Imagine... [Nuage du Chef]

K.I.A.
Imagine...

One, two, three

La liberté

Libre

Libres

Mon parfum

L'aventure

L'amour

Un entrainement

Nuage du Chef

Qui suis-je ? Je n'avais qu'une réponse à cette question. Je suis Nuage du Chef. Un félin. Un petit animal insignifiant, qui vit sous la protection des Bipèdes, ou en Clan. Un être inférieur, qui a quand même hérité d'une conscience. Un bon à rien, qui ne peut contrôler les éléments. Qui peut mourir si facilement. Cependant, je ne suis pas semblable aux autres. Je suis différent. Je possède une intelligence bien plus développée que celle de mes congénères. Ce n'est pas ma faute. C'est l'évolution. Le commencement, en quelques sortes. Les membres des tribus ne pouvaient comprendre. Ils pensaient simplement que j'étais fou. Que j'avais trop d'imagination. Que mon âme n'était pas pure. Je ne peux que rire de ces affirmations. Lorsque les félins voient quelque chose d'extraordinaire, ils nient ce qui semble pourtant si évident. Et c'est exactement ce qu'ils font en ma présence. Ils ne voient pas mes capacités. Ne remarquent pas mon intelligence. Ils sont idiots. Et moi, je les domine, du haut de mes huit lunes.

Un rire m'échappe. C'est une action qui ne m'arrive que rarement. Je suis un instant surpris par ma réaction, puis me calme rapidement. Je continue mon observation. Les Guerriers parlent entre eux. C'est le sujet de leur conversation qui m'a arraché ce léger ricanement. Ils discutent de l'ambiance soit disant harmonieuse du Clan. Ils sont si naïfs ! Les chasseurs, qui ont reçut un Entraînement intensif, ne reconnaissent même pas un danger potentiel. Quel est cette menace ? Moi. Je souris. Je crois entendre une voix timide, au plus profond de mon esprit. Que dit-elle ? "Tu n'es pas si terrifiant que ça, mon petit." C'est vrai. Dans mon état actuel, je ressemble plus à l'un de ces imbéciles de Novices qu'à un matou manipulateur. M'enfin. Tout peut arriver. Un miaulement plaintif attire mon attention. Derrière moi se tient fièrement un chaton. Le membre le plus faible d'un groupe, qui ne possède aucun grade, ni aucune aptitude intellectuelle. Un fardeau. Mais aussi la future génération. C'est pour cette raison que les chats perdent leur temps à élever ces boules de poils exigeantes. Le petit en question veut jouer avec moi. Je le toise un instant. Puis, j'émets un profond grognement. Le jeune est-il aveugle ? Ne voit-il pas que je ne suis pas un vulgaire chaton comme lui ? Je suis bien plus grand. Mes yeux, d'un bleu angélique, brillent d'intelligence. Je n'ai plus les courbes arrondies des nouveaux-nés. J'ai connu huit longues lunes, contrairement à cet ignorant qui ose me proposer une telle absurdité. Un Reine apparaît dans mon champ de vision. Je ne la connais que de vue, n'ayant jamais eut l'envie particulière de lui adresser la parole. Son regard étincelle de haine. Je ne suis pas assez sympathique avec son petit à son goût. Je grogne une dernière fois, foudroie le jeune des yeux, puis me détourne des deux félins. Je m'ennuie. Mon cerveau manipulateur n'a plus aucune cible depuis que j'ai rejeté la plupart des Apprentis. Depuis, je ressens une sorte de vide au fond de moi. C'est tout simplement horrible. Je n'ai plus le loisir d'exercer mon intelligence sur les autres. Je n'ai plus de cobayes sous le bras. Il me reste une seule solution, pour ne plus avoir à ressentir ce manque. Commencer mon Entraînement.

