en se mentalisant.

Il avançait avec mutisme sur les terres de l’Ombre. Trafalgar Law tenait deux lapins bien dodus dans la gueule à offrir au clan hôte. Bien que ses requêtes étaient sombres, et qu’il comptait détruire ce clan pour l’unir au Vent, Law n’était pas tout à fait un monstre. Il pensait à la marmaille mourant de faim à cause de la bêtise du peuple. Amener tout un stock de nourriture ne l’aiderait sans doute pas à acquérir ce qu’il souhaitait, mais les aider ne le défavorisait absolument pas non plus. Cela prouvait que son clan avait assez de ressources pour doubler de population. Que ferrait-il d’Etoile d’Encre ? Il ne se fichait pas d’elle, mais elle ne l’intéressait pas. La meneuse au pelage d’ébène était sûrement trop centrée sur les priorités claniques pour voir un futur plus noble. Mais Séisme Tectonique … Trafalgar Law le trouvait grand. C’était un chat qui valait le respect et le détour. Tout comme Tornade d’Azur. Le chat esquissa un sourire cynique tout en continuant sa route. Il voyait ses deux chats à ses cotés, égaux.

Le félin vit un loin une silhouette d’un camaïeu de gris au loin. Celle-ci s’approcha. C’était une jeune femelle à l’allure du plus bel archange. Il sourit à sa vue, attendant qu’elle soit à son hauteur pour lancer d’un ton sarcastique :

« -Dis donc, Mademoiselle, pourrais-tu m’emmener à ton camps ? J’ai à parler avec Etoile d’Encre. »

Il faillit se présenter. Pas la peine.

NUANCE.

Dans l'eau, en face d'elle, on pouvait discerner son profil. Et même, si l'on se penchait et regardait avec précision, les traits de son visage angélique. Ses longues moustaches finissaient parfaitement ses joues creusées tandis que ses prunelles pareilles à deux croissants de lunes complétaient avec délice son visage féminin. Son principal atout était bien son physique. Mais généralement, la petite chatte argentée ne misait pas sur ça. Oui, bien sûr, elle jouait parfois avec, mais rien de bien provocateur. Non, ce qui définissait vraiment Nuance ce ne pouvait qu'être son caractère. Elle était née et déjà, elle trouvait quelque chose à redire. Tout pour elle prenait un tout autre sens, bien plus sombre et bien plus compliqué. C'était devenu un jeu, répondre avec sarcasme, se faire remarquer ... Et bien sûr, quand elle jouait, elle n'était pas sûr de vaincre. Nombreuses étaient les fois où elle avait perdu, où elle s'était planté, oui, elles étaient nombreuses, mais Nuance possédait ce don de pouvoir se relever, la minute d'après, et de ré-attaquer. C'était comme si après une chute phénoménale, elle se relevait et repartait en courant, de plus belle. C'était une battante et cela lui avait apporté beaucoup de choses. Tant de bonnes que de mals. Mais elle avait un point faible. Oui, un. Elle avait ce trou dans la carapace qui l'empêchait d'aller plus loin et la privait de certains plaisirs. Ce point faible n'était autre que l'amour. Elle et les sentiments n'avaient jamais fait bon ménage. Mais depuis une ou deux lunes, la tête lui tournait, le coeur battait trop vite, le pouls s'accélérait pour une raison inconnue et le sang cognait dans ses tempes. On lui avait dit que c'était "l'Amour". Et bien sûr, elle n'y avai pas cru. Elle n'était pas de celle qui rêvait d'un prince. Ni de celle qui se morfondait seule. Non, elle trouvait le juste milieu, s'accordant quelques rêveries. Sa petite vie et ses petites règles l'avaient toujours convaincu qu'elle avait bien fait de les fixer. . Jusqu'à aujourd'hui.

D'un coup de patte vif, la femelle brisa la surface lisse de l'eau. Son reflet disparu, engloutit par les méandres des flots. Un instant encore, elle s'attarda au bord du fleuve, les yeux rivés sur le tumulte du fleuve. Et puis, elle lui tourna le dos. De sa démarche discrète et féline, elle se faufila entre les arbres. Ses coussinets s'écrasaient contre la vase. Même en saison chaude, les terres de l'ombre n'avaient rien d'accueillant. D'une grimace de dégoût, Nuance éjecta d'un mouvement un pâté de boue collé à sa patte. Puis, elle reprit sa marche. Elle était partie ce matin avec pour mission une partie de chasse en solitaire. Son baptême n'allait plus tarder et son mentor la laissait pratiquement seule tout le temps. Sauf que depuis qu'elle avait mis le nez dehors, aucune proie n'avait pointé le sien. Pourtant, les odeurs ne manquaient pas. Nuance grogna et soupira longuement. Elle n'était réellement pas chanceuse. Un trou de mulot s'ouvrait devant elle, posant avec précaution ses pattes des deux côtés du terrier, elle inséra lentement sa truffe pour voir si il était occupé. C'est à cet instant qu'un bruit la fit sursauter. Elle se releva, honteuse de n'avoir rien trouver. Elle cherchait déjà dans sa tête les multiples escuses qu'elle pourrait servir à son mentor quand une silhouette massive et ténébreuse émergea des buissons. Ce n'était pas Eclipse Lunaire ni aucun guerrier de l'Ombre. L'odeur du clan du Vent se fit forte d'un seul coup. Le mâle était à demi-caché par l'ombre et Nuance ne pouvait apercevoir son visage complet. Elle s'avança avec précaution de quelques pas. Le simple fait de ne pas voir les traits l'excitait et la surprenait.

