Blaze Justice Félin Légendaire
Perso 1 : Blaze Justice alias BJ / Wind Perso 2 : Patte Exaltante alias Ichigo / Wind Perso 3 : Nuage de Vision alias Ayumu / River Nombre de messages : 2400 Age : 27 Puf :
Night
Miwu
Date d'inscription : 19/11/2010 Points : 2356
Feuille de personnage Affinité: But du félin: Famille:
| Sujet: Night. Dim 15 Mai - 18:42 | |
| Votre Pseudo : Blaze Justice alias Night. Lien de votre dernier RP : https://guerredesclans.frenchboard.com/t18556-il-etait-une-finpv-night#253154 Lien de votre plus beau RP : Euh... https://guerredesclans.frenchboard.com/t18531-parfois-la-douleur-est-si-forte-qu-on-finit-par-la-laisser-gagner-poulpe-d-9829-night-perroquet#249662 ? Ou bien ceci, mais c'est juste un brouillon ;
- Spoiler:
Inferno Mysterious Red
Chapitre 1.# What is your name ?
Une jeune femelle courrait, ou plutôt fuguait de plus en plus vite à travers les graviers et les rues de plus en plus longues et pénibles de la ville. À sa suite, on entendait des aboiements, tous plus forts les uns que les autres. Oui, vous l’aurez devinée, cette pauvre féline était poursuivie par des chiens. La pauvre tenait en sa bouche sa plus précieuse possession, un jeune être vivant, à peine entré dans ce monde. La seule chose qui comptait pour elle ; un petit chaton innocent, qui n’avait pas eu le temps dans sa courte de vie encore de commettre le moindre crime. La récente mère était épuisée. Essoufflée, elle n’avait plus la moindre force. Ses pattes lâchaient sous le poids de son corps pourtant amaigri. En plus de sa famine déroutante, elle venait de faire la chose la plus extraordinaire de sa vie. Une chose qu’elle n’aurait pas voulu faire de cette manière, mais qu’elle a du faire ainsi pour le bien de sa récompense. Sûrement d’ailleurs la chose la plus admirable qu’elle n’eut jamais fait ; elle avait mis bas, elle avait donné la vie. Il n’y avait peu de cela, elle avait été violée. Elle l’avait énormément regrettée et souffert, se croyant maudite et pleine de malheurs. Cependant, le jour où elle avait appris qu’elle était enceinte d’un enfant… Son cœur s’était vite emballé, et elle aurait sauté de joie si seulement elle avait eu la place de le faire dans la boite où elle se trouvait lorsqu’un de ses amis lui avait avoué la bonne nouvelle. Et voila que ces six semaines d’espérance et de travail envers ce petit s’écroulaient en même pas 24 heures. Jamais elle n’aurait cru avoir aussi peur. Pas pour elle-même, mais pour quelqu’un d’autre. Il ne lui avait pas fallu plus d’une seconde pour tomber amoureux de lui quand elle avait vu son fils pour la première fois. Le sentiment maternel qu’elle avait ressenti n’avait pas de pareil, c’était à la fois comparable à une grande cacophonie dans son cœur et à une sensation lénifiante, séraphique. À présent, cette boule de poils était tout ce qui comptait pour elle. Si elle ne survivait pas à cette fuite, elle donnerait tout ce qu’elle avait, ce qui n’était pas grand-chose, pour que ce garçon vive encore quelques instants de plus, si ce n’était seulement que des minutes. Des larmes perlaient sur sa joue, le sang coulait sur son pelage salit par sa dure vie et elle savait bien que même si elle réussissait à échapper à ces cabots, elle ne survivrait sans doute pas à l’accouchement qu’elle avait léguée. Dans son corps, elle sentait bien que quelqu’un chose n’allait pas, et un fil pendait encore de l’ouverture par laquelle était sortie sa progéniture. La mort dans l’âme, elle gardait néanmoins espoir. Si elle abandonnait là, elle y laissait bien plus que sa vie de misère derrière elle. Il lui semblait n’avoir vécu rien que pour ce moment, elle ne pouvait pas la gâcher. Bien qu’elle était à bout de souffle, morte de faim et déchirée de l’intérieur, son cœur battait encore la chamade, ses poumons refusant d’abandonner, son esprit lui criant qu’elle courrait le long de la route victorieuse. Mais restait encore un problème ; où cette route conduisait-t-elle ?