Je me dirige vers le dénommé Killed in Action. Mon Mentor, à ce que l'on dit. Je n'étais pas présent à mon Baptême. Cela ne m'avais pas vraiment intéressé. Et apparemment, je n'étais pas le seul. Le matou que pelage blanc n'avait pas montré le moindre intérêt pour ma personne. Sans la moindre hésitation, je m'avance vers mon professeur. Il est à l'écart des autres chasseurs, adossé à un chêne. Il y a donc deux possibilités. Il préfère la solitude, et n'est donc qu'un idiot. Ou il possède le même dédain face aux félins que moi. J'écarte rapidement cette pensée. Non. Je suis unique. Le seul à être au dessus de ma race. Il n'y a pas de deuxième place. Je suis le seul candidat à ce poste. J'opte donc pour le premier choix. Ce qui signifie que le matou crème qui me fait face est un imbécile. Je retiens un ricanement. Mon Mentor, l'être qui va tout m'apprendre, est stupide. Mon avenir promet d'être intéressant. J'inspire doucement, éloignant mes airs narquois et mon agressivité de mon esprit. Action mentale vraiment difficile. Je suis comme ça. Vivre, ne serait-ce qu'une seule seconde, sans prononcé de paroles cruelles de semble au-dessus de mes forces. J'en suis incapable. Enfin, je le pensais.

- Je suis prêt. Nous pouvons commencer l'Entraînement.

Je suis assez fier de moi. J'ai laissé la plupart de mes sentiments de côté lors de ces deux phrases. La plupart des félins pensent qu'émotions riment avec qualités. Avec la part de lumière d'un matou. Avec la joie, le bonheur, la générosité... Sur ce point, comme sur tant d'autres, je suis différent de ces simples chats. Pour moi, cela signifie cruauté, haine, jalousie, dédain... Et oui. Je suis parfait. Je suis l'évolution. Je suis au-dessus des lois, des règles. Je suis l'égale de Dieu. Non. Pour une fois, je me suis trompé. Je souris de cette erreur. Je ne suis pas l'égale de Dieu. Je suis Dieu.

[Vraiment désolé pour le retard =/]

- As-tu déjà gouté le sang d'un chat, petit ? Allez, vas-y ! Attaque moi ! Donne tout ce que tu as !

-Allez petit ! Bondit ! Plante tes crocs dans ma fourrure ! Je suis sur que tu aimes ça ! Ne rentre pas les griffes ! Fais moi saigner, petit ! Fais moi saigner comme personne ne m'a jamais fais saigner ! Tu n'as pas peur, je le sens ! Vas-y !

Nuage du Chef

Le matou au pelage blanc me dévisage. Je suis intrigué. J'aimerai connaître ses pensées. Mais, en même temps, être dans l'esprit de parfaits idiots ne me tente pas vraiment. Je rejette cette envie stupide, et me concentre. J'attends la réponse de ce fameux Kia. Qui m'ignore royalement. Je retiens un grognement. Je n'aime pas son air négligeant. Soudain, un sourire malsain se dessine sur mon visage angélique. Je reconnais cette lueur étrange, qui brille au fond de son regard bleu. Certains affirment qu'elle correspond à la folie. Moi, je connais la vérité. Elle est le seul témoin de l'intelligence. Et oui. Les plus brillants sont traités de fous par leurs congénères. C'est tout à fait normal. Ils ne peuvent comprendre une chose qui les dépassent. J'en conclus donc que j'ai commis une erreur de jugement. Mon Mentor n'est pas l'un de ces imbéciles. Il me ressemble. Je hausse les épaules, mouvement parfaitement Bipède que j'ai adopté quelques lunes auparavant. M'enfin. Je ne tiens pas à me remémorer mon passé.

