Les rêves et la réalité ne font parfois qu'un... (libre)

"Quoi qu'il arrive, je veux que tu me promette de ne jamais baisser les bras. Je t'en supplie, Lynx, survie, c'est tout ce que je te demande. Survie, et soit heureuse. Nous, nous sommes une relique du passée. Tu ne pourras pas nous oublier. Je sais que je ne devrais pas faire ça, que je devrais rester pour toi, mais je ne peux pas. Tu me comprend, je ne peux pas vivre sans Elle. Toi, tu es jeune. Tu n'as pas à souffrir de mes choix. Alors part. Poursuit ta route, envole-toi de tes propres ailes, et trace ta voie."

Survivre.

Sans parents, sans repère, sans joie, juste avec ces souvenirs atroces et le savoir qu'on lui a transmis.

Survivre. Et, si elle le pouvait, être heureuse. Alors qu'elle ne connaissait pas ce nouveau territoire, alors qu'elle avait perdu les seuls éléments stables de son enfance passée à voyager : ses parents.

La pleine lune illuminait le paysage d'une douce lueur argentée, lui donnant un air surréaliste, presque nostalgique, comme si elle voulait aider Lynx à surmonter sa peine. Comme si elle voulait l'aider à accomplir la dernière volontée de son père. Un père qui l'avait quittée pour rejoindre sa mère. Volontairement. Il ne c'était pas jeté d'une falaise, mais son geste restait un suicide. Et cette scène, qu'elle n'était pas censée voir, resterait à tout jamais gravée en elle. Elle, la chatonne de 7 lunes nommée Lynx par les deux êtres les plus chers, sa seule famille connue aujourd'hui dans l'Inconnu, et appelée ainsi par les rares chats avec qui elle avait tissé des liens au court de ce long voyage que constituait sa vie. Voyage qui était d'ailleurs loin d'être terminé. Lynx marchait près de la rivière, le bout de sa queue trempant dans l'eau, elle tentait de vider son esprit de toute pensée, mais elle n'y arrivait pas.

Survivre.

Cela faisait à peine un jour depuis ce terrible moment et déjà, il lui manquait. Même voir sa silhouette décharnée, avec une simple lueur de vie dans le regard, aurait suffit. Mais son père était mort. Après sa mère, il y a une lune. Et ils laissaient là, dans ce vaste monde, leur fille unique, une gamine de 7 lunes qui avait tout perdu. Seul demeurait la dernière volontée de son père, sans laquelle elle se serait laissée mourir depuis longtemps, elle aussi. C'était ce qui la poussait à relever la tête après ces terribles évènement, ou du moins à essayer. Ce qui la soutenait, l'aidait à mettre une patte devant l'autre, sans un bruit, avec la grâce infinie des félins, et celle d'une chatonne triste.

C'est en marchant, en repassant les mêmes idées dans sa tête, et ignorant la douleur et la fatigue dans ses muscles, que Lynx arriva sans s'en rendre compte à portée de vue d'un autre chat. Le vent changea, et à peine l'odeur de l'autre félin avait-elle éffleuré son museau que la solitaire leva brusquement la tête et scruta la nuit, qui n'en était plus vraiment une avec la lune. La lune et sa vision de chat.

- Qui es-tu?

Ele avait une expression triste, mais son ton, bien que nostalgique, était presque calme et normal, si ce n'est qu'il ne convenait pas du tout à une chatonne de son âge, surtout quand on savait qu'elle sourait en permanance autrefois.

Mais son père lui avait dit de survivre, et d'être heureuse. Et son bonheur passait par les autres : prendre de nouveaux appuis pour s'envoler plus haut, toujours plus haut, jusqu'à ce que, un jour, elle atteigne les nuages pour souffler à son père qu'elle avait réussit.

L'autre chatte semblait perdue dans ses pensées avant qu'ele ne l'interpelle. Cela suffit à Lynx pour chasser la tristesse de ses traits. Elle avait, parfois, cette étrange capacité : oublier, mettre de côté, ce qu'elle avait vécu auparavent. Mais cette fois, son passé était trop récent, trop lourd, pour qu'elle reprenne son sourire. Pour ça, il faudrait encore attendre. Son père le lui avait aussi demander : être heureuse. Alors elle le serait. Le plus vite possible.

Au début, le félin, une adulte, eu l'air un peu fatiguée, presque gênée, avant de répondre. Mots qui, d'ailleurs, étonnèrent la solitaire, car cette Poitrail gris - drôle d'idée que d'avoir un nom composé en passant - lui parlait de concets inconnus. Perdue, elle connaissait, ou du moins, elle avait déjà entendu ce mot, mais "guerrière du clan du Vent", pour elle, ça ne voulait pas dire grand chose.