Sans vraiment le savoir, elle courait sur son chemin. Elle n’avait pas grand choix ; derrière elle se trouvait la mort assurée. Pour elle, mais aussi pour son chaton. Sa sueur se mêla à ses larmes, lorsqu’une lueur d’espoir illumina son cœur. Elle ouvrit ses yeux flamboyants d’un vert éclatant, devant le miracle que le ciel lui avait offert ; la voie vers la survie. À force de courir parmi les rues jonchées d’ordures de cette ville avariée et salie, la pauvre chatte pensait ne plus jamais revoir un beau jour de printemps dans une petite praire entourée de papillons et de rires de joie. Pourtant, cette porte, qui lui offrait une sortie de ce cauchemar, était bien mieux que cela. L’issu en question n’était d’autre qu’un maigre tuyau, qui ébauchait d’un bâtiment humain pour sûrement mener quelque part dans leur habitation. Elle tenta de sourire, mais le fardeau dans sa bouche lui rendit la tache dure. Cependant, cela ne changeait rien au fait que Dieu, s’il existait, lui avait accordée une chance. Elle ne la gâcha pas, elle accourut vers cette dernière. Les grognements des canins se faisait de plus en plus forts derrière elle. Plus que quelques minutes, à peine, et ils seraient en mesure de mordre sa queue. Sauf qu’elle faisait deux fois moins leur taille, et qu’il leur serait impossible de rentrer dans ce tube étroit. Elle s’arrêta rapidement, et balança un peu précipitamment sa charge dans l’entrée. Ce dernier commença à pleurer comme s’il s’était pris mille coups d’un filet et qu’il éprouvait une douleur exténuante. Elle ne fit rien de ses appels aux soins, sentant approcher encore et encore la menace derrière elle, et entreprit de le rejoindre. C’est alors qu’elle vit au coin de l’impasse arriver la bande de chiens. Elle poussa un cri effaré, et se précipita dans le tunnel, en poussant son fils en pleurs devant elle. Sa tête entra la première, facilement, et elle arriva ensuite a faire passer ses pattes avant, de façon à pousser le jeunot devant elle, pour qu’il y ait la place pour son corps, deux fois plus grand que le sien, voir plus. Les chiens n’étaient plus qu’à quelques mètres d’elle quand elle dut faire entrer son arrière-train. C’est alors qu’elle poussa un cri horrifié en constatant qu’elle était coincée. Elle paniqua, remua son derrière dans tous les sens imaginables, priant les cieux et se demandant pourquoi lui avoir offert une sortie alors qu’elle était trop grosse encore pour l’arpenter.
Soudainement, elle sentit qu’elle avançait. La voûte céleste avait apparemment entendu son appel, et comme si elle avait été assez trempée pour que son corps avance tel un liquide, elle réussit à cheminer jusqu'à dans le sombre trou, afin d’y laisser tomber son lourd corps amaigri par la faim mais élargi par sa grossesse, qu’elle trouvait beaucoup plus lourde que d’ordinaire. Mais ce n’était pas fini. Elle observa un court instant son enfant avant de pousser un colossal cri de douleur, qui résonna depuis sa gorge jusqu'à dans le tuyau pour enfin parvenir aux oreilles tendres et faibles du pauvre chaton, qui ne fit que pleurer de plus belle. Elle hurlait de douleur, car voyez-vous, un molosse derrière elle avait réussi à la rattraper. Il s’était précipité à sa suite dans le tunnel, et comme il était retardataire, il n’avait eu d’autre choix que d’essayer de la faire revenir vers lui. Malheureusement pour la féline, sa queue dépassait légèrement du trou. Les yeux macassars du cerbère étaient alors devenus rouges sang en mordant à pleine dents cette petite tige tigrée, avec au bout une tache noiraude, qui pendait, lassante, de l’embouchure. La pauvre femelle se sentir alors tirée en arrière. Les forces démoniaques de l’enfer lui en voulaient, elle en était sûre. Elle cria le plus haut possible, créant ainsi un vacarme assourdissant, sans vraiment s’en rendre compte. Des larmes recommencèrent de nouveau à tomber par milliers, et elle ne planta dans le dur métal sous ses pattes ses griffes brisées mais aiguisées. Elle ne lâcherait jamais, tant qu’elle aurait encore en elle la force ce combattre. Pourtant, elle sentait cette force la quitter, elle n’avait jamais rien vécu de tel dans sa vie. Le chien derrière elle tirait comme si sa vie en dépendant, tellement qu’elle avait peur que sa queue ne lâche sous la pression… et c’est en effet ce qui arriva. Les nerfs s’y trouvant filèrent rapidement étendre la douleur jusqu'à son cerveau, lui donnant ainsi aussi un terrible mal de crâne, et elle sentit lentement sa queue s’arracher de son corps. Son cri devient tellement aiguë qu’elle ne pouvait s’entendre, et elle se mordit la langue, sachant que si elle continuait à ainsi serrer les mâchoires, elle se briserait ses dents. Du sang dégoulina, de la fourrure tomba, et ses os craquèrent. Après quelques instants de pure souffrance, sa queue céda. Le chien joua un peu avec, croyant sans doute qu’il avait réussi à avoir le gros lot, avant de renifler une dernière fois le tuyau pour repartir vers ses maitres, la queue pendante dans sa grande gueule baveuse.
