Il y a des choses qu'on peut oublier... Et toi? [PV Sweet]

Tandis que le petite chatte noire marchait entre les arbres, sous le doux regard du soleil, le clan s'éveillait. Patte Charnelle était encore partie. Pour l'instant, personne n'était au courant de son départ, mais ça ne saurait tarder. Les remontrances fuseraient, mais le clan ne s'affolerait pas. Pas cette fois. Après tout, les fugues de la jeune chatte étaient si régulières que plus personne ne venait la chercher, la plupart du temps. Cela désolait d'ailleurs notre jeune aventurière : non pas qu'elle appréciait d'être grondée, au contraire, mais elle se sentait exclue, oubliée. Alors, chaque fois, elle partait plus longtemps, plus loin. Histoire d'affoler les reines et de forcer son chef à s'arracher les poils. Une garce ? Non. Juste une petite en grand manque d'amour.

Elle était trop jeune. Trop jeune pour supporter la vérité. Trop jeune pour vivre avec ça. Trop jeune pour être orpheline. Trop jeune pour que cela inquiète quelqu'un. Trop jeune pour mourir... Cependant, n'allez pas croire que la chatonne était malheureuse. Non non, enfermée dans une douce folie, elle coulait des jours heureux... Patte Charnelle s'était inventée une quête. Dans peu de temps, elle passerait apprentie, et il lui fallait absolument une occupation. Alors, chaque nuit, elle partait du camps en douce. Elle allait n'importe où, du moment que c'était assez loin pour qu'on la laisse tranquille, mais assez près pour qu'on la retrouve au lever du soleil. Quand elle ne rentrait pas.

Au loin, un chat. Bicolore, noir & blanc. Un jeune. Seul. Elle l'ignore. Elle ne veut pas parler.

Mais qu'est-ce qu'il fout celui-là ? Ma parole, il me fonce dessus ! Je sortis mes griffes, et ouvris ma gueule. Le chat, n'avait pas l'air de savoir se se contrôler. Il essayait de freiner ? Qu'il est bizarre ... Bam. La tête du félin bicolore entra en contact avec une pierre. Ouch. Ça devait faire mal. Je m'approchais de lui, pour voir son état, mais il fuyait mon regard. Toujours sans me regarder, il se leva avec peine et partit, zigzaguant entre les hautes herbes. Alors, il allait partir comme ça ? Comme un lâche ?

Non. Il revenait vers moi. Un minimum de courage, tout de même. Avec un pas mal assuré, mais c'était déjà ça. Il ne m'ignorait plus. Il me tendit même de quoi me nourrir, du gibier. Je secoua la tête dans un signe de négation. Non, je n'voulais pas manger. Premièrement, je n'avais pas faim; Deuxièmement, je ne mangeait pas de la nourriture venant d'ennemis. Je suis loyale, qu'on se le dise.

Il me regarda, et je découvrit dans ses yeux du chagrin, un sentiment de tristesse. Pourquoi me regardait-il ainsi ? Je n'étais pas mal nourrie, ou quoi que ce soit, il ne devait pas avoir pitié ou être triste de moi. Je lui rendit un regard dur. Oui, je n'suis qu'une chatonne, mais je n'aime ps qu'on me regarde ainsi. On s'imagine peut-être que je suis faible, et bien non, je n'le suis pas. Na.

- Salut... Désolé, de t'avoir fait peur... Je m’appelle Alph...Nuage des Caraïbes.

Drôle de nom. Mais d'abord, c'est quoi les Caraïbes ? J'étais tentée de lui poser la question, mais je me retint. Vous m'direz, Patte Charnelle aussi, c'est un nom bizarre. Bon, OK, admettons.

Mais, il ne m'a pas fait peur ! Pour qui il se prend celui-là ! Oh ... Il rougit ? Je me retins d'éclater de rire, tellement la situation était amusante. Bon, OK, c'est pas sympa. C'est pour ça que je n'ai pas ri, mais répondu:

- Premièrement, je suis Patte Charnelle, du Clan de l'Ombre. Deuxièmement, tu ne m'as pas fais peur. Troisièmement, vu que tu es un apprenti, on ne t'a jamais dit, qu'on ne donnait pas à mangé à ses ennemis ?

Je le taquinais ... Que je suis méchante. Je souri, attendant la réponde de Nuage des Caraïbes.

- Je ne suis pas comme toi Patte Charnelle mais je connais plus de chose que mes camarades d'apprentissage! Je n'ai pas encore pris mon premier cours mais comme tu as pu le voir j'ai attraper une proie. Et secondo, on dit que les chatons sont sacrés dans les clans car ils sont toute la vie. Si il n'y a plus de chatons dans un clan, il disparaîtra !

