Sujet: Attrape moi si tu peux. [Encre] Mer 25 Jan - 19:51
You are the moon pulling my black waters You are the land in my dark closet Stay by my side until it goes dark forever When silent the silence comes closer.
Mélodie des Brumes était assise au sommet de la petite colline qui surplombait l'entrée de la mine. La dernière fois qu'elle était venu ici, la Soleil colorait les brindilles du doré le plus pur, et les feuilles des arbres étaient du vert le plus tendre. Aujourd'hui, les branches s'entrechoquaient doucement dans la brise hivernale, et l'herbe bruissait à peine sous ses pattes. Elle avait prit une teinte brunâtre, le froid ayant grillé ses derniers espoirs de survie. L’œil du spectateur ne s'arrêtait pas sur ce spectacle de désolation, il passait au paysage suivant sans prêter attention aux arbustes desséchés, aux flaques de boue et aux arbres dénudés. Le décor était planté pour une scène dramatique, et l'on pouvait imaginer à tous moments qu'une tragédie allait se produire, quelque part sous nos yeux. Les acteurs surgiraient des buissons environnants et déploieraient tout leur talent pour arracher quelques larmes à leur public de fantômes et de souvenirs. Mélodie des Brumes semblaient à la limite du réel, entre un monde sépia qui n'avait plus que l'oubli dans lequel se morfondre et la dure réalité de la forêt perdu dans les tréfonds de la morte saison. Elle attendait silencieusement Nuage Pourpre. Elle lui avait demandé de la rejoindre à la frontière du territoire de l'Ombre, pour un entraînement particulier. Elle soupira doucement, provoquant un panache de buée devant son visage, et frissonna en sentant une gouttelette de pluie se poser sur sa nuque. Son regard était perdu dans le vague, et le chaos qui avait envahi les abords de la mine n'avait pas d'emprise sur elle. Sa fourrure mordorée jurait violemment avec les teintes ternes du paysage, et rappelait avec nostalgie la saison où les rayons du Soleil atteignaient encore cette partie de la forêt. Mélodie des Brumes réprima un second frisson et se leva. Elle secoua ses pattes en espérant les dégourdir et les réchauffer un peu, puis elle tourna la tête vers l'ombre des arbres. Ils étaient noirs, comme peint sur une toile sale. L'hiver semblait avoir arraché toutes ses couleurs au monde pour les remplacer par des tons gris et tristes. La neige n'était pas tombé ces derniers jours, et l'on manquait cruellement de lumière. Mélodie des Brumes fit quelques pas vers les buissons qui protégeait la forêt de l'âpreté du paysage, puis observa au travers des branches. Elle recherchait la chaleur du pelage de feu de son apprenti, mais ne reçu qu'un vent froid et humide. Elle se retourna donc, et commença à descendre la pente.
L'entrée de la mine n'avait pas changé. Aussi abrupte et inquiétante que la première fois. On aurait dit une gueule béante, n'attendant que les proies imprudentes qui se perdraient dans sa noirceur pour ne plus jamais revoir la lueur du jour. Mélodie avait déjà échappé une fois à ce sort cruel. Elle avait mit tant de temps à sortir de ce labyrinthe, elle était passé et repassé tant de fois dans chacun des couloirs de la mine qu'elle était sûre de pouvoir s'y retrouver les yeux fermés. Elle n'avait plus peur de l'obscurité et l'angoissante torpeur qui envahissait la mine. En fait, elle les trouvait étrangement reposante. La nuit était maîtresse des lieux, et dans ses bras tout le monde était à égalité. Il n'y avait plus de différence de caste, d'intelligence et de force, seuls le courage et la volonté décideraient de la survie ou de la mort des âmes déboussolées. Mélodie des Brumes sourit et se retourna sur son apprenti. Elle venait à peine de remarquer sa présence, il avait apprit à se déplacer aussi silencieusement qu'un souffle d'air. Elle l'observa sans un mot puis s'assit face à lui. Elle ne s'était toujours pas départit de son sourire. Elle ne savait plus trop si elle devait le craindre, l'aimer, l'aider à avancer ou au contraire, freiner ses progrès. Il y avait toujours quelque chose en lui qui pouvait s'apparenter à la folie, ou à la cruauté, mais ce quelque chose semblait maintenant si bien enfoui dans son cœur qu'il ne reparaissait que rarement devant elle. Peut-être avait-il comprit qu'il serait dangereux qu'elle ne découvre quoi que ce soit de mauvais en lui, ou peut-être avait-il simplement grandit. Elle était certainement la mieux placer pour dire qu'il avait mûrit. Mais il n'avait pas tant changé en fin de compte. Soit il avait perdu son enfance depuis trop longtemps déjà, soit il la garderait jusqu'à la fin de sa vie. A son âge, on ne grandit plus vraiment, on ne fait que vieillir. On ne perd plus son imagination et ses rêves, on les fait évoluer. Il était trop tard pour se transformer fondamentalement, mais avec lui, elle ne s'étonnerait de rien. Elle posa sa queue autour de ses pattes pour les réchauffer un peu, puis parla.
