I don't want any help. I just want to be fine and alone. [PV KIA]

Oui, j'étais enfin seul. Sorti de mon camp il y a de longues minutes déjà, je marchais seul et tranquillement dans les territoires libres. Je ne voyais aucune raison de me presser. Le soleil était encore présent dans le ciel. Les oiseaux chantaient. Dans cet univers de solitude, je me sentais bien.  Personne pour te dire quoi faire. Tu ne dépends que de toi. Plusieurs fois, j'avais pensé redevenir un solitaire. Mais j'avais bien compris que ensemble, nous étions plus fort. Et puis, même si je n'aimais pas la vie en groupe,je commençais à vraiment apprécier ce mode de vie.. Mais aujourd'hui, ma solitude me faisait du bien. Je restai tranquillement, et je ne voulais pas rentrer. Ou plutôt, je ne pouvais pas vraiment. J'étais sorti assez loin de mon camp. Et je m'étais blessé. Comment, même moi je ne m'en rappelais pas vraiment. Accrochage dans les ronces, petite bagarre, ou simplement peut-être moi-même, pour regoûter au gout du sang. J'avais tellement de raison valable, que je n'y prêtais plus attention. Tellement de raison d'être blessé.. Mais aujourd'hui, cela me posait problème. Blessé à une patte antérieure, j'avais beaucoup de mal à marcher. Je n'avais pas une plaie trop profonde. Mais elle était un peu infectée, et me faisait souffrir. Je boitais et j'avais faim. Vraiment aujourd'hui, ce n'était pas mon jour...

J'ai levé la tête vers le ciel et j'y ai vu un corbeau. Je l'ai écouté pousser son cri. Je me suis senti bien. Je venais d'entendre le chant du corbeau. Les autres chats n'aimaient pas entendre le croassement d'un corbeau. C'était un présage de mort. Mais moi, j'aimais bien.. Je me suis fait discret. Je savais que je me trouvais dans les terres neutres, mais je me sentais trop proche du Clan de la Rivière. Mais cet endroit était un vrai paradis. Il y avait des plantes à volonté. Cet endroit était très apprécié par les guérisseurs. Si j'en étais un, j'aurais pu me soigner. Hélas, je n'y connaissais absolument rien. Et jusqu'à maintenant, je n'avais jamais cherché à en connaitre davantage. Tout ce que je faisais, c'était lécher ma plaie de temps en temps. Je ne pouvais rien faire d'autre. Quelques goutes de mon sang se répandaient sur le sol. J'avais besoin de soin... Je me suis allongé, et je suis resté là, quelques minutes. Puis les herbes ont bougé. Une forme en est sorti. C'était un chat. Il était tricolore. Il avait un assez beau pelage. Je ne savais pas ce qu'il voulais. Je ne savais même pas s'il s'agissait d'un ennemi. Je n’espérais pas. Mais si c'était le cas, j'avais un sérieux problème. Je n'étais pas en mesure de me battre. Je me suis relevé brusquement, ce qui me fit mal, et j'ai pris une position défensive.

Le matou tricolore s'avançait vers moi. Et moi, je gardais ma position défensive. Cela me faisait mal, mais pour rien au monde je ne me serai montré faible. Je ne savait pas ce que l'autre comptait faire. Je savais juste que, dans mon état, je ne ferai pas long feu fasse à lui, s'il décidait de se battre. Il avait une petite étincelle dans les yeux. Je ne savais pas exactement de quoi. Et je me suis senti faible, impuissant, ignorant de ce qui pourrai se passer. Je regardai d'un œil vif le ciel. Le corbeau était toujours là. Il volait tranquillement, et pour moi, c'était un bon signe. L'autre chat tricolore me regardait d'un œil moqueur. Cela l'amusait-il de me voir ainsi, impuissant et blessé ? Il s'approcha de moi, ce qui m'intimida un peu plus. Puis, lorsqu'il fut près, il baissa sa tête. Le regard étrange et la voix rauque, il me murmura.

« Même un chaton rongé par cette peur noire, ce nuage qui l'étouffe, sait que rester debout fait perdre plus de sang. Et si tu cherches malgré tout à fuir ce nuage qui te serre la gorge, c'est inutile. Je ne t'aiderai pas. »

