(Petite Nuance)- Vie & Vent.

Petite Nuance.

Chatonne idiote, guerrière sotte.


Petite Nuance tétait le ventre laiteux de sa mère adoptive, elle avalait le lait comme un furie. Pas grand chose ne sortait des mamelles, quelques gouttes, juste assez pour rassasier leurs petites faims. La chatonne grise se roula en boule contre le pelage blanc de la reine. Les longs poils de la féline lui convenait parfaitement, elle se coucha et ferma les yeux. Un bruit a fit sursauter, une jeune guerrière venait de lancer un lapins entre les pattes des reines affamées. Celles-ci s'étaient déjà jetées dessus, elles dépeçaient la proie à coup de griffe aiguisée, puis mordait dans le peu de chair filandreuse à savourer de la bête. Petite Nuance savait que les temps étaient durs, elle le savait par la bise glaciale qui s'engouffrait entre ses poils argentés lorsqu'elle sortait, elle le savait pour le manque de lait continu, elle le savait par l'air grave et déconfit des guerriers qui leur rendaient visite. Prise soudainement par une envie de tous les faire rire, elle bondit sur ses pattes frêles, donna un rapide coup de langue à son pelage grisonnant et se faufila derrière la guerrière du jour. Elle était surement nouvelle, Petite Nuance ne la connaissait pas. Elle réfléchit un peu avant d'opter pour la surprise, elle sauta et planta ses petits crocs tranchants dans la queue de la guerrière. Elle entendit son grognement et se faufila entre ses pattes.

- Petite Nuance ! Un peu de respect, c'est grâce à elle que tu manges !

La reine qui s'occupait de la chatonne argentée venait de crier ses paroles. Dans ses yeux brillait la colère, elle n'avait pas élever Petite Nuance pour qu'elle fasse preuve d'irrespect ! Petite Nuance rabattit ses oreilles sur sa tête, et rampa contre le sol pour aller se cacher sous une pelote de mousse. La personne ne viendrait l'embêter ni la réprimander. Elle pourrait pleurer, seule. Seule.

Petite Nuance.

Cause toujours.

La chatonne restait dans l'ombre, comme elle l'avait toujours fais, comme on lui avait toujours appris. Ne jamais se mettre en avant, jamais se vanter, jamais parler pour rien dire, jamais chasser pour elle même, jamais se faire passer avant son clan, jamais mordre ou tuer un propre de son clan, jamais quitter les frontières, jamais sortir seule, jamais quitter la pouponnière, jamais se battre avec ses frères et sœurs, toujours écouter sa mère, toujours boire le lait de sa mère et pas autre chose, toujours rester dans la chaleur maternelle... C'était si compliqué d'être un chaton, pourquoi fallait-il respecter tout ça ? Elle n'était pas idiote, elle n'allait pas se jeter dans un trou noir, elle n'allait pas manger une charogne, c'était pas une de ces chatonne complètement naïve. POurtant, elle n'avait pas le choix, elle devait se plier aux règles instaurées par leurs ancètres, non, elle ne ferait pas la différence, elle suivrait les ordres, les paroles de sa mère adoptive. Elle n'était pas du genre à désobéir, seulement, elle avait le sentiment qu'on la prenait pour une moins que rien, pour le bas de la chaine alimentaire, quel désagréable sensation. Pourquoi ? En tant que chaton, elle ne devait faire qu'une chose, obéir. Écouter. Et agir.

- Comment t'appelles tu ?

La guerrière a qui elle avait mordu la queue venait de se pencher, plaçant son visage à quelques longueurs de queues de celui de la chatonne argentée. Elle ne semblait pas lui en vouloir. Tant mieux, se dit elle.

- Petite Nuance.

Petite Nuance.


Danse ta vie danse, allez danse .
"-Enchanté, Petite Nuance. Je suis Perle de Rosée."

Alors quoi ? C'est tout ? Elle ne la disputait pas ? Pourquoi tous ces adultes étaient si gentils, pourquoi ignoraient-ils la méchanceté de la chatonne. Ce qu'elle voulait, c'était l'être. C'était être différente. C'était pouvoir montrer son envie de vivre, son envie de crier, son envie de courir. Plus loin que les limites, plus hauts que n'importe quel obstacle. Elle était comme ça, intrépide. Elle ne pensait qu'adésobéir, pousser le bouchon toujours plus loin, prvoquer les adultes au point de se faire punir. Petite Nuance se souvient bien de sa plus grosse bêtise. Et de sa plus grosse punition.

FLASH BACK

L'aurore pointait le bout de son nez. Nuance aussi, elle sortit de la pouponnière, la truffe appréciant les doux parfums de la matinée. Son pelage s'illumina d'un éclat argenté sous l'ardeur du soleil. L'envie de partir à l'aventure la tiraillait. Elle avait faim, le lait de sa fausse mère ne la nourissait plus assez, c'était pénible. Doucement, elle s'approcha du tas de gibier et attrapa du bout des crocs une petite givre menue. C'était les restes du tas de gibier. Les temps étaiet durs et peu de proies se présentaient. Elle arracha à l'aide de ses minuscules dents la peau élastique de la viande filandreuse. Cachée derrière un buisson de fougère étroit, elle planta ses crocs dans la viande saignante. Une ombre se propagea sur elle. La chatonne releva la tête. Un guerrier, les sourcils froncés l'observait durement.

- Que fais tu avec ça ? C'est pas pour toi ! Viens avec moi !

Elle l'avait suivie doucement la queue basse, laissant un sillon dans la poussière ombragée du sol. Il l'avait menée dans la tanière des anciens. Là, elle avait plongé son museau dans la bile de souris et avait comme par enlever les tiques à une vieille femmelle grise. Ecartant les poils d'une patte fine et agile, appliquant le remère puant et gluant de l'autre. Les anciens, une fois tous détiqués l'avaient alors félicitée pour son habilité. Seulement la chatonne n'était pas fière d'elle, et pour toujours, elle se rappelera le regard dur du guerrier.

FIN DU FLASH BACK