Partir pour ne jamais revenir. [ Finit ]

Mélée sortit du camp. L'automne était là, et elle avait prévu de profiter des derniers jours chaud de l'année. Le soleil couchant colorait le ciel de feu et d'écarlate, qui s'assombrissait au fur et à mesure que les minutes passaient. Les feuilles mortes commençaient à tomber, tapissant le sol de la forêt de jaune et d'ocre. La guerrière avait une destination précise en tête, qui perdrait son charme une fois que la Saison des Neiges serait arrivée. Le subtil parfum qui y régnait était à la fois doux et fruité. Cœur Mélée accéléra le pas. Elle ne devait pas arriver trop tard, si elle voulait profiter de la chaleur du soir. Elle se rendit compte avec amusement que son pelage ressemblait un peu au ciel. Elle continua à slalomer entre les arbres, et traversa la frontière. A contre jour, les troncs semblaient noirs. La guerrière frissonna lorsqu'elle sortit enfin du labyrinthe végétal, et sentit le vent faire gonfler son pelage. Le soleil couchant lui fit plisser les paupières. Elle se situait sur un talus, et devant elle, s'étendait un vaste champ verdoyant, où l'on voyaient encore quelque fleurs çà et là. Il y avait aussi des arbres, tous éloigné les uns des autres. Magnifique. Tout simplement. Sans hésiter d'avantage, Cœur Mélée dévala la pente qui menait à ce paradis, un sourire sur le museau. Elle se jeta dans les herbes hautes en ronronnant, comme un chaton en train de jouer. Les délicieuse effluves des fleurs, de l'herbe, et de tout le reste lui donnait envie de rire. Elle roula sur le dos, et contempla le ciel avec émerveillement, comme si c'était la première fois qu'elle le voyait. Rouge, orange, rose. Et désormais quelques petits nuages qui avançaient au rythme de la brise. La chasseuse ferma les yeux, savourant la sensation que lui procurait les plantes dans son dos. Elle aurait voulu que cet instant dure toujours. Seulement, elle ne se doutait pas que ce moment serai le tout dernier.

Est-ce que la guerrière rousse s'endormit ? Combien de temps s'écoula, alors qu'elle était allongée à regarder les nuages ? Mystère. Le soleil s'était couché, et la teinte prune que prenait le ciel était éclairée par quelques étoiles, encore pâlichonnes. Les grillons ne chantaient plus ; ce qui prouvait bien que l'été était finit. Cela manquait à Cœur Mélée. La guerrière aimait s'endormir en écoutant leurs chants nocturne.

- Tu sais, il ne faut jamais se croire seule car la mort est toujours là. Enfin quand je suis à ses cotés.

Et c'est quoi, ça ?

La guerrière rousse se releva bien vite, pour ensuite se retourner. Une chatte étrangère se tenait assise devant elle, un sourire amusé aux coins des lèvres. Son pelage gris clair contrastait fortement contre le vert sombre de l'herbe. L'expression de la guerrière rousse et blanche se fit menaçante.

- Je ne sais pas ce que tu veut ni qui tu es, mais tu va vite partir si tu veut pas que je m'énerve.

Bruit sourd. Son ennemie venait de l'envoyer valser contre arbre d'un puissant coup de patte. Sonnée, Mélée ferma les yeux. Ce n'était qu'un cauchemar. Pourquoi une chatte inconnue essayerai de la tuer, sinon ? Un voix lui souffla que cela n'arrivait pas qu'aux autres. L'odeur cuivré qui s'échappait de sa blessure n'était pas une hallucination. Lorsque qu'elle rouvrit ses paupières, Elle se tenait là, tout près, un sourire froid et amusé sur le visage.

- Oh ! Voyez vous ça ! Le lapin attaque le renard.

La guerrière rousse ouvrit la bouche pour répondre. Trop tard. Les griffes de son ennemie s'enfonçait déjà dans sa fourrure, transformant les mots en grimace. L'expression de la proie parut enchantée le prédateur. Un rire retentit au milieu des bourdonnements incessant de la tête de Mélée. Celle-ci tenta de se remettre sur ses pattes, en vain.

- Tu te crois plus forte que moi ? Vas-y, relève toi et nous verrons. Je te souhaite bonne chance, petite proie.

Furieuse, la guerrière rousse se remit difficilement debout, un grognement agressif au fond de la gorge. Sa patte arrière lui faisait mal, souvenir de son vol plané contre le tronc.
Elle voulu bondit sur son agresseur, mais son membre arrière fit un mauvais mouvement, et Mélée s'écrasa dans la poussière avec un miaulement surpris. Son agresseur ne voulait pas simplement la tuer. Il voulait aussi la faire souffrir, et autant qu'il le pourrait.

