Sunset [Pluaa :D]

Killed in Action

Le soleil se lève à l'horizon. La lueur pâle du jour envahit le ciel. Le lac s'éclaire peu à peu. Du haut du rocher noir, je regarde les étoiles disparaître. Une à une. Comme si elles s'endormaient. Le vent fait doucement frémir les arbres. La rosée glisse de leurs feuilles et s'écrase sur le sol. Tout, autour de moi, scintille. Le ciel, teint en rose, souffle l'odeur de la nuit. De minuscules nuages se déplacent lentement. Quelque oiseaux commencent à chanter. Un lapin sort de son terrier. Un mulot court boire un peu avant de disparaitre dans l'herbe humide.
Je m'étire. Les pattes en avant, ma colonne vertébrale formant un grand arc. Je ferme mes yeux dorés. Je secoue mon corps tout entier, faisant voler de la rosée de tout les cotés. Je domine le lac de toute ma hauteur. Je m'assoie, calmement, regroupant mes pattes sous ma queue. Mon pelage de crème rosit, sous le soleil levant. Face à l'astre de feu, je cligne des yeux, éblouit. Je lève la tête. Les dernière étoiles disparaissent.
Je reste là, encore un bon moment. A regarder le soleil se lever. Mon regard est attiré par une forme mouvante. C'est une chatte grise. Je devine, à son ventre énorme, qu'elle attend des petits. Je la suis des yeux. Soucieux, je saute du rocher pour atterrir près de la berge. Toujours en la suivant du regard, je me demande si elle va mettre bas. Cela peut paraître étrange qu'une future mère s'éloigne ainsi de son clan, mais je sais que certaines femelles préfèrent s'éloigner de leur clan pour mettre bas.

- Vous avez besoin d'aide ?

Du noir. Un cri. J'ai peur. Je frissonne. Il pleure. Ses yeux sont bleus. Je hurle. Un éclair. J'ai mal. Je ne peux pas bouger. J'ai froid. Il crie une nouvelle fois. Un douleur insupportable me plie en deux. Il hurle de plus belle.

Plume d'Amour se réveilla en sursaut au milieu de sa litière de mousse, au milieu de la tanière des guerriers de son clan. Un nuage de buée sortit de sa bouche lorsqu’elle bailla. Il faisait froid, l’herbe était presque gelée sous ses pattes. Elle se leva et sortit lentement, sous le soleil levant. L’aube s’installait doucement derrière les arbres nus entourant la clairière où elle se trouvait. Plus lentement encore, elle s’étira, son ventre rebondi effleurant le sol. En réprimant une grimace, elle se releva et scruta le ciel de ses yeux bleus.

Puis elle s’arracha à la contemplation des astres. Elle attendait un signe, un évênement envoyé par le clan des étoiles. La jeune chatte éspérait qu’il la préviendrait lorsque le moment arriverait. Le moment où ses chatons décideraient de la quitter. Elle frissonna.
Sortant du camp, elle se dirigea vers les terres libres. Elle aimait s’y rendre. Et son compagnon verrait peut-être le signe si il arrivait, et pourrait venir l’aider dans ce moment si particulier de sa vie. Elle ne voulait pas que cela se passe en compagnie d’un guerrisseur.

Sur son chemin, elle observa le paysage, recherchant un signe, quelque chose qui lui montrerait ce qu’elle devait faire. Elle était stressée car elle sentait que c’était le bon jour. Elle regardait tout en détail. En vérité, elle avait peur. Peur pour ses chatons, peur d’avoir mal, peur pour elle même, aussi. Une peur égoïste, sans doute, mais cela importait peu.

Plume d’Amour continua donc d’avancer sous les arbres, zigzagant entre les touffes de fougères presque gelées. Sa peur augmenta encore lorsqu’elle croisa un corbeau. Un oiseau énorme, aux petits yeux jaunes qui la regardaient froidement. Il était perché sur une branche basse, à moins de 3 queues de renard de la jeune reine. Etais-ce le signe tant attendu du Clan de Etoiles ? Les corbeaux étaient signe de mort. La mort. La pire crainte des mères pour leurs petits. Le mal blanc. Les renards, les blairaux.

Apercevant une silhouette sur la rive, elle pria en silence pour que cet ennemi ne l'attaque pas. Elle n'était pas en mesure de se battre. Mais cet inconnu ne semblait pas hostile. Au contraire, il se dirigea lentement vers elle pour lui lancer, plein de compassion :

- Vous avez besoin d'aide ?