La guerrière en face d'elle sembla reprendre son sérieux et plongea son regard dans le sien. La petite cligna des yeux pour la calmer. Chez les chats, quand on regarde trop longtemps un autre félin dans les yeux, c'est synonyme de menace. Ensuite, la solow' répondit :

- Je m'appelle Lynx. Et non, je ne pense pas être... euh... perdue, come tu dis. Ce monde est si vaste, on ne peut que s'y perdre. Ici, je n'ai aucun repère, mais je suis là volontairement, enfin presque, et donc on ne peut pas vraiment dire que je suis perdue...

La chatonne s'arrêta, sentant les larmes venir. Elle refoula ses émotions, comme elle avait toujours su le faire devant les étrangers rencontrés. mais cette fois, ce qu'elle avai à cacher était bien plus difficile à dissimuler que les autres fois. Finalement, Lynx baissa la tête vers le sol, laissa ensuite son regard courir vers la rivière, puis les arbres, et enfin le ciel et la pleine lune. Elle pris une grande inspiration, baissa à nouveau la tête et regarda à nouveau Poitrail Gris. Elle était calmée. Mais elle ne voulait plus aborder le mot "perdue". Aussi dévia-t-elle sur autre chose.

- Qu'est-ce que ça veut dire "guerrière du clan du Vent"? Le vent n'appartient à personne, non?

Curiosité d'une jeune boule de poils. Comme beaucoup, elle ignore nombre de choses. Elle a déjà croisé, plus ou moins, des groupes de chats, même des "tribus", parfois, elle a vécu parmis eux pendant quelques lunes, une saison, quelques jours, avant de repartir. Mais un "clan", elle ne connaissait pas. Elle ne connaissait pas non plus le concept de "guerrière". Malgré sa grande culture dans certains domaines, il en est d'autre où elle est très ignorante pour une gamine de son âge.

Lynx écouta la guerrière avec attention. mais elle était surprise au fond d'elle, et peut à peut, elle oubliait les horreurs pour reprendre son côté gamine curieuse de tout. Mais la joie d'apprendre n'était pas encore là. Elle était jeune, avait le chic pour changer de sujet en un quart de seconde, mais il ne fallait pas trop lui en demander. Intriguée, elle demanda :

- Mais... on peut être autre chose que guerrier? Et puis c'est normal de savoir chasser et se battre. Sans ça, on ne peut pas vivre, c'est la base de tous chat qui veut vivre. Et puis... d'après ce que tu dis, les clans ont un territoire. Vous ne changez jamais? Ce n'est pas ennuyeux de rester toujours au même endroit? et pourquoi il n'y a qu'une seule tribu qui sait nager? Pourquoi y a-t-il des tentions? Vous n'avez qu'à unir vos territoires!

Oui, Lynx, c'était ça. Une boule de poils curieuse de tout, qui donnait son point de vue à qui voulait l'entendre, et même souvent, ou plutôt toujours, avant qu'on le lui ai demandé. Si elle avait été dans son état normal, elle aurait aussi eu un sourire innocent, et vu le sujet, elle aurait sans doute trépignée, contente d'apprendre de nouvelles choses. Là non. Elle avait les oreilles pointées en avant, signe de l'intérêt qu'elle portait à la conversation, son regard était curieux, éveillé, mais elle avait l'air calme, ni joyeuse, ni malheureuse. Ne plus penser à ça était déjà beaucoup pour elle.

Mais tout de même, certains félins avaient vraiment de drôles d'idées. Et elle, du haut de ses 7 lunes, après avoir rencontré un nombre impressionnant de félin diférents, vu plus de paysages que beaucoup de félins au cours de leur vie, elle n'avait toujours pas compris pourquoi certains s'attachaient à un endroit en particulier et y passaient toute leur vie en dénigrant le vaste monde qui leur tendait les bras. Le seul lieu particulier à ses yeux, c'était celui où ses parents avaient trouver la mort, et encore. Pour elle, cela se résumait à un lieu proche d'une ville. Et le seul effet que ça avait eu sur elle au niveau de sa conception de l'espace, c'est qu'elle ne s'aventurerait plus jamais très d'habitations humaines.

Normalement, Lynx aurait du sourire, au moins, en voyant l'effet qu'avait eu son questionnement sur Poitrail de Lave. mais, voyez-vous, quand vous avez vu il y a moins de 48 heures votre ère vous suicider sous vos yeux en attaquant des bipèdes parce que ces derniers avaient tués sa mèr une lune avant, c'est franchement difficile de sourire. La dernière fois qu'elle avait sourit, c'était... il y a trois jour, avec son père. Ultime moment de bonheur. Et dernier. Après, plus rien. Mais après le suicide de son père, la vie n'avait pas été toute noire pour la solitaire. C'était la pénombre, mais pas la nuit totale qui avait emportée son père. Elle dans cette nuit, elle avait été la présence, celle qui rassure, qui signifi qu'on est pas le seul à souffrir de ce manque de lumière. Cela n'avait pas suffit. Un chat peut se déplacer dans l'obscurité, mais pas y vivre. La mort de la mère de Lynx avait été comme la perte du soleil et de ses moustaches, rendant sa vie impossible. Il était mort de ce manque.