"Je ne sais pas si tu es déjà passé par ici. Moi si. C'est même un endroit que j'affectionne particulièrement. Je sais c'est très bizarre...mais il y a ici une ambiance que l'on ne retrouve nul part ailleurs. La sens-tu? Ce mélange de peur, de souffrance, et de sérénité? Une bonne partie de ceux qui sont passé par ici n'en sont jamais revenu, et pourtant ils ont trouvé un endroit de calme et de repos qu'il n'aurait jamais eu ailleurs. Il s'agit d'un ancien trou de bipède. On n'a jamais su exactement ce qu'ils y faisaient, mais les chats n'y étaient les bienvenus que pour servir de déjeuner. Trop nombreux sont ceux qui sont morts entre ces murs. Leur rancœur s'est élevé contre les bipèdes, et après de multiples accidents, les Hommes ont déserté les lieux. Sont-ils bêtes de craindre ainsi leurs erreurs... Aujourd'hui, ce lieu est un sanctuaire où seule ta peur saurait être ton ennemi. Si les esprits demeurent encore, ce n'est que pour guider les âmes perdues vers la sortie. Pour peu que l'on comprenne leur langage. Peut-être me crois-tu folle? Si tu savais combien me l'ont dit lorsque je suis revenu au camp la première fois... Peu importe, je fais partie des survivants. Et je ne doute pas que cela soit grâce à eux autant qu'à moi.
Elle se tut et laissa ses mots s'éteindre dans leur échos. Elle sentait bien que ces paroles étaient folles et dénuées de sens. Mais elle voulait y croire profondément, pour se rassurer et pour s'assurer que tout n'était pas démence dans cette relation qu'elle avait tissé avec son défunt frère. Seules les personnes ayant perdu un proche peuvent comprendre cette relation si intime, si secrète, si forte. Mélodie des Brumes observa Nuage Pourpre pour sonder le fond de sa pensée, et connaître son impression sur le sens de son discours. Ou plutôt sur son non-sens. Elle ne le laissa pas parler.
-Es-tu prêt à entrer dans ce royaume fait d'ombres et de fantômes? Je te propose un jeu. Retrouve moi dans ce dédale sans fin, et ton entraînement se poursuivra. Tu n'auras pas le droit de sortir avant de m'avoir retrouvé. Tu ne pourras manger et boire que si tu trouves de quoi te satisfaire. Tu pourrais ne plus voir la lumière du jour pendant de très longues heures. Mais tu devras finir ton épreuve avant d'espérer ressortir. N'espère par tricher avec moi, je connais ce labyrinthe et ne serais jamais loin de toi. Si tu te blesses...tant pis pour toi. Peut-être serais-je d'humeur à te venir en aide. Peut-être pas. Prépare toi à toutes les éventualités. Une fois que tu auras passer l'entrée, il n'y aura plus que moi, toi, et ta peur."
Stigma Félin Légendaire
Perso 1 : Etoile d'Encre / Ombre ~ morte Perso 2 : Nuage Pourpre / Ombre ( Mélodie des Brumes ) Perso 3 : Boule d'Aubépine > Nuage d'Aubépine / Ombre ( Ectoplasme du Démon ) Nombre de messages : 2084 Age : 27 Puf :
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Sujet: Re: Attrape moi si tu peux. [Encre] Mer 25 Jan - 22:09
Now I know you're different. I go back in your game if you ask me. But be careful. There are more rules. Just you and me. We are just pawns. Attention.