« -Dis donc, Mademoiselle, pourrais-tu m’emmener à ton camps ? J’ai à parler avec Etoile d’Encre. »

A la première syllabe, un sourire fendit les babines de la grise. Elle se redressa, et se décalant vers la gauche pour se trouver dos au soleil, découvrit les traits qu'elle avait devinés. Trafalgar Star. Chef du clan du Vent. Juste devant elle, un de ces sourires bien à lui plaqué sur le visage. Une boule se forma au creux de son ventre. Il avait à parler à leur chef ? Bien que Nuance portait une maigre attention à la vie de clan, une pointe d'inquiétude la traversa. S'inclinant avec respect, elle lança un regard emplit de malice et d'ironie, comme si tout cela était plongé dans le dérisoire. Puis, elle s'adressa au meneur, le dos tourné, déjà inclinée vers son camps.

« -Si vous voulez bien me suivre. »

Séisme Tectonique

Assis sur un rocher, l'Albinos mâchouillait un brin d'herbe, son regard pourpre qui le caractérisait perdu dans le vague morne de le Lande. Encore en pleine réflexion! Certes. Il plissa les yeux et cracha son bout de gazon. Il se leva d'un bond, offrant son pelage de neige à la bourrasque matinale. Une allure majestueuse à la nature presque invraisemblable devant ce paysage de mort: une plaine désertique et poussiéreuse sous un ciel paré de rose, comme si le sang qui avait coulé la veille s'était peu à peu dilué. Et comme si la perte de leurs valeureux guerriers n'avait pas suffit, comme si le chagrin des pauvres félins devant le cadavre pourrissant de vers de leur proches touchés par la Galle n'avait pas fait assez de dégâts, Trafalgar Law, celui qu'il considérait comme son allié, venait les achever en leur mettant sa griffe sous leur gorge: un ultimatum! Les crocs jaunis par le temps du Vieillard grincèrent sinistrement. La tactique du Lieutenant lui échappait encore d'entre les pattes, comme une souris maligne et narquoise, cependant Seis' avait songé longuement à son comportement, il avait guetté sa proie, attendant un vain un faux pas de sa part. Pourtant, cela n'avait pas été totalement inutile, il ne voyait que deux point d'ancrage possible, deux piliers très différents qui aboutissait au même résultat: "l'union fait la force" et il conclut une alliance avec l'Ombre, soit, mais cela reste une hypothèse, "diviser pour mieux régner" c'est à dire exploser les liens qui se sont tissés entre les Clans et monter les membres les uns contre les autres pour mieux les détruire, tout ça de l'intérieur sans qu'il est besoin de se salir les pattes. Le Lieutenant restait perplexe, cela semblait bien fallacieux de la part du Mâle du Vent. Maintenant que son heure de gloire arrivait vers lui à la vitesse d'un cheval lancé au galop, il commençait à douter de lui. Après tout, ne partageaient-ils pas les mêmes idéaux, une terre unique avec pour seule devise "Rêves. Liberté. Partage." Une question lui trottait dans la tête: Qui se souviendrait de lui? Parce que oui, il y pensait sérieusement... à sa mort. Avec ce climat de guerre, ces tensions et la maladie qui le rongeait, son règne risquait d'être court. Il avait toujours consacré sa vie à son élévation sociale. Repousser ses limites pour prouver ses valeurs, être loyal au prix de son existence. Il avait tout risqué pour son Clan, il l'avait privilégié au prix de sa vie personnelle.

