Orange Come Back

Le tableau de l'épouvante

Il n'y avait pas un bruit. Le cimetière dans lequel je me trouvais était d'un calme absolu. Pourquoi j'étais dans un cimetière ? Je l'ignorais. Je distinguais au loin, derrière les tombes, un château. Il n'avait rien de spécial, mais mes pas se dirigeaient machinalement vers lui. Je me laissa faire. Pourquoi me débattre ? Pourquoi m'étais-je retrouvé dans un cimetière ? Peut-être que je rêvais... Oui, il n'y avait pas d'autres explications logiques. Je n'avais pas peur, je savais que j'étais certainement en train de rêver. Malgré tout, je ressentais un certain frisson me parcourir le corps. La porte du château devant moi, je la poussa. De grands couloirs, une grande salle à manger près du salon... c'était un château tout à fait banal. Tout était sombre et silencieux. Tout à coup, au détour d'un couloir, j'aperçus quelqu'un. Je poussa un petit cri de surprise. Un homme était là. Il me regardait. Ses yeux étaient d'un rouge sang et ses habits arborait des couleurs sinistres. Mais je trembla lorsque je vis deux dents pointues essayant de me menacer. Un vampire ! Ce dernière disparut dans une trainée de poussière qui vint jusqu'à moi. L'espèce de poudre en question reprit la forme initiale du vampire et, sans que je puisse crier garde, il me mordit à la nuque. Je ferma les yeux.


- "Hermine, réveille-toi ! On va arriver !"
Je rouvris les yeux. Tony, mon grand frère âgé d'un an de plus que moi, me secouait dans tous les sens. Je me frotta les yeux. J'avais eu raison, c'était juste un cauchemars. Mes parents, mon frère et moi avions décidé de partir en vacances hors de la France et de voyager aux Carpates. Ma mère m'avait annoncé qu'une visite guidée dans le château de la région était disponible, après plusieurs mois de reconstruction, pour fêter Halloween. Après tout, on était au pays de Dracula, non ? Alors quoi de mieux que de fêter Halloween ici ? Je ne savais pas si je devais être enthousiaste à l'idée de visiter un château, en réalité. D'habitude, ce sont des monuments dont je n'ai jamais entendue parler et dont on ne parlera jamais. Mais à ce qu'il paraît, la visite allait être plus amusante en vue du personnel qui s'était prêté au jeu. J'avais donc hâte d'évaluer leur niveau à me faire peur.

Nous prenions quatre places au guichet et, sans plus attendre, on suivit le guide et un autre groupe de touriste. C'est là que je pus voir le château dans son ensemble. En premier plan, un pont levis, et, de part et d'autres sur les côtés, des tours de pierres. Autour du château, les douves. Deux donjons se trouvaient à l'intérieur, au fond de la grande cour où étaient installés autrefois un petit village, d'après le guide, qui traduisait en français. Plusieurs petites fenêtres se trouvait un peu partout, "de sorte à ce que les chevaliers puissent tirer avec leur carabine" comme répétait inlassablement ma mère pour mon frère qui peinait un peu à écouter de temps à autre. Plusieurs petits créneaux reliaient les tours entres elles.
Le groupe passa une grande porte. Je fus frappé de constater qu'elle avait la même aspect que celle dans mon rêve. Une fois à l'intérieur, je vis deux gardes sur les côtés de la grande porte. Ils portaient tous deux des uniformes de chevaliers de l'ancienne époque. La visite se poursuivit lorsqu'on visita les différentes pièces. Les femmes de ménages portaient toutes un teint pâle, des vêtements sombres qui partaient un peu en lambeaux, des cheveux quelques peu emmêlés et des traces rouges. Le personnel exécutait les tâches ménagères habituelles mais leurs regards vides et fuyants plongeaient vraiment les visiteurs dans l'ambiance. Je trouvais cela plutôt réussis.
Mais plus je visitais ce qui avait l'air d'un manoir, plus je fus mêlée d'angoisse. Des frissons me parcouraient le corps et j'eus l'impression qu'un vent glacé s'enveloppait autour de moi. Je me souvins alors des visions de mon rêve. Ce château était mon cauchemars, et je sentais que quelque chose allait se passer. Je m'éloigna de ma famille en même temps que le reste du groupe et partis visiter les couloirs du château, seule. Je passa devant une pièce. Je m'arrêta dedans et la regarda. Une femme, au teint pâle comme les autres, se trouvait au centre et faisait des allers-retours. Je m'approcha d'elle. Puis, tout à coup, elle m'attrapa le bras. Je me débattit et réussit à sortir de son étreinte en poussant un petit cri effrayant. Je n'avais pas pour habitude d'être peureuse. Mais les effets semblaient si réalistes... Venait ensuite s'ajouter mon cauchemars qui ne cessait de me hanter depuis que j'étais arriver ici.

Je courais pour chercher une sortie. Les battements de mon cœur, mon souffle haletant et les images de mon rêve me stressais d'avantage. Ce château était si grand ! Je n'en trouvais pas le bout. J'étais perdue. Essoufflée de ma course poursuite dans le seul but de sortir de cet endroit, je m'allongea sur une chaise qui se trouvait pas hasard dans le couloir.
Je sursauta. La chaise était d'une telle froideur ! Elle était entourée de toiles d'araignées. Fausses bien sûr, mais réalistes. Je me m'assis, puis soupira. Moi qui d'ordinaire, regardait les filmes d'horreur avec un certain calme inhabituel, je recommençais de plus en plus à avoir peur de cet endroit.

