Crème, c'était la couleur que l'on pourrait croire appartenir ce chat. Pourtant la base de son pelage est d'un blanc éclatant. Mais laissé à lui pendant environ plusieurs dizaine d'années, le chat a attrapé toute la poussière environnante transformant son pelage éclatant à un blanc tacheté de brun et de manière générale, poussiéreux. Ses pattes collantes de toute la boue traversée, de ces poils jamais lavés. De toutes les destinées qu'il lui aura fallu accomplir. Et maintenant ? La boue a déserté le camp de la Rivière car depuis quelques temps la pluie ne s'est plus abattue. Le soleil a asséché le ruisseau et le les plaines sont terriblement sèches elles aussi. N'amenant dans le camp que poussières. Le poisson se réfugiant dans les eaux les plus fraiches, vers le fond des rivières donc, n'est plus le gibier principal et les chats doivent se résoudre à chasser ailleurs dans les territoires, cherchant des proies plus traditionnelles. Mais les chats de la Rivières ne sont plus spécialisés dans autre chose que le poisson et malgré le fait qu'en cette saison le gibier soit abondant, le Clan manque de ressources. Et même le lieutenant, qui n'est pourtant pas le premier à se lever pour chasser, doit se résoudre à patrouiller pour la chasse. Jusqu'à ce qu'il décide de partir seul, ne supportant plus les chats de ce Clan, voulant se faire soudainement oublier. S'isoler. Mais il n'allait pas être seul longtemps, les chats errants trainent souvent par ici, dans les zones dites libres. Les terres libres étaient des lieux de rencontres souvent les plus insolites. Des jeunes apprentis mourraient ici, partis trop loin de leur territoire, ils se perdent ou se font attaquer par d'autres chats des autres Clans ou simplement errants. On y fait aussi des rencontres qui se finissent plus amicales, si celles-ci sont inter-claniques elles deviennent les plus dangereuses mais ne parlons même pas des relations amoureuses. les relations amoureuses entre les Clans sont de loin les plus mortelles. Et le rejet se fait sentir dans les deux Clans, obligatoirement ennemis. Le lieutenant ne s'était jamais fait d'amitié certaines dans les zones futiles de cette terres, les ennemis lui étaient plus fréquents. Les amitiés ne l'ont jamais épaulés. Même dans le Clan, personne ne l'aime véritablement, on le traite avec respect, avec pitié parfois mais jamais avec un sentiment différent, plus personnel tel de l'amitié. Il en avait pourtant maintes fois rêvé, maintes fois il avait espéré sentir une lueur dans les yeux d'un des chats du Clan, une lueur plus amicale. Il est vrai que l'amitié est à double sens et que si lui se présentait plus amical, la situation serait différente, enfin peut-être pas. Lieutenant n'était peut-être pas une place à envier, elle vous isole de tous. Vous ne gardez et ne vous faites pas d'amis en étant lieutenant, juste des loyaux sujets, rien d'autre.


Galérien partit hors du camp, hors de la vue de tout ces idiots, il avait besoin de réfléchir, besoin de savoir quoi faire, et besoin de chasser encore et toujours pour son Clan. Il posa un regard nouveau sur la forêt. Celà faisait bien longtemps qu'il ne l'avait plus piétinée. Directement, il partit vers la zone par laquelle il était arrivé, plusieurs mois plus tôt, après sa quête, sa prophétie, pour devenir lieutenant, dans les terres libres. Il n'avait croisé personne à son arrivée et espérait pouvoir chasser sans souci même dans les terres libres sans être dérangé par quelque âme que ce soit. Le mâle blanc posa son regard par la droite, par la gauche, il ne vit rien, aucun frémissement. Il chassa le campagnol et la grive qui lui passèrent devant le museau et continua sa route. Il surprit un écureuil, l'attrapa sans trop de difficulté, à vrai dire il n'avait rien perdu de sa façon de chasser datant de son exode. Il restait polyvalent dans sa façon de chasser s'habituant à chaque endroit à chaque différence. Il décida d'enterrer ses proies, ne pouvant plus se permettre de tirer les trois sur une trop longue distance. Il s'arrêta soudainement, entendant un bruit ... Des pas. Il y avait un chat, plus proche de lui. Suivant ses instincts le mâle blanc ne se tourna pas dans la direction du chat, qui se trouvait sur sa droite et lui présentait toujours son flan. Il huma l'air. Un chat errant. Le lieutenant ne sut pas quel direction choisir, quel technique adopter. alors il se déraidit, prit confiance et parla, d'une voix diplomatique sans même tourner la tête. Présentant ainsi ses atout de chasseur, de détection. Sa voix ne se fendit pas et il resta tout à fait sur de lui, la folie ne le prit même pas.