« Vivre pour les autres afin de ne pas voir les erreurs qu'on a commise. »

Il n'avait jamais aimé, pas assuré de descendance. Certes, il ne fut pas insensible aux charmes de certaines femelles, encore maintenant, il songeait parfois à un corps fin et élégamment dessiné. Mais il avait préféré aboutir au grade de Chef. Fabuleux destin pour un félin insensible.
L'odeur du Vent emplit ses narines. Le convoi de Law arrivait déjà. Il n'avait aucun envie de l’affronter, et encore moins de le voir écraser Encre. Il la respectait plus que tout, elle l'avait choisi lui. Il se devait d'être là. Courant toujours un peu plus vite, la brise mordant son corps meurtri par les blessures et tiraillé par la faim. Il glissa difficilement dans le tunnel d'ajonc, jeta un coup d'oeil vers le tas de gibiers désespérément peu garni, se donna un coup de langue pour que son poil brille et gonfle un peu, se rendant impressionnant. Parce que ce qui le démarquait, c'était sa taille et son esprit utopiste. Enfin pourquoi toujours revenir sur les clichés, vous finissez bien par le connaitre. Il se posta devant la tanière d'Encre, un calme exceptionnel se dégageant de ses prunelles. Il était confiant, très sûr de lui, comme toujours. Parce qu'il savait que si jamais il touchait à son Clan, il le boufferait, aussi bon combattant soit-il.

Je me souviendrais toujours de cette pluie mortuaire, s’étant abattue le jour de la mort de mon père. Les reflets indigos sur son pelages reflétaient ensuite le firmament. Il ne me restait plus rien. Je ne voulais pas être un sbire clanique, dont la vie se résumerait à ramener des proies à des mioches. Mon géniteur avait dit avant de mourir, « Pourquoi ne pas rendre la clarté des rêves éternelles ? ». Il m’a fallu des lunes pour en comprendre le véritable sens, qui pourtant, n’était pas vraiment compliqué. Mais je sais qu’une seule chose était sûre. Si tu n’ais été à mes cotés, ma belle, rien ne se serait passé ainsi. Peu être aurais-je réussi à être un ectoplasme dans le clan, du nom de Griffe de Zéphyr ou autre. Tu te souviens toujours de la beauté de mes prunelles d’améthystes, et des reflets cobalts de mon pelage ? Me reconnaîtras-tu dans mes prunelles d’encre, ayant perdu tout leur ésotérisme ? Te souviendras-tu du Petit Zéphyr que j’étais, et qui t’aimais comme on ne peut aimer personne d’autre ? Je t’ai oublié seulement l’espace d’un instant pour Etoile Magique. Elle avait ce que je voulais, et je m’en veux de l’avoir préféré à toi. Car lorsque tout allait mal, que j’ai perdu mes semblables au Trafalgar, je retenais mes larmes rien qu’à l’idée que tu les voient. Je t’imaginais, grandir, t’épanouir telle une rose, aimer un autre que moi. Un jour, je serais assez grand pour supporter tes choix. Mais ce n’est pas aujourd’hui.

«  Si vous voulez bien me suivre. »

Trafalgar Law sourit, suivant tranquillement la jeunette. Il se surprit à regarder se mouvoir le corps de la femelle. Le futur chef s’humecta les babines, souriant de sa propre bêtise en continuant d’avancer. Toujours à l’écoute, il entendit Séisme Tectonique courir, une flopée de mètre plus loin. En y pensant bien, le lieutenant du Vent avait beau être colossal, il ne devait pas être le roi de la discrétion. Le félin respectait l’albinos comme on devait le faire pour les pointures de la forêt, malgré sa manière de faire parfois douteuse. Etoile d’Azur en faisait malheureusement partie, bien qu’il put le supporter un instant. Ils étaient trop similaires et différents à la foi.

Le mâle aurait dut répondre et tenter de faire la discussion avec la femelle. Mais son cœur ne voulait parler et lui dévoiler la vérité. Trafalgar Law était bien plus dangereux lorsqu’il ne parlait pas. La populace commençait le cerner, désormais. Il n’était pas comme Etoile d’Azur, un criminel le criant sur tout les toits. C’était dans sa discrétion que les gens avaient peur de lui, et dans son passé que personne connaissait. Certain l’appelait même La Larme Noire, à cause de son mystérieux don dont personne ne connaissait la signification.

Lors qu’ils arrivèrent au camps, Trafalgar fut mitraillé de regard. Il reconnut Ace, qui le salua avec un sourire plein de charisme, qu'il s'empressa de lui rendre avant de continuer droit devant lui. Il marchait toujours avec la même allure décontractée, si provocatrice dans un lieu où il devait se faire petit. Le lieutenant était à l’aise partout, même chez l’ennemi. Mais il voulait que le clan de l’Ombre fusionne avec le clan du Vent, pour former un groupe surpuissant, et avide de liberté. Une utopie au revers misérable.

