She is a rebel. [Private]

Jesus of Suburbia
Privé ; Aurore Eternelle.

La nuit. Voile de chagrin, boule de mystère, recouvrant une sphère de cruauté et de courroux. Il n’y avait plus de couleur potable, et plus de choix semblables. L’erre nuptiale n’était qu’un synonyme de contraste émotionnel. Certains voyaient des sentiments positifs en ascension, tandis que d’autres se contentait d’apercevoir les ténèbres. Et une autre partie, des plus pusillanimes, se contentait de dormir. Blasphème était un mélange douteux de toute ses catégories, l’âme évasé et l’esprit tourmenté. Il se contentait de sortir, tel un ectoplasme du soir, et de vivre dans le présent. Plus rien n’avait de but, sa vision du monde était abstraite. Le manque. C’était sûrement la chose la plus déchirante à ses yeux. Pas le manque de femelles, mais de son traitement. Depuis le jour ou il était arrivé sur ces terres saintes, il sentait de plus en plus le besoin. Blasphème n’avait plus sa maîtrise de ses émotions, et sa seule pensée était destinée à ses aphrodisiaques ayant bercé toute sa vie. C’était ça, être déstabilisé. Et pourtant, le prophète, ayant terminé sa résurrection, passé autre chose quand à son ascension, était devenu un vulgaire évangile empli de disgrâce. Il n’arrivait plus à mettre une identité à ce reflet qu’il voyait à cet instant précis, sur la surface plane de l’onde pure. Rien qu’un vulgaire spectre. Une âme pleurant silencieusement. Rien. C’était le mot que Jimmy pensa au moment même ou ses prunelles rencontrèrent leurs doubles, dans l’eau trouble. Après tout, il le savait. Il était Jeuss of Suburbia. Peu importe les titres de combattants qu’on lui donnait. Le jeunot était un saint ne venant pas de l’au delà. Voilà. Il avait trouvé le théorème parfait pour le définir.
Sa queue brassant le coulis du vent, il regarda ce monde de ténèbre. Blasphème releva la tête avec méfiance. Ses prunelles de cobalt se courbèrent vers le firmament. Pourquoi l’empêchait-on d’être libre ? Ou plutôt, d’être lui ? Y’avait-il quelque chose de mal à être différent ? Il savait bien que certains étaient timorés en sa présence. Pourtant, beaucoup aimait l’anarchie. C’était si puéril de le prendre pour un taré, lui, ayant comprit le véritable sens de ce monde. Saint Jimmy n’était ni un pacifiste ni un opportuniste. Le noiraud faisait simplement preuve de réalisme. Mais cela, seul les âmes ayant une certaine profondeur psychologique pouvaient le comprendre. L’intelligence n’était guère une affaire de leçon de chasse, malgré ce que pensaient les chats de clans. Elle se formaient par une tangibilité d’esprit et une perspicacité constante. Il avait beau ne pas connaître grand-chose en chasse, ou en combat, le mâle était classé dans les êtres intelligents. Et plus on avait de discernement, plus on était apte à être rebelle. Les gens ne le comprenant pas étaient de simples niais. Cette idée lui fit esquisser un rictus malicieux, qui fut rapidement rompu par un souvenir. Sa pensée était synonyme de tabou. Chaque fois que le félidé pensait à elle, il sentait le moment ou il faisait demi-tour. Revenir sur ses choix ? Ce serait blasphématoire. Qu’elle se souvienne de lui comme un être rebelle et libre comme l’air. Même si au fond, Blasphème Libertaire était emprisonné par ses idéaux. Tout sa moralité ne rimait à rien. A rien ! Soucieux, il regarda encore son reflet. Sa trombine hirsute, ses yeux de loup, son air d’anarchiste. C’était lui, et pourtant, il se détestait. Soumis par un courroux inexpliqué, sa patte brisa le miroir naturel. Il l’a racla violemment contre une pierre rugueuse. En une flopée de seconde, une parcelle des flots se teinta d’écarlate. Sa propre hémoglobine était mélangée de manière homogène à l’eau. Au moins, son reflet était trouble, il ne voyait plus le piteux avorton qu’il était. Déstabilisé, Jimmy ôta son membre de l’onde. Il grimaça, ressentant une douleur crurale. Ses prunelles se plissèrent et au fur et à mesure qu’il se préoccupait de sa souffrance, qui serrait puérile pour un guerrier d’élite mais gigantesque pour lui, l’eau reprenait des teintes azurées. Bientôt, son reflet fut de nouveau le même. Et d’un coup de patte furtif, il balança à nouveau son membre pour troubler ce visage. Après une injure, il s’éloigna, cracha, cogna contre les pierres. Son instabilité faisait peur à voir. Et pourtant pas une seconde, il fut un danger potentiel pour un passant quelconque. Le prophète se mutilait qu’à lui-même, et n’était pas un criminel malgré tout. Mais rien ne l’empêchait une querelle avec quelqu'un dont l’ultime sortie serrait la griffe. Il commença à reprendre ces anciennes habitudes, et il s’avança avec turbulence près des pierres. L’une d’entre elle était plus plate que les autres. Des fleurs couleur d’améthystes la recouvraient de manière si étroites qu’elles y semblaient peintes. En dessous, une étoile était tracé sur la terre. Ce qu’il ne savait pas, c’était que c’était la tombe à Etoile de Zéphyr, un des nombreux anciens meneurs du Vent. Dans tout les cas, Blas’ s’en foutait totalement. Il se détourna de ce petit lieu sépulcral. Bien que louche, le noiraud ne s’éclatait pas à profaner des tombes. Le prophète se concentra sur les autres roches. Et avec sa patte, ruisselant d’hémoglobine, il les décora l’écarlate. Des formes abstraites furent tracés, représentant pour lui le nirvana de ses pensées. Il n’y avait que de la rage et de l’amour, sur un lit d’incertitude et de musique. Personne ne pouvait comprendre ces choses. Un chat de savait pas dessiner. Et pourtant, cette ébauche hirsute, avec de grands yeux cernés d'un sang grenat, dessiné de manière très caricaturale, même pas comparable à un félin, c’était bien lui. Dans son monde. Dans ses pleurs. Dans son amour. Dans sa rage.

D’un geste sec, il arrêta toute mutilation. Quelqu’un n’était pas loin. C’était l’odeur enivrante d’une femelle. Jesus tenta de fuir, de laisser sa « Bible » à la découverte de la chatte. Si elle le voyait, il aurait de sérieux ennuies. Mais c’était trop tard. La mademoiselle était trop près, elle avait dût être alerté par l’odeur du sang. Qu’importe. Il pivota à nouveau, s’asseyant avec un air pacifique. Au bout d’une flopée de seconde, la minette débarqua. Blasphème Libertaire la toisa avec dégoût, non pas parce qu’elle n’était pas attirante, mais simplement parce qu’elle était là. Son visage se promena des roches ensanglantées à lui, faisant le lien grâce à l’odeur. Avant qu’elle n’eut le temps de se manifester, il trancha :

« - Tu as pas l’impression d’être de trop, par hasard ? »

( Ok. Tu me prévient quand tu le termines ma cherie. ;) )