Une plainte de douleur échappa à Mélée. La mâchoire serrée, elle se refusa à lever la tête. Elle fit bien. Tout à coup, elle sentit comme une prise autour de son cou. Trop tard. Son agresseur avait déjà refermée ses crocs sur la gorge de la guerrière. Mélée n'avait presque jamais vu ça. Lors des batailles, les chats criaient et feulaient à qui mieux mieux. Mais là... Non, c'était quasiment silencieux. Un gémissement de tant à autre, mais rien du tout. Et bien sûr, la douce voix de velours de son adversaire. Velours glacé, qui vous faisait bourdonner les oreilles. La douleur la tira de ses pensées. Sauvagement plantées dans sa chair, les dents de la solitaire étaient une torture. Cœur Mélée hurla. Les deux pointes de pierre laissèrent soudain place à une douleur perçante. La guerrière posa sur son agresseur des yeux effrayé. Sans qu'il y ai d'explication possible, elle était comme hypnotisée, incapable d'attaquer. La chatte rousse était plus encline à se battre, d'habitude.

- Alors petite proie ? Trop faible pour te battre ? Dommage. Je te croyais plus forte que ça.

Son laissant penser qu'elle s'ennuyait. Mélée aurait voulu répondre, mais n'y parvient pas. Pas plus qu'elle ne réussi à bouger. Sa plaie à la gorge la brûlait, et l'odeur du sang saturait presque l'air. Faible et tremblante, Mélée ferma les yeux. Que pouvait-elle faire ? Un bâillement lui parvînt. Elle n'eut même pas le temps de soulever ses paupières qu'elle fut clouer au sol.

- Je suis désolée, lui souffla la voix de velours, mais je pense qu'il vaut mieux que je te pousse à bout, non ?

Quoi ?

Une fois encore, aucune réponse ne lui vînt. Personne ne lui viendrait en aide, car personne ne savait où elle se trouvait. Une paire de griffes lui lacéra la gorge, lui coupant le souffle dans un hoquet surpris.

Les griffes de son agresseur s'enfoncèrent dans sa chair, lui tranchant des veines et quelques muscles. Le sang émit un drôle de gargouillis en s'échappant dans la plaie. Mélée se débatit à peine. Pourtant, la chatte grise s'écarta. La guerrière rousse se remit tant bien que mal sur ses pattes tremblantes. Lorsque qu'elle recula, son adversaire pris une mine gourmande et avança. Mélée recula, encore. La chatte grise lui bondit dessus.

- Bien, bien petite proie ! C'est très bien tout ça. Mais tu es trop lente.

Mais soudain, elle la relâcha et lui tourna le dos. Mélée recula et voulu partir. Elle n'avait pas fait deux pas qu'une masse lui tomba sur le dos. Elle sentit deux pointes aiguisés lui transpercer la peau de la nuque. Un hurlement étranglé lui échappa lorsque que ses pattes avants l'abandonnèrent. Sa tête heurta violemment le sol. Mais à quoi bon fuir ? Ou se défendre ? Mélée se détendit. La mort viendrai, mais elle ne résisterai pas. Même si elle ne connaissait pas les motivations qui poussait la chatte grise à vouloir la tuer.

Pendant un moment, rien ne se passa. Allongé sur le sol terreux, Mélée attendait, les yeux fermés. Jusqu'à ce que son agresseur se décide. D'un coup sec, la chatte grise lui griffa violemment la queue. Sa queue, qui n'étais plus qu'un lambeaux de chair meurtri et sanguinolent. La guerrière rousse hurla de douleur et elle roula sur le dos, les pattes crispées comme jamais. Elle sentit des griffes lui pénétrer dans la gorge, étouffant son cri tout en l'immobilisant. Elle hoqueta. Le goût de son propre sang lui remplit la bouche, saveur cuivré si différente de la viande habituelle. Elle retomba au sol, gueule entrouverte. Ses yeux fixaient un point devant elle. Il eu une seconde qui lui parut être des heures. Alors c'était ça, la mort ? Ce n'étais pas si compliqué, tout compte fait. Mélée n'éprouvait qu'une sensation de... soulagement. Elle ferma les yeux. Elle voulut fermer les yeux. Ses paupières ne bougèrent pas d'un millimètre. La chaleur lui envahit tout le corps. Mélée sourit. Rectification, elle voulut sourire. Doucement, comme quand on pleure. Mais rien ne se passa. Son corps ne répondait plus aux ordres. Son cœur eu un raté. Elle soupira. Une dernière fois. Nouveau raté. Ses yeux se fermèrent cette fois, violemment. Ses paupières se crispèrent. Un hoquet, un raté, puis plus rien. L'Ébène. Le noir. La mort