Surprise par cette approche plus que courtoise, la reine mit quelques secondes à répondre. Elle était enceinte, mais pas incapable de se défendre. Elle ne voulait pas de son aide. Elle n'était pas faible. Enfin, du moins, elle ne voulait pas le paraître. La chatte grise leva les yeux vers le matou qui l'observait. Elle lança, le plus agressivement possible :

- Je n'ai pas besoin de votre aide. Laissez-moi tranquille, je peux me débrouiller seule.

Lentement, elle fit quelques pas en avant, mais ses pattes endolories se dérobèrent sous-elle. Elle s'étala de tout son long par terre, se cognant douloureusement le ventre, mettant la vie de ses petits en danger.

Killed in Action

La jeune chatte tombe. Je bondis près d'elle et la relève, la tenant le plus délicatement possible par la peau du cou. Après hésitation, je me dis qu'elle serait mieux par terre. Je balaie le sol avant la poser doucement. Paniquant un peu, je me demande que faire. J'ouvre la bouche, cherchant quoi dire. Je la referme. Je regarde autour de moi gêné. Un mulot court entre les herbes. Je lui bondis dessus et le ramène à la jeune chatte. Ne sachant pas quoi faire, je me dandine d'une patte sur l'autre. Je béguais.

- Vous... Vous allez bien ? Vous voulez quelque chose ?

Son ton agressif de tout à l'heure ne me fait pas peur. J'ai l'habitude qu'on s'adresse comme ça à moi. Je regarde autour de moi. La minette doit être encore sous le choc, car elle ne répond pas. Ce silence me devient tout à coup insupportable. Je tourne la tête dans tous les sens. Gigote comme jamais. J'ouvre la bouche et déballe.

- Je m'appelle Killed in Action, je suis du clan du vent. Vous allez avoir des petits. C'est la première fois, non ? Je comprends que vous ayez un peu peur.. Enfin, je n'ai jamais eut de petits... Ce qui est logique, puisque je suis un mâle... Mais je comprends quand même... Enfin, je pense que vous ne devez pas vous inquiéter... Si vous voulez, je peux rester là un instant... Enfin, comme vous voulez...

Je me tais. Me dandinant toujours. Je baisse la tête. Honteux. Je suis ridicule. Je passe une nuit entière sur ce rocher, et je panique au seul fait de croiser une future mère.

- Je m'appelle Killed in Action, je suis du clan du vent. Vous allez avoir des petits. C'est la première fois, non ? Je comprends que vous ayez un peu peur.. Enfin, je n'ai jamais eut de petits... Ce qui est logique, puisque je suis un mâle... Mais je comprends quand même... Enfin, je pense que vous ne devez pas vous inquiéter... Si vous voulez, je peux rester là un instant... Enfin, comme vous voulez...

Ce n'est pas parce qu'elle était sous le choc qu'elle ne répondait pas. Ce que n'avait pas remarqué le guerrier, c'étaient les soubresauts irréguliers de ses épaules, et de son ventre rebondi. En vérité, elle était prise d'un tel fou-rire qu'elle ne pouvait même plus parler.

Elle avait l'habitude de se casser la figure. Cela lui arrivait tout le temps. Cependant, la manière dont l'ennemi l'avait relevée, puis s'était mis a paniquer comme un chaton qu'on laisse seul au milieu de la forêt, l'amusait beaucoup. Bien qu'elle ne soit pas en forme, elle n'en perdait pas un certain sens de l'humour. Testant ses pattes, elle se releva tout doucement.

Lorsqu'il l’aperçut se tenir debout, l'autre se calma un peu. Pas beaucoup. Il s'affairait tout autour d'elle, lui rapportant une litière de mousse, une proie, ses soins. Pour la première fois de sa vie, elle se sentit soutenue. Mais ce n'était pas le moment. Il n'avait pas a prendre son temps avec elle. La reine allait bien, il pouvait maintenant partir. S’éclaircissant la voix, elle lui lança :

-Je vais bien. Vous pouvez partir, je n'ai plus besoin de vous. Merci de votre aide.

Une douleur atroce cingla son ventre, et elle retint un gémissement de douleur. Ses chatons avaient décidé de la faire souffrir, ce jour là. Lentement, elle esquissa quelques pas vers une pierre plate, sans même jeter un regard à son ennemi.

Killed in Action

La jeune chatte se lève. Retenant mon souffle et tachant de me calmer, je la regarde, les yeux ronds. Elle s'éclaircit la gorge et déclare, d'un voix plus douce que sa dernière réplique.

