► Hunting ◄ [PV Patte de Neige]

Du poisson ?
Oui c’était bien du poisson qui devait reposer sur la réserve de nourriture du camp. Pourquoi cette odeur me réveilla ce jour-là ? Aucune idée. Tout ce que je savais c’est que j’étais réveillé et cette idée ne m’enchanta guère... mais bon, comme je ne suis pas du genre à gratter quelques heures de sommeil en plus rien que pour moi et pour moi seul, il ne me restait plus qu’une option : se lever.
C’est donc ce que je fis.
Repas englouti, toilette achevée, je me dirigeai vers mon supérieur, le lieutenant du clan, pour m’informer des dernières nouveautés, ne ratant rien concernant les éventuelles intrusions ! Mais pas de chance, pas d’intrus sur notre territoire... En revanche je mis vis attribuer la « noble » tâche de chasser en duo avec une dénommée Patte de Neige...
La poisse ! Réveillé par du poisson, aucune bagarre en vue, chasse à deux, et en prime un temps maussade.

Résigné, je me dirigeai lentement vers l’entrée du camp pour attendre ma « chère » partenaire de chasse. Assis sur le sol meuble je m’interrogeai sur cette partenaire... Comment s’appelait-elle déjà ? Ah oui ! Patte de Neige.... Patte de Neige.... Patte de Neige... C’est qui ça ? C’est énervant d’avoir un nom mais d’être incapable de mettre un visage dessus ! A force de creuser dans ma mémoire, je me rappelai un baptême où notre chef avait donné à une apprentie le nom de Patte de Neige. Mais à quoi ressemblait-elle ? Vu son nom elle ne pouvait qu’être blanche et d’une absurde banalité !

Je fixais la tanière des guerriers en espérant ne jamais voir sortir cette Patte de Neige mais mes rêves sont bien illusoires, tous sans exception... Les rêves ! Si seulement le mien, mon plus cher, pouvait se réaliser, je pourrais enfin vivre tranquille..., mais apparemment le destin n’était pas prêt à rendre les armes et s’acharnait sur moi avec une telle ardeur que cela faisait 25 lunes que j’attendais le jour de ma vengeance, le jour où je ferrais couler le sang des assassins, où je rendrais la justice !

Une jeune chatte au pelage marron me fixait depuis la tanière des guerriers, (pas gênée !) comme je déteste me faire dévisager de la sorte je tournai vers elle un regard que je voulais le plus froid, le plus dur, le plus noir, le plus haineux possible. Par le biais de ce regard, court mais expressif, j’espérais lui avoir fait comprendre un certain nombre de choses, je me détournai d’elle comme on se détourne d’un repas dévoré et entreprit de donner quelques coups de langue sur mon pelage. Avec surprise je vis du coin de l’œil la chatte brune s’avancer vers moi... Apparemment elle n’avait pas saisit le message..., lentement, pour faire apparaître mon agacement, je me levai et braquai sur elle mes yeux bleus dans lesquels on pouvait voir une soudaine férocité. Mais elle eut à peine le temps de les voir car un guerrier l’interpella pour la saluer. La férocité abandonna immédiatement mes yeux pour faire place à une certaine incrédulité.
Le guerrier l’avait appelée « Patte de Neige ».
Tiens donc !
Mes idées s’étaient donc révélées fausses. Peu m’importe !
Qu’une chatte nommée Patte de Neige soit brune et non blanche ne me fait ni chaud ni froid !
Reprenant une expression neutre, j’attendis qu’elle arrive à ma hauteur. Je ne lui laissai même pas le temps d’engager la conversation, ni de remuer ne serait-ce qu’une moustache, je lançai immédiatement une phrase que je voulais tranchante pour couper court à toute forme de sympathie !