Sans m'adresser le moindre regard, mon professeur se lève, et se dirige vers la sortie du Camp. Agacé par son manque d'attention envers moi, l'être le plus important de ce regroupement de félins, je soupire de nombreuses fois durant le trajet. Je traîne les pattes avec maladresse, peu habitué à ce mouvement de pure provocation. Ma marche ne s'éternisa pas. Mon Mentor avait choisit les Champs de Blé. Le territoire que je déteste le plus. La raison de ma haine est évidente. Je n'aime pas ressentir le moindre sentiment d'infériorité. Et ces grandes plantes jaunes qui me dominent bien trop à mon goût, me rappellent une fois de plus que malgré mon esprit tout simplement magnifique, je ne suis qu'un chat. Ces herbes de la couleur du soleil ont d'autres défauts. Elles ne me permettent pas d'observer les alentours, car leur taille imposante cachent le paysage. Les corbeaux, volatiles noirs et perfides, font généralement des champs leur terrain de jeux. Et enfin, de nombreux félins viennent y chasser, me dérangeant dans mes réflexions. Ce qui, bien sur, a le don de m'agacer. Il se place devant moi. Je contemple son pelage immaculé, le sourire aux lèvres. Cet individu n'est pas vraiment discret. Ses poils soyeux en disent long sur sa personne. Il se met en avant, cherche à être vu, observer, désirer. Encore une fois, ce n'est qu'une hypothèse de plus, sortie de mon cerveau soit disant détraqué. Je réprime un rire lorsque je repense à cet évènement. J'étais encore un jeune chaton inexpérimenté. Mais mon intelligence était déjà présente. J'avais usé de cet atout pour obtenir un gibier de plus. Je n'étais pas vraiment coupable. L'idiot m'avait apporté son repas sans un mot. J'étais particulièrement fier d'avoir manipulé l'un de mes camarades de la sorte. Malheureusement, l'imbécile en question s'est plaint. Et sa mère, une Reine arrogante, a commencé à me décrire. Ses propos étaient si justes que j'avais un instant perdu l'usage de la parole. Néanmoins, elle s'était trompée sur un petit détail. Elle disait que mon brillant cerveau était "détraqué". Ce mot ridicule m'avait bien fait rire. Depuis, les plus courageux ont reprit cette description de ma personne, en insistant sur ce passage. Je les trouve pitoyables.

Je secoue doucement la tête, et pose mon regard sur le matou qui se trouve face à moi. Deux plantes nous séparent. Il émet un grognement étrange. Et l'Entrainement commence. Il s'avère que on professeur est expérimenté. Il connait les techniques les plus subtiles qui sont déterminantes lors d'un combat. Mais il arrive que le génie cède véritablement sa place au fou.

- As-tu déjà gouté le sang d'un chat, petit ? Allez, vas-y ! Attaque moi ! Donne tout ce que tu as !

Je suis surpris par ses paroles. Je souris. Mes yeux de couleur claire s'assombrissent. Je sors mes griffes sans m'en rendre compte. La folie s'empare de mon corps. Non. Ce n'est pas de la folie. C'est une rage, une envie de sang, incontrôlable. Une facette de ma personnalité qui m'est inconnue. Je frissonne, impressionné par le bonheur que me procure ce désir. J'ai envie d'attaquer ce félin, de le mordre jusqu'au sang. Mais mon esprit logique me retient. Je n'ai pas la force nécessaire pour battre cet imbécile. Je ne suis pas indestructible. Mes blessures me feront souffrir. Je dois éviter ce combat. Cependant, comment résister à la tentation ? Je veux connaître cette joie que décrivent les Guerriers lorsqu'ils racontent leurs aventures sur un champ de bataille. Mon Mentor, envahit par une folie meurtrière, continue son discours sanglant.

-Allez petit ! Bondi ! Plante tes crocs dans ma fourrure ! Je suis sur que tu aimes ça ! Ne rentre pas les griffes ! Fais moi saigner, petit ! Fais moi saigner comme personne ne m'a jamais fait saigner ! Tu n'as pas peur, je le sens ! Vas-y !

Un grognement de joie m'échappe. Je suis surpris de ma réaction. Je veux réfléchir, évaluer la situation avant d'agir. Mais je n'en ai pas le temps. Mon instinct prend le dessus, me laissant spectateur de mes actes. Je suis comme enfermé dans mon propre cerveau, unique témoin de cette scène. Je sens mes muscles se contracter sous l'effet d'une impulsion. Mes yeux observent mon adversaire. Mes griffes raclent la terre. Tous ces gestes s'accomplissent d'eux-mêmes. Je n'ai aucun contrôle. Je me sens voler, et comprends que je viens de bondir. En direction de Kia. Je veux fermer les paupières, car je connais parfaitement la suite des évènements. J'ai déjà plusieurs hypothèses en tête. Cinq plans, pour être plus précis. Et malheureusement, mon instinct a opté pour la pire des solutions. L'attaque frontale. Sans la moindre feinte. Mon professeur esquive souplement. J'atterris brutalement sur le sol dur. Dans ma chute, j'ai arraché quelques plantes jaunes. Je me relève doucement, encore étourdi par le choc. Et soudain, je ressens une douleur cuisante au niveau de mon cou. Je n'ose pas bouger la tête. Les crocs de mon adversaire s'enfoncent dans ma chair. Je pousse un cri. Intérieurement. Le feu qui ravage ma nuque me ramène à la réalité. Je redeviens le maître de mon corps. La douleur est plus forte, plus réel . J'ai mal. Et si je ne fais rien, je vais mourir bêtement. Or, je ne suis pas un idiot. Je suis intelligent. Et je vais trouver une solution.

