Sujet: Dans une veine de la Terre. | Private. | Jeu 28 Avr - 17:48
Dans une veine de la Terre. | Private Mélodie des Brumes. |
Hm … Ça sent la mort. Âme Pyrogène marchait silencieusement sur les territoires de l’Ombre. Les herbes folles pourrissaient et les marécages devenaient de simples lacs de poisons exhalant une odeur putride. Le guerrier, près de celui-ci, fit la grimace en voyant une souris agonisant d’une maladie hypothétique. Des spasmes la parcouraient de temps à autre, mais sinon, son corps restait de marbre, froidement lié à cet humus qui sera son futur cercueil. D’une mine plutôt neutre, Ace lui balança un doux coup de patte qui fut néanmoins mortel pour la bête. Après avoir abrégé sa souffrance, il continua sa route avec stoïcisme. Il y avait de fortes chances que le clan de l’Ombre rejoigne les territoires de celui de la Rivière. Cette idée l’agaçait fortement. Comment un clan aussi fier que le sien supportera l’exil sur les terres de leur ennemi depuis des années ? A ses yeux, c’était inadmissible. Le clan de la Rivière avait comme meneuse une candide, et comme effectif des sanguinaires mêlés à des saints. Autant soudoyer un cirque. Tss.
Continuant sa promenade avec mutisme, Âme Pyrogène s’approcha de l’aire du Dédale Minier. Les cabanes jadis solides croulaient à cause des termites. Les proies y étaient abondantes, mais les chasseurs n’avaient plus le droit d’en tuer. Le clan criait famine, préférant mourir de faim et fier que de voler à ses ingrats de la Rivière. Enfin, Âme Pyrogène ne devait pas faire de généralité, car ce n’était pas parce qu’il avait cette vision de la chose que les autres l’avaient également. Dès qu’ils avaient une proie saine, elle revenait à la marmaille. Mais à force, les guerriers n’étaient plus en force de crier au miracle, dans tout les cas, le clan des étoiles n’entendait plus personne. Le félin esseulé baissa les yeux. Il avait rêvé de rejoindre le clan de l’Ombre gamin, avait fait des kilomètres pour faire parti de ses rangs. Et maintenant, il ne pouvait voir que sa chute et sa misère.
En un élan de curiosité, le mâle rentra par une légère cavité dans la mine, enfin, croyait-il. Il se trouva au lieu de ça dans une cage aux barreaux grenats, de cinq mètres carrés environ. Sous son poids - pourtant léger vu son corps famélique - la cage tomba. Je ne peux vous décrire la surprise qu’eut Ace en remarquant la vitesse de sa chute, qui ne cessait pas. Il s’agrippait avec hargne, si le noiraud lâchait, il finissait sur le plafond de la cage. Attention, le mâle n’était point timoré. Mais il sentait que son futur devenait incertain. Peu être descendait-il directement vers les Enfers ? Le guerrier réussit même à sourire face à cette bêtise. Quelques secondes après, la cage cogna le sol, munie d’une force incroyable. Ses griffes, qu’il n’eut guère le temps de rentrer, finirent broyées entre la grille et le sol. Le jeunot gémit de douleur, les pattes en sang. Il était au fond de la mine, enterré à jamais. La cage, comme soumise à sa détresse, s’ouvrit lentement. Lorsqu’il la quitta, celle-ci remonta. Elle fonctionnait encore comme un vieil ascenseur, fatigué du flux du temps. Âme Pyrogène chercha en vain un bouton pour ramener l’ascenseur. Lorsqu’il le trouva, à hauteur d’homme, il sauta pour le presser de sa patte. Rien ne se passa. Depuis le temps, il devait être défectueux. Après avoir essayé plusieurs fois, Ace commença à franchement s’inquiéter. Y avait-il un moyen judicieux pour sortir d’une mine ? Il était à plus d’une centaine de mètre sous terre … Peu être, qu’avec un peu de chance, il trouverait une issue de secours … Mais ou ? De plus, une très faible clarté, venant de la surface, lui permettait de décerner les choses. Néanmoins, lorsque le noiraud décidera de partir dans la pénombre, il ne pourra se guider uniquement grâce à son odorat. En résumé, Ace était franchement mal barré.
