Un chaton bien étrange [PV KIA]

Chaleur étouffante de la pouponnière. Je n'en peux plus. Je me lève, sors. Soleil froid. Je cligne des yeux. Rayons chauffent ma fourrure. Je ferme les yeux. Marche, quelque pas. Ouvre les yeux avant de tomber. Marche. Traverse le camps. Petit chaton sans pouvoir. Petit chaton qui part en ballade. Petit chaton qui s'échappe de cette vie insignifiante. Peu importe. Je ne suis qu'un chat. Un mortel. Naître, vivre, mourir. Peu importe le reste. Peu importe la vie, peu importe la mort. Je ne suis qu'un chat, oui. Et alors ? Est-ce mal, de savoir que l'on mourra tous un jour ? Pourquoi voit-on toujours la mort comme un malheur, une horreur ? Peu importe, n'est-ce pas ?

- Hey, Petit Cosmique, tu veux manger avec moi ? J'ai à te parler de certaines choses. A propos de ton futur mentor.

C'est qui, lui, je ne le connais pas. Ne pas parler au inconnus. Phrase typique des mères. Phrase insignifiante qui peut s'avérer utile, quelque fois. Je ne m'arrête pas. Aucune expression. Pas un mouvement. La neutralité totale. Je suis comme ça, oui. Et alors ? Je n'ai pas le droit ? Peu importe. Naître, vivre, mourir. Je continue de marcher. Énerver l'autre ? Peu importe, je m'en fiche. Ce n'est qu'un chat, un mortel. Simplement fait de chaire et d'os. Insignifiant. Peu importe. Je m'en fiche. Naître, vivre mourir. N'est-ce pas ?

Petit Cosmique

Je marche encore. Sa voix me stoppe. M'arrête. Presque. Mon corps continue d'avancer. Ma pensée reste là. Je l'écoute. Peu importe. Il me parle, me dit. Sa voix est claire. Je n'est rien à faire. Pourquoi pas, après tout ? Peu importe. Naître, vivre, mourir. C'est tout.

- Tu sais, Petit Cosmique, tu ne me connais peux-être pas, mais moi je te connais. Je souhaiterais mieux te connaitre, je lis en toi une grande sagesse. Je souhaiterais que tu me fasse part de tes pensées, si complexes soient-elles. Tu acceptes ?

"Une grande sagesse". Tient donc. Je m'arrête. Pourquoi a-t-il dit ça ? Quel est son mérite de faire des compliments à un simple chaton ? Quel est son mérite de intéresser à un simple chaton ? Peu importe. Je me retourne et marche dans sa direction. Pas un sourire, pas un soupire. Le néant. Aucune expression. Jamais. Neutralité totale. J'avance. Plutôt lentement. Me plante devant lui. Et attends. Je le fixe. Je ne bouge pas. Le vent fait voler quelques feuilles derrière moi. Je ne frémis pas. Un statue de chaire.
Naître, vivre, mourir, n'est-ce pas ? Est-ce possible quand on n'est qu'un mortel ? La vie s'acharne-t-elle à nous sortir de notre chemin ? Faut-il vraiment croire pour vivre ? Faut-il vraiment penser pour mourir ? Peu importe. Je suis un chat, un chaton. Un simple mortel. Naître vivre mourir. Tout ce que nous pouvons faire, c'est attendre que la mort vienne nous chercher, n'est-ce pas ? Peu importe. Naître, vivre, mourir. Je me fiche bien du reste. Simple chaton-statue fait de chaire.

Petit Cosmique

- Petit Cosmique, tu es impressionnant, je sens que mon niveau de réflexion est bien loin d'égaler le tien. Je pense, non, j'en suis sur. Tu pourrais m'apprendre a réfléchir et moi je m'engage de faire de toi
un guerrier.

Le néant. C'est bien simple. Ces paroles ne m'inspirent que le néant. Où est son mérite ? Je tourne les yeux vers le ciel. Impossible. Comment un guerrier peut-il s'intéresser à un chaton, voyons. Un chaton est bien trop insignifiant pour un guerrier, c'est évidant.

- Un chaton est bien trop insignifiant pour un guerrier, c'est évidant.

J'avais ironisé. Suivant le fil de mes pensées. Mon ton reste cependant neutre. Mes yeux n'avaient pas quitté le ciel. Je regarde souvent le ciel. Comme si mes yeux était naturellement attiré par cette voute céleste. Comme si le fait que je sois "tombé du ciel" me liait à jamais au ciel. Qu'il soit bleu, gris ou noir. Peu importe. Naître, vivre, mourir. N'est-ce pas ?

Petit Cosmique

Il parle, encore et encore. De longues phrases. Très longues. J'écoute, je ne peux rien faire d'autre.

- Oui, si tu le vois comme ça. Mais il est important que tu saches que "chaton" est un nom désignant les félins dans la pouponnière. Moi je ne te vois pas en petit "chaton" piaillant corps et âme pour avoir sa tétée. Je te vois comme un chat unique. Tu ne fais pas partie d'une classe sociale. Tu es toi, personne ne se rapproche de ta personnalité. Je suis sur que tu me comprends.

Beau ciel tout de bleu. Quelques oiseaux s'envolent, libres. Deux ou trois nuages, par-ci, par-là. Toujours fixé dans le ciel. Pas la tête dans les nuages pour autant. Je ne suis qu'un chat. Impossible de toucher "là-haut". Peu importe. Ce n'est pas bien grave, à vrai dire. Sans bouger d'un seul poil. Je dis. Neutre, comme d'habitude. Rien. Aucun ressenti. Je parle. Comme si ce que je disais n'avais pas d'importance. Peut-être que ça n'a aucune importance. Je m'en sais rien. Peu importe. Naître, vivre, mourir. C'est tout.