« Merci beaucoup, Nuance. Content de te revoir. »

La future étoile abandonna la femelle sur ses mots. C’était juste assez pour qu’elle se pose les bonnes questions. Il lui lança un sourire malicieux, avant de la quitter définitivement du regard. Le chat moucheté s’approcha de Séisme Tectonique. Il ressemblait à un microbe à coté de l’Ashera, ce qui ne l’affecta pas du tout. Aussi vite croisa-t-il les prunelles écarlates du lieutenant, la meneuse au pelage d’ombre apparut et les invita à rentrer ce qu'ils firent avec mutisme. Law s’installa tranquillement en face des deux félins, courbant son regard vers le ciel.

«  Séisme Tectonique, Etoile d’Encre, ses yeux vinrent fixer les deux chats, et un sourire plein de malice se dessina sur son visage. Ravi de vous revoir. »

NUANCE.

L'ombre ténébreuse et suave du mâle se profilait au dessus d'elle. Nuance aurait voulu placer un mot, ouvrir la bouche et lui parler. Oui, elle aurait tant voulu pouvoir lui parler, se nourrir de son intelligence, s'abreuver de sa conscience, se gaver de ses espoirs, s'empiffrer de ces idées, goûter à sa façon de vivre. Elle l'admirait. Non pas pour sa place de chef, mais par sa répartie, et par ce petit sourire en coin, celui qui plaisait tant à la grise. Trafalgar Star avait ce petit truc en plus qui la rendait dingue. Malheureusement, Nuance avait bien trop de fierté pour s'abaisser à un comportement de groupie amoureuse et telle une furie elle refoulait la boule qui se creusait au fond de son ventre. Elle n'avait pas le temps d'aimer, pas le temps de s'attarder aux méandres d'une aventure.

Le clan de l'Ombre était là. Séisme Tectonique se tenait devant eux, une patrouille à ses côtés. Nuance retint son souffle, puis finit par soupirer. Son moment de gloire se terminait. Elle s'assit sur son arrière train, prête à faire demi-tour pour continuer sa chasse en solitaire, et revenir plus tard, lorsque cette affaire serait dévoilée du haut du promontoire. Les histoires telles que celles inter claniques ne l'intéressaient pas tellement. Les larmes ne piquaient pas ses yeux à l'annonce du baptême de nouveaux guerriers, son coeur ne manquait pas un battement lorsque le chef annonçait qu'un renard se trouvait sur les terres de l'Ombre, non, elle restait stoïque.

Son lieutenant se tenait là, fière, bombant son torse albinos. Nuance avait toujours éprouvé une sorte de respect envers ce félin. Elle n'avait pas vécu le quart de ce qu'il avait enduré dans sa vie et ne pouvait se permettre de le mépriser. Le chef du Clan du Vent se tourna vers elle. Ses yeux couleur encre fouillèrent un instant le regard de l'apprentie. Quel culot il avait de plonger ses perles de jais dans son regard vide de tous sens. Mais pourtant, Nuance ne détourna pas les yeux. Son regard était comme une étreinte charnelle étouffant son coeur, comme si il entourait la femelle de son corps, et qu'il la pressait, pressait encore et encore, jusqu'à ce qu'elle se liquéfie contre lui. Nuance soutint son regard quelques secondes, puis, son coeur éclata, et elle tourna la tête, ne pouvant plus affronter ce déversement d'émotions sur elle.

« Merci beaucoup, Nuance. Content de te revoir. »

Paf. Prends ça. Ses pattes fondent, ramollissent, ne la portent plus. Son esprit se vide. Elle tente de le retenir, de le manger des yeux, une dernière fois. Qui est-il ? Elle le connait, oui, elle le connait par coeur, mais bon sang, qui est-il ? Le mâle, de sa démarche provocatrice s'éloigne. A l'intérieur d'elle même, tout lui crie de faire demi tour. Mais pourtant, elle reste la muette, la bouche béante de surprise. Et là, Trafalgar Star se retourne. Il lui lance ce sourire. Oui, ce sourire qui va tout lui rappeler.

« Petit Zéphyr ! Hé ! Écoute moi, je suis désolée, je ne voulais pas dire ça. Tu sais bien que c'est toi mon meilleur ami. S'il te plait, écoute moi. Petit Zéphyr, retourne toi, affronte moi au moins ! »