Sauf que, pour une fois, rien ne vient. Pas même un plan idiot et infaisable. Je me sens faible devant ce manque d'idées. Puis, un grognement de satisfaction retentit. Il vient de ma gorge. Je n'ai pas de possibilités en me servant uniquement de mon cerveau. Alors ? Je vais utiliser cet instinct sanguinaire que j'ai tant de mal à contrôler. Je donne un faible coup de patte dans le poitrail de mon Mentor. Il ricane devant ma faiblesse apparente. La pression sur ma nuque s'atténue. Et j'en profite pour me libérer de ses crocs. Lorsqu'il comprend mon stratagème, le matou blanc tente de me rattraper. Mais la surprise l'a rendue lent. Je m'écarte vivement de Kia. Je sens mon sang, coulant sur mon pelage noir. Je me secoue, tentant d'enlever le liquide vitale de mes magnifiques poils noirs. Puis, je souris. J'ai réussi. Cependant, ce combat ne fait que débuter.

C'est pas mal, pour un vieux.

Je regrette immédiatement ces paroles. Je ne peux m'empêcher de critiquer mon adversaire, de le rabaisser, de le provoquer. Ce n'est pas une preuve d'intelligence. Ni une marque de courage. C'est un acte stupide, qui n'est pas adapté à la situation. Je secoue la tête. C'est impossible. Pourtant, la vérité est devant moi. Moi, l'être parfait. Moi, le Dieu de cet univers. Moi, Nuage du Chef. Moi, j'ai un défaut.

Le petit m'attaque. Il bondit. Le plaisir l'aveugle. Je l'évite facilement. Je plante mes crocs dans sa nuque. Je relâche doucement ma pression. Il va se dégager. Il y a peu de chance que je le rattrape ensuite, mais tant pis. Trop tard, il est parti. Il secoue sa fourrure noire. Peut-être est-il vexé quand il déclare.

- C'est pas mal, pour un vieux.

Je ris. Feulant de plaisir. Je me lèche les babines.

- Petit arrogant, tu me plais ! Je sens qu'on va s'entendre ! Laisse toi aller. Protège ton ventre. Ne te laisse pas distraire. Vise la nuque, le ventre, les pattes. Utilise la ruse. Je suis sur que tu as bien plus d'un tour dans ton sac !

Bien sur mes appuis, je m’apprête à saigner. Je ne bougerais pas. Je bande mes muscles pour faire croire le contraire. Je doute que Chef tombe dans le piège. Il est intelligent se petit. Il est rageur. Pas idiot. Je l'aime bien.

Je sens mes poils se hérisser. Mon cœur bat plus vite. Le petit se prépare à sauter. Je grogne de plaisir. Laisse-toi aller petit. Donne tout ce que tu as. Je crois que toi et moi, on va être amis.

Nuage du Chef

Kia éclate d'un rire mauvais. Je frissonne face à cette preuve évidente de sa démence. Il est fou. J'en ai la preuve. Vais-je devenir comme lui à la fin de mon Entrainement ? Non. Quelle question. Je suis intelligent. Il n'arrive rien de fâcheux aux plus évolués sur le plan intellectuel. Je suis la preuve vivante de cette affirmation. Je manipule aisément mes semblables. Je mens facilement pour protéger ma personne des difficultés. Je vole les biens de mes compagnons pour mon propre plaisir. Ce félin au pelage blanc n'est pas de taille à me déstabiliser. Rassuré par mon raisonnement, je repris mon observation du matou. Il se lèche les babines. Est-ce la soif de sang qui le contrôle ? J'aimerai le savoir. Son comportement révèle un personnage charmeur, sanguinaire et agressif. Je n'en sais rien. Je m'impose une respiration régulière, luttant pour garder l'esprit clair. Kia ouvre la gueule, dévoilant ses crocs aiguisés. Sa voix grave résonne dans le Champ de Blé.

