Premier entrainement de Nuage Epineux

Nuage Epineux était assis, au beau milieu de la Forêt. Il observait avec attention les fleurs jaunes et bleues qui se trouvaient non loin de lui, admirait les splendides papillons multicolores et écoutait le doux chant des oiseaux. Le jeune chat était apaisé, et se sentait étonnement joyeux en cet endroit paradisiaque. Le soleil, immense astre de feu, brillait de milles feux au-dessus de sa tête, éclairant la végétation d'une belle lumière. Bien sur, le Novice voyait ce spectacle tout les jours depuis qu'il vivait dans les bois. Pourtant, ce jour-là, le paysage lui semblait bien plus délicat et plus coloré. Soudain, l'Apprenti entendit une voix calme, sortit de nulle part. Il sursauta, surpris, puis écouta les paroles de l'intrus en observant les buissons d'un air méfiant.


-Nuage Epineux... Nuage Epineux...

Un matou, qui le connaissait, l'épiait en ce moment même ! Il eut un sourire mauvais. Il allait trouver ce plaisantin, et le remettre à sa place ! Le félin tigré inspira profondément, cherchant une odeur particulière. Il sentit la mousse encore humide de la rosée matinale, les lapins cachés derrière les arbres, les volatiles qui l'observaient du haut de leur perchoir... Mais pas de matous. Pourtant, le membre du Tonnerre avait bien entendu cette voix mélodieuse !


-- Réveille-toi...

Se réveiller ? N'importe quoi ! Il ne dormait pas ! Nuage Epineux se trouvait dans la Forêt, comme tout les matins, et admirait la végétation luxuriante des bois ! Mais alors, d'où venait cette voix ? Qui avait prononcé ces mots ? Il ferma les paupières, et lorsqu'il les rouvrit... La Forêt avait disparu ! Les belles fleurs avaient été remplacé par un Apprenti endormi, le chant des oiseaux par le ronflement sonore de l'un de ses compagnons... Finalement, tout cela n'était qu'un rêve. Il n'était jamais allé dans les bois. Encore endormi, le Novice papillona un instant des paupières, puis se redressa brusquement. Devant lui, souriante et chaleureuse, se trouvait Fleur d'Orange... Sa nouvelle Mentor ! Tout honteux, il se lécha rapidement le pelage, et sortit en quatrième vitesse. D'un geste automatique, il prit une proie sur le Tas de Gibier, et commença à la manger, sous le regard attentif de son professeur. Cette dernière prit la parole.



- Je suis Fleur d'Orange, ta nouvelle mentor mais j'imagine que tu le sais déjà, puisque nous avons été présenté l'un l'autre la veille. Une fois que tu auras fini de manger, nous irons au Petit Ruisseau pour que je t'apprenne à pêcher.


Nuage Epineux retint difficilement un miaulement exité. La pêche ! Son ancien Mentor n'avait pas eut le temps de lui apprendre cet art ! Il avait seulement quelques bases, que son demi-frère lui avait donné, mais n'avait jamais réussit à attraper un poisson tout seul. L'Apprenti engloutit le reste de sa proie si vite qu'il faillit s'étouffer, enterra hâtivement ce qu'il restait du pauvre mulot qui lui avait servit de petit déjeuner et se plaça aux côtés de Fleur d'Orange. Ils sortirent ensemble du Camp, et se dirigèrent vers le Petit Ruisseau.


- Tu peux parler, tu sais ?


Cette phrase surpris le jeune chat, qui s'arrêta brutalement. Fleur d'Orange continua sa marche, amusée par l'étrange réaction de son élève. Ce dernier rattrapa rapidement son Mentor. Quelle drôle de phrase ! Jamais un adulte ne lui avait dit cela ! Il pensait que le silence était une marque de respect envers les chasseurs, mais ce que venait de dire son professeur remettait cette certitude en cause. Fleur d'Orange, patiente, attendait sa réponse. Nuage Epineux conserva son esprit calme et logique. Il répondit d'une voix assurée.


- Oui, je sais. Mais je ne sais pas quoi dire.


Son Mentor n'eut aucune réaction. Elle continua à avancer, tout en l'observant attentivement. Gêné, il détourna le regard et inspira profondément. L'air frais lui apporta l'odeur du rouge-gorge, ainsi que le délicat parfum de l'eau. Les deux matous approchaient du Petit Ruisseau ! Son Entrainement allait enfin commencer ! A peine arrivée, Fleur d'Orange grimpa d'un l'un des rochers qui bordaient la rivière, et s'assit. Nuage Epineux préféra rester sur l'herbe, et se coucha sur le sol dur. Il leva les yeux, et regarda le soleil. La matinée était déjà bien avancée. Il n'y avait aucun nuage dans le ciel bleu azur. Une belle journée s'annonçait... La Guerrière se racla la gorge pour attirer l'attention de son élève, et parla de sa voix mélodieuse.