Le mâle au pelage zébré de reflets cobalt s'éloigne à grands pas. Au son de ces derniers mots, il se retourne vivement. Il ne semble plus énervé. La colère a glissé sur son visage de chaton comme tombe la pluie le long des paroisses. Il regarde la petite féline argentée et de son doux regard émeraude la rassure soudainement. Il n'est plus fâché. Petite Nuance soupire de soulagement puis bondit sur le chaton foncé. Ils roulent, liés quelques mètres plus loin. Nuance plonge son museau dans la fourrure soyeuse du mâle. Elle respire, hume, s'emplit de cette odeur de gingembre, de mousse, de forêt, cette odeur salée et douce qu'elle aime tant. Puis, elle se redresse, s'ébroue. Zéphyr donne un coup de langue sur le flanc de la féline argentée. Elle le regarde, sourit, et lui balance une pichenette amusée sur son oreille. Puis, du bout de la queue, retrace les courbes de son corps, son dos, sa colonne vertébrale, sa queue lui. A ce moment là, il se relève et leurs deux queues se serrent. Nuance se demande si un jour, elle le perdra. Il est tout ce dont elle a rêvé. Ses peines, sa détresse, tout cela est noyé par la joie de vivre du petit mâle cobalt. Il lui maintient la tête hors de l'eau, trouve toujours le mot pour rire. C'est son meilleur ami. Sa flamme, de son espoir. Les deux chatons, fourrés l'un contre l'autre, semblent invincibles. Ils se soutiennent l'un et l'autre, font disparaitre le doute de l'autre, avale la peur de l'un, écarte les peines de l'autre. Ils sont deux. Pour toujours.

« Je ne te laisserai jamais partir. A deux, c'est mieux, notre détresse est compensée par celle de l'autre. »

Et pourtant, elle l'a laissée s'enfuir. Il est devenu chef. Elle n'est qu'apprentie. Nuance sent son coeur manquer un battement. Elle s'élance à la suite du groupe de félin qui a pénétré dans le camps. Elle a juste le temps de voir la queue moucheté du mâle disparaitre. Elle veut le revoir, elle veut lui adresser la parole. Elle veut connaitre ce qu'il est devenu. Car oui, on peut changer de personnalité, de pelage, de prunelles, mais pas de sourire. Et aujourd'hui, Nuance le chérit encore plus, ce foutu sourire.

Etoile d'Encre
_{Ne me sous estime pas trop, abruti.}



Une fine lueur alluma son regard. Le soleil pointait avec ardeur le bout de son nez. La journée serai chaude. Elle se leva, silencieuse. Un éclair argent lui apparut au coin de l'oeil. Elle pivota, effleurant la surface. Vive comme la foudre, elle envoya le poisson hors de l'eau. La rivière s'agita pendant quelques secondes, puis tout redevins calme. La féline se pencha et mordit la chair tendre et savoureuse. Comme il fut vite engloutit, elle se lécha les babines et fis sa toilette à grand coup de langue. Puis elle se leva et se dirigea à grandes enjambées vers son Camps.

Je me leva doucement. La chaleur n'avait pas encore envahit la pièce. Soupirante, je me glissa sous le rideau de lichen. La vie battait son plein. Les félins trottinaient dans le Camps, trop occupés pour parler entre eux. Je lécha une de mes pattes, légèrement infectée. C'est alors que je remarquais mon lieutenant. Il était immense, imposant. Mais il ne me faisait pas peur. Il aurai pût m'écraser en un coup de patte, pourtant il ne l'avait pas fait. Je lui dévouais une entière confiance. Je me glissais entre deux chats pour le rejoindre. Ses yeux griottes me fixèrent un instant. Puis il détourna le regard, me saluant par la même occasion. Je lui rendais son salut et disposais. J'interpellais deux guerriers qui se tournaient visiblement les pouces.

« Pelage de Pierre, Aile de Corbeau, vous partirez en patrouille à la frontière. Emmenez vos apprentis avec vous et testez les. »

Ils hochèrent la tête et vaquèrent à leur occupation. Je m'installais sur une pierre au soleil. Pour la seconde fois, je lustrais mon pelage ébène. Puis je posais ma tête sur mes pattes et fermais mes yeux anisés. Je les rouvris quelques minutes après. Une odeur me chatouilla les narines. Le Clan du Vent. Une voix me parvint. Légère, mais mauvaise. Je trottinais vers mon antre, inquiète. J'entrevis le pelage d'une de mes plus valeureuse novice. Nuage Nuancé. Je ne fis pas attention à son interlocuteur, jugeant que j'étais dérangée de m'inquièter pour rien. Je me glissais donc avec souplesse dans mon antre, afin d'attendre que le soleil soit à son zénith pour partir en patrouille. La voix de mon lieutenant me parvint. Plus nettement cette fois. Un autre chat lui répondit. Je n'étais pas folle. C'était lui. Law.

