Seul, dans l'obscurité. Je sais que ces conditions sont idéales pour les idées noires et autres pensées déprimantes. Pourtant, je ne fais rien pour m'empêcher de réfléchir, alors que je suis moi même dans ce cas. J'ai chaud, j'ai mal. Je ne peux que maudire ce stupide sommeil qui semble ne plus vouloir de moi. J'ai comme l'impression que cette nuit va être longue. Très longue.
Ferme les yeux, ouvre ton cœur.
Sursaut. Réveil brutal. J'ouvre les yeux. Toute cette douleur qui m’oppressait a disparu. Je me sens bien, au fond. Peut être même un peu trop. Je regarde autour de moi. Le pensionnat est désert. Mais ce n'est pas tout ; malgré le temps magnifique et le soleil radieux qui illuminait la pièce, tout me semblait fade, morne. Comme si le monde avait perdu l'intensité et la vivacité de ces couleurs. L'aspect morbide donné par cet ensemble me donne des frissons.
Tout autour de moi me semble irréel. J'ai l'impression de rêver. Un regard pas la fenêtre confirme cette pensée ; La cour habituellement si agitée, si pleine de vie, paraît maintenant abandonnée.
J'aime les rêves. Heureusement, que je les aime. Ils me laissent quelques heures de répit. Ils me permettent de m'échapper quelque peu de la réalité. Et même si des fois, - comme maintenant, par ailleurs - ils semblent très réalistes, ils ont au moins le mérite de me libérer mon cœur et mon corps du lourd fardeaux qu'est la douleur.
Je m'habille machinalement, et ajuste quelque peu mon lit, juste de quoi le rendre présentable. Ceci fait, je m'empare de mon sac et me dirige vers le réfectoire, non sans profiter du calme des couloirs déserts.
Je ralentis le pas à quelques mètres de l'entrée de la cantine, tout en ricanant silencieusement ; l'habituelle et interminable file d'attente semble ne pas exister, dans le monde des songes. Et ceci n'est pas une mauvaise chose. Néanmoins, tout ceci me donne la boule au ventre. Quelque chose ne va pas. Je le sais, je le sens. Et être suivi du regard par la majorité des élèves présents ne va pas sans accentuer mon stress.