- Bien. Aujourd'hui, pour ton premier Entrainement avec moi, je vais t'apprendre à pêcher. Tu dois connaître le Petit Ruisseau de nom, et bien, le voilà... de vue. Sache que les poissons sont vifs. Il va falloir être rapide si tu veux les attraper. Avant que je ne te montre la technique, as-tu des questions ?

Elle désigna rapidement le court d'eau d'un geste nonchalant de la queue. Des questions ? Oui. Il en avait pleins. Arriverait-il facilement à en attraper un ? Etait-il prêt à apprendre cette technique ? Cette journée suffira-t-elle pour qu'il maîtrise parfaitement l'art de la pêche, ou devront-ils revenir plusieurs fois près de l'eau ? Mais le jeune félin aux yeux verts n'avait pas pour habitude de montrer son enthousiasme, contrairement aux jeunes de son âge. Alors, il dit simplement.


- Non. Nous pouvons commencer.

-Parfait.


Fleur d'Orange descendit gracieusement de son siège, et se dirigea vers le Petit Ruisseau, son Apprenti derrière elle. Il ne put résister à l'envie de mettre sa curieuse patte dans l'eau. Son professeur lui adressa un sourire compréhensif lorsqu'il la retira avec un petit cri surpris. Elle était si froide ! Mais cette pensée disparut bien vite quand la Guerrière se mit en position, la patte levée, prête à attraper le premier poisson qui passerait près d'elle...

- Non. Nous pouvons commencer.

-Parfait.

Je descends de mon perchoir et m'approche de l'eau, Nuage Epineux sur les talons. Il plonge la patte dans l'eau, comme pour jouer avec mais la retire aussitôt avec un petit cri. Je lui lance un regard qui veux tout dire : "et oui la première fois, elle nous parait glacée". Je lève ma patte et attends le prochain poisson.
J'espère que les ondes qui ont fait légèrement bougé l'eau n'ont pas effrayé les poissons, sinon nous pouvons toujours attendre... J'examine l'eau, vide. Bon, autant lui apprendre la technique maintenant que nous sommes sur que les poissons n'arriveront pas avant plusieurs dizaines de minutes.

- Bon. Tu lèves la patte comme ce-ci et tu prépares tes griffes, tu examines l'eau, dès que tu vois un poisson, tu plonges vite la patte dans l'eau et tu lui plantes tes griffes dans le corps. Compris ? Fais-le dans le vide maintenant.

Mon apprenti hoche la tête et s'exécute. Il répète plusieurs fois l'action jusqu'à ce que ce soit parfait pour un début. Du coin de l'oeil, je vois l'eau remué : un poisson. D'un signe de queue je le lui montre et m'approche furtivement de l'eau. Je patiente deux secondes, je vérifie qu'Epineux me regarde et d'un coup sec, je fends l'eau et transperce le corps du poisson de mes griffes. Je le remonte et lui assène le coup finale. Puis, je relève la tête et adresse au jeune :

- Comme ça. J'espère que tu m'as bien écouter et surtout regardé, car c'est à ton tour.

L'apprenti s'approche de l'eau et en deux temps trois mouvements, il me ramène un poisson, qui gigote. Le visage heureux, il me demande :

- Comme ça ?

- Parfait, dis-je en hochant la tête.

Et je l'entraine toute la journée, nous dégustons deux de nos poissons au milieu de la journée et reprenons. Il s'en sort très bien et je le félicite à la fin de la journée, où nous avons ramené une dizaine de poissons. Qui ne sont que les siens évidemment sauf mon premier de la journée. Le Tas de Nourriture est remplie grâce à lui et avant qu'il n'aille se restauré, je lui dis :

- Tu as bien travaillé aujourd'hui. Tu as la technique. Nous nous entrainerons encore un ou deux jours entiers et tu seras parfait pour pêcher seul.

Il me remercie et pars manger. Je fais de même. N'empêche, pour sa première pêche, il s'est presque débrouiller tout seul !