Le vent caressa fougueusement sa fourrure cinabre. Ses prunelles grenat survolèrent le paysage. Plus rien ne comptait. Rien n’avait jamais vraiment compté. Peut-être la gloire. Il fallait arrêter d’être coon. Voir les choses en face. On n’est pas un caïd quand on pèse un kilo cinq. Ni quand on ne bouffe rien de la journée. Ce qui amène à posséder un corps rachitique. Les muscles fondent. On devient ridicule. On n’est pas non plus jaloux quand on a tout. Non. Ce n’est pas possible. Ou du moins, pas normal. Mais le paranormal, c’était dans son quotidien. Il aimait ça. C’était son péché mignon. Oh oui, ça l’était. Chacun ne fait-il pas ce qu’il veut ?
La brise déposa un baiiser glacé dans son cou. Il frissonna et lâcha un petit nuage de vapeurs tièdes. Un lapin s’agita sur la rive opposée. Ses oreilles brunes pivotèrent vers lui puis se ravisèrent. Il prit la fuite, forçant les herbes à lui laisser le passage. Le bruissement se tut, tout redevint calme. Seul le clapotis des gouttelettes translucides qui venait s’écraser dans le lac dissipait le silence. Certaines parcelles de terre sableuse avaient été emportées par l’érosion. La paroi n’était plus ce qu’elle était. Lisse et égale. À présent, des creux et des bosses l’agrémentaient. Une mousse verdâtre s’y accrochait désespérément, chutant par moment dans le vide. Elle poussait en abondance et recouvrait une partie de la falaise. De l’eau jaillissait de la terre en un geyser limpide et se déversait dans le lac, déplaçant par leurs formes circulaires les nénuphars qui s’y baignaient. Une très fine couche de vase recouvrait la surface de l’onde, lui donnant des airs turquoise. Les arbres étaient penchés dans le même sens que l’espace aquatique, incliné et offrant leurs feuilles dorées au point d’eau. Le soleil déposait ses rayons sur le centre du lac, créant des touches lumineuses sur l’océan.
Le félin roux agita la tête, dédaigneux. Ce paysage mignonnet et fleur bleue ne lui plaisait pas du tout, bien que l’on puisse lui trouver un certain charme digne des histoires romantiques ou des chasses enfiévrées au beau milieu des sous-bois. Il pivota sur lui-même et trottina vers un petit sentier forestier. Ses coussinets glissaient sur les feuilles givrées, tandis que ses griffes se plantaient dans la terre froide pour ne pas tomber. Un croassement déchira l’air, perçant l’enveloppe endormie de la forêt. Le soleil avait fait ses bagages et s’en était allé. Un fumet de biche imprégnait l’air comme un marquage. Le matou s’y risqua, se dirigeant vers un taillis plus parfumé que les autres. Quand il entra sous les feuilles sinoples, une odeur lactée et maternelle flottait dans l’espace et une couche encore chaude était couverte de sang. Ce liquide vermillon lui tapa dans l’œil. Ses pupilles s’allongèrent et ses yeux virèrent au carmin. Un frisson le parcourut et ses griffes ivoire sortirent de leurs cachettes. Il traversa en un éclair le buisson et se mit en chasse. Ses sens affutés lui apprirent que la bête n’était pas loin. Un martèlement de sabot, un petit gémissement. Ces signes le guidaient vers elle. Plus que tous les autres bruits si discrets qu’aucun autre chat que lui ne pouvait entendre, les attitudes de sa proie se distinguaient nettement. Ses épaules musclées le propulsaient en avant, avalant la distance avec fougue et détermination. Son puissant arrière-train lui permettait de bondir pour agrandir ses foulées. Il fila à toute allure, se laissant mener par ses sens. Si vite, tellement vite que l’on entendait qu’un furtif mouvement émanant de ses pas. Le paysage défilait à grande vitesse, comme dans un train. Soudain, sans se prévenir lui-même, il bondit. Tous ses muscles étaient tendus en l’air, ses griffes tranchantes visant leur cible. Il avait tant emmagasiné de vitesse et de puissance que ses pattes armées traversèrent le corps brun moucheté de blanc de part et d’autre, lui arrachant le cœur d’un coup. Sa victime lâcha un râle déchirant, la gorge offerte au ciel, et s’effondra. Outre le sang qui souillait son ventre immaculé, on pouvait voir qu’elle avait déjà énormément souffert. Son corps était déchiré par la naissance d’un petit. L’une de ses pattes était tordue à l’envers et elle était horriblement maigre. Malgré son cœur sanguinaire, et je n’ai pas dit sans émotion, une certaine tristesse pour la biche le parcourut. Peut-être pourrait-on plutôt appeler ça de la pitié ? Un petit gémissement balaya ses pensées et attira son attention. Un petit faon gisait, sans vie, dans la boue. Ses yeux venaient de se voiler. Il l’observa un instant et décida de l’emmener.