« Bonjour chat errant. Alors ? Comme ça on espionne, si tu veux savoir quelque chose sur moi vient me poser tes questions en face ... »


Et là, le mâle blanchi de la Rivière se tourna, lentement vers le chat noir qui ne l'espionnait peut-être pas ...

En toute réponse, le chat errant sourit. Se moquait-il du lieutenant ? Si c'était le cas, il ne manquerait pas de se retrouver vite aveugle. Il ne se rendait donc pas compte de la force et de la chaleur du sang du lieutenant. Le moindre sourire peut être interprété de tellement de manière différentes, et évidemment, celui-ci laissa le lieutenant sur la défensive. Avant que le vagabond ne parle, le mâle de la Rivière l'imaginait bien capable de foncer sur le mâle blanc qu'il était. Mais de toute façon, un vagabond de son espèce n'avait rien à gagner face à un lieutenant de clan ayant vécu tellement d'années meurtri dans une foret à la recherche d'un nouveau chez lui. Le lieutenant avant tant erré, avait tant fait couler le sang, plus rien n'avait l'audace de lui faire peur, même pas la mort. S'il devait mourir, son temps serait donc venu et s'il devait vivre, sa destinée en aurait décidé ainsi. Il fixa de plus belle le mâle errant. Celui-ci prit enfin la parole, lui faisant une drôle de proposition.



« Un espion, moi ? Tu te méprend lieutenant. Je suis un simple vagabond. Mais ne me sous-estime pas. Au fait, tu as l'air différent des faibles de ton clan. Tu as une odeur beaucoup plus spéciale. J'ai comme l'impression que tu as vécu une grande déception, voir un grand traumatisme. Je n'ai pas envie de me battre avec toi. Que dirais tu, si je te proposais une sorte d'alliance ? Je pourrais te rendre certains services, si un petit idiot t’embête de trop par exemple... »


Comment un vagabond pouvait-il faire une proposition telle au lieutenant du Clan de la Rivière ? Il était tombé sur la tête, comme si quiconque ayant reçu la marque de respect telle que le fait d'être lieutenant pouvait trainer et utiliser un solitaire comme arme maitresse. Et pourtant, avoir un valet de pique dans son jeu peut avoir des bons cotés à condition de participer à la bonne bataille. Tout dépend aussi de l'adversaire et de sa résistance. Le mâle blanc de la Rivière prit le temps de tout de même réfléchir à la proposition de l'ennemi. Il avait lui-même vécu tant de choses en solitaire.


S'il acceptait, le vagabond pourrait lui permettre d'éviter d'accélérer les effets de la malédiction en évitant les combats. Il ne perdrait alors plus ses poils qui évidemment ne repousseront plus. De plus, il aurait toujours un allié , une botte secrète à garder précieusement. Mais si cet allié venait à se retourner contre lui ? Si son clan apprenait l'alliance de son lieutenant avec un vagabond ? Il ne pouvait pas se permettre une chose pareille. Et pourtant, l'offre restait tout de même très intéressante. Le mâle blanc ne sut pas quoi répondre immédiatement, il laissa quelques secondes puis quelques minutes s'écouler avant de lancer une phrase, qui lui permettrait de juger le solitaire et d'ainsi peser le pour du contre. De toute façon, à stagner comme ça, il ne pouvait pas se permettre d'attaquer le solitaire. Il cessa donc de fixer le sol pour revenir aux yeux du mâle noir. Artémis n'avait pas l'air agressif ni même sur le point de lui sauter à la gorge non plus. Le solitaire désirait peut-être vraiment cette alliance, plutôt avantageuse pour sa part. Le lieutenant maintint tout de même une halte.



« Pourquoi ferais-je confiance à un solitaire de ton envergure. Je n'ai rien à gagner avec toi me semble-t-il, je suis déjà lieutenant. Alors dis-moi qu'aurais-je a gagner dans ce compromis ? »


Les soupçons étaient donc lancés. Le mâle de la Rivière et ce vagabond avaient peut-être quelque chose à faire ensemble après tout... Tout dépend de la réponse de ce dernier.