Le voyage jusqu’à la Clef des Champs fut long, pénible et affreux et ce, surtout grâce, ou plutôt à cause de ma « chère » partenaire de chasse... Bien qu’elle n’ait parlé que quelques fois elle avait le don de m’énerver ! Et s’en jamais me montrer discourtois je lui faisais comprendre, du moins je l’espérais, d’un aimable regard empreint de bonté que j’en avais rien à foutre de ce qu’elle me disait !! Elle ne pouvait pas la mettre en veilleuse pendant toute la journée celle-là ? Certainement que j’exagère car, selon vous, peut-être qu’elle n’avait pas tant parlé mais avec moi tout prend une certaine ampleur. Lorsque venait, enfin, s’installer le silence, je pouvais prendre plaisir à écouter, simplement écouter le monde autour de moi. Ma respiration, le vent qui s’engouffrait dans mon pelage, le bruissement de l’herbe à mon passage, le murmure de la rivière au loin, les oiseaux qui chantaient, le chuchotement des feuilles agitées par le vent...
Tap...tap....tap....tap...tap...tap...tap...
Patte de Neige !
Evidemment c’était trop lui demander d’être silencieuse en marchant ! Déjà qu’il m’avait fallut une éternité pour qu’elle arrête de parler il fallait maintenant qu’elle fasse autant de bruit qu’un troupeau de bipèdes ! Pour ne pas la faire parler je me retins donc de lui adresser tout commentaire quant à sa démarche tonitruante. J’étais condamné à supporter tant bien que mal ce vacarme... La chasse promettait d’être fructueuse ! Avec autant de bruit dans les parages on n’allait pas attraper grand-chose !

La délivrance arriva soudain ! La Clef des Champs. Autant que cette Patte de Neige ramasse la monnaie de sa pièce, la chasse pour elle se passera dans les Champs, je me dirigeai donc automatiquement vers le petit ruisseau pour attraper quelques poissons. Je me penchai au-dessus des eaux claires en espérant apercevoir un poisson. Ravi je constatai qu’il y avait pas mal de poisson à cet endroit. J’attendis encore quelques instants et une fois que ma malheureuse proie arriva juste au-dessous de moi, j’introduisis rapidement ma patte dans l’eau, la glissai sous le poisson et la levai brusquement, tout cela bien sur en un temps record, et c’est donc sans surprise que je vis le poisson frétiller sur le sol non loin de moi, tapant tantôt sa tête tantôt sa queue contre le sol meuble de la berge mais malgré ses vains efforts il ne put se remettre à l’eau avant que me crocs l’achève brutalement.

Après, je ne sais pour quelles raisons, je me retournai pour voir ce que devenait cette malheureuse Patte de Neige. J’aurai bien aimé voir la déception sur son visage lorsque sa proie, alerté par le vacarme qu’elle produisait, s’enfuirait le plus loin possible de cette pathétique chasseuse, si du moins, j’ose employer ce terme. Je quittai la berge pour me rapprocher du champ où je pourrais observer l’échec de ma « chère partenaire ». Je la vis, pas trop loin de moi, en train de s’avancer vers un jeune lapin, et comme je m’y attendais celui-ci détala vers le territoire du Clan du Vent. Je me devais donc d’intervenir : pas une de nos proie n’irait nourrir un autre clan que le nôtre. J’avais une position avantageuse : près de la frontière et le lapin n’était pas encore arrivé à ma hauteur. Comme ce stupide animal n’avait pas prévu de me croiser dans sa fuite il dut être bien surpris lorsque mes crocs se plantèrent dans sa gorge, faisant couler un flot de sang rouge et chaud...

Ce sang... qui inondait ma bouche, ce goût de mort pourtant si chaud, cette couleur rouge déferlant sur le sol comme l’eau d’une cascade... comme j’aurais tant voulu que ce liquide rouge n’appartienne pas à ce maudit lapin mais plutôt a ceux que mon cœur et ma haine désiraient tuer...

- Mais à quoi tu joues Coeur d'Antan ?! Cette proie était à moi !

Ces soudaines paroles me ramenèrent à la réalité, je lâchai le lapin mort qui pendait toujours dans ma gueule, il s’écrasa mollement sur le sol, inerte. Je le contemplai encore quelques secondes avant de me retourner vers Patte de Neige. Je pris conscience de ce qu’elle m’avait dit et de la façon dont elle me l’avait dit...la haine envahit mon cœur et je répliquai froidement alimentant mes paroles d’un regard féroce.

-Cette proie était sur le point d’appartenir au Clan du Vent petite inconsciente ! Alors si tu n’es pas capable de t’occuper de tes propres proies retournes-donc au camp te chercher un mentor pour qu’il t’apprenne la chasse et la discrétion !