Il avala quelques bouchées de la biche pour se remplir l’estomac et saisit le petit cadavre tiède entre ses crocs. Puis il galopa sur quelques mètres et aperçut une fourrure brune. C’était elle. Stigma se fit discret et avança vers elle. Comme si elle avait senti sa présence, elle pivota sur elle-même pour se retrouver face à lui. Elle lui sourit. Ses yeux n’étaient pas différents de d’habitude. Outremer ou turquin. Un mélange des deux, sûrement. Toujours aussi magnifiques, doux et sévères à la fois. Un sourire se dessina un instant sur ses lèvres puis il s’effaça. C’était la seule personne qu’il n’avait jamais cherché à sonder. Malgré les claques qu’il se prenait avec elle, son âme l’appréciait. Sauf qu’il ne le montrait pas. Elle devait déjà l’avoir deviné. Mais il éprouvait aussi un certain mépris à son égard. Perdu dans ses pensées, il n’avait pas remarqué qu’elle avait commencé à parler. En fait ça lui était un peu égal. Il déposa sa proie à terre, s’allongea et l’écouta d’une oreille distraite.
" Je ne sais pas si tu es déjà passé par ici. Moi si. C'est même un endroit que j'affectionne particulièrement. Je sais c'est très bizarre...mais il y a ici une ambiance que l'on ne retrouve nulle part ailleurs. La sens-tu? Ce mélange de peur, de souffrance, et de sérénité? Une bonne partie de ceux qui sont passés par ici n'en est jamais revenue, et pourtant ils ont trouvé un endroit de calme et de repos qu'il n'aurait jamais eu ailleurs. Il s'agit d'un ancien trou de bipède. On n'a jamais su exactement ce qu'ils y faisaient, mais les chats n'y étaient les bienvenus que pour servir de déjeuner. Trop nombreux sont ceux qui sont morts entre ces murs. Leur rancœur s'est élevée contre les bipèdes, et après de multiples accidents, les Hommes ont déserté les lieux. Sont-ils bêtes de craindre ainsi leurs erreurs ... Aujourd'hui, ce lieu est un sanctuaire où seule ta peur saurait être ton ennemi. Si les esprits demeurent encore, ce n'est que pour guider les âmes perdues vers la sortie. Pour peu que l'on comprenne leur langage. Peut-être me crois-tu folle? Si tu savais combien me l'ont dit lorsque je suis revenue au camp la première fois... Peu importe, je fais partie des survivants. Et je ne doute pas que cela soit grâce à eux autant qu'à moi.
Il cessa de mâchouiller et l’observa, mi-amusé, mi-suspicieux. Il aimait son étrangeté. C’était sûrement ça qui les rapprochait, enfin de compte. Elle reprit, pour l’empêcher de parler.
-Es-tu prêt à entrer dans ce royaume fait d'ombres et de fantômes? Je te propose un jeu. Retrouve-moi dans ce dédale sans fin, et ton entraînement se poursuivra. Tu n'auras pas le droit de sortir avant de m'avoir retrouvée. Tu ne pourras manger et boire que si tu trouves de quoi te satisfaire. Tu pourrais ne plus voir la lumière du jour pendant de très longues heures. Mais tu devras finir ton épreuve avant d'espérer ressortir. N'espère pas tricher avec moi, je connais ce labyrinthe et ne serais jamais loin de toi. Si tu te blesses...tant pis pour toi. Peut-être serais-je d'humeur à te venir en aide. Peut-être pas. Prépare-toi à toutes les éventualités. Une fois que tu auras passé l'entrée, il n'y aura plus que moi, toi, et ta peur.
Stigma hocha la tête. Ce jeu lui plaisait. Enfin un challenge à sa hauteur. Il finit son morceau de viande et se leva. Il ouvrit la bouche, soutenant ses paroles dans son regard.