Le guerrier commença sa marche. C’était une des premières fois qu’il devait mettre ses talents de guerriers en opération. Malheureusement, sa forme n’était guère en ascension. Son coup de taureau était désormais assez faible, et ses muscles devenaient chimères. Cela était dut à la famine permanente de son clan. Il rêvait sempiternellement d’une souris non contaminée… Alors imaginez-vous lorsqu’il sentit l’odeur de ces rongeurs en abondance ? Un sourire malicieux se forma sur son visage, et il sauta dans l’ombre sur un des pauvres animaux. Son fumet le rassura quelque peu, et Âme Pyrogène le dévora à une vitesse incroyable. Il reproduisit la même action au moins trois fois. Le chat savait que cela ne lui suffirait guère pour reprendre entièrement sa force physique d’antan, mais son estomac n’en supportait pas plus. Si il arrivait un jour à sortir d’ici, il reviendrait avec un stock de gibier pour son clan. Déjà, il avait la force psychologique d’avancer, c’était pas mal.
Néanmoins ses pattes lui faisait atrocement mal. Ace essayait de pas grimacer, toujours en quête de la sortie. Au bout d’une flopée d’heure, Âme Pyrogène entendit un bruit sourd au loin. Curieux, il se retourna, comprenant que l’ascenseur venait de chuter une nouvelle fois. Un nouveau condamné. Le guerrier s’assit, attendant quelques minutes avant de sentir l’ébauche d’une senteur qu’il connaissait bien. C’était une guerrière du clan de l’Ombre. Jamais il ne lui avait réellement adressé la parole, mais il la connaissait de nom. Le félin attendit d’entendre le bruit des pas de la femelles à une distance raisonnable, avant de souffler d’une voix neutre :
« Tiens, tiens, Mélodie des Brumes, toi aussi tu t’es faite avoir.. »
Si ils n’étaient pas dans le noir, la guerrière aurait put voir le sourire charismatique du chasseur. Il était content de la voir, un peu de compagnie serait bienfaisante pour les recherches.
Mélodie des Brumes Félin Légendaire
Perso 1 : Mélodie des Brumes Nombre de messages : 1550 Age : 30 Puf : Ici: Azurite Partout: Sangria Ailleurs: Celtic Date d'inscription : 09/10/2010 Points : 1667
Sujet: Re: Dans une veine de la Terre. | Private. | Mar 3 Mai - 16:13
Je décrocherai le ciel et les nuages. Même si cela devait me coûter une "Dernière Cabriole".
De petits pétales blancs papillonnaient au rythme du vent. Mélodie des Brumes les suivit silencieusement, sans pouvoir les quitter des yeux une seconde. Elle s'émerveillait devant la beauté de ces simples choses. Ils lui rappelaient les flocons de neige de l'hiver, et les gouttes de pluie de l'automne. Ils étaient si légers qu'ils étaient à la merci du moindre soupir. Mais ils semblaient si libres. Ils volaient entre les feuilles et fuyaient le sol. Ils semblaient irrésistiblement attirés par le firmament, et leur danse folle se perdait dans la cime des arbres. De temps à autre, l'un d'eux revenait narguer le museau de la jeune guerrière, puis repartait aussitôt vers d'autres horizons. Mélodie se languissait de son ancienne liberté, et elle rêvait d'autres terres à découvrir. Aussi quittait elle le camp le plus souvent possible, afin de nourrir son insatiable curiosité. Elle connaissait pratiquement tout le territoire de l'Ombre sur le bout des griffes, et elle ne savait plus où aller. Alors, elle laissait ses pattes la guider où bon leur semblaient. Elle ne regardait même plus son chemin. C'était toujours les mêmes fougères ondulantes, les mêmes courbes en dégradé de verts, et le même ciel qui chatoyait sous les rayons du Soleil. Elle restait donc à l'affût de la moindre nouveauté, et un souffle de pétales suffisait à la faire sortir de ce monde qui n'était pas le sien. Elle avait du mal à y pénétrer et à s'y sentir réellement à l'aise. Elle avait encore l'esprit embué de son passé, et sa vie de solitaire la tirait toujours vers l'arrière. Elle avait l'impression, parfois, de se revoir comme elle avait été, et quand elle regardait à la surface de l'eau, elle ne voyait pas la guerrière de l'Ombre. Elle y voyait un regard morne donc la lumière s'est perdu dans l'oubli. Elle avait le visage d'un adulte qui regrette sa jeunesse, et qui étouffe dans son devoir. Pourtant, elle avait choisi cette vie.
