Sujet: Etoile Argentée s'envole vers les étoiles. Sam 14 Nov - 18:56
Patte de Lune « Adieu Maman »
C'était un simple jour de la saison des feuilles mortes, comme tant d'autres. L'humidité habituelle recouvrait de perles de rosée les pousses d'herbes. Le soleil levant envoyait des rayons faiblards sur la terre. Et la brise arrachait les dernière feuilles rouges des arbres. A chaque coup de vent, un nouveau craquement. Celui d'une branche qui ce casse, des feuilles qui s'écaillent. Oui, chaque nouvelle journée n'offrait que du vu et revu. Des événements naturels qui se répétait sans cesse en attendant patiemment que la neige tombe doucement pour mettre fin aux derniers jours pas trop frais. Tout les changements de saisons rendaient les félins perplexe durant environ une semaine, mais devenait vite quelque chose de régulier dont plus personne n'y donner d'attention.
Pourtant, j'étais toujours fascinée par la beauté des saisons. C'était normal, j'étais encore jeune et ignorais encore pas mal de chose. Malgré ma soif d'apprendre, je ne pouvais pas aller plus vite que la lumière. A l'intérieur de la pouponnière, les ronflements des autres petits formaient un bruit doux mais désagréable. Cette nuit là, je n'étais pas sortie à l'improviste, je m'étais couchée et endormie comme tout les autres. C'était donc pour cette raison que j'étais la première réveillée, n'ayant jamais eu besoin de trop d'heure de sommeil pour être en forme. A travers les trous de la tanière, des petits rayons orangés passaient. C'était un orange plutôt pâle, car le nuit n'était pas encore complétement partie. Lasse d'attendre inutilement, je me levai de ma confortable couche. Un instant, je titubai, mais je repris vite mon équilibre grâce à mon agilité. Après m'être étirée les pattes et le dos, je décidai de sortir, slalomant entre les corps endormis de mes camarades.
Dehors, le camp était quasiment désert. Il y avait deux sentinelles à l'entrée, c'est tout. Aucun mouvement ni son, s'en était presque terrifiant. Je m'habituai rapidement à l'obscurité parsemée du petit soleil, puis me dirigeai vers le tas de gibier, dans une solitude pénible. Il n'y avait pas grand chose, je me contentai donc la plus petit pièce que je trouvai, laissant les restes plus gros à ceux qui en avait vraiment besoin. La vie inexistante dans le camp me gênait, je préférais voir les félins s'activer plutôt que ce silence digne d'un cadavre. J'avais l'impression qu'en mâchant ma souris, je faisais un vacarme énorme, pourtant non, je le mangeais avec autant de délicatesse que toujours. Alors que je léchais mes babines pour attraper les petits morceaux qui s'y étaient fourrés, je remarquai enfin un mouvement venant d'une tanière bien spéciale. Étoile Argentée sortait de sa tanière. Aussitôt, je bondi derrière des pousses d'une plante sèche, même si la demi-obscurité ambiante me cachait déjà suffisamment. Sans manger, ma mère salua les gardes puis sorti seule à l'extérieur.
Alors je décidai de la suivre. Sans passer devant les sentinelles, évidemment. Je fis un large détour mais retrouvai la trace de la meneuse sans difficulté. Elle ne cherchait pas à se cacher, elle se promenait seulement, comme je l'avais déjà vu tant de fois s'enfuir ainsi. Je ne savais pourquoi je guettais sa trace, c'était peut être simplement ma curiosité, ou alors mon instinct ? Cette seconde pensé me fit frissonner, et je préférai m'attarder sur la première. Jamais ma mère ne me punirait pour un acte de curiosité, bien que je violai en ce moment même le code du guerrier. Mais ce code ne s'appliquait pas à moi, je n'étais qu'une chatonne après tout ! Satisfaite de m'être donnée raison, je continuais à emprunter le chemin qui portait l'odeur très fraiche de la chef du Clan du Vent. Étoile Argentée s'éloigna plus loin que je ne le pensais. Jamais pendant mes sorties nocturnes je n'étais arrivée aussi loin, en fait je n'en avais jamais eu l'audace. Mais si un problème m'arrivait, ma mère était là, bien qu'elle ne le sache pas vraiment... Ou alors faisait-elle semblant ? Non... En tout cas, les hautes herbes nous dissimulaient toutes les deux, bien que la soleil était en chemin vers le ciel pur. Ma mère s'arrêta un bon moment ici. Là où l'herbe montait tellement haut que même en sautant je n'aurais pas put toucher le bout des tiges. Soudain, Étoile Argentée se tourna. Son regard trahissait la peur qu'elle éprouvait. Il visait le ciel, ce vaste horizon bleu. Mais qu'y avait-il là haut ? Je suivi donc son regard, apercevant un rapace, un aigle surement. Mon poil se hérissa au moment ou un cris retentis, venant de la mâchoire de ma mère.
" NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON ! "
Je ne bougeai plus. Cet hurlement avait brisé mon âme. La crainte, mais la douleur aussi y était mélangé. C'était un cri d'une profondeur inestimable, et je l'entendais encore plusieurs secondes après qu'il se soit tue puis envolé parmi les cieux. Doucement, je m'approchais du corps de ma mère, qui gisait sur le sol. Mes tremblements m'empêchaient une ascension plus rapide. Une fois que j'eus rejoint la chatte qui m'avait donné la vie, je vis le sang qui coulait abondamment, son corps piégé dans des dents de fers. J'étais encore trop jeune pour comprendre ce qui se passait vraiment. Pourtant, à cet instant précis, je compris que la vie n'étais pas que de joie et de lumière. Elle avait aussi son côté sombre et triste, qui venait de me sautait dessus comme l'ombre qui me suit. Certes, j'avais eu l'honneur d'être la fille de la chef, mais sans elle je n'étais rien qu'une petite chatte parmi tant d'autre. Mon intérêt s'envolait, et moi, je resterais là à me fondre dans le décor du Clan du Vent. Même si j'avais hérité du sang du merveilleuse meneuse, ce liquide rouge n'avait aucune importance. Seul les fous pourraient y goutait pour me le voler, mais ce que je venais de perdre avait un ampleur beaucoup plus tragique. Devant ma mère qui mourrait, je ne trouvais pas le courage de prononcer quoi que ce soit, car dans ces moments là, seule l'âme pouvait parler, et la mienne restait muette. Ainsi, j'étais condamnée à observer ma mère souffrir de la perte de ses vies, mais moi, je souffrirais tout le reste de ma vie.
Le temps de penser cela, une de ses vie avait déjà disparut. Mes yeux se remplirent de larmes, tellement que ma vision fut totalement floutée en un rien de temps. De toute façon, que je voie nettement ou pas ce qui se passait, je ressentais tout de même les pleurs de l'âme de ma mère. C'était mon ange ma lumière, je savais ce qui se passait dans sa tête. Elle devait penser à nous, ses enfants. Ensuite à Tige de Bambou, le père de tout mes autres frères et sœurs, un chat que je n'avais jamais apprécié. Puis enfin son Clan. Elle devait se dire qu'elle les abandonnait. Qu'y puis-je si le temps nous vole ce qu'on a de plus cher ? Je ne suis que la victime - comme tant d'autres - de la vie. Pourquoi la mort était la seule issue de la vie ? Pourquoi n'y avait-il pas un autre moyen de mourir ? Je veux dire... J'aimerais tellement que la mort n'existe pas en fait...
Un seconde vie s'en alla du corps de ma mère lorsqu'elle reprit ses convulsions. Mes larmes continuaient à couler, tellement que j'aurais put remplir notre lac s'il avait été desséchée. Pourtant quelque chose vint brouiller ma peine. Des souvenirs. On dit que les souvenirs sont la base de ce que nous sommes maintenant, mais alors qui suis-je ? Des paroles distinctes rebondirent dans ma tête, comme un écho, mais insupportable.