Et à elle, on avait enlevé son coeur.

Elle passa de différentes expression pendant les explications de la guerrière. Cela lui rappelait l'horreur de la lune qui suivit la mort de sa mère, ses assassins et ceux de son père la fin, tellement elle paraissait futile à côté du reste, la calma presque. Essoufflée d'avoir tant parlé si vite, la chatte de clan but quelques gorgées d'eau à la rivière avant de se tourner à nouveau vers la chatonne pour voir sa réaction, attendre une éventuelle prise de parole. Sans ces quelques secondes de "répis", Lynx aurait sans doute explosé. Mais à la place, elle parla avec calme. Un calme effrayant étant donné ses propos.

- Il y a aussi des apprentis? C'est bizarre. On apprend depuis la naissance pourtant. Et c'est bizarre de donner un nom à la période pendnt laquelle on vous apprend à chasser et vous battre si elle ne dure qu'une lune. Enfin, c'est peut-être particulier chez vous, plus court puisque vous êtes en communauté, non?

Là, ses propos étaient encore calmes. Mais par la suite, elle coucha involontairement les oreilles en arrière mais poursuivit de la même voix :

- Comment des chats peuvent-ils quémander de la nourriture auprès des bipèdes? Et pourquoi les bipèdes ne les tuent-ils pas? Pourquoi nourrissent-ils ceux qui viennent leur demander lâchement une bouffe infecte alors qu'ils s'amusent à nous tuer dans la forêt, notre territoire?

Au fur et à mesure qu'elle parlait, on sentait la force venit dans sa voix. Mais pourtant, elle garda cette air calme. Mais son regard, lui, brûlait de haine et de sentiments retenus. Sans ça...

- C'est bizarre que seul certains sachent nager. Par instinct,t ous les chats savent nager. Mais ça doit dépendre des caractères, preil pour les tensions... Par contre, c'est débile de se voler de se battre pour des proies. Pourquoi ne les partagez-vous pas plutôt?

Lynx s'assit et fut alors prise d'une envie soudaine de se passer un coup de langue sur le dos. Elle se retourna et s'executa, comme seul les chats pevent le faire, avant de se tournée à nouveau vers Poitrail Gris, attendant une réponse. Si un félin qu'elle avait déjà vu petite l'avait vue en ce moment, aucun doute qu'il ne l'aurait pas reconnue tant elle avait changée, autant physiquement que moralement. Normalement, elle aurait eu la tête traversée de question, d'interrogations sur les dires de la guerrière tout en émettant des hypothèses sur cette dernière, elle se serait beaucoup plus intéressée à son mode de vie. Si on avait du lui donner un métier humain pour désigner ce qu'elle était au fond de son âme, ça aurait été quelque chose entre géologue et ethnologue. Mais justement, rien ne serait plus jamais normal pour elle.

Le monde dans lequel elle évoluait n'était plus le même.

Lynx ne put que hocher la tête lorsque Poitrail Gris parla des chats domestiques. Comme si des félins qui viennet lécher les pattes des bipèdes pouvaient être autre chose que de parfaits idiots! Ils renonçaient ainsi à leur liberté. Et, comme l'avait dit la guerrière, ils ne sauraient jamais les plaisirs de la vie sauvage. Sauvage, oui, mais libre! On décide, on vie! D'accord, c'est dur, mais c'est tout de même infiniment mieux que d'avoir un tas de nourriture infâmme toujours à disposition.

Mais quand même, elle aurait préféré que son père ne meure pas, et que sa mère soit encore là aujourd'hui...

La solitaire écouta la suite avec attention, et elle ne compris rien de ce que la femelle voulut dire. Comment ça, c'était parce qu'ils faisaient ça depuis le début qu'ils ne pouvaient pas changer? Alors qu'ils éviteraient ainsi des conflits inutiles? Bah, si ça les chante, elle s'en fichait un peu! Sur ce point, elle n'avait pas vraiment changé avant et après l'Accident. Elle aimait bien s'occuper des affaires des autres, donner son avis, mais elle n'était pas du genre à insister. Vouloir fair ele bien, ok, mais si on ne veut pas d'elle, qu'ils se débrouillent! La perte de ses parents n'arrangeait rien à ce côté là de sa personnalité. Mais après ce qu'elle venait de vivre, seul ses meilleurs côtés pouvaient la faire reprendre patte avec la réalité, en plus des dernières paroles de son père. Cependant, elle posa une simple question :

- C'est quoi le clan des Etoiles?

Ca, c'était son côté curieux : pas question de lâcher une affaire sans connaître tout le vocabulaire spécifique! Et ça, même dans la pire des situations, resterait sans doute toujours. Quelque part, c'est rassurant d'avoir une partie de sa personnalité qui reste malgré les épreuves. Sans ces appuis stables sur elle-même, elle n'aurait sans doute pas survécu à ces pertes, ou alors pas de la même manière...