La minette poussait encore des cris d’horreur en voyant qu’elle ne détenait plus un membre de son corps. Un mélange de souffrance et de rassurance envahit son cœur. Elle avait survécu, et était encore en vie. Sauf qu’elle y avait perdue sa queue. Sans cela, elle n’arriverait sans doute plus à tenir en équilibre comme auparavant. Sa vie était ruinée. Mais au moins elle en avait une à vivre. Elle sourit en posant les yeux sur une petite boule de poils au sol ; son fils était encore vivant et intact. Au moins elle avait réussi quelque chose ; à sauver son petit. Du moins, elle l’espérait, car ce n’était franchement pas vraiment sûr à cent pour cent. Encore fallait-il qu’elle survive à ceci pour pouvoir l’allaiter comme il le fallait. Et ceci, elle doutait être capable de le faire. Sa colonne vertébrale, à présent brisée, ne lui servait plus à grand-chose. Elle ne serait sûrement plus jamais en mesure de marcher, et redouter l’invraisemblable ; que ce trou soit la dernière chose qu’elle voie avant de rejoindre ses ancêtres. Elle regarda son fils, en laissant couler une unième larme. Elle priait pour qu’il survive, lui. Pour qu’il ait une belle et longue vie, une vie qu’elle ne pourrait d’ailleurs pas lui offrir, de toute façon. C’était sans doute la dernière chance qu’elle avait de lui offrir le cadeau traditionnel parental. Elle l’observa un moment, jugeant son aspect de haut en bas, puis posa son regard sur ses prunelles brunes emplies d’une affreuse crainte. Le pauvre petit avait peur, peur de ces chiens sans aucun doute, mais aussi peur de sa mère, qui mourrait devant ses yeux. Qu’avait-t-il donc fait pour mériter cela ? Il n’était pas encore né qu’il aurait à subir un traumatisme à vie… Était-ce car elle venait d’une famille de la rue, sans abri et de quoi se nourrir ? Qu’est ce que la vie était injuste. Ce jeunot était complètement innocent, et pourtant… Voila son nom. Elle le choisit sans mal, pensant aux peines qu’il allait souffrir dans sa vie, au siphon malheureux dans lequel il devait lutter pour survivre, à tourner en rond encore et encore, sans jamais pouvoir s’arrêter pour faire une pause ou pour reprendre ses esprits. Son nom serait Inferno. Une flamme infernale qui brulerait à jamais dans ses yeux emplis de courage. Malgré les souffrances de sa vie future, sa mère priait pour qu’il ait la bravoure de toujours rester sur ses pattes, se toujours sourire, et de vivre sa vie à plein temps, tout comme elle avait voulu le faire, tout comme elle pensait avoir réussi à faire.
- Inferno… souffla-t-elle, haletante. Ton nom… sera… Inferno… Infer…no…
C’est alors qu’elle entendit un bruit venant de plus loin dans le tuyau. C’étaient des pas, des pas d’un animal à quatre pattes. L’odeur qui venait à ses narines était familière, elle l’avait déjà senti auparavant, et s’en souvenait bien. Il portait une puanteur unique, celui de la fumée polluée des humains, mais au même temps, celui de la transpiration naturelle des félins. Le doute ne pouvait se poser ; c’était un chat de la ville. Il l’entendit se rapprocher, et en quelques instants, elle vit son pelage blanc aux taches orange, rousses et brunes. Il était sale et puait la charogne, elle craignait même qu’il n’avait tué un autre matou avant de venir a sa rencontre. Ses épaules étaient larges et puissants, tout comme son sourire mesquin, qui reflétait tout ce qu’il y avait à savoir sur lui. Dans ses yeux marron brillait une lueur froide, mais si elle n’était pas sur le point de mourir, elle aurait parié sa vie qu’une lumière brillait derrière tout cela, comme s’il n’était pas tout à fait méchant, au fond. Elle leva la tête légèrement vers lui, afin de mieux le voir, ou plutôt pour montrer qu’elle était encore en vie, et qu’elle avait la force de protéger ce chaton, qu’il regardait avec ses yeux sereins. Ce qui était un mensonge, car même s’il le croquait en deux dans la seconde qui suivrait, elle ne pourrait pas bouger un quelconque muscle. Il abaissa ses prunelles glaciaux sur elle, et murmura, comme s’il comprenait déjà tout ;
- Camélia, comme on se retrouve… Cette nuit passée ensemble m’a fait le plus grand plaisir, tu le savais ? Il rabaissa ses yeux sur le jeune minet, pétrifié, qui le regardait avec un air implorant. Ce petit est faible, constata-t-il avec mépris. J’ai comme l’impression qu’il est de moi, je me trompe ?