- J’aime ton jeu et j’apprécie que tu le mettes à mon niveau. Enfin quelqu'un qui ne me sous-estime pas. Je te retrouverai, Mélodie, je te retrouverai. Bien plus facilement que tu ne peux le penser. Je refuse toute aide, reste discrète, cela ne fera que de me faciliter la tâche. Je vais changer les règles. Je te trouve, je sors. Je te perds, je meurs. N’est-ce pas une si belle opportunité ? N’oublie pas mon talent, Mélodie, ne l’oublie pas. Partout où tu iras, je t’entendrais, je sentirais ta trace, je verrais les reflets de tes prunelles océans. Je te trouverais. J’espère que tu n’es pas trop patiente. À toute à l’heure, Mélodie. "
Il resta sur ses paroles et marcha amplement vers le gouffre sombre. Il passa le pas et l’obscurité l’avala.
Mélodie des Brumes Félin Légendaire
Perso 1 : Mélodie des Brumes Nombre de messages : 1550 Age : 30 Puf : Ici: Azurite Partout: Sangria Ailleurs: Celtic Date d'inscription : 09/10/2010 Points : 1667
Sujet: Re: Attrape moi si tu peux. [Encre] Lun 6 Fév - 23:06
I am the journey, I am the destination, I am the home The tales that reads you A way to taste the night, The elusive high Follow the madness, Alice, you know once did.
C'est le vent qui s'engouffrait et ricochait sur les parois de la mine qui lui répondit le premier. Mélodie gardait ses yeux posés sur son apprenti, cherchant la patience dans l'excitation de son cœur.
- J’aime ton jeu et j’apprécie que tu le mettes à mon niveau. Enfin quelqu'un qui ne me sous-estime pas. Je te retrouverai, Mélodie, je te retrouverai. Bien plus facilement que tu ne peux le penser. Je refuse toute aide, reste discrète, cela ne fera que de me faciliter la tâche. Je vais changer les règles. Je te trouve, je sors. Je te perds, je meurs. N’est-ce pas une si belle opportunité ? N’oublie pas mon talent, Mélodie, ne l’oublie pas. Partout où tu iras, je t’entendrais, je sentirais ta trace, je verrais les reflets de tes prunelles océans. Je te trouverais. J’espère que tu n’es pas trop patiente. À toute à l’heure, Mélodie. "
Elle laissa la fourrure de feu se perdre dans les profondeurs de la Terre, et baissa la tête dans un sourire où se mêlaient l'affection et l'admiration. Qui était-il pour la changer autant. Tout en lui lui infligeait un malaise au plus profond de son âme, mais tout en lui l'attirait irrésistiblement comme un papillon est attiré par la lumière qui le tuera. Elle frissonna, puis se leva. Était-ce le froid, l'impatience ou l'anxiété qui l'avait secoué? Peut-être les trois à la fois. L'impatience fut la plus forte. Elle la poussa dans la cavité de la mine, la voilant aux yeux des vivants. Seuls les morts la verraient à présent. Elle était Alice qui tombait dans le terrier du lapin blanc. Elle le suivrait jusqu'au bout, jusqu'à ce merveilleux pays où les fleurs étaient peintes et où le fou battait le roi. L'imaginaire régnait en maître incontesté et la folie était sa courtisane, la plus belle et la plus féroce de toutes. Le vent pénétra une dernière fois dans la mine, poussant un gémissement infini qui glacerait les os de n'importe quel être sain d'esprit en ce lieu. Mélodie s'en réjouit, l'esprit, elle n'en avait jamais eu de sain. Le cri de la vie qui régnait dans la forêt s'était éteint, les oiseaux ne chantaient plus, la branche ne bruissaient pas, à peine quelques chauve-souris émettaient leur salut lugubre au passage de la jeune guerrière. Elle ferma les yeux. Ils ne seraient plus utiles à présent. Ses oreilles suivaient l'écho de ses pas et cherchaient une quelconque présence. Ses vibrisses rencontraient de temps à autre la paroi humide de la grotte, et la guidaient au travers du dédale de pierres. Ses yeux avaient brûlé la première fois qu'elle était venue, ils avaient cherché des heures durant la moindre étincelle de jour dans l'obscurité submergeant la mine. Ils avaient cherché en vain, et c'était aveugle qu'elle avait pu retrouver l'air libre. Le Soleil avait fini de martyriser son regard, et elle avait dû rester les yeux fermés pendant une journée entière. Elle ne laissera plus l'or de ses iris s'irradier de noirceur et de désespoir. Le chemin était tracé devant elle, elle n'avait qu'à le suivre.