La Guerrière posa sa patte sur le sol, observa l'eau un instant. Il attendit patiemment qu'elle tourne la tête vers lui. Il cru un instant que ce moment ne viendrait jamais. Mais, enfin, après ce qui sembla une éternité au jeune chat, Fleur d'Orange posa son regard dans celui de Nuage Epineux, et prit la parole.



- Bon. Tu lèves la patte comme ceci et tu prépares tes griffes. Tu examines l'eau, dès que tu vois un poisson, tu plonges vite la patte dans l'eau et tu lui plantes les griffes dans le corps. Compris ? Fais-le dans le vide maintenant.


Nuage Epineux acquiesça. Son frère lui avait mimé le mouvement, et le jeune Apprenti s'était entraîné seul près de la Rivière depuis ce jour. Mais il savait parfaitement qu'il manquait d'équilibre, et que son ombre le trahissait facilement. Il espérait que son Mentor parviendrait à rectifier ses défauts. Le jeune félin tigré plia légèrement les pattes, pour pouvoir réagir plus rapidement à l'approche du poisson imaginaire. Il en leva une, toute griffe dehors, et observa l'herbe verte en visualisant sa proie. Le Novice baissa rapidement la patte, ramenant son poisson sur la "terre ferme", et lui porta le coup de grâce. Fleur d'Orange intervint pour lui expliquer ses erreurs, et le féliciter. Tout fier, il recommença plusieurs fois, perfectionniste. Comme tout bon Mentor, son professeur intervenait à chaque essai, répétant inlassablement ses conseils avisés. Alors que le matou allait exécuter son exercice une vingtième fois, la Guerrière attira son attention d'un bref mouvement de queue. Il s'approcha doucement, et observa. Il voyait parfaitement bien le poisson, qui nageait calmement dans l'eau du Petit Ruisseau. Nuage Epineux fut étonnement surprit par la vitesse et la fluidité de son Mentor. Son coup de patte était rapide et précis. D'un geste expérimenté, elle ramena sa cible sur l'herbe, et, sans lui laisser le temps de comprendre que son heure était venue, mit fin à sa courte existence. [/b]



- Comme ça. J'espère que tu m'as bien écouté et surtout regardé, car c'est à ton tour.


Le chat au regard vert hocha la tête, incapable de parler. Son professeur avait exécuté cette action avec une telle négligence ! Pour elle, cela devait être aussi simple que de manger ou dormir ! L'Apprenti déglutit, et se plaça près du point d'eau. Il résista à l'envie de plonger ses pattes dans l'eau, et essaya de ne prêter attention qu'aux poissons. Un rossignol entama une chanson, ce qui déconcentra le jeune félin. Furieux contre lui-même, il se força à observer le liquide incolore. Poisson, poisson, poisson ! Il leva une patte hésitante, qu'il espérait ferme. Et sortit doucement ses griffes. Enfin, Nuage Epineux repéra une proie, qui lui semblait parfaite. Sa cible nageait lentement. Il ferma les yeux un instant, puis se lança. Sa patte fendit la surface de l'eau, et l'Apprenti sentit le corps écailleux du poisson sur ses coussinet. Il ramena sa prise sur la terre ferme, et la ramena vers son Mentor. Soudain, il frissonna. Il avait oublié de tuer son poisson ! Le Novice rectifia immédiatement son erreur d'un coup de dent, et posa délicatement le petit corps sans vie sur l'herbe.



- Comme ça ?


Fleur d'Orange, qui avait remarqué l'erreur de son élève, lui fit un clin d'oeil amical.


-Parfait !


Mais l'Entrainement était loin d'être fini. Son Mentor lui fit remarquer ses erreurs, et il essaya de rectifier sa position, améliorer son équilibre. Le plus dur était de se concentrer pour écouter son professeur. Nuage Epineux observait les alentours, parfaitement déconcentrer. Fleur d'Orange eut bien du mal à attirer son attention plus de quelques minutes. A la fin de la journée, il quitta à contre-coeur le Ruisseau. Les deux matous retournèrent au Camp, et posèrent leurs prises sur le Tas de Gibiers. L'Apprenti commençait à se rendre vers sa Tanière, où l'attendaient ses amis quand il entendit un raclement de gorge. Il se retourna, et croisa le regard de Fleur d'Orange.



- Tu as bien travaillé aujourd'hui. Tu as la technique. Nous nous entraînerons encore un ou deux jours entiers et tu seras parfait pour pêcher seul.


Nuage Epineux, tout fier, la remercia chaleureusement, prit son dîner -un poisson !- et se rua vers son nid douillet, racontant ses exploits à ses amis.