-Je vais bien. Vous pouvez partir, je n'ai plus besoin de vous. Merci de votre aide.

Mes yeux s'agrandissent. Je ne comprends pas pourquoi elle me vouvoie. C'est bien la première fois que ça m'arrive. N'écoutant pas un mot de ce qu'elle m'avait dit, je suis la future maman. Je regarde son corps fin et mouvant. Son ventre dépasse de chaque côtés. Elle a l'air bien frêle et porter le poids de ses petits me parait disproportionné.
Qu'est ce que ça fait de savoir que bientôt, des petites boules de poils naîtront ? Qu'est ce que ça fait de savoir qu'elles seront de son sang ? A-t-on peur ? A-ton besoin de quelqu'un ? A-t-on besoin d'être seul ? A-t-on besoin de son âme sœur ? Comment ça fait d'être mère ? Comment ça fait d'être père ? Pourrais-je le savoir un jour ? Aurais-je des petits ? Comment les aimerais-je ? Changerais-je ? Serais-je plus responsable ? Aurais-je peur pour eux ?
Le contact de la fourrure de la jeune femelle à mon museau coupe mes pensées. J'ai faillit lui foncer dedans. En regardant encore une fois son ventre, quelque chose me serre le coeur. Serait-ce de la tristesse ? De l'envie ? Je tourne les yeux vers ceux de la jeune minette. N'y tenant plus, je me lance, je questionne.

- Comment ça fait ? Je veux dire, d'être bientôt mère ?

- Comment ça fait ? Je veux dire, d'être bientôt mère ?

Il lui avait posé cette question, comme ça. Il avait eu du mal, elle l'attendait. Elle sentait bien que ça lui brûlait les lèvres. En vérité, elle avait besoin d'un soutien. Elle ne voulait pas admettre qu'elle était faible, mais elle voulait qu'il reste.

S'asseyant lentement, elle réfléchit à la question. Elle n'en connaissait pas la réponse. Puis elle se lança, sans trop savoir ce qu'elle allait dire.

-Eh bien...je ne sais pas trop. Je suis souvent stressée, et le pire est de savoir qu'au moindre faux mouvement, je peux leur faire du mal. Ils sont si faibles, ils dépendent de moi. Si je meurs, ils meurent aussi. C'est la crainte de leur faire du mal, le pire. La souffrance de causer du tort à ses chatons, quoi de pire pour un mère ? Mais il y a aussi la fierté d'avoir une progéniture. De savoir qu'ils serviront leur Clan en se battant contre les autres, sans jamais faillir, avec une force de guerrier.

Soudain, elle se tut. Se rendant compte qu'elle avait déversé un flot de paroles sans s'arrêter, elle rougit. Pourquoi avait-elle parlé autant ? Elle s'était lâchée, lui avait tout confié comme à un ami. Sachant qu'il ne lui ferait pas de mal, elle avait déversé le contenu de ses pensées sans songer aux IDIOTSéquences. Il pourrait s'en servir contre elle, faire du mal a ses petits lorsqu'ils seraient nés. Non, jamais ! se jura-t-elle.

Une contraction l'ébranla encore, mais elle se retint de gémir. Sa méfiance habituelle était de retour. Elle ne devait jamais montrer qu'elle avait mal en présence de l'ennemi. Jamais.

Killed in Action

-Eh bien...je ne sais pas trop. Je suis souvent stressée, et le pire est de savoir qu'au moindre faux mouvement, je peux leur faire du mal. Ils sont si faibles, ils dépendent de moi. Si je meurs, ils meurent aussi. C'est la crainte de leur faire du mal, le pire. La souffrance de causer du tort à ses chatons, quoi de pire pour un mère ? Mais il y a aussi la fierté d'avoir une progéniture. De savoir qu'ils serviront leur Clan en se battant contre les autres, sans jamais faillir, avec une force de guerrier.

Je bois les paroles de la jeune chatte. Réfléchissant encore, je ne remarque pas l'espèce de recul qu'elle avait eu. Concentré, je me retourne ses mots dans la tête. Leur faire du mal. Crainte de leur faire du mal. Fierté. Un frisson me parcourt le corps. Que signifie tout cela ? Comment peut-elle être aussi sure d'elle ? Comment sait-elle ? Comment ? Pourquoi ? Et toutes ces questions...
Serrant les dents, je respire un peu plus vite. Une rage, ou plutôt une tristesse, m'envahit. Une sorte de panique. Je me crispe. Comment peut-elle être aussi sure ?! Comment ?! Ne pensant plus à rien, je lance, presque en criant, mais d'une voix si faible.

