Une rencontre vraiment pas banale ![PV Nespresso]

Le soleil se couchait à l'horizon. Je me baladais tranquillement sur les territoires de l'Ombre, juste histoire de me détendre et me changer les idées. J'allais où mes pattes me guidaient. Je faisais quand même attention à ne pas franchir de limites.
Je réfléchissais aux derniers évènement : la baptême de Nuage de Sucre, puis la guerre... tiens d'ailleurs mes blessures cicatrisaient déjà un peu...
Un vent frais balaya ma fourrure en cette fin de journée qui a été quelque peu chaude à cause du soleil et de l'apparition des feuilles vertes.
Mais heureusement, le gibier se montrait de plus en plus ! Les serpents et les Bipèdes aussi... malheureusement...
Je sentis l'odeur fraîche d'une patrouille qui était passé par là, quelques heures plus tôt. Mais, je perçu également une autre odeur... un intrus !
Mes sens en alerte, je suivis la trace. Certaines étaient récentes, d'autres plus anciennes...
La truffe au sol à capter les senteurs de la forêt, je sus que l'odeur venait d'un chat et non d'un blaireau ou d'un renard.
Du moins, si l'étranger était venu sur le territoire, j'espérais vivement qu'il soit repartis aussitôt. Je ne tenais pas à affoler le camp pour une histoire de rien du tout... On a déjà si souffert à cause de la Galle...
Mes griffes sortis, je me préparais à affronter cet inconnu. Peut-être qu'avec un peu de chance, je n'aurais à me battre contre lui. Je préférais si possible éviter la bagarre si cela n'était que pour un intrus égaré ou un inconscient, car nombreux étaient les chats qui ne connaissaient pas l'existence des Clans.
Je garda quand même mon sang-froid. Si ça se trouve, je m'inquiétais vraiment pour rien... non, quelque chose clochait, c'était évident ! Je le sens...
La piste, elle est de plus en plus forte ! Je la suis pour en avoir le coeur net et l'odeur me porte vers... l'arbre aux chauves-souris.
Je frissonna. L'arbre aux chauves-souris... J'aime bien les arbres, j'aime bien les souris, mais je n'aime pas les arbres aux chauves-souris !
J'allais faire demi-tour lorsqu'un bruit attira mon attention. L'intrus ! J'avais presque oublié !
Je distingua une fourrure roux sombre et blanche. Un renard ? Mon odorat m'avait-il trompé ? Impossible... peut-être... Mais non, c'était bien un chat, je le voyais enfin. Ou plutôt, je la voyais... Oui, c'était une jeune femelle qui avait l'âge d'un apprenti à peu près.
Lorsqu'elle remarqua ma présence, elle se retourna.
Je me figea. C'est vrai qu'elle ressemblait un peu à un renard... mais ses yeux trahissait un fort caractère. Elle avait de beaux yeux verts.
Je m'approcha d'elle en rentrant mes griffes, doucement...

Alors, les yeux bleus profonds du guerrier se mirent à briller. Briller de rage. Les paroles de la jeune solitaire l'avait apparemment touché. Il essayait pourtant de se contenir, et griffait violemment le sol. Renard n'en détourna pas pour autant son regard, au contraire. Elle fixa plus profondément encore le mâle dans les yeux pour essayer de deviner les émotions qu'il tenterait de cacher. Celui-ci se mit à sourire. Vraiment étrange .. il devait être plongé dans ses souvenirs.

- Oh, je n'en doute pas, tu as l'air forte... répondit-il après un court instant, d'un ton toujours aussi calme malgré la colère se lisant sur ses traits.

Renard ne savait pas si elle devait se sentir flattée, ou prendre ceci ironiquement. Alors elle ne dit rien, regardant le matou aux yeux bleus d'un air blasé. Ce félin était vraiment étrange. Il passait de la colère au calme en quelques secondes ! Ou bien peut-être savait-il juste bien cacher ses émotions ..
En parlant de ceci, le guerrier de Clan prit un ton autoritaire et puissant, repassant de nouveau dans un état de colère. Était-il un peu fou ?

- Mais justement ! Nous sommes en guerre et nos forces se multiplient. Pourquoi les solitaires viendraient sur notre territoire, hein ?! Le monde est grand, pourquoi n'iraient-ils pas ailleurs ?! Sache que maintenant, la majorités des proies que nous attrapons sont touchées par cette maladie, et on n'en connait même pas le remède ! Sais-tu ce que c'est, de perdre un être cher ? Le sais-tu ? Si seulement la vie pouvait être aussi simple qu'elle n'y paraît... Mais si cela continue ainsi, sans qu'on puisse y faire quelque chose, nous mourrons tous bientôt... Dis-toi que tu as de la chance d'être tombée sur moi... Si tu savais combien de guerriers t'auraient réduits en chair à corbeau si tu leurs avais dit la même chose...

