• Rejoindre les étoiles ... •

Elle marchait sans but précis. Marchait inlassablement. Elle ne savait pas où elle allait. Mais qu'importe ? Il y aura toujours quelqu'un quelque part après tout. Elle ne savait même pas où elle était. Il n'y avait rien autour d'elle. Rien que du vide. Ou alors, c'était elle qui ne voyait rien. Aveuglée par plusieurs choses dont la lumière, la tristesse ... et la nostalgie. Mais il y avait bien des choses autour d'elle. De la vie par exemple.Mais elle ne le voyait pas. Elle ne pouvait pas le voir. Elle n'était pas aveugle, non. Elle ne voyait plus le bonheur tout simplement. Sa vie n'avait été que souffrances, tristesses, déchirements ... et j'en passe.

Elle était née d'une mère guerrière, et d'un chat errant, son père. Elle ne gardait pas le souvenir de leurs noms. Sa mère avait quitté son propre Clan, le Clan du Tonnerre, pour vivre la fin de ses jours avec son compagnon, sa famille. Elle donna naissance à Gawisa, qui s'appelait Patte d'Azur, et qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau. Patte d'Azur grandit. Elle devint Nuage d'Azur. Son mentor, c'était sa mère, qui lui apprenait sans relâche les arts de la chasse et du combat. Un jour où la petite chassait seule, elle découvrit le corps froid ... de son père. Il avait été tué par d'autres chats errants à en juger l'odeur. Lorsque Nuage d'Azur revint avec le corps de son défunt père, sa mère s'effondra. Toutes les deux sous le choc, elle devinrent muettes. Oui, muettes. Elles ne se parlaient qu'avec des signes. Elles avaient oublié le son de leur propre voix. Elles n'utilisaient plus leurs voix depuis des lunes. La mère devint gravement malade. Elle perdit la vie, le premier jour de la saison des feuilles nouvelles. Nuage d'Azur la pleura. Elle chercha à rejoindre, l'ancien clan de sa mère, le Clan du Tonnerre. Elle devint alors Lune d'Azur. Mais la vie de Clan ne lui procura pas le plaisir espéré. Elle restait seule et muette des journées entières. Elle quittait son territoire, parfois pendant plusieurs jours d'affilé, mais personne ne s'en préoccupait. C'est là qu'elle rencontra, un guerrier ennemi de la Rivière. Il avait un pelage blanc, orné de petites taches brunes sur les pattes et le bout du nez. Sa queue était tachetée de noirs, et ses yeux étaient verts émeraude. Elle en était tombée amoureuse. Ce félin l'attirait. Elle pensait que ses sentiments étaient réciproques. Et ils l'étaient ... du moins, au début. Ils se rencontraient le soir, plusieurs fois par lunes. Ils étaient heureux. Jusqu'au jour où, lors d'une Assemblée, Lune d'Azur le vit avec une autre chatte qui était splendide. Elle avait une robe dorée, et des yeux de jade. Et lui, ce traître, lui faisait des avances. Lune d'Azur s'effondra. Elle croyait avoir trouvé le bonheur, mais elle s'étaient enfoncée encore plus dans les ténèbres, la tristesse. C'est alors qu'elle décida de quitter son Clan. C'est là, qu'elle rencontra deux Solitaires, qui plus tard allaient devenir ses seules amies. Echo d'Argent, chatte aveugle, compatissante, et plutôt sage, et son opposé Renard à la robe rousse, insolente, qui monte rapidement sur ses grands chevaux. Elles étaient et resteraient gravées dans le coeur de Lune d'Azur. Le début de leur rencontrez avait commencé par une dispute, certes. Mais au final, une amitié incassable était née. C'était elles, en particulier Echo d'Argent, qui lui avait donné son nom de Solitaire. Gawisa. Elle se souviendrait de ce moment magique, toute sa vie. Mais, en temps que solitaires, elles ne vivaient pas ensemble.

Gawisa continuait de marcher tranquillement, lorsqu'elle la vit. Une chatte au pelage blanc ... ou gris peut-être. De toute façon, pour elle, il n'y avait pas de différence. C’était ... Non, elle rêvait. Elle courut vers l'inconnue. Oubliant, toute imprudence, les yeux écarquillés par l'étonnement et la joie, elle articula la seule chose qu'elle trouva à dire, en chuchotant d'une voix excitée:

- Maman ?!

- Oui, c'est moi. Je suis revenue.

Oh ! C'était elle ! Oui, elle était là ! Tellement aveuglée par la joie, elle ne vit pas sa supposée mère qui riait d'un rire roque, froid, narquois. Ce n'étais pas sa mère ... En temps normal, elle s'en serait rendue compte. Mais, elle était aveugle. Elle ne pouvait voir l'aura de cruauté de la féline qui était grise, et non blanche.