- Peut-être qu'ils aiment bien souffrir...

- Peut-être qu'ils aiment bien souffrir...

La jeune reine n'eut pas le temps d'intercepter les paroles de l'autre matou, car une nouvelle douleur l'ébranla. Se sentant basculer, elle se laissa aller. Sa vue se brouilla, et elle vit le sol se rapprocher. Elle sentit un choc dans son bassin, ses pattes, son ventre, son dos, ses épaules, puis sa tête. Toutes ces actions s'étaient déroulées au ralenti, et sa tête heurta le sol en une fraction de seconde.

La chatte n'eut pas le réflexe de crier. Elle resta là, au sol, inerte, à penser à ses chatons. Elle ne ressentait même plus son ventre se contracter, créant d'affreuses douleurs et picotements dans son corps. Elle savait qu'elle allait accoucher. Elle ferma les yeux, se laissant aller à la douleur qui engourdissait ses pattes. Puis elle tomba, encore.

Noir. Du noir. Je tombe. J'ai mal. Je n'arrive pas a respirer. Elle non plus. Elle ? Oui, la première. Une douleur cingle mon abdomen. Une lumière. Vive. Trop claire. Du vert, du bleu, une clairière. Des fleurs, un intense parfum de fleurs. Je tombe dans ces fleurs. Leur parfum, leur aspect. Des lavandes. Je le sais, je le sens. Elle s'appelle Petite Lavande.

On s'affairait autour d'elle. Elle avait encore mal. Des paroles sonnaient tout autour, mais elle ne les comprenait pas. Les yeux mi-clos, elle aperçut Killed in Action, étonnamment calme. Trop tard pour parler, elle était déjà repartie.

Du bleu. Je ne tombe pas. L'environnement a changé. Une vive douleur. Un nuage. Je suis dans le ciel ! Suis-je morte ? Non. Je souffre trop pour être morte. Je vole. Il a mal aussi. Il souffre tout autant que moi. Il le sait, il s'appelle Boule de Ciel.

Plume d'Amour essaya de hurler. Trop faible pour cela, elle se contenta de trembler. Ce n'était pas fini, elle le savait. Son corps endolori, meurtri, la faisait énormément souffrir. Le plus dur restait à venir.

Killed in Action

Panique totale. Complètement paralysé. Les yeux grands ouverts. La fourrure hérissée. Mon cerveau bouillonne. J'essaye de me remémorer les geste d'un guérisseur. Le souffle coupé. Je ferme les yeux et me force à réfléchir. Que faire ? Va-t-elle me laisser faire ? Si je ne fais rien, les petits vont-ils mourir ? Faut-il que j'aille chercher de l'aide ? Pourquoi tant de questions ? Pourquoi aujourd'hui ? Stop !
J'ouvre les yeux. J'attrape le plus délicatement le premier chaton par le peau du coup. Une petite femelle. Je la pose contre sa mère. Elle a l'air si fragile. Ne réfléchissant plus, je commence à donner des coups de langue énergique sur la petite. Je vais vite, je la touche à peine, de peur de la casser. Elle est si jolie, avec ses poils gris clair encore tout collés.
La jeune chatte a l'air de souffrir. Je me rend compte que je ne connais même pas son nom. Je me promet de lui demander plus tard. Je tourne la tête vers un deuxième petit. Un mâle, cette fois. Ses oreilles rayés. Un éclair de malice éclaire mes yeux d'or. Immédiatement, je pense "Comme moi !" Je le dépose à côté de sa sœur, pensant déjà aux jeux auxquels on jouerait.
Je m'approche de la chatte grise. Je lui glisse doucement à l'oreille.

- Ces deux vont bien, ne t'inquiète pas.

- Ces deux vont bien, ne t'inquiète pas.

Les dents serrées à m'en faire pâlir les gencives, je murmurai un "Merci" à peine audible. J'avais l'impression que le dernier me lacerait le ventre. Je m'attendais à retomber dans l'inconscience qui m'avait dicté les prénoms des deux premiers, mais rien ne se passait à part une douleur insupportable dans tout mon corps.

Soudain, je basculait à nouveau. Mais rien à voir avec les deux premières fois. L'endroit où j'étais n'était qu'obscurité, froideur et vent glacial. Paniquée, aucune voix, aucun indice ne me dictait le nom que je devais lui donner. Il n'était que...l'Autre. Le dernier. Il était différent. Un deuxième fils. J'aurais dû être comblée. Mais non, rien de tout cela. Juste un manque de chaleur au creux de mon coeur, à la place qui lui était réservée.