Il observa une seconde de silence, regardant la femelle retenir une larme de colère. Bien sur, il avait raison. Les dates correspondaient parfaitement, et il ne se trompait pas. Il connaissait que trop bien cette illumination dans les propres prunelles de la chatte, qui signifiait bien qu’elle connaissait cette vérité d’elle-même. Ce jeunot était son fils. Camélia refusait de l’avouer, trop honteuse, mais c’était évident. Son sourire ne fit que s’agrandir. Enfin quelque chose de bon dans sa vie ennuyeuse.
- T’inquiètes pas, va ! Chuis sur que le p’tit pourra s’endurcir, surtout sous le commandement de son cher père, n’est ce pas ? gloussa-t-il fièrement. [b]Il aura sa place parmi les chats de ma bande, et personne n’a besoin de savoir qu’il est mon fils. D’habitude, quand mes petites chattes d’amour, que j’ai violée par le passé, ont des chatons ensuite, je leur laisse choisir seules de leur destin, mais comme tu vas crever dans quelques minutes, je n’en vois pas l’intérêt ; il crèvera avec toi.
Il ne put retenir un rire moqueur en voyant le minet en question trembler puis feuler, comme s’il avait compris la phrase de son géniteur, que sa chère mère allait bientôt le quitter. Le pauvre… il n’avait donc pas encore compris que le monde allait devenir de plus en plus dur. Le fait de perdre sa mère aujourd’hui serait rien comparé à l’enfer qu’il allait vivre plus tard.
- Mais avant de l’amener aux autres, faudrait que j’lui trouve un nom… J’peux pas leur dire que c’est mon fils quand même, sinon ils vont le prendre pour l’héritier et il mourra entre leurs pattes avant d’avoir commencer l’entrainement… Il prit un air réverbérant, comme s’il voulait vraiment trouver quelque chose de bon pour son gamin. Je sais ! rit-t-il enfin, amusé. Il s’appellera Red. Je ne sais d’où il tient cette fourrure rousse, car il n’est ni de toi, ni de moi. Mysterious Red… Rouge mystérieux en Anglais. Parfait pour lui.
Il regarda le nouveau nommé Red un moment, pensif, avant de détourner son regard vers celui de la jeune chatte, qui fermait les yeux, pleine de larmes. Elle respirait qu’avec peine, et sa queue était complètement couverte de sang. Il observa la blessure, qui devait faire très mal. Il constata ensuite les traces des crocs du chien, ainsi que quelques petites choses noires qui se formaient dans le rouge baveux, et en déduit instantanément qu’elle était, en plus de perdre beaucoup de sang, infectée. Camélia n’avait aucune chance de survivre. Aucune.
- Je m’occuperais de Red, lui souffla-t-il à l’oreille. Crèves en paix maintenant, je te dois au moins ça, puisque ta mort est de ma faute.
Il couvrit alors les oreilles encore grandes ouvertes et curieuses du chaton, avant d’abaisser sa grosse patte, munie de ses griffes aiguisées sur la mourante. Ceci finit de l’achever, mettant fin à ses souffrances. Elle n’avait même pas eu le temps de dire au matou écaille-de-tortue que son fils avait déjà un nom. Qu’il aurait du s’appeler Inferno… Tant pis. Le destin de Red appartenait à présent à son père, le rude et le fameux Grey Killer.
Chapitre 2.# What’s your life ?
