Le commencement

Voile sentit une présence à côté de lui, et ouvrit les yeux. Il se trouvait sur un lit de mousse moelleux, qui sentait bon la liberté. Le chaton était entouré de ses frères et sœurs, qui dormaient tous, rouler en boule contre le ventre de leur mère. Une odeur de lait flottait dans l'air tiède de la Pouponnière, ce qui donna faim a Voile. Il se dressa maladroitement sur ses pattes, et se glissa vers sa chère génitrice.

Ce qui ne sembla pas troubler son sommeil. Le faible murmure que venait de produire Voile avait pour but de ne pas réveillé les autre chatons, ce qui avait réussi. Il se laissa tomber au sol en soupirant, laissant sa faim de côté. Ce qu'il fit sans trop de mal. Les minutes passèrent, pourtant sans ennui. Mais il y eu comme un mouvement dans le camp, et les têtes se levèrent dans la Pouponnière. Certaines mères sortirent pour voir ce qu'il se passait, d'autres restèrent tranquillement auprès de leur progéniture. Quelques chatons, beaucoup plus grands que Voile suivirent leurs ainées.

Ce qui était impossible. Le jeune chat avait l'impression d'étouffer, d'être incompris, mal aimé. Il n'avait qu'une chose en tête : partir. S'éloigner de ce monde trop peupler à son goût, aller dans un endroit où il pourrait être lui. Il tourna la tête d'un côté, puis de l'autre, et se rua vers l'ouverture de sa "prison". Une bourrasque d'air fit danser son pelage, révelant sa teinte grise claire. C'était la première fois qu'il voyait ce qui se passait dehors, et il n'était pas mécontent de sa découverte. Il vit des chatons près de leurs mères, ce qui le rendit jaloux. Bien sûr, ils étaient beaucoup plus âgés, mais Voile aussi aurai aimer sortir. Il devait s'agir d'une assemblé. Plein de chats s'étaient réunis autour d'une grande pierre que Voile n'avait jamais vu. Il fixa le spectacle un moment, mais du s’interrompre lorsque le rassemblement se dispersa. Il recula un peu poir laisser passer les chats qui rentraient dans la Pouponnière.

Une voix le sorti de sa rêverie. Une chatonne se tenait devant lui, une lueur indigné mais amicale dans le regard. Elle devait être beaucoup plus grande que Voile vu sa taille, et il en fut intimidé.

Voile n'avais plus faim du tout. Tout autour de lui, des chatons ronronnaient en buvant du lait et en bavardant pour les plus âgés. Il n'était pas là où il devait être. Ses pattes refusèrent soudain de le porter. Il céda. Les yeux fermés, il sentait son petit corps se soulever au rythme de sa respiration. L'odeur de la mousse lui rappelait la forêt. La forêt . Il voulu trouver Boule de Fougère, mais le chaton avait beau tourner la tête dans tout les sens, il ne la vit pas. Dans un haussement d'épaules, il reposa sa tête au sol. Ses pattes se détendirent, et ses yeux se fermèrent.

Voile bailla. Il s'était probablement endormi. Des rayons de lumières tombaient en taches un peu partout dans la Pouponnière. Celle-ci était anormalement vide. Quelques chatons, ici et là, restait sous la surveillance d'une seule Reine. Étrange. Il s'approcha de ses camarades pour tenter d'entendre leur conversation. Il ne réussit qu'à en entendre que quelques bouts, mais suffisamment pour apprendre que quelque chose de grave était arriver.
" ... Est partie seule, sans que personne ne la surveille.", " Il m'a dit qu'il n'avait jamais vu autant de sang !", " Oui, dans un piège à renard."
Leurs voix étaient toutes anxieuses et excitées. Un chat s'était sûrement blessé, pris dans un collet. Mais... qui ? Il semblait, d'après les quelques phrases entendues, que la personne n'avait pas le droit de quitter le Camp. Un chaton ? Lequel ? Le cœur de Voile fit un bond dans se poitrine lorsque la disparition de Boule de Fougère lui revînt. Et si c'était elle, la victime ? L'inquiétude se mua peu à peu en panique. Il ne la connaissait pas, mais de tout le Clan, il lui sembla que ce serais la mort la plus douloureuse à supporter si on excluait sa mère et ses frères et sœurs. D'une démarche tremblante, il alla se poster devant la Reine qui les surveillaient et demanda d'une voix aiguë :

- Eux.. Il y a un blessé ?