Le calme revint. Puis, j'entendis un bruit. Un murmure. Une sorte de voix qui me fit froid dans le dos. La voix venait d'un autre couloir, jusqu'à inconnu pour moi. Je me leva, comme envoûtée par cette voix. Je contempla ensuite les tapisseries sur le mur. Sombres, évidemment, comme le reste. D'un noir profond et simple. Quelques tâches grises et... du sang.
Je posa délicatement ma main sur le mur et parcourut le couloir en effleurant la tapisserie du bout de mes doigts. Un silence pesant s'était installé. Malgré mon cerveau qui me disait de fuir, je m'arrêta devant une peinture particulière.
Horreur fut le premier mot qui pourrait le définir. On aurait vraiment dit un vrai. Il y avait un homme dessus. Je recula, effrayé. Le même que celui de mon rêve ! J'écarquillai les yeux, me cogna la tête contre le mur, fit les cent pas et constata que j'étais bien dans la réalité.
Je fus troublé. Ses cheveux noirs étaient plaqué en arrière sur sa tête, il avait un manteau rouge sang qui formait un col en dentelles sombres, son visage était pâle, aussi blanche que la lune nocturne elle-même. Ses yeux noirs semblait me fixer. Il affichait un regard neutre, ses deux dents pointues blanches de chaque côté de sa bouche aux lèvres mauves, comme l'ont habituellement tous les vampires de ma connaissance. Malgré qu'il me faisait froid dans le dos, j'hésitai longtemps avant de poser mes doigts sur le tableau. La peinture était d'une telle froideur...

Mais au moment où mes doigts effleurèrent le tableau, je fus projeté en arrière. Collée contre le mur, ma gorge était entouré de deux mains blanches glacées. Je ne pouvais presque plus respirer. Le vampire de la toile était sortit par enchantement du tableau. Je me disais que j'étais surement en train de rêver. Mais cela paraissait tellement réel... Lorsque je voulus appeler à l'aide, je ne pu sortir aucun son. Le vampire me posa à terre, desserra son étreinte autour de mon cou et me prit par les épaules. Son regard me glaçait le sang. Je tremblais, je ne savais pas quoi faire. J'essayai de me défaire de ce cauchemars mais je n'y arrivais pas.
Puis, je ferma les yeux. Le vampire pencha légèrement ma tête sur le côté et planta ses deux dents pointus dans ma gorge. Je sentis que ma fin était proche. Enfin, je m’écroulai par terre. Je ne savais pas si j'étais morte ou simplement inconsciente. Et là, une voix.

- "Hermine ! HERMINE !!"
Je me réveilla en sursaut. Je m'étira. De la sueur perlait mon front. Qu'est-ce qui s'était passé ? Le vampire, il... J'avais rêvé, une fois de plus ? Oui, je venais de faire un nouveau cauchemars. En ce moment, mon sommeil était de plus en plus troublé.. Mais j'espérais que cela s'arrêterait définitivement, maintenant. Je m'étais tout simplement endormis sur une chaise peu confortable.
- Qu'est-ce qu'il y a ? dis-je, comme si il ne s'était rien passé.
- "On s'en va, tu viens ? Ou tu préfère vieillir sur place ?"
Je me moqua de sa remarque et le suivit vers la sortie. Il avait autant envie que moi de s'en aller d'ici. Je passa une main sur ma gorge, sentant encore l'étreinte douloureuse. J'avais vraiment eut l'impression que mes illusions avaient été une réalité. Je pris la voiture avec mes parents et on partis. De retour à l'hôtel, il faisait déjà presque nuit. Le lendemain, lorsque je me réveillais d'un sommeil sans rêve, je regarda une nouvelle fois mon cou. Étais- je devenue paranoïaque ? Il y avait de quoi, après tout ce qui m'étais arrivé. Mon frère regardait la télé, braqué sur les nouvelles du jour. Bizarre, puisque d'ordinaire, ça ne l'intéresse pas.
- "Tu es réveillé ? Viens voir ce qu'il y a aux infos. Ça s'est passé hier, là où on était..."
Il y a à peine quelques secondes, j'avais encore mon air endormis. Mais maintenant, j'étais bien réveillé. Je m'assis sur le canapé près de mon frère. Je ne retenais pas tout ce que la présentatrice disait, mais elle parlait d'un certain tableau devenu "vide". Le personnel du château affirmait que la veille, un incident étrange s'était produit. Sur l'écran de la télévision, on vit la peinture où j'avais vue le vampire de mon cauchemars. Mais à la place, il y avait juste le fond, sans personne dessus. On aurait dit que l'homme s'était volatilisé. Puis, les caméramans firent un gros plan sur le mur, et je me crispa.
Sur le mur, écrit avec du sang, on pouvait y lire un message :
"Je reviendrai te chercher."
J’éteignis la télé brusquement. Tony me regarda en protestant. Je balança la télécommande, haussa les épaules, et descendit pour aller prendre mon petit-déjeuner.

THE END.