Grey Killer courait à son tour à travers les ruelles emplis de la puanteur des humains. Dans ce minable trou, la mère de son fils était morte. En tant que géniteur du chaton, c’était à lui de le prendre à présent. Cela ne l’attristait pas, au contraire ; sa vie, qui commençait à devenir ennuyante, allait enfin devenir un peu plus pétillante. Enfin, il pourrait se réveiller le matin, voulant vite faire avancer sa journée, afin de voir le résultat du soir. Ça faisait quelques temps déjà qu’il voulait un air pour le succéder. L’opportunité était parfaite. Il pourrait facilement dire qu’il avait trouvé ce minus seul dans la rue, et qu’il voulait faire de lui un combattant qui le servirait bien à l’avenir. En tant que meneur d’un des plus grandes bandes de la ville, personne n’allait se douter de lui ; c’était tout fait logique de vouloir de plus en plus de jeunes, puisque qu’ils étaient de plus en plus rares à survivre, après les nombreuses attaques de groupes rivaux. Mais restait encore un problème ; comment un chaton à peine né, qui n’avait pas 24 heures à son compte, pourrait-t-il survivre dans une maison emplie de gangsters dangereux et assoiffés de sang ? Il fallait donc qu’il soit sans arrêt à côté de lui. Embêtant quand même, quand on a toute une tribu de chats à diriger. Il ne pouvait pas passer ses journées entières avec son fils, de peur d’attirer trop d’attention sur ce dernier, et de le faire subir des mauvaises farces sous prétexte de favoritisme. Non, il fallait quelqu’un pour s’occuper de lui, quelqu’un qu’il connaissait, et à qui il pourrait faire confiance. Ce genre d’ami était rare à trouver, surtout si on avait un caractère comme celui que détenait Grey. Mais il connaissait quelqu’un. Une chatte, un peu vieille, certes, mais digne de confiance. Il savait qu’elle ne le trahirait jamais, qu’elle ferait tout ce qu’elle pourrait pour ce petit, et qu’au cout de sa propre vie, elle l’éduquerait comme si c’était son enfant à elle. Normal remarque ; il était, en fin de compte, son petit-enfant. Eh oui, cette vieille dame était bel et bien la mère au meneur de groupe. Mais c’était tout ça le problème ; plus elle serait gentille avec lui, plus il aurait du mal plus tard à s’adapter à une vie dure et sans répit. Tout comme son père, il devrait apprendre dès le départ que jamais quelqu’un serait là pour l’aider, dans le futur. Comme si le chaton en question avait lu dans les pensées de son géniteur, il poussa un cri, puis commença à pleurer. « Ta gueule, sale gamin ! » rétorqua-t-il tout bas, conscient d’être en danger, si jamais un félin ennemi le retrouvait avec ce précieux cargo dans la bouche. Il ne pourrait se défendre, lui, avec sa progéniture, en cas d’attaque. Afin de prendre une route plus sûre, il changea de direction, et sauta sur quelques boîtes d’humains afin de monter sur un bas toit. Il s’arrêta là afin de faire une courte pause, examinant les quartiers pauvres de sa ville. L’astre nocturne illuminait que faiblement ces petite rues, aucune silhouette n’était visible dans cet ombre funeste. En tout cas, pas aux yeux du matou. Il soupira, lâcha son petit, puis s’assit pour toiletter le jeunot.
La pleine lune scintillait derrière quelques nuages sombres à présent. Grey Killer devinait sans mal, avec sa longue vie d’expérience, que l’orage se préparait. Ou au moins de la pluie forte. Il finit de lécher le chaton, le souleva à nouveau du sol, puis reprit sa route, en pensant toujours à ce qu’il allait bien pouvoir faire de lui.