Son expression en disait plus qu'un discours entier. Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais Voile se ruait déjà hors de la Pouponnière, pour voir qui avait-été victime du piège à renard. Une bourrasque d'air froid le cloua sur place. C'était la première fois qu'il posait les pattes dehors, et il ne fut pas déçu de ce qu'il vit. Des arbres. Partout. Un ciel où l'on pouvait voir voler des oiseaux, et même des nuages. Il secoua la tête en se rappelant le but de cette escapade. Le chaton ne connaissait pas le Clan, mais il se fia aux nombreux chats qui allaient et venaient de leurs tanières à un endroit situé derrière des buissons. Prudemment, il s'élança vers cet "endroit". Une forte odeur salé lui parvînt, mais ne lui rappelait que celle des proies que ramenaient les guerrières aux Reines. Bien plus forte, plus nette. Voile vit un petit rassemblement, et s'y risqua s'en hésiter. Mais avant même qu'il ai pu voir ce qui se trouvait au milieu de la petite assemblée, le cercle s'ouvrit, laissant apparaitre un spectacle qui noua l'estomac du chaton blanc. Deux guerriers portaient le corps de Boule de Fougère, qui ne remuait pas plus qu'une pierre.

Elle est morte ?!

Ce furent les premières pensées de Voile. Horrifié, il suivit la petite troupe en priant pour que ce soit faux. Tous se dirigeaient vers la Pouponnière. La majorité des chats qui avait suivit le cortège s'en allèrent, la queue basse. D'autres, rares, entrèrent dans le buisson d'épines qui abritaient les chatons. Voile entra lui aussi, et vit le corps de Fougère au centre d'un nid de mousse. Une plaie sanguinolente béait sur sa gorge. Sa poitrine se soulevait faiblement, mais prouvait qu'elle était plus qu'un cadavre de chaton. Le soulagement de Voile fut de courte durée. Allait-elle survivre ? Si on l'avait ammené ici, c'est qu'elle allait bien, non ? On lui fit signe de venir la voir. Ses pattes tremblaient. Pourtant, il s'avança. Lorsqu'il s'assit à ses côtés, elle ouvrit les yeux.

- Deviens... un bon... guerrier,
articula t-elle.

Parler semblait être un effort suprême. Elle parlait. Comme si elle allait mourir. Et si elle mourait ?

- Et toi aussi,
souffla-t-il.

Il s'allongea et fourra son nez dans sa fourrure. Son odeur n'était que sang, quoiqu'un peu forêt. Il ne voulait pas qu'elle meure. N'y avait-il donc pas de solutions ? Une goutte d'eau perla d'un de ses yeux, ce qui se mua en une cascade de larmes, souillant le pelage de Boule de Fougère de ses pleurs silencieux.

Voile ouvrit les yeux. Sa truffe était plongé dans la mousse qui recouvrait le sol de la Pouponnière. Il leva la tête, ensommeillé. Ses griffes lacéraient son nid. Il semblait qu'il le faisait depuis un bout de temps déjà, à en croire les légères traces de sang sur ses coussinets. Il ne se rappelait de rien. Que faisait-il là, déjà ? Ah oui... Boule de Fougère. Avec difficulté, le chaton se dressa sur ses pattes endolories. Où était-elle ? En regardant les visages de ses confrères, il vit que personnes n'avait l'air d'être triste. Bien. Ses prunelles bleues cherchaient ce qui était une mourante quelques heures plus tôt. Ce qui était compliqué, avec le brouhaha qui régnait. Certains chatons, plus calmes, avaient trouver refuge dans un coin de la Pouponnière. Voile était isolé sous une petite branche d'épines. Caché. Quelqu'un avait du le déplacé alors qu'il s'était endormi. Un souvenir poussiéreux fit surface, mais replongea dans l'ombre. Cela faisait deux jours qu'il se réveillait, cherchait la malade, mangeait un peu et se rendormait. Aucune importance. Il ne voyait toujours pas la chatonne. Il se rallongea, les yeux posés sur les branches qui servaient de toit. Si Fougère n'avait pas survécu, il serait averti bien assez tôt.

