Je suis là si je veut, et tu ne m'en empêchera pas. [PV Plume ] FINIT.

En cette nuit automnale, on pouvait voir la lune flotter entre des lambeaux de nuages. L'air était glacé, et humide. Une fine pluie avait trempée la forêt dans toute son intégralité. Accrochés au branches des arbres, les gouttes d'eau ne bougeaient pas plus que des pierres. Le silence régnait en maître absolu ; le moindre bruit était étouffé par le chant de la brise. Mais soudain, un bruissement. Des feuilles mortes qui craquant sous des pas. Un chat qui avançait furtivement entre les troncs. Des paires d'yeux bleus myosotis fixait l'obscurité. A mesure que l'animal progressait, la forêt se faisait moins dense et un fort relent félin apparaissait. L'odeur du Clan de l'Ombre. La silhouette qui se découpait dans le noir de la nuit était crème, aux extrémités grises cendrées. Nuage de Sauge. Elle s'arrêta un instant, et huma l'air. Elle s'approchait de plus en plus de la frontière de leurs ennemis. Pourtant, elle continua. La terre battue, devenue boue à cause de la récente pluie, commençait à prendre le dessus face au feuilles mortes. Les beaux arbres du Clan du Tonnerre disparaissait, laissant place à une pinède. Sauge accéléra, les yeux rivés devant elle. Elle traversa la frontière d'un trait, pour déboucher peu de temps après sur une pente raide, couverte de rocs. En plissant les paupières, elle pu apercevoir une sorte d'entrée sur une grotte, au fond. Cette fois, elle hésita. La réputation de ce lieu était lugubre. Des morts, des chats errants dans ces souterrains sans fin. Perdus. Pourquoi Sauge venait-elle ici ? Aucunes raisons particulières. Prudemment, elle commença à descendre la pente, sautillant sur des pierres, les griffes fermement plantés dans la bourbe. C'est alors qu'elle sentit une odeur beaucoup plus forte que le territoire du Clan de l'Ombre. Celle d'un guerrier ennemi lui même.

Sauge tourna alors la tête, étonnée. Elle ne s'attendait pas à une visite. La silhouette de son ennemie se découpait dans l'ombre, et l'on pouvait son pelage se hérisser. Un sourire agréablement surpris sur les lèvres, l'apprentie crème se dit qu'un petit combat serait l'occasion parfaite pour se dégourdir les pattes. La guerrière ennemie s'avança d'une démarche souple.

- Que fais tu ici ? Tu es en territoire de l'Ombre, et tu n'as rien à faire là.

Sauge fut déçue. Le ton de la guerrière était calme, et, visiblement, celle-ci n'allait pas la chasser sans un peu d'aide. Un ronron amusée s'échappa de sa gorge.

- Oui, je sais, j'étais juste venue faire une petite balade. Oh, et à ce propos, je n'ai pas l'intention de partir maintenant.

Elle avait parlé d'un ton détaché et tout à fait détendu, assez provocateur. Son interlocutrice grogna. Sauge se lécha la patte d'un air pensif.

- Tu comptes me ramener chez moi par la peau du cou ? J'aimerai bien voir ça.

• Profondément choquée, Plume d'Amour réprima un soupir. L'apprentie avait du cran, et n'allait pas se laisser marcher sur les pattes par une guerrière ennemie. Les bonnes résolutions de la guerrière grise s'étaient immédiatement évanouies au ton arrogant de la jeune chatte crème.
  
  Remarquant que la guerrière ne réagissait pas à ses menaces, la plus jeune des deux rivales commença à s'énerver. Sentant la tension monter entres elles, la guerrière tenta de calmer le jeu. Elle ne voulait pas se battre aujourd'hui. Pourtant, elle sentait qu'elle n'aurait pas le choix. Maîtrisant sa voix du mieux qu'elle pouvait, elle lança à l'imprudente :

- Je ne veux pas te faire de mal pour rien. Mais si tu ne pars pas maintenant, nous serons obligées de nous battre.

Pff !

Sauge leva les yeux au ciel. Elle n'espérait pas autant de sa fugue nocturne. Elle décida de ne pas bouger son arrière train du sol jusqu'à ce que la bagarre éclate. Car l'apprentie crème comptait bien pousser la guerrière à bout.

- Tient donc ! Je te l'ai dit ; je ne compte pas m'en aller tout de suite.

Elle planta un regard dédaigneux et parfaitement à l'aise dans celui de son ennemie. Celle-ci semblait à deux griffes de feuler. Sauge en profita pour déclarer avec nonchalance :

- Après tout, les guerriers du Clan de l'Ombre sont moins fort que ceux du Tonnerre, non ?