Immédiatement, les poils de la rouquine se hérissèrent. Ce guerrier savait-il bien de quoi il parlait ? Connaissait-il la vie de solitaire, la vraie, quand on est complètement seul ?

A chaque phrase du guerrier de l'Ombre, les souvenirs affluaient dans la tête de Renard. Elle se vit tout d'abord au côté de sa mère, quand elle n'était qu'une toute petite chatonne. Elle n'avait qu'une seule image de sa mère, qu'elle s'était créé mentalement grâce à la description de son père. Celle-ci était morte à sa naissance. Son père l'avait "élevé" seule, s'occupant enfaite à moitié d'elle. Il lui apportait à manger quand elle avait faim, sans plus. Il n'avait même pas prit la peine de lui apprendre à chasser, voilà pourquoi elle s'était retrouvée obligé de voler sa nourriture, y prenant petit à petit goût, jusqu'à trouver cela divertissant.
Elle se remémora les longues heures de marche silencieuses avec son père. Celui-ci ne lui parlait pas souvent. Et la haine lui monta à la gorge quand elle se rappela quelle stupide ruse ce traître avait usé pour l'abandonner lâchement.
Renard ne se rappelait pas très bien de ce qui avait suivi. Elle avait à vrai dire tout fait pour oublier ses misérables débuts seule dans la forêt.

La vie de solitaire n'était pas triste, ni géniale. Elle était comme celle des autres, semée d'embuches et de bons moments. Plusieurs autres souvenirs récents vinrent lui transpercer le coeur, comme sa rencontre avec son ami d'enfance, ou bien les poursuites intenses entre elle et des guerriers haineux voulant récupérer sa proie, ou encore son face à face avec un terrible sanguinaire. Elle avait vécu tellement de choses, aussi bonnes que mauvaises. Et qui était ce guerrier au comportement étrange pour juger de tout ça ?

Revenant à la réalité, Renard se rendit compte qu'une larme coulait sur sa joue. Elle se sentit rougir d'être si émotive, alors que d'habitude elle savait cacher ses sentiments.

- Qui es-tu pour me dire ça ?! Tu ne sais pas ce que j'ai vécu ! Et je parie que j'ai souffert plus que toi, même si tu es plus âgé ! lui lança-elle à la figure, presque en criant.

Tant pis pour contenir les émotions, cette fois. La solitaire avait bien l'intention de prouver à ce guerrier qu'elle ne vivait pas une vie simple.

Une larme coulait sur le pelage roux foncé de la de la jeune femelle. Apparemment, j'avais touché un endroit qui devait lui rappeler de triste souvenir. J'avais remarqué alors qu'aucun adulte n'était venu pour la chercher. Est-ce qu'elle vivait seule ? En étant seule, la "renarde" avait développé un fort caractère et une incroyable indépendance.
Ses yeux se noyèrent de colère et de tristesse. Elle me cracha ses mots :

-" Qui es-tu pour me dire ça ?! Tu ne sais pas ce que j'ai vécu ! Et je parie que j'ai souffert plus que toi, même si tu es plus âgé !"

Qui étais-je ?... Bonne question. Moi, Oeil de Saphir, vétéran du Clan de l'Ombre ? Je ne savais pas... Après tout, comment le pourrais-je ?... Oui, comment ?...
Moi aussi. Moi aussi j'avais été un solitaire, pareil qu'elle. Grâce à l'aide d'un autre solitaire, j'appris à me défendre et à devenir indépendant. Mais lorsque celui-ci m'abandonna lâchement, j'étais seul. Il avait été ma seule famille, car je n'avais pas bien connu mes parents, ni ma soeur. Comment lui faire comprendre que ce que j'avais enduré n'était pas si différent de sa vie à elle ? Depuis ce jour où je suis devenu un solitaire, je n'osais m'en prendre à d'autres solitaires, car je savais ce que c'était, de combattre pour survivre. Ils ne vivaient pas comme dans les Clans, en communauté, mais plutôt éloigné de leur entourage. Enfin, ils n'étaient pas tous comme ça.
Je me calma, mon regard s'adoucit pour de bon. Je rentra mes griffes.
Je souris une nouvelle fois. Mais cette fois-ci, aucune trace de "faux" ou d'égoïsme. Non, cette fois c'était un sourire serein. Je n'allais plus essayer de contenir ma colère, celle-ci ayant disparut.
Certains apprentis devraient prendre exemple sur cette petite.
Ma voix aussi s'était adoucit, et je lui répondit avec de la compassion, presque de la pitié :

