Death is sweet. [Libre]

Lucy, Sky's Diamonds
Death is sweet.

Un étrange calme possède mon cœur et mon esprit. Je sais que c'est le jour. Que c'est le moment. Face à la falaise, je prends une grande inspiration. L'air emplit mes poumons. Il coule dans ma gorge avant de mourir dans une grande expiration. Mes yeux de glace se posent sur l'horizon. La ligne entre terre et ciel est à peine visible. Le lac infini s'étend à perte de vue. Quelques nuages, poussés paresseusement par le vent, cachent timidement le soleil. L'herbe, autour de moi, ondule sous les caresses de l'air salé. Le bruit des vague monte vers moi avec une envie de m'emmener loin, très loin. Au dessus des nuages, et bien plus encore. L'odeur du lac infini se mélange à celle de la plaine. L'odeur d'un lapin s'ajoute un moment, puis repart lentement.

Je me lève. Quelques pas. Le soleil miroite sur ma fourrure noire, au dessus de moi. Je me retourne. J'observe une dernière fois la plaine. Cette plaine verte. Cette plaine où j'ai chassé. Cette plaine où Plume Vagabonde m'a parlé. Je suis heureuse. Je laisse derrière moi des bons souvenirs. Je ne me suis jamais sentie aussi libre. Pour le première fois de ma vie, j'arrête de penser à ma mère, à mon père, à ma sœur. Je suis libre. Libre de ne plus penser à vous. Vous êtes pardonnés. Je vous pardonne. Je suis libre.

Je saute. Les muscles tendus, les pattes en avant. Gracieusement. Comme un chat. L'air caresse ma fourrure. Une joie immense m'envahit. Un rire s'échappe de ma gorge. Comme ça fait longtemps ! Je ris. Je ris, encore, encore, encore. Comme je suis heureuse ! Les herbes, au dessus, de moi dansent sous le soleil. Le soleil, lui, sourit. Un sourire éclatant de bonheur. La falaise me souffle un au revoir délicieux. Les nuages s'éparpillent comme des chatons qui sortent pour la première fois. Des oiseaux passent. Leur chant parvient à mes oreilles. Je frémis. Quel beau chant ! Je n'en avais jamais entendu de si beau ! L'eau, sous moi, étincelle comme jamais. Elle est encore plus belle que d'habitude. Je jette un dernier coup d’œil à la falaise, avant de toucher l'eau.

Je ferme les yeux. Je rentre dans l'eau. D'abord mes pattes avant. Puis mon museau. Puis toute ma tête. Puis le reste du corps. Jusqu'à ma queue. L'eau fraiche coule sur ma fourrure. L'eau salée me pique les yeux, taquine mon corps. Elle s'infiltre en riant dans la bouche. Elle glisse dans mes poumons. J'ouvre mes yeux de glace. Mes yeux où on lit le joie, le bonheur. Mes yeux qui rient. Mes yeux plus bleus et plus profonds que ce lac infini. Mes yeux, qui se voilent. Mes yeux qui ne verront plus jamais rien. Les yeux de Lucy.

Merci.