Je me faufilais dehors. Il était là. Je lui lançais un sourire cynique. Mes yeux débordaient d'ironie. Je ne pouvais pas le sacker. Encore un qui pète plus haut que ses fesses, si j'ose dire. Oh oui. Ce félin m'énervait. Il me faisait presque de la peine. Son assurance et son mépris prouvaient qu'il était immature. Il se ridiculisait tout seul. Grand bien lui face. Si il croyait que nous le craignons, il se mettait le doigt dans l'oeil. Je me plaçais face à lui, affichant toujours un sourire ironique. Je les invitais à entrer, car les regards posés sur nous me dérangeais. Je voulais que nous parlions seul à seul. Quand ils s'assirent tout deux, il prit la parole. Un peu trop à l'aise à mon goût.

« Séisme Tectonique, Etoile d’Encre, ses yeux vinrent fixer les deux chats, et un sourire plein de malice se dessina sur son visage. Ravi de vous revoir. »

Je lui rendis son sourire, affichant un minois tout à fait influençable. Je rirerais de ma propre blague plus tard. Je lui répondis avec sérieux, qui qu'en gardant ma mine malicieuse.

« Trafalgar Law. J'aimerai pouvoir dire " Enchantée ". »

Je lui lançais un regard encore plus ironique, presque moqueur. Ce qui semblait l'énerver. Mais il était doué et ne laissai rien parraître. Sauf que ses yeux le trahissait. Dommage pour toi, mon bonhomme.

Certes, il était un peu, même énormément effronté de venir faire la causette avec une meneuse et un lieutenant qui aurait put très bien jouer le géant dans un film d’aventure. Lui, si svelte, si misérable ? Ah la blague ! Il rayonnait de santé, le coquin. Il était en face de deux pointures malades et en mauvais état, malgré leur fierté dépassant la raison. On le traitait de chat pathétique. Il l’était certainement. Mais lui, au moins, il préférait la raison à la c*nnerie. Haha. Crever au lieu de s’allier. Chacun son problème. Il voulait les aider. Mais il ne pouvait pas le faire gratuitement, sinon, c’était lui le perdant. Une fusion de clan, deux chefs, une harmonie et plus de pouvoir. Juste de l’égalité, de la liberté.
Et il ne savait pas, si la grande - ou la loque selon sa décision - allait réfléchir deux ou trois secondes ou s’attarder bêtement, le prenant pour un gamin et ne réfléchissant même pas.

« Trafalgar Law. J’aimerais pouvoir dire ‘Enchanté’. »

Le futur meneur eut une envie horripilante de lui répondre que enchanté ne s’employait que lorsqu’on rencontrait quelqu’un dans un environnement convivial. Quoi qu’il avait put se passer antérieurement, ce mot était totalement inadapté.
Il leva le regard. Comment se posait-il que ses gens soient si peu reconnaissants ? C’était affligeant. Il s’en sentait presque énervé. Enfin, pas autant que la chère Etoile d’Encre. Bien qu’elle fut sage, elle était connu pour être fortement irascible. Il avait une folle envie de tester ses nerfs, malheureusement, c’était très peu conseillé de le faire en terrain ennemi.

« Bref. Avez-vous prit votre décision ? Et on ne peut être enchanté dans une situation pareille, souffla-t-il. Savez-vous que je suis ici pour vous aidez, non pas pour vous condamnez ? Avez-vous oublié que la rivière a pour chef un tyran, un vrai ? Qu’au moindre moment, il déchiquettera le peu qui reste de vous pas bouffé par les vers ? C’est-ce que vous voulez ? Tandis que si vous vous épaulez à nous, il n’osera pas ! Je ne toucherais pas à vos rangs et à votre autorité. Je veux juste garantir votre sécurité et la notre. Peut-être me prenez-vous pour un crétin immature ? Mais vous voyez, Etoile Magique est morte durant sa mise bas. Oui. J’ai deux gosses désormais. Je sais ce que ça fait d’être père, comme ce que c’est d’être chef. Je veux pas voir des gamins crever de maladie et de faim, même si ils sont du clan adverse. Si votre clan s’éteint, je pourrais me dire que j’ai fait de mon mieux pour vos aider, mais je me damnerais de honte. »

Il savait qu’ils allaient refuser. Ce fus pour cela qu’il prit une ultime décision. Un choix qui pouvait le détruire mais sauver des âmes également. Quelque chose qui ne regardait absolument personne et qui le tordait de douleur. Quelque chose qui liait les deux meneurs et les chats aussi respectables que Séisme Tectonique : Etoile de Zéphyr. Jamais il n’avait révélé qu’il était son fils, pas même à son clan. Avoir comme paternel une légende, vivre derrière son ombre, il ne voulait pas. Mais celui-ci avait un lien imperceptible avec Etoile d’Encre. Fin, suave, au revers aussi tranchant qu’une lame.

