Wrath. | Met' |

Le soleil était à son zénith lorsque je daignais d’ouvrir un œil. Je n’avais jamais été du genre à me lever à l’aube, encore moins avec cette canicule. Mon pelage doré réfléchissait la lumière, ce qui me déroutait et me rendait molle. Pourtant, je n’avais pas le choix. En tant qu’apprentie, il fallait qu j’aille faire mes corvées habituelles. Parfois, il m’arrivait de faire un effort, mais je n’arrivais guère à cacher ma vraie nature. J’avais la flemme de faire ses tâches superficielles. Nettoyer la litière des anciens me dégoûtait. Franchement, ils n’étaient pas capable de le faire eux-mêmes ? A leurs places, j’aurais honte. Laisser des gamins, nettoyer leur intimité, non mais oh. C’était un manque de pudeur et de fierté affligeant. A leur place, je préférais mourir autonome qu’être un poids pour les miens. Enfin bref. Il fallait que je me dépêche de partir du camps avant que l’on me remarque. De ma démarche maladroite, je me faufilais à l’arrière de la colline avant de fuir, cachée par les hautes herbes. J’avais horreur de prendre des risques pareils. Je l’avoue, jamais je ne serrais une héroïne ou quelque chose du genre. Bien que je n’avais guère peur de la mort, le moindre risque me terrorisait. Le guérisseur disait que j’étais paranoïaque, suite aux durs évènements de mon passé.
Je ne savais pas vraiment si il me restait des cicatrices de mes antécédents. Je savais juste que j’avais mal. En temps normal, j’aurais sans doute fait la pauvre martyr pour que les gens s’intéresse enfin à moi. Mais la douleur était tellement incroyable que je finissais par tout sceller en moi-même, comme pour me protéger d’un futur encore plus horrible. Peu être est-ce à cause de mon caractère assez rude que je n’avais pas d’amis ? Enfin, j’exagère les choses. Jadis, je pouvais compter sur Blaze Justice. Mais lorsqu’il avait disparu, j’avais commencé à me sentir vraiment seule, et à réaliser qu’à par Trafalgar Star, tout les éléments de mon passé se trouvait dix pieds sous terre. Une larme coula sur ma joue, avant de heurter le sol tari. Je me demandais, si à ce moment là un renard me dévorerait, quelqu’un aurait un minimum de compassion pour ma mort. Je me posais trop de questions. Il fallait que je me concentre sur des choses un tantinet plus superficielles.
Je vis un lapin, au loin, grignoter des graines. Silencieusement, je m’avançais vers lui avant de commencer une longue course. J’étais bien trop lente face à lui. Je dus donc lui couper le chemin pour lui faire une embuscade. Jamais je n’avais chassé de ma vie. J’avais toujours été couvé par les miens. Alors lorsque le rongeur m’offrit sa gorge, je ne sus que faire. J’étais incapable de tuer un animal, même si il était loin d’avoir une conscience semblable à celle des félins. Mais je devais le faire. Honteuse, je serrais mes crocs. Je compris la sensation que les sanguinaires cherchaient en tuant un chat. Je sentais l’âme de la bestiole quitter le corps. L’adrénaline monta en moi, puis ce fut l’extase. J’essayai de maîtriser cela, en vain. J’avais l’envie d’aller plus loin, la prochaine fois, pour à nouveau me sentir bien une flopée seconde. Mais je savais que tuer quelqu’un de la même espèce devait être quelque chose d’encore plus excitant. Je me ressaisis. Je tuais pour nourrir mon nouveau clan. Et rien d’autre.

En levant la tête, je vis qu’un jeune mâle plutôt charmant me regardait. J’analysais son odeur. C’était un solitaire. J’avais peur qu’il eut vu la détresse dans mon regard, suivant à euphorie en tuant la bête. Je le fixais, laissant tomber ma proie à terre, tout en acculant d’un ton acerbe :

« Tu te sens pas de trop ? Dégage, s’il te plait. »

  « -Remballe la naine, tu sers juste un petit peu à rien. »

Comment vous décrire le torrent d’émotion qui avait envahi Nami ? On pouvait tout d’abord notifier la colère. Elle ne supportait pas qu’on s’en prenne à sa taille. Physiquement, c’était son plus grand point faible, et la moindre critique l’irritait. Elle était également très blessée. On venait de lui rappeler qu’elle faisait pitié, qu’elle n’était qu’un vulgaire grain de sable sans importance face à lui. Sa fragilité prenait le dessus. Sans s’en rendre compte, ce crétin avait touché au point faible. Nuage Temporel essayait de rester digne, mais sa sensibilité se voyait dans le regard. Si elle avait été plus forte, elle se serait jetée sur lui. Mais contrairement au mâle gris, la jeunette ne pouvait régler ses problèmes de cette manière. La seule chose qu’elle osait faire, c’était baisser les yeux et se ronger sois même par l’incapacité d’agir par la force.