Voilà qui n’allait pas la mettre de bonne humeur mais je m’en moquais.





|Ça promet d'être intéressant cette rencontre... |

-Cette proie était sur le point d’appartenir au Clan du Vent petite inconsciente ! Alors si tu n’es pas capable de t’occuper de tes propres proies retournes-donc au camp te chercher un mentor pour qu’il t’apprenne la chasse et la discrétion !

La « je ferrais bien de redevenir apprentie » répliqua dans la seconde qui suivit :

- Pardon ?!

Déjà qu’elle ne savait pas chasser, elle faisait encore plus de bruit qu’un vieux blaireau gâteux et par-dessus tout elle était sourde ! « Oh Clan des Etoiles reprenez vite cette petite malheureuse doublée d’une incapacité totale entre vos pattes » pensais-je au fond de moi. Cette pensée me fit sourire mais je ne pensais pas que « la Patte de Neige » remarque quoi que soit tant elle paraissait en colère. En même temps je n’en étais pas surpris après la sourde vient bien sur l’aveugle ! Je l’avoue, au fond de moi, je riais bien de la malchance de cette petite créature. C’est d’ailleurs ahurissant qu’une incapable comme celle-ci ait pu être nommée guerrière...je la renverrais direct à son mentor et si je le pouvais, je lui apprendrais moi-même le respect envers ses aînés !
La jeune impertinente continua :

-Je ne sais pas à quoi tu joues et encore moins ce que tu veux prouver en me volant ma proie. Mais écoute bien, je n'ai absolument pas besoin qu'un guerrier aussi odieux et aussi imbuvable que toi m'apprennes à chasser. J'aurais besoin de tout sauf de ça ! Quant à ton excuse bidon comme quoi elle allait appartenir au territoire du Vent, je peux t'assurer que non. J'étais sur le point de l'achever quand tu es survenu. Ah j'oubliais le rouquin ... le "petite inconsciente" tu te le gardes Ok ! Je ne sais pas quel est ton problème, pourquoi tu es comme ça avec moi, je ne t'avais jamais adressé la parole jusqu'à aujourd'hui et visiblement j'aurais mieux fait de m'en abstenir !

Prouver ? Odieux ? Imbuvable ? Excuse bidon ? Rouquin ? Tu te le gardes ? Ok ?
Oh oui c’est plus que très clair, elle n’allait pas s’en sortir comme ça ! Ma fureur, ma rage, ma haine contenue au maximum pendant cette matinée explosa en moi comme une tempête. J’étais arrivé à ce stade où ce n’était plus moi, plus ma conscience qui me contrôlait mais c’était ma haine qui avait entièrement pris le contrôle, une haine qui m’enflammant, qui brûlait chaque parcelle de bon sens en moi. Une haine qui habitait toujours en moi, une haine pour toutes les choses qui m’entourait, une haine que j’arrivais, en temps normal, à retenir, mais nous n’étions plus en temps normal.

Là c’était trop, elle était allé trop loin, elle allait voir Cœur d’Antan dans toute sa fureur !
Non, non il ne faut pas que je lui fasse de mal, elle fait partie de mon clan...
Elle m’a insulté, manqué de respect comme jamais !
Non j’exagère les choses...
Elle va connaître la douleur, elle va connaître les IDIOTSéquences de ces actes !
Stop...
Et moi je vais me régaler de sa souffrance...
Arrête !
Elle va devenir semblable à ce stupide lapin...
Non !
Et son sang va coul...

-NON !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Pourquoi à ce moment précis ma raison écarta un temps soit peu la haine, pourquoi la raison essayait-elle de me raisonner, pourquoi ne pouvait-elle pas se taire comme d’habitude, pourquoi était-elle arrivée au moment où la haine alimentait chaque veine de mon corps ? Je n’aurais su le dire mais pour éviter que cela recommence je me mis à parler :

-Petite inconsciente !!! Je me fiche éperdument de ce que tu peux penser, à propos de ta stupide proie et de moi, tu peux dire ce que tu veux : peu m’importe ! Tu n’aurais jamais du dire tout ça parce que tu ne sais pas du tout, mais pas du tout à qui tu as à faire et crois-moi tu as de la chance ! Maintenant essaye de montrer un peu plus de respect petite inconsciente !