Si elle regrette ce choix? On pourrait le croire. Elle-même n'est pas certaine d'avoir prit le bon chemin. Mais elle sait aussi reconnaître le bénéfique lorsqu'il est là. Aussi ne veut-elle pas partir. Pas encore. Le clan de l'Ombre lui a apporté bien plus que ce qu'elle pouvait espérer en y arrivant. Et même si elle reste un peu à part elle y est acceptée, autant qu'une solitaire le peut dans un clan de chats hiérarchisé. Et puis... combien sont-ils à la connaître réellement? Elle ne peut être détestée de toutes façons, personne ne sait qui elle est. Elle avançait donc sur le chemin d'une vie clanique, comme elle avançait sur le sentier d'herbe en direction de la "Dernière Cabriole". Un bien joli nom qui ne l'avait jamais laissé indifférente. "La pente de la Dernière Cabriole". Il paraîtrait que c'est un lieu dangereux pour les plus inexpérimenté. Mélodie n'en croyait rien. Elle s'y était rendu dès qu'elle en avait entendu parler. Elle était attiré par ce nom accrocheur, aux accents dansants. Elle avait de suite imaginé une danse folle où se retrouverait le chant du vent et les sauts désordonnés d'un apprenti éprit de liberté. Elle n'était pas tombé loin lorsqu'elle s'y était retrouvé, la première fois. Son réflexe avait été de prendre de la vitesse, et de sauter. Bien sûr, la pente étant raide, elle avait mit du temps avant de redescendre. Et l'impact avait été plus violent que prévu. Mais rien n'avait pu lui couper l'envie de recommencer. Elle se sentait capable de décrocher le ciel et les nuages en sautant de là-haut, même si cela devait lui coûter une "Dernière Cabriole".
Elle se retrouva rapidement en haut de la pente. Ses pensées la projetaient vers le haut, et elle n'avait aucune conscience du vertige. Un danger? Lequel? Si le prix à payer devait être une patte ou deux cassées, cela serait tout de même plus rentable puisque elle le ferait pour ressentir cette poussée d'adrénaline si particulière. Des picotements chahutaient ses pattes, et elle ressentait comme un courant électrique dans ses veines. Son sang accélérait au fur et à mesure du temps qui passe, et son cœur résonnait dans toute sa cage thoracique. Devant elle s'étendaient des collines et des vallons qui absorbaient la lumière solaire. Le printemps était là, et cela se voyait. Tout en bas, là où elle n'avait fait qu'atterrir pour re-décoller se trouvait l'entrée de l'ancienne mine. Elle n'avait jamais prit le temps d'y pénétrer. Il était tôt, et elle comptait bien y remédier à présent. Il ne lui restait qu'un endroit à visiter chez elle. Et c'était l'un des plus dangereux du territoire. Cela suffisait normalement à décourager les peu téméraires. Mais pas elle. Elle n'était pas spécialement courageuse, elle avait juste un besoin adolescent de ressentir son sang se figer brusquement sous les frissons. Pas forcément par peur d'ailleurs, au moins pas bonheur. Celui qui fait trembler d'excitation, et qui fait s'écarquiller les yeux comme font les enfants dans l'exaltation la plus complète. Elle recula de quelques pas, inspira profondément, et sauta.
Elle volait. Elle se sentait comme ces pétales blancs, ballotés par les courants d'air. Elle comprenait mieux maintenant que leur sort n'était pas si enviable que ça. Elle se sentait emprisonné dans sa chute, et sa terreur ne diminuait pas avec le temps. La cage l'oppressait de telle manière qu'elle perdait tout sang froid. Elle n'arrivait même plus à crier. Qui pourrait l'entendre de toutes façons? L'obscurité ambiante était si pesante, et l'humidité la faisait suffoquer. Pourquoi était-elle rentré? C'était si stupide. Elle regrettait amèrement d'avoir ce caractère à la fougue sans pareil et cet esprit de Liberté aigu. Elle n'aurait jamais dû s'aventurer aussi loin dans la mine. Les anciens n'avaient pas exagérés lorsqu'il décrivait une ambiance lourde, cruelle, où les ombres devenaient des ennemis et les gouttes d'eau des monstres qui vous rongent doucement. Mais elle avait sentit une odeur qui ne lui était pas inconnue, qui en plus était récente. Elle l'avait encouragé à avancer. Au moins, elle ne serait pas seule? A moins que celui qui l'avait précédé ne se trouvait maintenant au bas de ce précipice, écrasé par la pression et noyé dans son propre sang? Assez d'images morbides, elle devait se reprendre en main. Elle attendit donc le sol avec impatience. Elle s'agrippait au barreau de la cage aussi fort qu'elle le pouvait, et le choc fut particulièrement douloureux. Elle sentit ses pattes s'aplatir sous le poids de l'acier. Ses griffes craquèrent, et cette fois, elle ne put retenir le gémissement de douleur qui s'échappa de son corps. Elle retira vivement ses pattes, et s'élança vers la porte qui s'ouvrait. La douleur était vif, brûlante, comme un tiraillement qui revenait par vagues successives et qui ne faisait que s'amplifier. Son gémissement retentissait encore entre les parois, en un écho lugubre. Elle put enfin observer "à son aise" son environnement.