- Entre ce que je veux dire, ce que je pense dire, ce que je dis, ce que tu entends, ce que tu comprends, ce que tu crois comprendre et ce que tu veut comprendre, cela fait au total sept raisons de ne pas transmettre le message souhaité. Choisis tes mots avec soin avant de me répondre. C'est ta réponse qui nous éclairera sur la manière dont va se dérouler cet entretien.

Doucement, elle leva la tête, le fixant dans les yeux. Il lui fallut un moment pour comprendre ses paroles. La novice lui sourit. Il fallait qu’elle tire un trait, sur ses paroles. Il devait les avoir dites sans réfléchir, et l’apprentie était sûrement bien trop susceptible. C’était même une évidence. Durant un petit instant, la gamine l’ignora, enterrant son lapin pour continuer sa route. Elle viendrait le chercher plus tard. Normalement, Nami se sentait mal à l’aise avec les mâles légèrement plus âgés qu’elle. Mais là, la féline arrivait totalement à se maîtriser. Peu être parce que ce lieu lui rappelait de joyeux souvenirs, et la remplissait d’une désagréable nostalgie. Oui. C’était là qu’Iyami lui avait fait ses aveux. C’était ici qu’elle avait été la plus heureuse au monde. A cette époque, elle ne savait pas qu’il allait mourir. Nuage Temporel était bien trop naïve pour comprendre la moindre chose sur la mort d’un être cher. Lorsqu’elle rejeta un regard sur le mâle, elle s’empressa de répondre d’un ton très malicieux :

« - J’ai rien contre toi, mais il faut que tu partes. Si on te voit, là, avec moi, j’suis cuite et toi aussi.»

Elle espérait ne pas faire de bêtise en jouant ainsi avec le chat. Si il s’avérait être dangereux, jamais Nami ne pourrait se défendre. Elle était apprentie guérisseuse, et rien d’autre. Même si de temps en temps elle rêvait d’amour et de liberté, la guerre l’horrifiait. Plus jamais elle ne voulait voir ses proches agoniser ou mourir pour elle. La jeunette avait décidé de sauver les gens par la médecine au lieu de se battre pour de vulgaires confrontations entre les hautes instances des clans.
Ce chat l’attirait et lui faisait peur. Il y avait de drôles mimiques faciales. Voyant qu’il ne réagissait pas, sa mine devint septique. Elle recula doucement, hérissant son pelage. Lui voulait-il du mal ? Nami avait du mal à le croire. Le jeunot semblait être un mélange homogène de bien et de mal. Trafalgar Star lui faisait énormément de cours de psychologie. Mais la novice ne savait pas du tout les exploiter. Son incertitude se lisait dans son regard, elle resta de marbre, ébaubie, attendant une quelconque réponse.

Interessant. Enfin un félin qui ne se laisse pas aveugler par sa petite personne. Contrairement à beaucoup de félins que j'avais eu l'occasion de croiser dans cette exécrable forêt, la première personne à me témoigner un semblant de sympathie se tenait devant moi. Comme promis plus tôt, je respectais sont choix. Notre conversation finira bien. Pas comme mes innombrables échecs précédents. Toujours le même plan foireux. Je tente de les faire réfléchir sur leur vraie nature, et leur sauvagerie reprend le dessus. "Le Clan avant tout ! " Bon principe. Mais il ne faut absolument pas se laisser aveugler par un instable sentiment de supériorité. Certains pensent que l'intelligence ne fait pas le poids face à la force brute. À moi de leur prouver le contraire. Ce qu'ils ne savaient pas, c'est que chacune de mes rencontres est organisée quelques jours à l'avance.

L'observation d'un membre d'un "Clan" n'est pas bien compliquée. Il suffit de se poster en hauteur, ayant au préalable masqué son odeur d'une manière ou d'une autre. Puis, il suffit de garder les yeux ouverts, de mémoriser les allées et venues de chaque membre. Ils sont idiots, ils sont bien trop ponctuels pour garantir une sécurité convenable. Mais bon. J'avais une conversation à terminer, donc autant abandonner ces réfléctions inutiles, et me concentrer de nouveau sur mon interlocutrice.


- J'hésite. Je pars, ou je continue ce pour quoi je suis ici ?


Voilà de quoi la faire réagir. La curiosité est un bien vilain défaut, mais très réputé. Très bonne technique de manipulation. Je n'avais plus qu'a attendre qu'elle s'interroge. Puis qu'elle réagisse.