L'apprentie n'avait pas peur. Même en sachant que la guerrière avait beaucoup plus d'expérience qu'elle.

• Il n'était plus question pour Plume d'amour de garder son calme. L'apprentie avait dépassé les bornes, et elle le savait pertinemment. Sentant la fourrure de son dos se hérisser, sa queue doubler de volume, la guerrière savait qu'il n'était plus possible de reculer. Elles allaient se battre, et l'une de deux pourrait le payer de sa vie. La chatte crème devait le savoir aussi.
  
  Ses yeux lançant des éclairs, la guerrière ardoise feula :

• La rage qui l'emplissait était telle que ses longes griffes labouraient le sol humide, et que ses yeux étaient si foncés qu'on aurait cru qu'un orage se déroulait à l'intérieur.

Un sourire narquois se dessinait sur son visage. Sauge observa la réaction de la guerrière. L'intéressée donnait l'impression de s'étouffer de rage. Son pelage avait doublé de volume, et un grognement colérique lui échappa. Elle feula :

- Dégage d'ici ou je t'arrache la fourrure !

Ses pattes raclaient la terre boueuse du sol. Son expression étranglé s'était transformée en désir de lui flanquer une bonne correction. Le sourire amusé de Sauge était encore là. Les muscles près à esquiver si nécessaire, elle bailla avec exagération.

- Enfin une réaction ! Je t'ai sous estimée. Mais je ne changerai pas d'avis. A moins que tu ne me montres ce que tu sais faire.

Cette fois ci, l'apprentie rigola franchement. Pas un ricanement débile comme elle en faisait parfois. Mais comme si quelqu'un venait de lui sortir une bonne blague. Elle referma rapidement la bouche, consciente que c'était la goutte d'eau. Un hurlement rageur confirma ses doutes.

• Sur ces mots, l'apprenti rigola franchement. Plume d'Amour l'en apprécia encore moins. Sa rage ne fit que doubler, elle ne se contrôlait plus. Comment osait-elle se comporter ainsi devant une guerrière ennemie ?
  
  Un hurlement comme enragé sortit des tréfonds de sa gorge. La chatte crème allait comprendre qu'elle n'aurait jamais dû la provoquer de la sorte. Jamais.
  
  Bandant ses muscles puissants, la chatte ardoise se prépara à l'attaque. L'apprentie s'était elle aussi raidie. Un dernier grognement mis la plus jeune en garde, mais elle ne l'entendit pas.
  Plume d'amour bondit.

Sauge vit le coup arrivé. Elle esquiva juste à temps, et pu voir son adversaire s'écraser à deux centimètres de sa longue queue cendrée. Une nouvelle crise de rire la pris. Hilare, elle ne vit cette fois pas le coup venir. Elle se retrouva soudain plaquée au sol par la guerrière. Tremblante de rage, celle-ci grommela quelque chose comme "Tu vas mourir". Sauge laboura le ventre de la guerrière de ses pattes arrières. Un cri étranglé lui échappa. Pour ça, le ventre était un point sensible. Elle se cabra, libérant l'apprentie crème au passage... qui lui bondit dessus à son tour. Malheureusement, Sauge était trop légère. Sa proie se releva sans mal, et lui lança un regard furibond.

- Pas mal. Mais même mon mentor me donne plus de mal.

La queue haute et souple, la novice arborait un expression confiante et fière d'elle. Elle n'aurait pas dû. Pour la deuxième fois, la guerrière ennemie lui bondit dessus et la plaqua au sol.

• Le ventre ensanglanté, Plume d'Amour réprima une grimace. L'apprentie était douée, rapide, mais très légère. En l'observant de nouveau, elle s'aperçu aussi qu'elle se déconcentrait très vite, et baissait sa garde. La guerrière bondit une nouvelle fois, toutes griffes dehors, un grognement furieux s'échappant de sa gorge.
  
  Atteignant sa cible par surprise, elle la plaqua sans mal au sol. La plus jeune se débattit furieusement, mais pas question pour Plume d'Amour de la lâcher.
  
  Plaquant ses pattes avant contre la torse de la chatte crème, la patte arrière droite bien encrée dans le sol, elle leva celle gantée de blanc, la gauche, pour asséner un coup de griffe dans le ventre de l'autre. Le sang gicla, et sa patte se retrouva gantée de rouge, du sang de sa victime. Nuage se Sauge poussa un hurlement furieux, mais on sentait dans les vibrations de ses cordes vocales qu'elle avait souffert de ce coup de griffe.