- Petit arrogant, tu me plais ! Je sens qu'on va s'entendre ! Laisse-toi aller. Protège ton ventre. Ne te laisse pas distraire. Vise la nuque, le ventre, les pattes. Utilise la ruse. Je suis sur que tu as bien plus d'un tour dans ton sac !

Pour un fou, il parle bien. Il sait motiver ses interlocuteurs. Je suis tenté de le croire. D'écouter ses paroles, sa voix chantante. Mais je ne peux pas. Je veux garder mon état de lucidité. Perdre le contrôle de mon corps n'est jamais agréable. Je ne veux plus que cela m'arrive. Alors ? Je me concentre sur ma cible. Et oui. Killed in Action n'est plus mon Mentor. Il ne m'enseigne plus rien. Il n'est qu'un défi, comme tant d'autres. Difficile. Imprévisible. Compliqué. Mais pas impossible. Le matou blanc contracte ses muscles. Je détaille son visage, étonné par cette attaque si simple à contrer. Ce n'est pas son style de technique. Jamais il ne s'abaissera à un niveau aussi pitoyable. A moins que ce ne soit qu'une feinte. J'opte pour cette deuxième possibilité. Mais comme ce n'est qu'une hypothèse parmi tant d'autres, je prévois rapidement un plan de secours. Comme à mon habitude. Je pris une profonde inspiration. Le vent farceur emmêla mes poils noirs. Je ne fais plus vraiment attention à ces détails, qui me donnent un air négligé. Je suis concentré sur le félin. L'autre. Je contracte lentement les muscles de mes pattes. Je ne m'attends pas à le surprendre. Il est bien trop entraîné pour ne pas voir ce mouvement discret au niveau de la queue, unique preuve de mon futur bond. Une étincelle de joie apparaît un instant dans son regard charmeur. Bien. Il a comprit mes intentions. Je ferme les yeux. Je sais parfaitement que ce mouvement est stupide. Pendant quelques secondes, je ne vois plus mon adversaire. Mais je n'en tiens pas compte. J'ai besoin de cet instant de concentration. Je réduis au minimum les battements affolés de mon coeur, et rouvre les paupières. Mon Mentor n'a pas bougé. Parfait. Je souris. Et commence à courir en direction de Killed. Il ne réagit pas immédiatement, surpris par mon stratagème. Je ne sais pas vraiment si je dois en être fier. Je repousse cette pensée dans un coin de mon esprit. J'y réfléchirai plus tard. L'instant était au combat.

Le matou blanc pivote vers moi, en position d'attaque. Arrivé à quelques mètres de lui, je bondis enfin. Griffes sorties, évidemment. Je ne connais pas les Entrainements. Je ne vois que l'instant présent. Le futur proche. Celui où je vais planter mes crocs dans la chair d'un membre de mon Clan. Ma patte ne fait qu'effleurer la joue de mon adversaire. Je grogne. Je l'ai raté. Il a simplement baissé la tête. Et j'ai atterrit brutalement sur le sol humide. Je crache la boue qui m'emplit la gueule. Soudain, je sursaute. Je sens un liquide chaud couler sur mon corps. Ainsi qu'une violente douleur au niveau de l'omoplate. Quel idiot. En tombant, je me suis blessé. Mon sang se répand lentement sur l'herbe grasse, colorant les plantes qui m'entouraient. Je donne un coup de patte dans la terre. Puis, le monde s'arrête. J'ai une idée. Un magnifique plan, infaillible, s'offre à moi. Un sourire narquois se dessine sur mon visage. Je frappe une nouvelle fois le sol. Mais cette fois, je n'ai pas agis sous l'effet d'un colère quelconque. J'ai visé mon adversaire. Les morceaux de terres sont projetés sur Kia, l'aveuglant temporairement. Un rire s'échappe de ma gorge. La douleur doit être atroce. Il a reçut l'une des particules dans l'oeil gauche. Je m'élance une nouvelle fois vers le félin blanc, avec un unique plan en tête. L'attaque. Je le percute, et lui fait perdre l'équilibre. Emporté par mon poids, il n'arrive pas à se redresser à temps pour éviter l'impact. Un frisson me parcourt. Je m'écarte rapidement du chat. Et me laisse aller. Je ricane bruyamment, tout entier tourné vers ma victoire. La folie s'est-elle emparé de mon être ? Je ne sais pas. Je m'en fiche royalement. Une seule pensée occupe mon cerveau ivre de bonheur. La victoire. C'est la preuve absolue. Le signe divin. Plus aucun félin n'osera contesté mes choix. Mes désirs les plus fous seront réalisés. Je suis le Roi de cette forêt, le Dieu des Clans. Le Souverain de cet Univers. Et mon nom est Nuage du Chef. Je peux donc me permettre quelques marques d'arrogance. Bien. J'en avais besoin.