La voix. Cette voix. Voile leva la tête, un léger sourire sur le museau. Un croute brunâtre recouvrait la gorge de Fougère, mais elle ne semblait pas le moins du monde perturbée. Il oublie instantanément les longues journées qu'il avait passé à attendre. Le hier n'étais plus qu'un souvenir. Il se leva, et lui donna un coup de langue entre les oreilles. Mais ne dit rien. Il était heureux bien sûr. Son visage affichait maintenant un vrai sourire. C'était ça, être amis ? S'inquiéter pour quelqu'un, et être heureux de le revoir ? Peut être. Si ce n'était pas encore le cas, alors autant demander. Voile résonnait de cette manière.

Réponse immédiate. De nouveau, le bonheur submergea le cœur de Voile. Sa première amie. Pour la première fois depuis sa naissance, il se sentait normal. Un chaton normal, qui mangeait normalement, qui parlait normalement, qui avait des amis normal. Une amie. Et alors ? Il voulait sauter partout, et s'envoler comme un oiseau.

Les mots sortirent d'eux mêmes. La queue dressée haut, Voile fixait sur Fougère des yeux brillants, joyeux.

Légèrement déçu, il hocha la tête. Néanmoins, il respectait son choix. Si elle se rétablissait vite, ils pourraient jouer ensemble ! Et la santé comptait bien sûr avant tout. Il la regarda partir vers sa mère, et téter un peu avant de s'endormir. Il lâcha un soupir, tourna de quelques pas sur lui même, avant de se laisser tomber et de fermer les yeux. Il eu du mal à s'endormir, mais lorsqu'il commença à voir un écureuil courant dans la Pouponnière, il compris qu'il était définitivement endormi.

C'était la voix de Boule de Fougère. Lentement, il ouvrit les yeux. Elle se tenait devant lui, assise, bien droite. Le chaton blanc bailla, et répondit d'un ton ensommeillé :

Il se redressa et la dévisagea avec curiosité. Sa sieste n'avait pas durée bien longtemps. Il n'avait pas eu le temps d'ouvrir la bouche, qu'elle miaula :

Et Fougère commença à lui raconter ce fameux songe. Du moment où un membre du Clan des Etoiles apparaissait au moment ou elle se regardait dans une marre, ainsi que l'instant où elle voyait trois chatons ressemblant étrangement à Voile et elle même, et où ils criaient à l'unisson cette phrase. " Maman, on a faim ! " Le jeune chaton haussa les épaules lorsqu'elle eu finit de raconter. Il n'était pas guérisseur, et n'interprétai pas les rêves. Pourtant, cela le déroutait un peu. Un Guerrier Étoilé au début du rêve ? Il sourit.

Au guérisseur ? Cela semblait un peu idiot. Et il ne savait pas si un chaton pouvait demander ça au soigneur du Clan. Mais, après tout, pourquoi pas ?

Voile avait à peine fini sa phrase que son amie détallait vers le tanière de leur guérisseur.
Amusé, il la suivit du regard à travers les ronces de la Pouponnière jusqu'à ce qu'elle disparaisse complètement. N'ayant rien d'autre à faire de que de penser, il s'allongea dans un coin, ses fines pattes ramenées sous lui. Le rêve de Fougère ne l'intriguait pas forcément. Ce devait être un rêve tout à fait normal, quoiqu'un peu bizarre. Mais si il était banal, se pouvait-il qu'elle soit... amoureuse ? De plus en plus amusé, il laissa paraître sur son visage un sourire. Fougère avait en revanche eu l'air très surprise, cette idée n'étais donc qu'à éliminer. Pour Voile, l'amour était une chose tout à fait inconnue ; et il le resterai sûrement encore longtemps. La lumière qui filtrait à travers les feuilles était rougeoyante. Le soleil se couchait, et bientôt, la Pouponnière ne serai que silence et ronrons de chatons au bord des rêves. Les yeux de Voile commençaient à lui piquer, et il se dit qu'il pourrai toujours reparler avec Fougère le lendemain. De plus, son entretien spécial s'éternisait. Entre deux bâillement, il rejoignit ses frères et sœurs. Le sommeil ne venait pas. Pour la première fois de la journée, le rêve de la chatonne le travaillait. Il ferma les yeux, espérant les rouvrir dans un songe, mais non. Il se retourna sur sa litière, et vit Fougère un peu plus loin, roulé en boule contre sa mère. Il se leva et trotta vers elle, prenant soin de ne réveiller personne. Il lui donna un coup de museau dans le ventre.