Je regardais d'un air méfiant Nuage des Caraïbes. Évidemment qu'il n'est pas comme moi. Ça se voit au premier coup d’œil. Caractère, physique ... Tout en lui ne me ressemble pas. Il est si ... différent. Sa manière de penser, par exemple.

Je ne sais pas si je dois le considérer comme Ami ou Ennemi. Peut-être les deux. Après tout, il n'a pas l'air bien méchant, ce qui peut en faire un ami, mais c'est un adversaire, donc un ennemi. Je soupirais. Pourquoi était-ce si compliqué de savoir à qui faire confiance ? Pour ma part, je ne l'accordais à personne, ma confiance. J'étais et je suis toujours méfiante. Je ne suis pas une personne qui se fait facilement rouler dans la farine. Non, moi, je me défend. Ou, plutôt j'essaye. Vu qu'un chaton ne sait pas se défendre ...

Nuage des Caraïbes regardait le ciel. Je fis de même. Je n'avais pas remarqué à quel point il était bleu. Des nuages se baladaient ici et là, quelques oiseaux zigzaguant entre eux. Une légère brise de vent soufflait sur les landes. Des plumes tombèrent entre moi, et le Novice. Le mistral allait se lever.

Le matou souffla doucement:

- Un petit air frais par delà les plaines sont toujours les bienvenus au territoire du vent ...

Il semblait croire que je comprendrais ces paroles qui ne voulaient rien dire. Pour qui me prenait-il ? Je ne sis pas une poète, et je n'ai jamais été douée pour déchiffrer les choses. Ce qui ferait de moi, une piètre guérisseuse. De toute façon, je n'avais pas choisie cette voie. Moi, je deviendrais guerrière.

Je murmurais:

- Je suis désolée, mais j'ai peur de ne pas avoir compris tes paroles ...

Quelle idiote, je devais faire.

Il semblait comprendre le fait que je n'avais pas saisi le sens de ses paroles. Il hocha doucement la tête, et me fit signe d’écouter & de regardes des arbres, que je trouvais ordinaire, mais j'obéissais tout de même. Il aurait pu être mon mentor, on aurait pas vu la différence. Je n'avais pas le même avis sur lui maintenant, qu'au début de notre rencontre. Au début, il me semblait bizarre, coincé, timide. Maintenant, il était pour moi quelqu'un de sage, calme, qui savait plus de choses qu'il n'en laissait paraître. J'avais plus confiance en lui, à présent. Pas totalement, je n'ai jamais accordé ma confiance entière à une seule et même personne, mais c'était déjà un début.

J'écoutais attentivement la nature, qui semblait nous dire des choses, nous donner des signes. J’avais l'impression d'être idiote, je ne comprenais pas ce qu'elle voulait me dire, je regardais les signes sans les comprendre. Je me sentais impotente.

J'entendais les herbes hautes se coucher sous la force du mistral qui arrivait, des feuilles tomber des arbres, comme si on était en automne. Les nuages filaient, comme s'ils redoutaient la présence du mistral, les oiseaux se débattaient dans un vent trop puissant pour eux.

Nuage des Caraïbes se coucha. Je le regardais, surprise. Le vent soufflait de plus en plus fort. Que faisait-il ? Se protégeait-il du vent ? Je fus tentée de lui poser la question, mais le matou se mit à ramper vers moi, les poils ébouriffés par le vent. Il parla fort, sans doute à cause de la tempête qui était dangereusement proche.

- Tu n'es pas sur ton territoire, et comme tu te trouves assez loin, je te conseille de te coucher et ramper entre les herbes, car tu risques d'attraper froid.

Je regardais le Novice, indécise, mais j'obéissais une fois de plus. J’étais étrangement en confiance avec lui, alors que je le connaissait à peine. J'écrasais des herbes, sans faire attention, en rampant doucement, lentement, sûrement. Je n'avais aucune idée de ce qui allait se passer. Rien de bon sans doute.

A ma grande surprise, Nuages des Caraïbes se releva. Il me regarda, mais pas de la même manière qu'avant. Non, il n'avait plus ce regard fuyant qu'il avait lorsqu'il m'avait abordée. A présent, son regard était franc et ... doux. Je ne fis rien. Non, j'étais presque hypnotisée par ce regard. Un regard, que je n'oublierais sans doute jamais, car je ne me rappelais pas en avoir eu un comme ça. Je lui faisait confiance à présent. C'était sûr. Je lui fis un petit sourire, tellement infime, que je me demandais s'il l'avait vu.

Je détournai mon regard du félin bicolore, et me concentrai davantage vers la tempête qui arrivait. J'avais l'impression qu'elle fonçait droit sur nous. Je lançai un regard inquiet à l'apprenti.

Je ne hurlai pas lorsque je prononçai ces mots, mais j'étais persuadée qu'il m'avait quand même entendue:

- Qu'est-ce qu'on va faire ?

Il soupira, en souriant. Étrange ça, non ?