- Relève-toi, l'Ancêtre. Je n'ai pas toute la journée. T'es tellement simple à battre... Finalement, j'pense que je n'ai pas b'soin d'Entrainements, Papy.

Et oui. En tant que Empereur de ces félins, je peux tout me permettre. Même ces phrases dédaigneuses. Après tout, il est inférieur à moi. Mon comportement, sa prochaine soumission... Tout cela est normal.

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- Vas-y mon chou ! Défoule toi ! N'essaye pas de te contrôler ! Arrête de penser ! Attaque ! Vas-y bébé ! On a bien compris que tu étais intelligent, pas la peine d'en faire tout un plat !

- Ne me dis pas que tu es idiot, quand même !

Nuage du Chef

Mon Mentor éclate d'un rire froid. Je ne réagis pas. Cette fois, je reviens sur mes hypothèses. La démence habite bien son esprit. Ce n'est pas un esprit intelligent rejeté par ses pairs. C'est un fou, tout simplement. Un félin insignifiant, qui n'est rien. Contrairement à moi. Une goutte pourpre tombe sur l'herbe. Son sang. La joie m'envahit. Je veux en voir plus. Je désire admirer le corps sans vie de cet idiot. Je souhaite observer son regard, fixant l'autre monde. Le matou au pelage blanc frissonne. Cette réaction n'est certainement pas due au froid. Mon regard devient méfiant. Que va-t-il faire ? Rien. Rien d'important pour moi. Il exécute seulement un acte, qui prouve une fois de plus sa folie. Kia hurle. De joie ? De bonheur ? Je n'en sais rien. J'ai l'impression d'entendre un loup. Un ours. Mais pas un chat. Mon adversaire s'arrête brutalement. Son souffle est rauque. Il halète. Et moi, son Apprenti, je jubile. Tout ce qui peut le rendre plus faible m'intéresse. De la bave s'échappe de sa gueule entrouverte.

- Vas-y mon chou ! Défoule toi ! N'essaye pas de te contrôler ! Arrête de penser ! Attaque ! Vas-y bébé ! On a bien compris que tu étais intelligent, pas la peine d'en faire tout un plat !

Je grogne. Ces paroles n'ont aucun effet sur moi. Je renforce mon contrôle sur ma personne. Et non. Cet abruti n'aura pas le plaisir de me voir débordant de folie. Du moins, je l'espère. Je concentre mon esprit sur des pensées banales. Comme mes camarades de Tanière. Ou plutôt, mes jouets. Mes futurs manipulations. Ma prochaine proie. Sur mes centres d'intérêts. Un peu près tout, sauf de cet instant. Je veux continuer à vivre. Etre spectateur ne me plaît pas. Je veux être le personnage principal de cette vie, aussi ennuyante soit-elle. Je fronce les sourcils. J'entends distinctement les battements affolés du coeur de mon opposant. Il enfonce ses griffes dans le sol. Sa fourrure maculée de sang se hérisse. Il ouvre la gueule. Je soupire. Kia va encore parler pendant de longues minutes.

- Ne me dis pas que tu es idiot, quand même !

Il est vraiment fort. Il a compris que les longs discours ne me captivent pas. Mon professeur a donc opté pour une phrase courte et provocante. Et il a choisit de me rabaisser, en prenant mon intelligence pour cible. J'effectue un dernier sourire avant de sombrer. Je n'ai pas essayé de ralentir mon envie de sang. Je sais pertinemment que cela ne sert à rien. Un grondement sourd sort de ma gorge. Mes griffes sortent rapidement. Mes muscles puissants se contractent brutalement. Je suis euphorique. Je bondis vers la droite, cherchant une faille dans la défense de mon adversaire. Cependant, il pivote vivement, bloquant ma tentative. Je grogne, et repars à la charge, droit sur lui. Un sourire narquois apparaît sur le visage de mon ennemi lorsqu'il comprend ma façon de penser. Je n'ai aucun plan. J'improvise. Fort heureusement, je suis plutôt doué à cet exercice. Au dernier moment, je vise ses pattes. Je plonge vers le sol, sans essayer d'amortir ma chute. L'air sort brusquement de mes poumons lors de l'impact, mais je m'en fiche. Je donne un coup de patte à mon adversaire. Touché. Je me relève lentement, haletant. J'ai les poumons en feu. J'ai mal partout. Mais j'ai réussi. C'est la preuve que je suis un dieu, non ?