- Qui je suis ? Oeil de Saphir, vétéran du Clan de l'Ombre, mais également ancien exclu. Sache que je peux comprendre ce que tu endure. Moi aussi j'ai été un solitaire. Grâce à quelqu'un, j'ai appris à me défendre et à devenir indépendant. Mais celui-ci m'abandonna lâchement au moment où j'avais sans doute le plus besoin de lui. J'ai ensuite rejoins mon Clan natal et je fus accepté. Moi qui n'avais pas connu ma famille, j'en avais une juste sous mes yeux. Puis ensuite on fus chassé de notre territoire par une bande de dangereux sanguinaire et enfin, la mort me prit presque tout ce que j'avais de plus précieux au monde...

Je m'assis ensuite. Ce qui était dit était dit, je n'avais rien à ajouter de plus. Ah... sauf peut-être...

- Tu as beaucoup de force et de courage, tu iras loin, c'est sûr.

Une chauve-souris se plaça sur la branche d'un arbre. Elle fixa la rouquine et lorsqu'elle tourna ses yeux noirs vers moi, je lui jeta un regard intimidant et elle partit en lançant un un cri strident.

• Un sourire tout à fait inattendu s'étala sur le visage du vieux guerrier. Pas un sourire narquois, ironique ou moqueur comme la jeune solitaire en voit souvent. Non, un sourire doux et plein de compassion. Le félin aux yeux bleus avait-il vécu ce genre d'épreuves lui aussi ? Ou bien voulait-il juste réconforter la rouquine ? En tout cas, plus le silence se faisait et plus la colère grandissait en elle.
  
  - Qui je suis ? Oeil de Saphir, vétéran du Clan de l'Ombre, mais également ancien exclu. Sache que je peux comprendre ce que tu endure. Moi aussi j'ai été un solitaire. Grâce à quelqu'un, j'ai appris à me défendre et à devenir indépendant. Mais celui-ci m'abandonna lâchement au moment où j'avais sans doute le plus besoin de lui. J'ai ensuite rejoins mon Clan natal et je fus accepté. Moi qui n'avais pas connu ma famille, j'en avais une juste sous mes yeux. Puis ensuite on fus chassé de notre territoire par une bande de dangereux sanguinaire et enfin, la mort me prit presque tout ce que j'avais de plus précieux au monde...
  
  Oui, c'était bien cela. Ce malotru la contemplait avec de la pitié et de la peine. Il prétendait avoir vécu les mêmes choses, être pareille. Mais jamais je ne serais jamais comme un chat de Clan ! Il me donne envie de vomir avec sa pitié. On ne me regarde pas comme si j'étais une chose fragile, pensa Renard.
  La colère montait, et bientôt elle exploserait sur ce pauvre guerrier tentant simplement de la rassurer. Ce n'est pas pareil, rien n'est pareille, il croit avoir tout compris !
  
  Quelque chose lui envahit la gorge, quelque chose de brûlant, comme une boule. Une boule de douleur, de rage. Elle montait, montait, et bientôt finirait par sortir de sa bouche. Elle fronça le nez, comme pour essayer de la faire rentrer au fond d'elle et de l'apaiser, mais c'était trop tard.
  
  - Tu as beaucoup de force et de courage, tu iras loin, c'est sûr.
  
  Et en plus il en rajoute. Ne voit-il pas que je bouille de rage ? Renard n'avait pas besoin des compliments d'un chat de Clan. Ces chats-là sont stupides, élevés pour haïr les solitaires. Et les solitaires qui rejoignent un Clan sont pitoyables. Tout ça pour ne plus être persécutés !
  
  - Et toi !? Est-ce que tu n'as jamais connu ta mère ?! Est-ce que ton père était là, mais se fichait de toi au point de ne jamais t'avoir dis ton prénom et de ne pas t'avoir appris à chasser !? Et-ce que tu es obligé de ..
  
  Elle cracha littéralement ses mots sur Œil de Saphir, essayant désespérément de faire sortir cette rage qui la picotait depuis tout à l'heure. Elle en disait trop, beaucoup trop. C'est mal de raconter sa vie au premier venue. Tellement trop qu'elle faillit dévoiler quelque chose d'important. Sa voix se brisa à cette pensée, et elle baissa la tête pour éviter de croiser le regard du félin aux yeux bleus.
  Qu'est-ce qu'elle était faible ! D'habitude elle ne se laisse pas avoir comme ça. Qu'est-ce qui me prend ? Je sais très bien qu'il ne faut pas exposer ses sentiments comme ça. C'est la meilleure façon de se faire avoir comme ça ..
  