" Maman, pourquoi on me regarde de travers ? - Qui ? - Tout le monde... - Ils sont jaloux de toi, c'est tout ! - Tu es sûre ? Ils n'ont rien à m'envier pourtant...! - Bien sûr que si ! Rappel toi toujours de ça : tu as ce qu'ils n'ont pas. - Comment ça ? - Je suis ta mère. - Qu'est-ce que ça fait ? Tout le monde a une mère ! Et tout le monde a un père. Alors que moi, je n'ai pas de père ! - Tu comprendras plus tard. Et Tige de Bambou est ton père. - Ce N'est Pas Mon Père !! "
J'essayai un instant de comprendre, mais le temps ne jouait pas en ma faveur. Elle avait encore perdu une vie, une troisième vie. Il ne lui en restait quatre seulement, en ajoutant celle qu'elle avait perdu en me mettant au monde. Une haine monta alors en moi, sans savoir pourquoi ni comment. Au lieu de cajoler ma mère qui s'en allait, je commençai à la haïr. Pourquoi ? Peut être parce qu'elle m'abandonnait trop jeune ? Après tout, elle était mon seul lien avec ma vie actuel. Les autres n'étaient que des inconnus qu'on m'avait présenté comme mon Clan. Pourquoi je devrais suivre cette vie si rien ne m'y empêchait ? En fait, Étoile Argentée cherchait seulement à m'isoler de la vrai vie ! Mes sentiments de haines augmentèrent lorsqu'un nouveau souvenir revint au jour.
" Maman, tu resteras toujours avec moi, hein ? - Toujours, je te le promet. "
Menteuse ! MENTEUSE ! Pourquoi me fais-tu ça ? Pourquoi tu m'as menti et tu me laisses seule ? Tu es indigne de ton rang, tu ne le mérites pas. Alors qu'il ne restait que trois vie à ma mère, j'arrivais enfin à lui parler. Un gémissement dans sa gorge m'avait redonné ma voix.
" Hiii... - Maman, pourquoi tu m'abandonnes ? - Je... Ne t'abandonnerais jamais... - Pourquoi tu me mens ? - Quand... T'ai-je... Menti... ? - Depuis que je suis née. - Hiiii ...! "
Puis de nouveau le silence. Elle perdait encore une vie. Bientôt se serait la fin. Bientôt tout ceci ne serait plus que le passé. Je levai la tête en m'apercevant que le soleil avait atteint son zénith. Depuis combien de temps ma mère agonisait-donc ? Le Clan des Étoiles était cruel... Peut-être tentait il de me faire comprendre quelque chose...? Non. Je n'avais jamais été naïve. Pourtant, je me demandais pourquoi ces souvenirs revenaient maintenant. Y avait-il en fait quelque chose à comprendre ? Il ne restait que deux vies à ma mère. C'est alors qu'elle me dit.
Étoile Argentée poussa un gémissement puis le silence. La fin arrivait. Mes yeux me brulaient. Mon choix était difficile. La haine ? L'amour ? Il faut dire que la barrière qui les séparait était tellement mince. Le regard voilé de ma mère redevint bleu, même si l'éclat n'y brillait plus. C'était ma dernière opportunité. Pour, elle parla au lieu de me laisser parler.
" Ma... chérie. Dans quelques... instants je... vais te quitter... - Mais... - Écoute moi...! N'oublie jamais... qui tu es. N'oublie jamais que je serais toujours avec toi... Quoi que tu fasses, je compte sur toi... La haut, parmi nos ancêtres..., n'oublie pas que j'y suis... Patte de Lune... Je portais ce même nom... à ton âge. Tu as aussi mon sang... Tu es unique... Tu es Patte de Lune ! Fais de ta vie... quelque chose de merveilleux... Et n'abandonne jamais... Adieu, je t'aime. Garde ces mots au fond de toi... - Maman je... "
Je regardai, horrifiée, ma mère convulser une dernière fois. Ses yeux, ses magnifiques pupilles d'un bleu pure, se voilèrent de blanc une dernière fois. Son corps se crispa une dernière fois. Ses nasaux expirèrent une dernière fois tandis que son ventre se dégonflait une dernière fois. Elle n'entendrait jamais la fin de ma phrase. Jamais ce dernière "Je t'aime". Mes larmes coulèrent de plus belles. Malgré la haine qui brulait mes veines, je ne pouvais retenir ma peine. C'était normal. Couchée à côté de ma mère, je tremblai. Je devais ressembler à un chaton sans défense. C'était ce que j'étais devenue. J'insultais sans relâche mes ancêtres. Peu m'importait. Ils avaient emporté la seule personne qui ne fallait absolument pas me prendre. Le soleil descendait, pendant que le corps de la défunte devenait de plus en plus froid. Je ne pouvais pas la ramener. J'étais trop faible.