***
Le soleil se levait lentement. Il avait plu cette nuit, et le bois que constituait le toit du petit bâtiment abandonné des humains était complètement trompé. Il laissait passer de nombreuses gouttes d’eau, qui finirent par vraiment agacer la vieille chatte qui dormait juste en dessous. Elle avait un pelage grisé, mais blanchi gravement par son grand âge. Ses paupières se soulevèrent doucement, dévoilant ainsi ses jolies prunelles bleues glaciales. Elle passa sa patte sur la fourrure de son museau, tentant de sécher l’eau qui s’y était coulée. Grognant de fatigue, elle se leva lentement, ignorant ses peines de dos, et regarda autour d’elle. En soupirant, elle constata qu’elle vivait bien dans un trou abandonné. Son domicile se trouvait parmi les ruelles pauvres, et c’est à peine si elle y avait sa place. Les murs n’étaient pas peints, on voyait que la peinture s’était mouillée et avait coulé. Il faisait froid et humide, l’air était tiède, l’odeur des dizaines de chats qui habitaient ici puait la famine. Le sol était jonché de sang, dégoutant, et de quelques os, comme ceux des poulets volés aux humains, ou ceux des ennemis qu’on avait du manger, manque d’autres aliments. Chaque félin, ou plutôt chaque famille, avait une espèce de boîte en carton, qui lui servait de chambre. Il y en avait qui trainaient un peu partout, alors que d’autres étaient bien rangées, les unes bien sur les autres, dans un coin ou contre un mur de la salle. Au centre de tout cet univers se trouvait un grand ramassis de boîtes, servant de promontoire au meneur de la bande. Elle sourit en pensant à lui. Grey Killer, son fils. Ses oreilles tressaillirent soudainement, alors qu’elle sentit justement son odeur approcher. Il avait encore passé la nuit dehors. Ses promenades nocturnes signifiaient toujours qu’il s’ennuyait dans ce lugubre domaine. Elle savait bien qu’il recherchait souvent des compagnonnes nocturnes, afin de le satisfaire. C’était un gros pervers, et il n’avait pas peur de violer les jolies dames, loin de là. Elle secoua la tête, avança vers lui afin de le saluer, mais se rendit compte qu’il tenait dans sa bouche quelque chose de nouveau. Ses yeux s’agrandirent de surprise lorsqu’elle vit un jeune chaton, dormant, couleur roux, très sale. Elle se précipita vers son fils, et examina le petit. Il n’avait pas encore ouvert les yeux, et ne devait pas avoir un mois. Elle avait déjà pitié de lui ; à peine sorti du ventre de sa mère, il devait venir ici afin de subir les malheurs de la vie. D’ailleurs, en parlant de ça… où était sa mère ? Que lui avait encore fait Grey Killer ?
- Grey, gronda-t-elle. Qui est-ce ? C’est ton fils, n’est ce pas ? Je t’aurais prévenu, si tu n’arrêtes pas de violer tout ce qui bouge, il y aura des IDIOTSéquences… - Rah mais ta gueule, sale bête ! rétorqua son fils en roulant des yeux. C’est pas comme si c’était la mort hein. Au contraire, c’est plutôt bien je trouve. Ça fait quelques temps que je cherche un successeur, et comme la mère est morte maintenant, je peux…
La chatte grise cracha au sol en l’interrompant. Elle feula de rage, s’assurant par contre de ne pas le faire assez fort pour réveiller le moindre félin, sachant que le jeune rouquin en subirait les IDIOTSéquences ensuite.
- Comment peux-tu vivre avec toi-même ?! Cette chatte est morte par ta faute, et tu ne trouves rien de mieux à dire que « ça plutôt bien » ?! Tu es un monstre, mon fils. Ce pauvre chaton ne survivra pas longtemps si tu regardes les autres de cette manière.
Elle ne savait que trop bien que jamais ses mots ne toucheraient le cœur insensible de son enfant, et elle regrettait énormément ce défaut chez lui. Était-ce de sa faute qu’il était devenu comme ça ? Était-t-elle à ce point mauvais parent ? Peut-être. Le sans-cœur en question sourit, justement, mesquinement, puis posa son fardeau au sol d’un geste plutôt tendre, qui surprit sa maternelle. Il soupira, puis le poussa vers elle, avant de lui lancer ;
- Puisque tu y connais des tonnes, Grisette, t’as qu’a t’occuper du gosse. Son nom est Red, Mysterious Red, et je veux qu’il participe à l’entrainement des jeunes avec Dongo quand il aura deux mois. Ni plus, ni moins. Ne sois pas trop gentille avec lui, un jour, il prendra le relai du Black Cat’s Sociaty, et devra, comme moi, être capable de tuer sans une larme. Si c’est une chochotte par ta faute, je m’occuperai personnellement de ton cas.
Étant celle qui avait vécu le plus longtemps avec lui, Grisette savait on ne peut plus bien que son propre fils était capable de la tuer, s’il le fallait. Elle avait même parfois peur de lui, car ne servant à rien dans le groupe, il pouvait à tout moment souhaiter qu’elle s’en aille. Et une vieille chatte comme elle ne survivrait pas longtemps dans cette maudite ville. Elle regarda le matou tacheté s’en aller, d’un pas hautin et fier, avant de poser son regard sur le jeunot, qui dormait toujours paisiblement, ne sachant pas que des milliers de jours d’enfer l’attendaient lorsqu’il se réveillerait. En soupira, elle le souleva du sol, et l’amena sous sa petite boîte en carton, où il habiterait à partir de maintenant. En s’installant confortablement afin de faire la toilette de son nouveau fils adoptif, elle se jura de bien s’en occuper, comme elle n’avait pu le faire pour son propre petit.