- A vrai dire, je m'en fiche.

Le ton est plutôt léger. Je dis ça comme on dirait "je vais bien". D'un ton neutre. Sans tristesse, ni colère, ni amusement. Tout simplement rien. En fait, c'est vrai que je m'en fiche. Ce que les autres pensent de moi ne m'intéresse pas. Peu importe. Après tout.

Petit Cosmique

Le chat se lève. Il parait réfléchir tout en se faisant une toilette ultra rapide. Je ne bouge pas. Pourquoi bouger ? Peu importe. J'attends. Ou pas. Je ne sais pas. Je m'en fiche. Le ciel bleu, pur. Je suis transporté. Peu importe. Naître, vivre mourir. N'est-ce pas ?

-Très bien, alors je vais te laisser. Je pense qu'il serait inutile de te le redemander.... alors je m'en vais. Je te souhaite bien du courage.

Pensée coupées. Je ne bouge toujours pas. Totalement neutre. J'entends le mâle s'en aller. Je crois que je l'ai un peu énervé. Peu importe, il repart joyeusement. Clignant des yeux sous le soleil, je ne bouge toujours pas. Et moi ? Qu'est ce que je suis ? Est-ce que je suis triste ? Est-ce que je suis joyeux ? Peu importe. Naître, vivre, mourir. C'est tout.
Toujours aussi neutre, sans bouger, je dis.

- Au revoir.

[Fin ?]

Petit Cosmique

Le matou se retourne. Il déclare calmement. Avec un air sérieux. Sincère. Peu importe. Les yeux fixé dans le ciel, j'écoute. Qu'est-ce que je peux faire d'autre, de tout façon ?

- Tu sais quoi, jeune félin ? J'ai failli abandonner. Tu m'impressionnes je ferais de toi mon apprenti mais aussi mon mentor. Oui, je ne vais pas abandonner, je sais que tu as des capacités de réflexions impressionnantes mais tu peux être un très bon guerrier.

Je ne réponds pas tout de suite. Pourquoi ? Ça n'a pas d'importance. Je bouge. M'étire un instant. Je fais déjà la taille d'un apprenti. Mes muscles sont plus développés que ceux des autres chatons. Je cligne des yeux tout en prenant de grandes inspirations. Pourquoi ce chat s'intéresse-t-il autant à moi ? Je ne suis pas exceptionnel. Je ne suis qu'un simple chaton. Plus grand que les autres, peut-être. Et alors ? Depuis quand se fit-on à la taille ? Peu importe. Cela ne sert à rien de se poser des questions. Qui y répondra ? Personne, surement. Ce n'est pas important. Je rouvre les yeux. Le guerrier est toujours là. Après tout, ça serait idiot de dire "je n'abandonnerais pas" et de partir juste après. Peu importe.

- Naître, vivre, mourir. Peu importe le reste. Un simple chaton. Je ne suis qu'un simple chaton. Pourquoi s'intéresser à moi ? Je ne suis pas libre de choisir mon destin.

J'ai parlé presque sans m'en rendre compte. Je n'ai pas bougé. Mon ton ? Toujours aussi neutre. Pourquoi est-ce que ça changerait ? Peu importe. J'ai parlé. J'ai dit ce que je pensais.

Petit Cosmique

Le guerrier répondit directement. Peut-être surpris par une réponse aussi longue. Je ne sais pas. Peu importe, après tout. Je dois me contenter d'écouter ce qu'il me dit.

- Naître, vivre, mourir, oui, on peut appeler ça un cercle vicieux. Mais naître vivre et mourir, n'est-ce pas là un don que nous avons la chance d'avoir ? Nous naissons pour vivre mais a quoi cela sert-il d'attendre la mort ? Nous ne vivons pas pour mourir. Même si tu ne façonnes pas ton destin, tu peux essayer de le transformer. Pourquoi s'intéresser a toi, dis-tu, mais tout simplement car toi, Petit Cosmique, tu as eu la chance de naitre et, actuellement, tu dois vivre et non attendre la mort. Profiter de chaque instant voila ce que je veux t'apprendre en tant que mentor.

Il dit ça d'un seul trait. Il me regarde. Fixement. Peut-être cherche-t-il a savoir ce que je pense. Et bien c'est simple. Rien. Je ne ressens rien. Un vide total dans mon cœur. Une sorte d'indifférence au monde qui m'entoure. Pourquoi devrais-je décider ? Pourquoi devrais-je imposer mon jugement ? Pourquoi devrais-je vivre, tout simplement ? Tout cela est peut-être inutile. Mon jugement, n'est-ce pas ? Pourquoi devrais-je avoir un jugement ? A quoi cela me servirait-il ?

- Pourquoi devrais-je avoir un jugement ?

C'est une question rhétorique. Je n'attends aucune réponse. Le ciel toujours collé à mes yeux. Depuis combien de temps n'ai-je pas dormi ? Trois jours ? Quatre jours ? Peut-être cinq ? Peu importe. Le nuit est belle. Plus silencieuse. Plus calme. Plus déserte, aussi. Seul ou accompagné, la solitude ne me pose aucun problème. Peu importe, ce n'est pas important. N'est-ce pas ?