Sauge pu sentir le souffle tiède de la guerrière, tout près d'elle, qui lui paraissait brûlant pas cette nuit de glace. L'apprentie se débattit, en vain. Son adversaire avait de la force. Soudain, une douleur lancinante lui perça le ventre, comme des milliers d'épines tranchantes qu'on lui aurait enfoncer dans la chair. Elle sentit aussi une liquide chaud s'immiscer dans son pelage, alors que l'odeur cuivrée du sang lui emplissait les narines. L'apprentie hurla de rage. C'était tout simplement humiliant. Aveuglée par la colère, elle agita les pattes dans tout les sens, se tortillant à qui mieux mieux.Elle se redressa d'un bond. La haine se dessinait sur ses trais, qui arborait un rictus furibond. Dans un nouveau cri, Sauge se jeta sur la guerrière, attaquant au hasard, n'importe comme. Elle sentit sous ses griffes le pelage de son ennemie. Elle les enfonça avec joie jusqu'à obtenir une plainte de souffrance de la part de sa rivale. Pourtant, elle n'avait pas l'avantage. Sa plaie au ventre ne cessait de saigner, déversant un torrent pourpre sur la terre. Sauge se sentait faiblir. Le manque de sommeil en était aussi la cause. Mais tout cela n'étais rien comparé à la douleur. Les griffes de son opposant étaient en effet acérées.

• Une plainte s'échappa de sa gorge lorsque la jeune chatte crème enfonça ses griffes dans son ventre. Elle n'en pouvait plus. Ses poils étaient poisseux de sang, autant du sien que de celui de son adversaire. Son estomac la faisait souffrir, et elle était courbaturée de partout. l'apprentie en était au même stade, essoufflée et se vidant de son sang à même le sol.
  
  Dans un dernier effort, Plume d'Amour s'élança, et percuta de plein fouet son ennemie qui n'avait pas anticipé ce mouvement. Dans un gémissement de douleur, Nuage de Sauge atteignit le sol dans un bruit sourd. La guerrière crut un instant qu'elle l'avait tuée. En la voyant remuer, elle fut soulagée de la voir vivante. La chatte grise n'aimait pas tuer d'autres félins.
  
  Elle lui lança, à bout de forces :

• Elle avait mis le plus d'agressivité dans ces paroles, mais elle savait qu'elle n'aurait pas la force de poursuivre l'autre chatte. Elle tenait à peine sur ses pattes pleines de sang.

Épuisée, Sauge s'arrêta un instant, haletante. Son adversaire n'étais pas en meilleur état, mais elle guérirait plus vite. Le flux de sang qui coulait n'avait que légèrement faibli. L'apprentie crème se doutait qu'il s'agissait d'une artère. Ce combat n'étais pas une si bonne idée, finalement. Sauge refusait de l'admettre, simple question de fierté. Son ennemie avait assez récupérée pour lui sauter dessus. Encore une fois, l'apprentie alla s'écraser un peu plus loin, propulsée par de puissantes pattes musclées. Elle gémit, ne bougeant pas pour autant. Elle était bien, ici. Vautrée dans la boue. Il était facile d'oublier la douleur lorsqu'on est fatigué.

- Tu es contente, maintenant que je t'aie battue ? Va-t-en, avant que je ne t'arrache la fourrure, lui cracha une voix.

Ah oui, la guerrière ennemie. Sauge se redresse en grimaçant. Elle jeta un ultime regard à son opposant. Fier, rageur. Néanmoins, la revanche n'aurait pas lieu de lendemain. Les pattes tremblantes, l'apprentie rebroussa chemin vers son territoire, sans protester. La colère était partit. Elle s'était défoulée. C'était peut être ça ; il fallait juste qu'elle évacue tout. La Maison. Enfin. Titubante, elle se laissa tomber au pied d'un arbre, tout près du territoire ennemi. Sauge ne s'inquiéta pas le moins du monde de ses blessures, qui risquaient l'infection. Brouillées par la douleur et la fatigue, ses idées la rassurait en suggérant que ses plaies ne s'infecteraient pas grâce au froid.

C'est mon problème. Je ne rentrerai pas au Clan comme ça. De toute façon, je n'y arriverai pas.

Soupirant, elle ferma les yeux. Les pierres qui reposait sous son corps meurtri étaient glacé, apaisant la souffrance de son ventre. Le sommeil vînt. La souffrance était le lot des guerriers, et cette fois, Sauge l'avait chercher.