Son air ensommeillé lui donnait l'impression qu'elle était toute petite. Pourtant, elle était bien plus âgée que Voile.

Sa réponse lui convînt parfaitement. En même temps, cela le rassurait un peu.

Il lui donna un coup de langue entre les oreilles, et repartis vers sa litière. Lorsqu'il trouva enfin le sommeil, il fut noir et sans aucuns rêves.

Voile marchait dans la forêt. Elle était sombre, et brumeuse. Les branches étaient toutes dépourvues de feuilles et la terre sous ses pattes semblait faite de cendres. Il n'avait pas imaginé le territoire de son Clan ainsi. Ses coussinets, d'habitude rose pâle, avait maintenant l'air de deux pierres noircies par des flammes. Le ciel n'était pas là ; car trop épaisse, la brume le dissimulait complètement. Au milieu du silence, il perçut un bruissement. Curieux, il se mot à marcher prudemment vers la source du son. Il déboucha dans une clairière. Tout était vert, et l'air sentait bon la verdure et les plantes. Le Clan du Tonnerre ! Le chaton blanc se mit à trotter vers la Pouponnière. C'est vrai, quoi. Que faisait-il hors du Camp ? Le Clan était vide. Voile ne s'affola pas, et décida de visiter un peu. Les fleurs avaient une odeurs étranges. Il était gelé. Bizarre, le soleil brillait au dessus sa tête.

- Tu sais ce qui ce passe ici ? C'est bizarre, on dirait qu'une chose étrange se prépare !

Voile vis Boule de Fougère débouler vers lui, puis il oyvrit les yeux. Il était dans la Pouponnière, et son amie était penché sur lui, une mine inquiète sur le visage. Il grogna, et tendit en l'air ses fines pattes grises clairs.

- Euh... non. Tu vient de me réveiller à vrai dire. Pourquoi, qui a-t-il ?

La mine penaude de Fougère suggérait qu'elle n'était pas fière d'avoir réveillé son ami. Elle continua, l'air toujours aussi tendue.

- Je ne sais pas, je me suis endormie dehors et je me suis réveillée quelques minutes après, il y avait une drôle d'odeur dans l'air et... c'était vraiment bizarre. Allons voir.

Le chaton blanc acquiesça d'un mouvement de tête Il se remit debout pour s'étirer une dernière fois, et suivit la chatonne à petites foulées, encore tout endormi. Le contact froid et humide de la terre sous ses pattes le fit frissonner. Il remarqua avec inquiétude que le Clan était presque désert. La réaction de Fougère fut la même. D'un geste de queue, elle l'invita à la suivre hors du Camp pour voir ce qu'il en était. Apeuré, Voila faillit refuser. Ils n'avaient pas le droit de sortir ! De plus, la forêt regorgeait de danger. Et si ils se perdaient ? Il revit la forêt de son rêve, sombre et menaçante. Il déglutit, et suivit prudemment la chatonne. Ils n'eurent pas fait cinq queues de renard qu'ils virent la majorité du Clan regroupé autour de leur chef. L'odeur de la peur de Fougère devenait suffocante. Stupéfait, Voile observait la scène. Ils devaient revenir au Camp avant que quelqu'un ne les aperçoivent.

- Que font-ils ?
demanda-t-il, incapable de dissimuler sa curiosité.