Je me suis reculé assez brusquement. Il m'avait surpris. Je l'ai regardé. Ce chat n'avait apparemment nulle intention de m'attaquer. Je me suis un peu détendu. Tant mieux. Seul, loin de tout, je n'aurais reçu l'aide de personne. J'ai à nouveau regardé le ciel. Non, je n'aurais pas été seul. Mon ange noir m'aurait protégé. J'en étais sur. Mon regard se reposa sur le mâle tricolore en face de moi. Je humai brièvement son odeur. C'était un chat du Clan du Tonnerre. Je n'arrivais pas vraiment à lui donner un âge. A moi, il me paraissait un peu.. Étrange. Je ne savais pas trop pourquoi. Ses yeux étaient un mélange des couleurs possibles. Impossible de mettre un nom dessus. Ce mâle m'inspirait comme un sentiment de méfiance. Et pourtant, il n'avait rien fait contre moi. Je ne savais pas pourquoi, mais je me méfiais. De mes yeux ambrés, je ne le lâchais plus, d'un regard neutre voulu assez pénétrant. Je ne sais pas exactement combien de temps je suis resté là à le fixer. Puis je vis, pas très loin de lui, quelques plantes et quelques toiles d'araignées. Que faisait-il avec ça ? Il devait être guérisseur, à chercher des plantes ici. Ce lieu était en effet un paradis de plantes médicinales. Je me suis détenu complètement. Même blessé, je n'avais plus rien à craindre d'un guérisseur. Calmement, je me suis assis. J'ai recommencé à lécher ma plaie, faisant mine de l'ignorer. Quelques secondes plus tard, sans détacher mon regard de ma blessure, je lui ai dis.

« Mon sang et mes peurs ne regardent que moi. Je n'ai pas besoin de ton aide. Laisse moi. »

J'avais dis ces mots de manière assez neutre et calme. Tout ce que je voulais était dis dans ces phrases. Je ne voulais l'aide de personne, ni de quelques manières que se soit. Pour faire mes preuves, je devais survivre par moi-même. Je devais rester seul.. Le corbeau lâcha un nouveau cri, fort et perçant, comme pour appuyer mes paroles. Et un légers sourire m'échappa. Eux, les corbeaux, seraient toujours là pour moi. Car j'étais comme eux. Je ne suis qu'un corbeau qui attends de déployer ses ailes... Oui, un jour, je volerai. Pour insister moi-même sur mes paroles et faire comprendre à l'autre chat que je désirai la solitude, je le fixai intensément. Un corbeau n'avait besoin que de ses semblables. Donc je voulais qu'il s'en aille.

Je n'étais qu'un corbeau qui souhaitais rester seul. Mais ce chat ne le voulait pas. Il ne voulait pas me laisser. A mes mots, il s'est mis à rire. Dans le silence de la clairière, un rire moqueur. Il s'est approché de moi, encore. Il ne comptait pas me laisser. Il gardait le regard fixe. Déterminé, oui, à ne pas me laisser. Il s'est baissé, se penchant sur moi. Même comme ça, il est resté grand. D'un autre côté, je n'étais pas très grand non plus. Je reculai la tête. Ce matou ne me laissera pas. Pourquoi ? Pourquoi ne me laissait-il donc pas seul ? Il me fixait encore. Son sourire moqueur sur le visage, il plissa les yeux, il me dit simplement, d'une voix calme.

« Idiot. »

Mon sang commença à bouillir. Je perdais mon sang froid. Je le supportais de moins en moins, ce matou. Ne pouvait-il pas simplement me lâcher.. ? Non, et en plus de ça, que me disait-il. " Idiot. " Pour moi, c'est comme s'il insultait le ciel et les oiseaux. Lui n'avait rien à me dire. Je n'avais pas besoin de son aide. Je n'avais besoin de l'aide de personne. Mon sang coulait sur mon plumage. Mais ce sang perdu ne voulait pas dire que j'avais des problèmes. Blessé, un oiseau pouvait continuer de voler. Et ce corbeau dans le ciel me protégeait. Il veillait sur moi. Alors il ne devait pas me sous estimer. Surtout pas après ce qu'il venait de me dire. Mais malgré l'énervement qui se lisait sur mon visage, lui continuait de me regarder et de rester face à moi. Je ne savais pas ce qu'il se passait vraiment dans sa tête. Je n'arrivais pas à lire dans ses yeux. Et je me méfiais tout de même de lui. Le chat tricolore pencha alors un peu la tête sur le côté. En gros, il me demandait de ne rien faire. De me laisser faire. Me dominant, il baissait les yeux pour me regarder. Comme s'il me prenait de haut, et je n'aimais pas ça. Je suis resté sur la défensive. Il me fixait. Puis, il a fermé les yeux. Il a balancé sa tête vers le ciel. Et il s'est mit à rire. Haut et fort. Un rire porté par le vent. Je n'aime pas son rire. Et je n'ai pu m’empêcher de lâcher un petit feulement. Presque au même moment, le corbeau a croassé, pouvant presque donner l'impression que j'avais croassé. Je n'ai pas bougé pendant une demi-seconde, puis j'ai murmuré, d'une voix à peine perceptible.

« Que le malheur s'abatte sur celui qui crache vers "notre" ciel. »

J'ai regardé l'autre matou. J'avais ma fierté, je ne voulais pas recevoir d'aide. Mais d'un autre côté, j'en avais besoin. Je n'avais pas vraiment le choix. Je me suis détendu le plus possible, je suis resté assis, et j'ai légèrement tendu la patte. Détournant le regard, je ne voulais pas voir l'autre dans les yeux. Il m'humilierai déjà s'il me soignait, je ne voulais pas en plus subir son regard et son sourire moqueur.