  Le matou ne répondit pas de suite, et on entendit pendant quelques instants les chauves-souris battre des ailes, s'enfuyant en voyant l'aura de rage qui avait entouré Renard. Elle s'assit à son tour, tenta de se calmer et de maîtriser. Elle ferma les yeux pendant quelques secondes, et redressa la tête. Œil de Saphir allait lui répondre. Devinait-il ce qu'elle lui cachait ?

[Acclamez le reine du retard ! //SBAFF// Je suis vraiment désolé, je pouvais pas répondre plus tôt, mais maintenant que j'ai mon nouvel ordi, ça devrait mieux aller.]

Elle était... je dirais... enragée. Oui, c'était le mot. Comme le c*n que je suis, j'ai réussis à l'énerver. Cool... ou peut-être pas en fait...
Je sentais que la petite femelle voulait dévoiler ses crocs et sortir ses griffes. Soit, si elle le veut, pourquoi pas ? Je l'autorisais à se défouler sur moi. Je l'avais bien cherché après tout. L'air devint plus frais. Était-ce elle qui faisait que le vent était glacé, juste parce qu'elle était en rogne après moi ? En tout cas, elle était forte.
Elle prit la parole après quelques minutes de silence :

- "Et toi !? Est-ce que tu n'as jamais connu ta mère ?! Est-ce que ton père était là, mais se fichait de toi au point de ne jamais t'avoir dis ton prénom et de ne pas t'avoir appris à chasser !? Et-ce que tu es obligé de .."

Là, elle m'avait craché ses mots.
Là, la chatte roux foncé brûlait de colère et de frustration.
Elle ferma les yeux quelques secondes puis redressa la tête.
Un battement d'aile retentit et un petit cri aigu se fit entendre.
Plus rien.

Puis, je lui souris...

Un sourire idiot, certes, mais c'était le mien, il ne plaisait qu'à moi de lui montrer cette part de mon caractère et ce même sourire voulait lui montrer que je ne lui voulait aucun mal. Elle devait comprendre que la faiblesse était en train de l'envahir. Ainsi, elle aurait connu plus de douleurs que moi ? Elle est encore jeune, qu'elle essaie d'en profiter. Si la vie de solitaire ne lui plaît pas, qu'elle suive une autre voie !.. Ou elle mourra...
Chiens, blaireaux, renards, Bipèdes... Elle avait sans doute déjà affronté bien des choses terribles, mais elle n'était pas prête à se risquer autant, à mon goût.
Mais au fait, étais-je inquiet pour elle ? Comment se fait-il que je m'en fasse autant pour elle ? Peut-être qu'elle n'était pas si différente de moi lorsque j'avais son âge finalement...
Je gratta la terre. Je continuais néanmoins à lui sourire un petit peu, malgré mon air un temps soit peu gêné. Elle devait me trouver véritablement stupide. Elle avait bien raison. Elle devait penser que j'étais un fou. Oui, un fou. Mais un fou qui s'inquiétait pour une solitaire. Et alors ? Lorsqu'un chaton se noie, je le sauve. Lorsqu'il est affamé, je le nourris. Lorsqu'il est en danger, je le protège. C'est dans ma nature. Que le Clan des Étoiles soit content ou non, ce n'est pas en entrant dans l'un de mes rêves que mon comportement pourrait changer. Enfin, pourquoi je raconte ça, moi ?
Toujours est-il que je devais dire quelque chose. Oui, car j'avais quelque chose à lui dire. Mais j'hésitais. Ça n'allait sans doute pas être très honnête de lui dire. Mais sans savoir pourquoi, les mots m'échappaient, et un par un, ils sortaient tout seul :

- Je suis désolé pour ce qui t'es arrivé. Je sais, tu n'as sans doute pas besoin de ma compassion, toute solitaire que tu es !... Mais si tu veux le savoir, je n'ai connu ni mon père, ni ma mère... Mais est-ce que toi, tu as été chassé de tes terres natales ?! Est-ce que toi, tu as connu le désespoir ?! Est-ce que tu as connu la guerre, la souffrance et la maladie ?! Je sens au fond de toi que tu vis une grande solitude. Et pour moi, me retrouver seul à sans doute été la pire chose qui me soit arrivé. J'ai encore plus peur de la solitude que de la mort.

Oui, cela pouvait paraître bizarre ce qu'il disait. Mais après tout, n'étais-je pas moi-même un chat étrange ? Je sombre sans doute dans une grande folie sans m'en rendre compte. Mais après tout ce que je lui dis, je m'étais un peu crispé. Malgré tout, je continuais à lui sourire. Un sourire doux.

Oui, je lui souris...