- Tu disais quoi, l'ancêtre ?

Upinou x)

1. Killed in Action
1. Je feule. L’ancêtre ? Tient donc ! Un rire monte de ma gorge. Un rire. Un grognement sourd. N'attaquera-t-il donc jamais ? Pourquoi se retient-il ? Que gagne-t-il à ne rien faire? Pourquoi ne laisse-t-il pas son envie prendre le dessus ? Que gagne-t-il à gagner du temps ? Que gagne-t-il à perdre du temps ? Gagne-t-il ? Perd-t-il ? Pourquoi ? Et pourquoi moi ? Pourquoi m'a-t-on confié cet apprenti ? Pourquoi se poser autant de question ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi devant lui ? Pourquoi tout ça ? Pourquoi pourquoi ? Pourquoi tout ? Pourquoi rien ? Pourquoi ?
1. Ce petit est intéressant. Je tourne la tête un instant. J'observe le champ. J'observe le ciel. J'observe l'herbe. J'observe le monde. J'observe mon monde. Est-ce vraiment mon monde ? Suis-je là où je devrais être ? Suis-je la où je voudrais être ? Je m'assoie. Ma longue queue autour de mes pattes. Mon calme revient. Tout est tombé, d'un coup. Je ne sais pas pourquoi. Je plante mes yeux dans ceux du chat. Ce n'est plus "Petit", mais juste le chat. Un égo. Il est mature. Ne jouons plus. Ne saignons plus.
1. Le silence s'envole. J'écoute le vent. J'écoute la vie. J'écoute mon monde, si il est le mien. J'écoute le souffle de la folie s'en aller. J'écoute le silence. J'écoute les odeurs. J'écoute les couleurs. J'écoute. Je baisse les yeux. Chef me regarde. Il m'a l'air si petit, si fragile. Son poil noir. Bien lissé, comme un chaton qui sort de la pouponnière. Ses yeux bleus, grand. Remplis de sagesse.
1. - Quoi, Petit ?
1. Je le taquine. Si je suis "L'ancêtre", il est "Petit". Ainsi va la vie, n'est-ce pas ? Le monde ne peut pas se faire sans un ancêtre et un petit. Combien de temps suis-je resté là, à observer, écouter, regarder ? Quelques secondes ? Plusieurs minutes ? Et puis quoi ? Pourquoi pas ? On a tout notre temps, non ? Prenons le temps de perdre notre temps !

Nuage du Chef

L'imbécile feule. Cependant, ce bruit agressif me semble particulièrement aigu. Son ton, exprimant clairement toute la rage qu'il ressent, me paraît peu menaçant. Trop vieux pour être sérieux. Logique. Ce félin n'est qu'un ancêtre, presque un Ancien. Il n'a plus ma force, mon air dominant. Il n'est plus que l'ombre du Guerrier qu'il avait été, de nombreuses lunes auparavant. Ainsi est la loi de la nature. Les chats naissent, vivent et meurent. Mais ce n'est qu'un détail, pour moi. Jamais la vie ne s'éloignera de mon corps. Je suis bien trop important.

