Don't leave me alone, alone, alone. [LIBRE]

Je me sens mal. Mal comme si on m’écrasait, comme si la vie avait quelque chose à me reprocher. J’ai l’impression que le ciel m’écrase, que le soleil me brule la peau et les os. Mon pelage me démange, je crois que le sol s’écarte sous mes pattes. Je me consume. Je veux voler, échapper à cette emprise malsaine qu’a la lune sur moi. Il fait nuit. J’ai froid, j’ai peur. Je suis seule. Encore et toujours, je suis unique et perdue au milieu d’une plaine noire. Pas une aura ne passe par cette forêt sans arbres. Les herbes hautes me chatouillent le ventre, je veux grandir et passer au dessus de ce cauchemar. Je veux échapper à tous les malheurs qui tournent au dessus de ma tête. Je les sens, ils m’observent. Je veux qu’ils se détournent de moi, je ne suis qu’une chatonne ! Qui sont ils ? Regardez le monde, les autres félins, mais oubliez moi. Oubliez moi, je vous en supplie. Je leur hurle de me laisser tranquille. J’en ai marre, cette vie n’a ni queue ni tête. Comme un cadavre. Laissez moi, laissez moi ! Je veux être en paix, comme avant. Je veux avoir une vie de chatonne normale, je suis une chatte normale ! Je dois être normale. Je ne veux plus être seule, livrée à moi-même.

Je te veux. J’ai besoin de toi. J’aurais toujours voulu que tu restes, je voulais te garder toute ma vie ! je suis égoïste. Je crie, je te hurle de rester, au point de m'arracher les cordes vocales. Pourquoi tu es parti ? Pourquoi tu m’as laissé ? Je ne veux plus que tu m’en veuilles. Je ne veux plus que tu me laisses. Mes larmes auraient du te permettre de revenir, je ne voulais pas que tu m’abandonne ! J’espère de tout mon coeur, mon âme, mon être qu’un jour tu reviendras. Parce qu’en te perdant j’ai perdu une partie de ma vie, de mon coeur. Mes pensées t’étaient toujours dédiées. Et maintenant, que fais-tu ? En tout cas, tu ne pense pas à moi. Tu m’as oubliée. Je ne sais plus rien sans toi. Tu m’expliqueras. Une promesse est une promesse.

Je suffoque. Je me contredis, toujours, tout le temps. Mes sanglots m’empêchent de respirer. Je secoue la tête. Ne m’oublie pas !

Petit Cosmique

La nuit. Des nuits et des nuits d'insomnie. Si jeune et déjà insomniaque comme un ancien. C'est la vie, hein ? A quoi bon vouloir changer ? Je suis comme je suis, point. Naitre, vivre, mourir. Rien de plus. Marche dans cette nuit sombre et fraiche, en dehors de la chaleur étouffante de la pouponnière, ainsi que l'odeur écoeurante du lait. L'air frai et la nature est presque une libération. Sous les étoiles, je me pose rapidement sur une petite butte sur-élevée. Ne bougeant plus, je fixe les étoiles et la lune, loin dans ce ciel bleuté.
Combien de temps s'est-il écoulé ? Peu importe. J'aperçois une forme. Forme qui trouble le calme de la nuit. J'y jette un rapide coup d'oeil. Un chat. Jeune, vieux ? Mâle, femelle ? Peu importe. Naitre, vivre, mourir. Rien ne sert de savoir. Ne pas se poser de questions. Se contenter de naitre, vivre, mourir. N'est-ce pas ? Je respire. Va-t-on me parler ? Peu importe. Naitre, vivre, mourir. Ne pas se poser de question. On verra bien ce que la vie nous réservera. Un oiseau chante, étrangement. Je ne parle pas, je me tais. A quoi bon, après tout ? Naitre, vivre, mourir. Rien de plus.