-Petite inconsciente !!! Je me fiche éperdument de ce que tu peux penser, à propos de ta stupide proie et de moi, tu peux dire ce que tu veux : peu m’importe ! Tu n’aurais jamais du dire tout ça parce que tu ne sais pas du tout, mais pas du tout à qui tu as à faire et crois-moi tu as de la chance ! Maintenant essaye de montrer un peu plus de respect petite inconsciente !

Apparemment ce que j’avais dit la mettait, d’un côté un peu en colère, certainement à cause du « petite inconsciente » mais elle semblait également s’interroger sur mes paroles. Il est vrai que beaucoup de ce que j’avais dit ne pouvait être compris par une chatte si peu intelligente et qui en connaissait si peu sur moi ! Et justement...

-Et bien dis-le ! Qui es-tu ? Explique-moi au lieu de te déchaîner sur moi comme tu fais ! Et n'oublie pas que je suis aussi une guerrière et que même si tu es plus âgé et que as, entre guillemets, plus d'expérience que moi, tu me dois aussi le respect. On est égaux alors arrête de me traiter de la sorte ! Tu veux continuer à te montrer buté en me lançant des "petite inconsciente" à tout bout de champ ? D'accord, c'est ton problème mais ne viens pas me demander des excuses. Je ne le ferais pas.

Je retins les grands axes de ce qu’elle m’avait dit : d’abord elle voulait me connaître, ensuite elle estimait que je ne la respectais pas assez surtout avec les « petite inconsciente » et enfin elle ne voulait pas s’excuser.
Je sentais ma haine gronder au fond de moi, elle voulait refaire surface, je le savais. Elle essayait de percer ma raison pour se répandre en moi tel le sang dans mes veines, mais je ne voulais pas la laisser faire, après tout le mal que je m’étais donné pour rester calme aujourd’hui je ne voulais pas lui céder ! Car aujourd’hui c’était une faiblesse. D’habitude c’était un point fort qui me permettait d’être sans pitié dans les combats mais ce jour-là elle voulait prendre le contrôle alors que ma raison me dictait de ne pas le faire.
J’essayai de l’oublier, de faire abstraction de ce crépitement qui brûlait au fond, tel un prédateur attendant le bon moment pour se lancer sur sa proie...espérant que ce moment n'arriverait pas.
Après un long moment de réflexion je me dis que je pouvais apporter quelques informations à la petite inconsciente qui se trouvait en face de moi.

-Qui je suis ? Désolé mais je ne suis pas une annonce ambulante qui déballe sa vie à qui veut l’entendre ! En gros ça ne te regarde pas donc ne te mêle pas de mes affaires !

Peut-être qu’avec un peu de jugeote elle allait se douter qu’elle avait touché un point pas forcément sensible mais plutôt secret, j’avais un don pour garder ma vie, mes intentions, mon passé secret. Je savais que quelques rumeurs à mon sujet circulaient dans le camp mais je n’y prêtais guère attention, à vrai dire je m’en fichais, l’avis des autres, leur soit disant approbation ne pouvait rien m’apporter. Peut-être cette chatte était intriguée par ces rumeurs et voulait démêler le vrai du faux, mais je m’en foutais ! Quelle se fasse donc ses idées par elle-même et qu’elle ne vienne pas m’embêter !
Je poursuivis :

-Question respect je m’en fou mais si tu continue comme ça tu peux être sure que tu n’en recevras jamais, au grand jamais, de ma part ! Et je me garde le plaisir de t’appeler comme bon me semble, si ça te dérange va pleurer ailleurs, peut-être bien dans les pattes de ton mentor !

Je l’avais oublié le coup du mentor ! Je riais intérieurement de ma petite blague ! Au mois pour le respect elle était servie !
Je poursuivis :

-Et pour finir : peu m’importe tes excuses, elles ne m’intéressent pas le moins du monde ! Et si jamais il te vient l’idée d’en dire sache que tu peux te les garder ! Comme si cela avait la moindre importance pour moi !