Devant moi, encore debout, KIA ricane. Il semble heureux. Impatient. Le mélange étrange de ces deux sentiments est visible sur le visage de ma cible. Il semble fou. Une seconde s'écoule lentement. Puis une autre. Les minutes passent. Je ne bouge pas. Attaquer directement mon Mentor ne m'est d'aucune utilité pour l'instant. Je ne pourrais prendre l'avantage. J'ai donc décidé de jouer sur son envie irrépressible de sang et de combat. Il s'avancera le premier. C'est une certitude. Mon regard bleuté analyse le moindre des tressaillement de mon adversaire. J'envisage la moindre des possibilités. Eloigne les pensées les plus folles de mon cerveau entraîné, ne laissant que des plans, des hypothèses et des éventuelles échappatoires à l'intérieur de mon crâne. Alors que j'imagine une autre feinte, l'ancêtre tourne la tête. Il ne m'observe plus. Je pourrais m'avancer discrètement, et l'attaquer par surprise. Je pourrais même le tuer. L'imbécile sera mort à cause d'une seconde de distraction. Cependant, je ne fais aucun mouvement. J'aimerai particulièrement mettre fin à ses jours. Mais une victoire comme celle-ci ne me sera d'aucune utilité. Je veux voir la surprise et l'infériorité dans ses yeux. Je veux qu'il comprenne que je suis l'égal de Dieu avant que la mort ne s'empare de son âme souillée. Alors je le regarde.

Il pose tout d'abord son regard sur les Champs de Blé qui nous entoure. Je remarque les tâches pourpres qui maculent la végétation par endroit. Puis, son attention se porte sur le ciel bleu. Il reste un instant la tête levée, observant peut-être les nuages ou l'astre de feu. Puis, son visage pivote vers l'herbe verte, elle aussi teintée par le rouge de notre sang. Il observe la plupart des éléments de notre monde commun, jusqu'au oiseaux chanteurs. Et enfin, KIA s'assoit lentement. Je ne sais pas comment prendre ce geste. Dois-je comprendre qu'il abandonne, et me reconnaît comme vainqueur ? Ou est-ce une feinte ? Je n'en sais rien, et décide de ne rien faire. Ses yeux se tournent vers moi. Je ne discerne aucune émotion. La lueur folle de son regard a disparu. Temporairement ? Bonne question. Les minutes recommencent à s'écouler lentement. Le silence, déjà maître des lieux, s'installe avec plus d'insistance encore dans les Champs. J'entreprends de nombreuses actions inutiles en attendant que le félin ne fasse un mouvement signalant qu'il n'a pas abandonné la bataille.

- Quoi, Petit ?

Le voilà. Après de longues minutes d'attente, le signe est arrivé. L'Ancêtre n'a pas déserté. Il ne le fera jamais. J'ai le sentiment étrange et nouveau d'avoir un nouvel ami. Quoique ce mot soit trop fort pour notre relation actuelle. Je dirais plutôt une connaissance. Un camarade, peut-être. Un chat que j'apprécie, même si je ne l'avouerai certainement jamais. Je ne cesserai de taquiner cette vieille antiquité qui devrait être dans la Tanière des Anciens. Il m'appellera éternellement Petit, même lorsque je serais plus imposant que lui. C'est une vieille loi, remontant à la création du monde. Peut-être que l'Ancêtre y était. Il me semble que cela s'appelait l'amitié.

- Rien, l'Ancêtre. Je t'imaginais plus jeune. Tu sais, sans tes poils blancs et avec des muscles plus développés...

C'est faux, bien sur. Mais je ne fais que respecter la loi.

Killed in Action

- Rien, l'Ancêtre. Je t'imaginais plus jeune. Tu sais, sans tes poils blancs et avec des muscles plus développés...

Je fronce les sourcils, jouant le vexé. Je réplique, une lueur d'humour dans la voix

- Je ne suis pas si vieux que ça, Petit. La preuve, j'ai facilement les minettes du clans à mes pieds, et plus encore. Et pour les poils blanc, c'est ma couleur naturelle. Quand aux muscles... Je n'en ai pas besoin.

Je sens comme une interrogation dans son regard. J'éclate de rire. Que ce Petit est drôle, il n'est pas encore arrivé au bout de ses peines. Mais à quoi bon le lui dire ? C'est un futur chef, rien ne l'arrêtera. Surtout pas un "Ancêtre". Je secoue la tête. Moqueur, je déclare.

- Ne t'inquiète pas, Petit ! Un jour je t'apprendrais à séduire les jeunes femelles ! Elles sont naïves, c'est tellement facile de les attaquer !

Je sens le soleil dans mon dos. Il va bientôt falloir rentrer. Le clan va croire que je l'ai tué. Quelle bande d'idiots. Comme si j'aillais le tuer. Il est déjà assez fort pour son âge. Il résisterait. Il ne reste plus qu'à lui apprendre un peu. Et il fera un redoutable guerrier.

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