« Red, tu vivras peut-être une vie comparable à l’enfer, mais tu vivras. Je te le promets. »
***
Les lueurs de l’aube commençaient à scintiller à travers des trous laissés dans la boîte qui servait au rouquin de chambre. Il cligna des paupières, et les ouvrit en grand, curieux de savoir ce que le jour allait lui apporter. Son nom était Mysterious Red, ou Red tout court faisait mieux. Il habitait sous le toit de Grisette, une doyenne, ou ancienne membre, de la bande des Black Cats. Sa mère adoptive ne lui parlait jamais de son lien avec ce groupe, mais elle lui disait souvent qu’il allait devenir un jour un des membres les plus importants. Il aurait du croire, suivant toute logique, qu’elle lui disait ça afin qu’il ait espoir, et qu’il travaille dur pour mériter un poste haut. Mais il avait comme l’impression qu’elle cachait des choses derrière ses mots… De toute façon, rien ne valait y penser, il n’arriverait jamais à comprendre les façons de cette vieille folle. Il se leva, fit un rapide toilette, s’ébroua, puis sortit de sous sa petite boîte en carton. Il faisait beau ce matin-là. Voir le camp entier en mouvement ainsi lui donnait une folle envie de courir partout, de tout mettre en désordre. Cependant, il savait que Grisette était capable de ne pas le nourrir pendant quelques jours, en guise de punition, alors il s’en restreint. En faisant quelques pas vers la boîte d’un de ses amis, il se rendit compte qu’un tas d’yeux malveillants étaient posés sur lui. Il ne comprit pas pourquoi, et acheva son court trajet en tapant de sa patte légèrement sur la petite caisse de son camarade. En attendant que ce dernier ne sorte de sa petite tanière, il dandina sur place, se demandant pourquoi autant de regards étaient posés sur lui. Il n’était pas gêné, mais c’était toujours bon de connaitre les raisons. Avait-t-il encore une fois commis une bêtise sans le savoir ? Non, depuis qu’il avait reçu sa derrière sanction, qui était de nettoyer le gîte de son meneur, il s’était restreint de faire la moindre chose. Il haïssait les corvées, et ça se savait. C’est justement pour cela qu’on aime bien lui en donner. Enfin, son ami sortit, lui adressant un sourire joyeux ;
- Tiens, salut Red. Ça va ? Tu n’as pas l’air bien joyeux…
Le rouquin sourit ; ce petit félin tigré avait toujours raison sur ses humeurs. Qu’il soit triste, heureux ou autre, il le savait toujours. C’était sans doute parce qu’ils se connaissaient depuis des lustres. Enfin, ça lui semblait ainsi, car il n’avait plus ou moins connu personne d’autre. Ce chat était pour lui comme un frère. Un grand frère protecteur, qui avait plus de quatre lunes de plus que lui, avec un pelage tigré noir-gris et des yeux gris clairs, indéchiffrables.
- C’est vrai, admit-il. Il ajouta en baissant le son ; Depuis tout a l’heure, j’ai comme l’impression que tout le monde me regarde…
Son ami le regarda pendant un moment, pensif, puis tourna la tête vers ceux qui les regardaient. Il les observa eux aussi pendant un court instant, puis retourna la tête vers son camarade perplexe.
- C’est normal, répondit-il enfin. Tu n’as qu’un mois, et tu vas déjà commencer l’entrainement. Avec Dongo en plus. C’est un des meilleurs mentors que la bande. Mon mentor d’ailleurs, ce qui veut dire qu’on sera dans le même groupe. P*tain, ça va faire bizarre d’avoir un minus comme toi en cours quoi.
Red sourit. Il était vrai qu’il allait commencer sa formation de gangster ce jour-là. Il serait, dès le soi-même, le plus jeune aspirant à ce poste. Mais bon, il n’y avait pas de quoi être fier, franchement. Comme il serait le plus jeune, ainsi que le plus inexpérimenté, il se préparait déjà aux moqueries des autres. Grisette lui avait déjà mis en garde, et de plus, son cher ami, qui adorait plus que tout le surnommer « minus », n’allait pas arranger les choses avec ce beau surnom.
- Dis, Spirit… souffla-t-il. Tu peux me rendre un service ? Je sais que par rapport à ton âge, chuis un « minus » comme tu dis, mais je pense pas que ça ira très bien quand on m’appellera comme ça en cours… Tu veux bien m’appeler par mon nom, pendant qu’on est avec eux ?