« -Vous me prenez peu être pour un minable, vous deux. Mais j’ai un cœur et une parole. Je suis même déçu que tu n’es pas reconnu un air de famille, Etoile d’Encre, avec celui qui a sauvé deux de tes gosses de la mort, et toi du bannissement de ton clan. »

Son géniteur avait pardonné à Cœur d’Encre et Ombre de Lave, deux tourtereaux, d’avoir une relation secrète. Il avait même été complice lorsqu’il a ramené deux chatons de cette portée au clan du Vent, prenant soin qu’ils ne meurent pas de froid. Jamais il n’avait révélé au clan de l’Ombre les actes intolérables d’Etoile d’Encre. Par respect et amitié. S'il l’avait fait, elle aurait été bannie de son clan vu la tyrannique meneuse que leur clan avait à l’époque, Etoile Funèbre. Qui sait, même tuée. Trafalgar Law était élevé de la même manière. Il était - bien qu’insupportable - bon de nature. S’il l’avait révélé devant Séisme Tectonique cela, c’était parce qu’il savait que c’était quelqu’un de confiance. Le futur meneur se sentait mal à l’idée d’avoir révélé qu’il était le fils d’Étoile de Zéphyr. Mais un espoir de confiance et de paix semblait régner enfin.

Quand le souvenir refait surface.

« Bref. Avez-vous pris votre décision ? Et on ne peut être enchanté dans une situation pareille, souffla-t-il. Savez-vous que je suis ici pour vous aidez, non pas pour vous condamnez ? Avez-vous oublié que la rivière a pour chef un tyran, un vrai ? Qu’au moindre moment, il déchiquettera le peu qui reste de vous pas bouffé par les vers ? C’est-ce que vous voulez ? Tandis que si vous vous épaulez à nous, il n’osera pas ! Je ne toucherais pas à vos rangs et à votre autorité. Je veux juste garantir votre sécurité et la nôtre. Peut-être me prenez-vous pour un crétin immature ? Mais vous voyez, Étoile Magique est morte durant sa mise bas. Oui. J’ai deux gosses désormais. Je sais ce que ça fait d’être père, comme ce que c’est d’être chef. Je ne veux pas voir des gamins crever de maladie et de faim, même s’ils sont du clan adverse. Si votre clan s’éteint, je pourrais me dire que j’ai fait de mon mieux pour vous aider, mais je me damnerais de honte. »

Je souris. Il était mignon avec son petit discours. J'affichais une mine pensive. La réponse était non. Le Clan des Étoiles l'avait lui-même dit. Je n'étais pas assez naïve pour croire que le sauvage et rebelle Trafalgar Star se transformerait soudain en un gentil minou présent pour faire le bien autour de lui. Non. Il ne fallait pas rêver. Je plongeais mes prunelles anis dans les siennes, comme pour le sonder. Quelque chose dans son regard me rappelait quelqu'un. Ses yeux gris cernés de noirs étaient ceux d'une de mes connaissances. Peut-être ceux d'un de mes amis. Mais qui ? Un lien infime semblait nous unir. Cela semblait être tellement irrationnel, mais pourtant...

« -Vous me prenez peut-être pour un minable, vous deux. Mais j’ai un cœur et une parole. Je suis même déçue que tu n’es pas reconnu un air de famille, Étoile d’Encre, avec celui qui a sauvé deux de tes gosses de la mort, et toi du bannissement de ton clan. »

Un haut-le-cœur agita mon corps. Étoile du Zéphir. Je détournais les yeux. A l'époque, j'aurai fait le rapprochement. Les mêmes yeux, une fourrure un peu semblable, la même détermination. Pourquoi n’y avais-je pas pensé plus tôt ? Zéphir avait toujours été un ami. Un autre spasme me secoua. Mes enfants. Tous partis, tous morts. Sauf deux. Nuage Pourpre et Nuage de la Symphonie. Je levais les yeux et mon regard s’adoucit. Comme si l’on mettait de l’eau dans du vin. Si ça n’avait pas été son fils, je ne l’aurai sûrement pas crut. Mais c’était différent. Tout était différent. Mes prunelles anisées passèrent de mon lieutenant au Chef ennemi. J’avalais ma salive. Ce que j’allais dire changerai peut être le court de la vie dans la forêt.