Une nouvelle douleur me cingla le ventre, et pour une dernière fois, je hurlai aussi fort qu'il m'était possible d'hurler. Ils étaient nés. Mes enfants. Je soupirais. Quel soulagement. J'ouvrai lentement les yeux, pour voir Killed in Action se pencher vers le petit dernier.

Killed in Action

Elle hurla. Complètement panique, ne sachant pas quoi faire pour l'aider. Je m'active, inutilement. Perdant la tête, trébuchant. J'attrape le dernier chaton, le pose contre sa mère, entre son frère et sa sœur. Puis change et met le petit mâle rayé au milieu. Me rendant compte de mon erreur, je les change encore, la petite au milieu, la première née. Gêné, je me tourne vers la mère, tandis que les petits cherchent maladroitement les mamelles de leur mère. Les yeux encore fermés, les oreilles repliées. Je leur jette un dernier coup d’œil inquiet avant de murmurer à la jeune chatte.

- Ils vont bien, ils vont bien !

Je suis émus. Le cœur serré d'une joie presque fraternelle. Attendrit par les petits. Je suis rassuré qu'ils aillent bien. Couvrant la mère d'un regard doux. Couvrant les petits d'un regard de grand frère. Je donne des petits coups de langue affectueux à la chatte grise. Tentant de la rassurer, la tranquilliser. Je ne sais pas comment m'y prendre. C'est la première fois que je ressens quelque chose comme ça. Et ce besoin de la rassurer. Ce n'est pas de l'amour, non, mon cœur est déjà lié. Mais alors ? Serait-ce de... L'amitié ?

Plume d'Amour.

- Ils vont bien, ils vont bien !

J'étais exténuée, à moitié inconsciente, mais j'étais heureuse. Et pire encore, j'étais reconnaissante. Oui, reconnaissante à ce guerrier ennemi qui m'avait aidé pendant ce moment difficile de ma vie. Reconnaissante qu'il ait pris soin de mes chatons alors qui j'étais dans les vapes. Reconnaissante qu'il n'ait pas passé son chemin, me laissant là dans le besoin. Pour une des premières fois de ma vie, je ressentais de l'amitié pour un autre chat. Et je sentais que c'était réciproque.

Sentant ses coups de langue partout sur mon corps, je me laissai aller. Je savais qu'il prenait soin de ma progéniture, qu'il s'occupait bien d'eux. Levant doucement la tête, clignant des yeux pour mieux voir, j'observai la scène qui se déroulait devant moi. Trois petites boules de poils grises de battant presque pour téter. Et le guerrier adverse les couvant d'un regard presque fraternel. Je ne lui en voulait pas. Bien au contraire. Rien ne l'avait obligé à venir m'aider.

Le premier chaton, que j'avais nommé Boule de Ciel, grimpa soudain sur sa petite soeur. L'écrasant presque de ses petites pattes, il accéda à une autre mamelle, plus haut. Malgré ses yeux fermés, il s'imposait déjà comme le leader du groupe. Killed in Action, qui avait remarqué la scène, rigolait doucement. Il saisit délicatement le chaton rayé par la peau du cou et le replaça à sa place d'origine.

Killed in Action

Complètement absorbé par les chatons. Je les observe. Je note chacun de leurs mouvements. Les yeux émerveillés, je ne remarque pas la jeune mère qui m'observe. De quoi j'ai l'air ? D'un chaton qui découvre pour la première fois un flocon de neige ? Surement. Je suis un grand chaton, devant ces flocons si fragiles. Avec un air ébahit, presque idiot, sur le visage. Une sorte de vague de chaleur et de calme m'envahit. Je n'ai aucun souvenir du gout du lait ou de la chaleur d'une mère. Je ne me souviens de rien. Pourtant, c'est cette sensation de douceur, de chaleur, de calme, qui est en moi.

Le chaton tigré me tire de mes pensées. Ou plutôt, le miaulement plaintif de sa sœur. Monsieur écrase sa sœur pour atteindra une mamelle. Petit caïd, tu crois que je te vois pas, peut-être ? Un petit me secoue lentement. Je prends délicatement le chaton par la peau du cou et le replace à côté de sa sœur. On se comporte bien avec les dames, mon grand ! Sinon, tu ne les séduira jamais. Je t'apprendrais, je t'apprendrais. Je ne me doute pas que ce moment là arrivera bien lentement. Un éternel chaton, impatient et toujours près à faire les 400 coups.

Fini ? Ou on continue ? x)