La femelle sourit. Un sourire ... étrange. Ce n'était pas le même. Ses babines se retroussaient comme si elle allait planter ses crocs dans le cou tendre de Gawisa. Elles s'approchèrent. Gawisa émit un ronronnement de plaisir. Elle n'avait toujours pas compris que cette inconnue n'était pas sa mère. Pour elle, c'était toujours sa mère bien aimée, disparue puis retrouvée. Cette mère qu'elle aimait tant, et elle croyait que ses souffrances n’étaient plus, parce qu'elle avait retrouvé cet être si cher à son coeur. Elle croyait revivre une nouvelle vie avec sa mère, et qu'elle serait la plus heureuse du monde. Elle ne serait plus jamais seule ! Mais, elle avait oublié l'essentiel. Sa mère, n'était plus. Elle était morte.

- Je suis venue abréger tes souffrances.

Mais ? Qu'est-ce qu'elle disait ? Gawisa ne comprenait pas. Sa mère si douce, parlait maintenant avec une voix de sanguinaire, empreinte de cruauté non cachée. Aurait-elle changée ? Pendant tout ce temps ... Non, ce n'était pas possible ... Ou alors aurait-elle mal compris le sens de la phrase ? Sa mère était venue pour la soulager, la délivrer de tous ces tourments ! Oui, c'était ça ! Elle faillit en pleurer de joie. Jusqu'à ce qu'elle remarque le regard si froid de son interlocutrice.

- Que... quoi ?

Voila les seuls mots qu'elle parvient à dire, on à balbutier. Aveugle, mais c'était presque de la stupidité ... Une patte. Sur elle. Sur son corps, son dos. Une patte puissante en plus. Qu'est-ce qu'elle faisait ? Gawisa essaya de se dégager affolée. Mais, elle est tellement faible à présent ...

Elle s’arrêta. Elle ne pouvait plus combattre contre cette personne. A bout de souffle, elle posa ces simples questions dont elle n’était pas sûre d’obtenir la réponse:

- Qui es-tu ? Qu'est-ce que tu m'veux ? Pourquoi tu m'fais ça ?

Puis, elle s'effondra, évanouie.

Le Noir total. Où-suis-je ? Je ne vois rien. Pourtant, j'ai les yeux ouverts non ? Je les ferme. Je les ouvre. C'est toujours aussi sombre. Noir. Je n'aime pas ça. Le Noir me fait peur. On ne voit rien. C'est du vide. Si ça s'trouve, je suis morte. Oui, ça doit être ça, je viens de mourir. Mais quand on est mort, on n'arrête de penser logiquement. Vu, que notre coeur ne bat plus, et que notre cerveau et en pause. Alors, je serais vivante ? A ces pensées, une petite lueur venait d'apparaître, la lueur de l'espoir. La lumière était faible certes, mais pourquoi ne pas espérer ? µC'était la sortie. J'allais enfin voir le jour. Je m'avançais le plus rapidement possible vers ce jour. Mais, je me rendais compte, que je traînais. J'arrivais à peine à marcher. Pourquoi ? Je n'étais pas blessée, je ne ressentais aucune douleur. D'ailleurs je ne ressentait rien. Je n'entendais plus mon coeur battre. Je tournai la tête, et là, je vis, sur mon flanc, une ouverture béante. Du Sang tachait mon pelage si blanc. Alors, j’étais blessée ... Mais pas encore sans vie. Non. Je le refusais. Je me traînais. Je tremblais. Mais je n'abandonnais pas. Je ne pouvais pas mourir maintenant. Je n'avais que 20 lunes ...

Des mots terrifiants résonnèrent dans ma tête. Je ne voyais pas le personne qui les prononçais. Sa voix me disait quelque chose. Ses mots étaient terrifiants. " Ne t'inquiètes pas. Ce ne sera pas long. " De quoi parlait-elle ? Je m'affolais. Soudain, je sentis une douleur atroce. On rouvrait ma blessure. Des griffes me lacéraient. Je hurlais. Le Noir qui était autour de moi, devint Rouge. Rouge comme le Sang.

" Pas long du tout même. " Je vis alors un visage couvert de sang, avec un sourire carnassier. Maman ?! Non, ce n'était pas elle ... Elle ne m'aurait jamais fais ça. Qui était-ce ? Je l'avais vu ... Avant de mourir ? Un hoquetement sortit de ma bouche. Je m'en rendis à peine compte. J'avais tellement souffert, que ce qui m'arrivait maintenant n'avait plus d'importance, et ne me faisait plus mal. Je sentis des crocs sur ma gorge. C'étais fini. J'étais morte.



La Meurtrière souria sous le clair de lune. Elle lécha les gouttes de sang qui menaçaient de tomber au sol. Elle était heureuse. Son repas était excellent. Elle s'appelait Menthe Sauvage.