Etoile Enflammée Félin Légendaire
Perso 2 : Clan des Etoiles Perso 3 : Ancien chef du Clan de l'Ombre Nombre de messages : 2834 Age : 30 Puf : Temp'
Spiral'
Sujet: Re: Etoile Argentée s'envole vers les étoiles. Dim 15 Nov - 15:10
[Cool =3 J'prends Perf' parce qu'il est vivant et désespéré ^^]
PERFECTION
« Le début de la fin. Ma fin. »
Perfection marchait. Depuis combien de temps ? Il ne le savait pas. Il marchait et c'était tout. Les yeux dans le vague, l'âme perdue dans son immense chagrin, dans sa peine éternelle. Il marchait. Une patte devant l'autre, on recommence, un pas puis un autre jusqu'à épuisement. Sa fourrure avait perdu de son éclat. L'ocre aux reflets dorés s'était terni de boue, de poussière, de sang séché. Son pelage sale laissait apparaître parfois des plaies béantes, mal cicatrisées. Ses yeux ambrés étaient voilés de blanc, de terreur. Il tremblait. Il marchait. Il pleurait. Il n'était plus rien. Il n'avait plus de but depuis longtemps. Etoile de Minuit était morte depuis longtemps. Et il était mort en même temps qu'elle.
L'azur avait cédé sa place au manteau bleu roi de la nuit. Des points lumineux s'allumèrent lentement dans le ciel et la lune, ronde et majestueuse, venait de se lever. Perfection frissonna. Il leva les yeux du sol, cligna des paupières. Le paysage avait totalement changé depuis sa dernière halte. Il était devenu plus aride, et malgré cela, une herbe haute et drue s'élevait fièrement, seul exemple de verticalité des alentours. Dans un effort incroyable de sa volonté réduite en miettes, il huma la brise fraîche que lui soufflait la nuit. Des milliers de sensations le submergèrent et il retrouva le goût de la Vie. Piquant et subtile, frais et puissant, intense et éphémère. Il se surprit à sourire. Revenant à la réalité après des semaines de errance médiocre, son estomac gronda furieusement. A tel point que le chat sable sursauta et s'effondra dans la prairie. Ses muscles avaient fondu, ses forces s'étaient épuisées. Le mâle ocre s'octroya quelques heures de sommeil puis se mit en chasse. Il débusqua un terrier et , trop affamé pour attendre, entreprit de le démolir à grands coups de pattes. En moins d'une minute, il attrapa et dévora d'un seul et même geste la famille de mulots qui tentaient d'échapper au massacre. Repus, il se leva et soupira. Il dormit comme une masse sans se douter qu'il était en territoire ennemi.
Trois heures plus tard, Perfection se réveilla. Il faisait encore nuit en Novembre et il en profita pour contempler les étoiles. Était-elle là-haut ? Un rossignol offrit ses trilles à l'obscurité quelques minutes. Le silence retomba. Plus lourd, plus dense. Anormal. Pourquoi ne l'avait-il pas remarqué plus tôt ?
Le matou écouta. Longuement. Une respiration. Rapide. Un chaton ? Il s'approcha en silence. Aucune des feuilles sèches sous ses pattes ne craqua. Sa vision nocturne s'intensifia, les pupilles dilatées entièrement. A présent, il en était sûr : un chaton près d'un corps puant la mort se trouvait à quatre longueurs de queue devant lui. Prudent, il s'avança et observa la scène. Stupéfait, il trahit sa présence volontairement et attendit que le petit vienne à sa rencontre.
*Où t'ai-je déjà vu, toi ? *
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