Le dénommé Spirit le toisa une seconde, méditatif, avant de lui répondre d’une voix désintéressée ;
- On verra minus, on verra. Pour l’instant, j’ai faim. Pas toi ? Allez, on va bouffer. Si tu me laisses ainsi crever la dalle, tu s’ras mort avant d’avoir pu commencer l’entrainement. De plus, un gamin comme toi aura besoin de forces pour c’t aprèm’. Il se mit en marche vers la montagne de nourriture, où les félins nobles, avec un bon statut, du bâtiment pouvaient manger. Bien sur, Spirit ne faisait pas parti de ceux-là. Mais son ami, oui. Mieux valait en profiter. Mais d’un ton bas et souciant, il ne put s’empêcher de rajouter pour lui-même ; Beaucoup de forces même. Je sens que tu vas passer un des plus durs moments de ta vie, Mysterious Red.
Et il n’avait pas tort.
***
Après avoir bien mangé, les deux camarades parlèrent pendant quelques minutes de ce qui allait les attendre pendant leur cours avec Dongo. Ce dernier était réputé parmi les quartiers pour sa maitrise son combat. Il était sans doute un des meilleurs combattants de la ville, et était le premier parmi les mentors. Tous les enfants nés dans la bande étaient confiés un jour à un professeur par leurs parents. Ce n’était pas obligatoire, mais si jamais on ne le faisait pas, le petit ne deviendrait jamais un membre officiel, car il aurait peu de chances de passer l’examen d’initiation. Donga avait apparemment passé cet examen haut la main, à ce qu’il paraissait. Ses élèves étaient tous fiers de l’avoir en tant que maitre, et bon nombre de personnes trouvaient louche qu’on lui confie un jeune disciple tel que Red. Ce dernier était par conter assez malheureux d’être tombé sur lui. Étant classé parmi les plus nobles du clan, fils adoptif de Grisette, mère du meneur, il avait droit à ce privilège, mais plus le mentor était puissant et connu, plus il était stricte. Et franchement, le boulot, ça ne lui faisait pas tellement plaisir. Encore jeune et plein d’avenir, il n’avait pas encore l’envie de pourrir sa vie parmi les autres enfants en cours avec lui. Ils étaient à présent cinq élèves sous la responsabilité de Dongo, alors que la moyenne était de trois par prof’. De plus, tous ses camarades étaient de l’âge de Spirit, voir plus. Son ami lui faisait aussi peur, en lui racontant son premier cours avec ce professeur. Apparemment, il avait du courir trente fois autour du bâtiment, sans repos, avant de transporter sur son dos la nourriture pour ses camarades. « C’est l’exam’ qu’il aime faire souffrir à ses élèves » avait-il grimacé. « Crois-moi, il sera aussi sévère avec toi, et surement plus. Il est très compétitif, et je doute qu’il apprécie le fait que tu commences l’entrainement aussi jeune… » Le pauvre jeune Red avait avalé sa salive en entendant cette phrase, mais avant qu’il ne put demander autre chose sur ce sujet, il sentit une odeur de félin familière. Il bascula la tête dans le sens convenant, et admira la carrure gigantesque du matou qu’il avait en face de lui. Dongo n’était pas une élite pour rien, il fallait l’avouer. Ses muscles étaient tellement géants qu’il paraissait sur-nourri et gros. Il devait faire deux fois le poids d’un chat normal, avec que ses muscles sous la peau. Sa fourrure était terriblement neigée, même pour un gangster, avec une multitude de taches colorées de ses aliments précédant, salissant et rendant terriblement laid son pelage couleur d’ébène. Ses yeux gris et renfermés trahissaient sa personnalité composée et réfléchie, ainsi que son air serein, qui ne trahissait absolument aucun sentiment. Le rouquin trouvait toujours, à chaque fois qu’il le rencontrait, qu’il ressemblait à sa mère adoptive. Cependant, il avait toujours mis cela sur le côté de l’illusion.
- Bonjour Dongo, lança Spirit, pas très joyeux de voir son mentor. Tu devrais connaitre Mysterious Red, le nouvel élève… non ?
Le rouquin en question tint face au regard que son nouvel tuteur posait sur lui, qui était pourtant glacial. Il n’avait pas peur ; qu’est ce qu’il pouvait bien faire à son propre élève ? Il n’était pas du genre à être facilement intimidé, même par les plus valeureux combattants… UC.
Exercice : Un noctambule postera pour vous le donner.
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