« Tu es donc son fils. Ton père était un honorable guerrier, j’espère que tu es aussi digne de confiance qu’il en était. Cependant, j’ai passé l’âge d’être une jeune et naïve guerrière. Je refuse de partager mes terres, comprend ma décision. Les problèmes pourraient survenir dans le futur et mon Clan pourrait payer pour cette alliance. Mais j’accepte une chose. Vous nous apporter soutien lors de cette guerre, nous vous rendrons la pareille. Je propose un traité. J’accepte de négocier avec toi, Trafalgar. J’espère que tu es assez mûre pour comprendre mon choix. »

J’étais fière de mes paroles. J’espérais seulement que le félin aurait assez de présence d’esprit pour comprendre ma décision. Il le fallait, de toute façon. Jumelé avec le Clan du Vent pourrait compromettre ma place. Je craignais que le matou ne s’approprie le pouvoir, malgré ses paroles de paix. Les conditions de mon offre me semblaient justes. De mon point de vue, en tout cas.

Les masques finissent toujours par tomber.

L'Albinos prit le temps de respirer calmement. Il regarda avec bienveillance la petite apprentie Nuage Nuancée s’approcher de lui, conduisant à sa suite le valeureux Trafalgar Law. Il est bien vrai qu’il ne le portait pas vraiment dans son cœur, ce félin moucheté. Il était arrogant, et son calme impressionnait le vieux guerrier. Bien qu’il soit à l’opposé l’un de l’autre, leurs rares points communs ne se faisaient que plus saillants dans de telle situation. Séisme Tectonique bomba le torse, s’imposant de toute sa hauteur face à cet individu. Un frisson parcouru son échine immaculée devant le poil lustré, son ventre arrondi et ses épaules musclées. Il n'était pas chétif, oh loin de là. Les proies devaient galoper en abondance sur ses terres et il se léchait allègrement les babines chaque matin, dévorait un campagnol bien gras tout en prenant sereinement un bain de soleil lors de sa digestion. On s'en voudrait presque de troubler son quotidien si parfait en l'importunant suite aux soucis qu'il a causé.

La jalousie, comme une lance pointue lui pénétra entre les cotes, assaillant ses poumons. Son poison glissa tel un serpent fallacieux dans son estomac et y déversa imperceptiblement son venin. Une boule angoissée ne tarda pas à se former au creux de son ventre. Il était en position de force. Psychologiquement parlant bien sur. Car dehors, il y avait quelques dizaines de membres de l'Ombre qui n'hésiterait pas à lui faire la peau si la meneuse en donnait l'ordre. Son Lieutenant lui jeta un regard inquiet mais elle était postée bien droite sur ses pattes, sa queue s'agitant avec vivacité. Ses yeux brillaient et il devinait un sourire malicieux qu'elle tentait vainement de camoufler.

« Séisme Tectonique, Etoile d’Encre, ravi de vous revoir. »

Le Guerrier retint un ricanement. Il lui aurait fait ravaler son sourire narquois s'il avait pu. Mais il se contenait, et sourit comme un idiot. Il aurait voulu lui répondre que ce plaisir n'était pas partagé mais le provoquer n'arrangerait pas la situation. Mais Etoile d'Encre ne put s'en empêcher.
Un dessin animé aurait représenter la tension palpable par des éclairs sortant de leurs yeux. Seis' se raidit. S'il osait sortir ses griffes, cette demi-portion, il en ferait une carpette.

« Bref. Avez-vous prit votre décision ? »

Oh oui, qu'il l'avait pris leur décision. Et elle ne changerait pas de sitôt. Le Vieillard avec confiance en la hargne de sa supérieure. Il avait toujours respecté ce trait de son caractère, surement parce qu'il le partageait. Il ne faut jamais céder ou montrer ses faiblesses devant les Êtres comme Trafalgar Law. Les membres de son espèce méprisent les Chefs trop faibles, et profite d'eux à la moindre occasion. Par le chantage, ou d'autres moyens plus ou moins sordides. Tout son blabla tout beau, tout mignon, il le connaissait par coeur, pour l'avoir utilisé par le passé. L'albinos se perdit donc pas son temps à entendre le matou cendré déblatérer sur telle ou telle situation, afin de faire changer d'avis la meneuse de l'Ombre. Cependant, il prêtait tout de même une oreille attentive au monologue qu'on lui servait sur un plateau. Et cela s'avéra fort surprenant.

« Vous me prenez peu être pour un minable, vous deux. Mais j’ai un cœur et une parole. Je suis même déçu que tu n’es pas reconnu un air de famille, Etoile d’Encre, avec celui qui a sauvé deux de tes gosses de la mort, et toi du bannissement de ton clan. »

Une effroyable frisson galopa le long de l'échine du Doyen. Son estomac se contracta et un râle de terreur lui monta dans la gorge. Mais il ne cilla pas. Son regard pourpre restait plongé dans l'obscurité de la Tanière. Il avait vaguement entendu parler de cette histoire, enfin vaguement, façon de parler, c'était surtout qu'il n'avait pas voulu s'en mêler, jugeant que les déboires familiaux de la jeune Encre ne le concernait pas.