Rencontre- Quand l'ombre est à côté de nous... [pv Le Vador]

Plus tôt dans la matinée.

Une sombre masse informe git au milieu d'un champ doré. Deux oreilles frémissent. Une gueule s'ouvre. Du sang en coule. Le félin se relève, titube. Ses pattes n'arrivent plus à soutenir son vieux corps.
 
Une fois relevée avec peine, la bête est confuse, haletante. La faim lui tenaille l'estomac. Elle cherche alors avec difficulté une source d'eau, d'ombre, qui lui épargnerait de rester sous ce soleil éclatant.  
  Le chat se faufile entre les épis illuminés avec difficulté, avec en tête des arbres, de la verdure et de l'ombre.
  C'est maintenant le crépuscule, et du répit est donné au malheureux félin. Après une après midi de marche, après une courte distance, les feuillages bruissent. Une forêt.
   Dans cette forêt, une vieille bâtisse de pierre rongée par l'humidité. Le chat approche, la fraicheur de l'endroit adoucit sa peau calcinée par la chaleur.
  Le corps noir de l'animal tombe lourdement sur le sol, exténué, il reprend des forces.
 
  La lumière de l'aube gène ses yeux fatigués et meurtris. Un ruisseau non loin de la bâtisse lui permet de se désaltérer.  Le félin alors revigoré entreprend alors une chasse. Ses pattes craquent sur le sol délabré de la masure. Les marches de bois pourries par des vers se décomposent sous ses pas. A l'étage, le plafond est bas, et les fissures abritent de nombreux petits rongeurs.

Un craquement. Le chat, pétrifié, n'émet aucun son. Ne bouge plus. Ses faibles yeux distinguent une silhouette d'une couleur vive. Un congénère ?
L'animal s'approche du félin blessé.

L'animal était devant lui, stoïque. La bête blessée et le félin inconnu se fixèrent alors. Les grands yeux verts se confrontaient à un océan de cuivre.
 Le mâle noir, pourtant plus gros que son congénère, était empli d'un sentiment étrange. Son état actuel ne pouvait lui permettre d'avoir peur, ou d'être en pleine confiance.

 Le chat au pelage doré lui demanda son nom. Il voulu alors se confier, conter son histoire pour ne pas être vu comme un ennemi. Mais aucun son ne sorti de sa gueule. Aucun. Aucun miaulement. Aucun gémissement.
 L'inconnu réitéra donc sa question, maintenant avec une pointe d'agressivité. Toujours rien. Dans ses yeux ne pouvaient se lire la panique à laquelle il était confronté. Il restait là, immobile, devant un étranger menaçant qui ne pouvait le comprendre. Mais il restait droit.
 
 Une idée lui parvint. Ce chat noir était maintenant un félin blessé, affreux, terrifiant même. Il soutenu son regard, et avec un air menaçant, il commença à respirer de plus en plus fort. Et avec force et frénésie, il s'élança vers l'escalier et courut à en perdre haleine, sans jeter un regard sur le chat inconnu qu'il venait d'effrayer sans raison.
 La vieille demeure de bipède lui était maintenant à peine visible à travers la forêt, et le numéro qui surplombait la porte d'entrée détruite s'effritait encore. Quatre, cinq, sept, sept.