L'écho de son passage se fit plus fort, il se répercutait contre des parois plus éloignées. Elle avait atteint la première salle de la mine. Le sas de tous les enfers, il menait à tous les couloirs creusés des décennies auparavant, et était sans doute le dernier endroit où l'on pouvait encore espérer revoir le dehors. Maintenant, les limbes l'accueillaient parmi les ombres du passé et les soupirs des revenants. Mélodie suivit son souvenir et prit le chemin qui partait vers la gauche. Un promontoire se trouvait tout de suite sur le côté. Il permettait de se fondre dans la paroi sans qu'aucun vivant ne puisse vous y deviner. Elle s'y était tenue de longs instants d'angoisse lorsqu'elle avait atterri là. Atterri, c'était le bon mot, elle se souvint de sa chute interminable puis de sa réception. Ses pattes meurtries avaient abrité tout au long de son périple des cailloux coupants et avaient supporté les assauts incessants des lames de pierres qui dépassaient parfois du sol. Au souvenir douloureux de sa première expérience, un second frisson la parcourut. Aujourd'hui, c'était différent. Elle sortirait d'ici la tête haute, fière d'avoir surmonter cette épreuve qu'elle s'infligeait par pur plaisir. Un plaisir, oh oui c'était un plaisir de se retrouver ici. C'était en fait le seul endroit où elle avait pu laisser libre cours à chacune de ses pensées sans les limites de la raison, sans le sentiment d'être lue comme un livre ouvert, c'était le seul endroit où son frère ne lui avait pas manqué une seule seconde. Parce qu'il était là, avec elle. Elle ne serait jamais seule, mais sa peur n'était pas revenu, à sa place trônait tout son amour pour son frère disparu, et l'amusement qu'elle avait pour son jeu. Elle en était contente, de ce petit défi. Elle savait depuis le début que Nuage Pourpre serait aussi fier qu'elle, peut-être plus, il frôlait sans arrêt la limite de l'orgueil, elle savait qu'il ne se laisserait jamais écraser et qu'il voudrait toujours aller plus loin. Ses enseignements avaient dû mettre ses nerfs à dure épreuve, sans doute avait-il cru qu'elle le prenait pour un faible. Ce n'avait jamais été le cas. Et elle était heureuse de le lui démontrer maintenant.
Une flaque d'eau amortie le saut de Mélodie, et les éclaboussures aspergèrent une paroi aux éclats brillants. Si un rayon de lumière avait daigné caresser les murs de la petite salle dans laquelle elle se trouvait, les pierres qui ornaient la pièce auraient sans doute rivalisé de beauté avec les prunelles de la guerrière. D'or et de diamants, reflets incandescents et pureté du cristal, les pauvres pierres que recherchaient les hommes perdaient toute leur valeur lorsque les yeux qui pouvaient les voir étaient fermés. L'obscurité les enveloppait de son écrin de velours sombre, et enrobait leur magnificence de la nuit la plus sombre. Mélodie attendit que l'eau se taise, et s'avança dans la pièce. Elle se souvint être passée par là. Elle leva le museau et huma l'atmosphère. Nuage Pourpre n'était pas venu jusqu'ici. Elle continua dans l'une des galeries adjacentes, et déboucha sur la plus grande salle de la mine. Il s'agissait d'une cavité naturelle, creusée par le temps et les âges, dans laquelle s'écoulait un fin ruisseau de poussière mêlée d'eau. Mélodie le suivit, puis s'arrêta devant un rocher qui s'élevait jusqu'au plafond de la salle. Elle contourna, sûre d’y retrouver les traces de son passage. La confiance insatiable qui s’était installé en elle dictait ses gestes et ses envies. C’était comme si les fantômes qu’elle avait aimé l’appelaient à eux en un chant qui se composent de souvenirs et de rires perdus. Oh qu’elle les aimait, ces témoins de l’autre monde. Qu’ils lui ressemblaient, perdus, arrachés au ciel et condamné à l’errance. Qu’ils étaient proches, ces affres du passé qui s’accrochaient désespérément à leur vie, mais qui s’y noyaient de chagrin. Ils la fascinaient par leurs histoires et leurs légendes, ils l’effrayaient de leur étrange immatérialité, elle ne savait que penser d’elle en ces instants où la démence frôlait la frontière de son esprit. Toutes ces voix éteintes réveillaient en elle des émotions qu’elle faisait taire trop souvent. Maintenant qu’elle pouvait laisser sa rage déborder, que ses sens s’exacerbaient par l’âpreté des lieux, elle se sentait libre. Et les fantômes l’attiraient à eux, comme un papillon est attiré par la lumière qui le tuera.
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