Une faible lumière perçait le couvert rocheux. Elle n'avait pas la moindre idée de l'endroit d'où elle sortait, mais elle était là. Il y avait donc une sortie. A moins qu'elle ne vienne du puits de la cage? Cette simple supposition lui serra la gorge. Elle n'était vraiment pas en bonne posture, et l'espoir lui ferait bientôt défaut. Elle entendit le couinement de chauve-souris. Si, il y avait un passage. Elle suivit leur mélopée funeste, et s'engouffra dans un tunnel. Les bipèdes étaient bien étranges de creuser ainsi au creux de la terre. Que pouvait-il chercher mis à part la tristesse et la désolation? Une forte odeur d'eau croupie envahissait le tuyau. Mélodie avait envie d'air frais. Tout de suite. Elle ouvrit la bouche pour mieux s'imprégner d'oxygène. Au moins, elle ne mourrait pas de soif. Ses pattes tremblaient de douleur et ses pas n'était pas sûrs. Mais elle avançait. Ce n'était pas comme si elle avait le choix en fait. Elle marcha ainsi sur la pierre froide pendant quelques minutes. Elle se guidait au toucher et à l'ouïe, longeant les parois et trébuchant dans les tranchées creusées par les chariots des bipèdes. Elle avait peur, mais jamais elle ne l'avouerait. Trop fière. Trop perdue. En cet instant précis, elle ne savait pas si elle reverrait la lumière du jour. Alors ce n'était pas en cédant à ses plus bas instincts qu'elle allait pouvoir se sortir de là. Surtout qu'elle venait de percevoir une odeur connue. La même que celle qui l'avait précipité dans le gouffre. La même que celle qui lui avait soufflé d'entrer et de succomber à son désir de folie. Puis elle entendit sa voix. Elle perça le silence d'un ton neutre:
« Tiens, tiens, Mélodie des Brumes, toi aussi tu t’es faite avoir.. »
Qui était-ce déjà? Où et quand avait-elle entendu ce timbre de voix? Elle s'arrêta, et scruta les recoins de sa mémoire pour retrouver le visage du guerrier. Ah, oui.
-Âme Pyrogène...
Elle s'avança jusqu'à sentir le souffle du chat sur son museau, puis elle s'assit. Elle soulevait ses pattes alternativement pour reposer un peu ses doigts ensanglantés. Ce n'était pas grave. Mais c'était gênant. Un peu comme si chaque ongle d'une main s'était brisé sous une barre d'acier. Elle était rassurée de retrouver un être vivant dans les parages. Elle ne détestait pas la compagnie des chauve-souris, mais l'un de ses congénères n'était pas mal non plus. Même si elle ne l'avait jamais approché auparavant. Elle ne le connaissait que par hasard d'ailleurs. Mais, à priori, ils allaient avoir le temps de faire plus en ample connaissance.
-Ça fait longtemps que tu es là? Personnellement, je viens d'atterrir. Je me plaindrai d'ailleurs, le confort laisse à désirer, et les services à l'arrivée sont inexistants.
Une note d'humour... avec un peu de chance, ça la décrispera. Et toujours cette douleur lancinante au bout des pattes...
Mélodie des Brumes Félin Légendaire
Perso 1 : Mélodie des Brumes Nombre de messages : 1550 Age : 30 Puf : Ici: Azurite Partout: Sangria Ailleurs: Celtic Date d'inscription : 09/10/2010 Points : 1667