My secret. { Opale }

« Sous le cris du diaaable, s’endiaaable, le désiraaable. La perversion est une affaire d’amour. Tel une sangsue il s’aspire ton être, t’enivrant de jalousie et de haine. La passion t’irradie. Tu te maudis de l’aimer, tu la hais car elle t’aime. Tu ne songes qu’à l’ôter de ce monde, pour qu’elle soit à toi. Et lorsque tu n’auras plus la force de vivre, tu comprendras que tout crime passionnel mène au suicide. 
» Drôle de proverbe, songea-t-il.
L’amour, il le connaissait. L’amour, il le trouvait beau. Il savait que celui-ci était à la fois simple et compliqué. Mais comme toute chose, sa complexité à l’obtenir triplait le bonheur. Kaien souriait. Il ne savait pas si ce qu’il éprouvait pour l’élue de son cœur était réciproque. Mais ressentir cela pour elle lui suffisait à être heureux. Il ne demandait rien d’autre à la Destinée, au Karma, aux Etoiles, ou toutes ses divinités hypothétiques. Il avait fait la plus belle rencontre de sa vie. Une chatte de son clan avait qui il avait grandi sans jamais lui parler. Une demoiselle qu’il admirait et aimait en secret. Son nom voulait tout dire sur sa grâce et sa magnificence. Elle était aussi élégante que les landes et avait autant d’impact en son cœur qu’un princesse. Comment cette femelle, cette utopie dans un corps de chatte, voudrait bien de lui ? Les paysans n’avaient pas le droit de courtiser les princesses. Un pauvre type comme lui ne pouvait aimer une Lady.
Et pourtant, il alla vers elle. Il toisa sa douce avec un regard exalté. Celle-ci devait le prendre pour un extraterrestre. Quoi de plus normal. Il était la version ’félinisée’ de E.T. Sauf que Kaien ne pouvait pas téléphoner maison. Il s’égarait rien qu’à l’idée de la perdre. Cela faisait des lunes que cette chatte expressive et débrouillarde était la boussole de Spirale Esotérique, bien que celle-ci n’eut jamais remarqué qu’elle était son plus grand trésor. Aujourd’hui, il allait prendre en main sa destinée, et lui cracher à la gueule qu’il l’aimait.Nah.

Il regardait le séraphin entrain de faire sa toilette. Il s’approchait de cette beauté vénusienne. Il restait planté devant elle une seconde. Deux secondes. Trois secondes. Quatre secondes. […] Quatre-vingt dix-sept secondes. Il la fixait dans les yeux. Il s’apprêtait à lui dire, mais il s’étouffa en ravalant sa salive. Il rouvrit la gueule. Cette fois, c’était la bonne. Enfin, presque.

«  Hm. Princesse des Landes. Je voulais te dire que … En fait. En fait je t’aime. »

Il rougt, de honte, d’embarras, de pression, d’amour, de tout vous dis-je ! Mais il sentit un immense poids se dissoudre en son cœur. Ce qui était dit est dit. La gène le dégradait de plus en plus. Elle ne lui répondait pas. Kaien recommençait à devenir lui même, avec son regard à la fois curieux et arrogant. Puis, comprenant que ce n’est pas réciproque, il se retourna et commença à partir tout confus. Beaucoup de femelles le trouvait attirant et charismatique. Il fallait que celle qu’il aimait ne ressente rien pour lui. De plus, le guerrier se sentait ridicule à ses cotés. Ce n’était pas qu’une impression, il l’était.
Pour tout dire, jamais il n’était tombé amoureux. Il en garderait un très désagréable souvenir. Du moins le pensait-il. Une flopée de seconde plus tard, il entendit les pas feutrés d’une femelle, ainsi qu’une odeur musquée qu’il connaissait bien. Le mâle fit un revers de tête, décochant un sourire enjôleur ruisselant de joie et d’espoir.