Sunset on the flower fields...[MIAT]

Le soleil déclinait lentement mais sûrement dans un ciel amarante tandis qu'une silhouette féline se faufilait discrètement à travers les tulipes du champ coloré se trouvant là. Le chat s'arrêta pour humer l'air. C'était une magnifique femelle d'environs 15 lunes. Une jeunette. au pelage couleur d'or et au yeux semblables à deux lacs azurés. Son corps était élancé et gracieux et sa démarche souple et aérienne. Cette chatte-là se prénommait Coeur de Miel. C'était une peste pour ainsi dire. Belle mais vicieuse et enjôleuse, elle méprisait les autres femelles, les vieux et les moches pour ne pas dire leur crachait carrément dessus de dégoût. Elle attendait. Quoi? Seul elle et le clan des Etoiles le savait.


Coeur de Miel fixait l'horizon de son regard océan d'un air blasé. Elle ne comprenait pas pourquoi des chats trouvaient ça "mââââââgnifiquement Bôôôôôôôôôôôô". Elle trouvait cela banal comme la pluie qui tombe et emm...betant comme une mouche. Elle n'accordait aucune importance à la beauté de la nature sauf lorsqu'on la comparait à elle. Ça elle aimait bien. Faire la belle auprès des mâles et insulter les autres chattes! C'était ça la vie pour elle. La drague et le sexe. Les mecs virils et beaux surtout. Oui beaux comme ce guerrier de l'ombre de l'autre jour là... Elle aussi était belle et elle le savait. Elle lissa d'un coup de langue son pelage luisant de propreté et rayonnant dans les derniers feux du crépuscule et pensa à sa vie d'avant...lorsqu'elle n'était qu'une simple apprentie de la rivière martyrisée par ses camarades de clan, la sensation de plaisir lorsqu'elle avait déchiré le ventre de cette garce de reine, aveuglée par la rage. Le sang sur la terre battue et les cris horrifiés des autres chats. Elle n'avait ressenti aucune honte lorsque la cheffe l'avait bannie. Juste de la haine et une sorte de fierté même. Elle était la rebelle du clan en ce temps là et même si elle n'avait pas commis ce meurtre, elle aurait été chassée quand même. Parce qu'elle n'était pas de la rivière et qu'elle ne le serait jamais. Parce qu'elle était belle et rebelle et fière de l'être!
Elle laissa le vent léger caresser son visage de déesse et respira un grand coup; elle était libre elle LIBRE! Comme le vent qui jouait dans les hautes fleurs colorées.




Un mouvement léger attira son attention. Elle se demandait quelle créature s'était glissée dans le champ de blé et espérait que ce n'était pas un sanguinaire. Elle ne voulait pas mourir à cet âge là. Elle était à peine sortie de l'adolescence et encore...dans son âme elle l'était toujours. Le mouvement de tige se rapprochait. Elle voyait à présent que c'était un félin de belle taille qui se déplaçait furtivement entre quelques marguerites. Elle continua à fixer l'avancée progressive du chat. Il ne semblait pas l'avoir vue. Heureusement. Elle espérait que c'était un mâle car elle pouvait toujours essayer de le draguer un peu. Même s'il était moche. Mieux vaut ça que mourir. A ce moment l'inconnu leva les yeux et leurs regards se croisèrent. Un sourire sadique se dessina sur son visage balafré tandis que dans son oeil bordeaux une lueur d'envie s'allumait. Une autre personne serait sans doute partie en courant à toute vitesse mais pas Coeur de Miel. Elle n'était pas une peureuse et elle était réaliste; elle ne pourrait jamais échapper à son destin. Le guerrier était enfin arrivé devant elle et elle étouffa au dernier moment un cris de surprise et d'horreur. Ce chat était grand. Très grand. Couvert de cicatrices, il avait un oeil scarifié et l'autre intact était d'une couleur sanguine. Son pelage long et noir était lustré et soyeux mais le tout assemblé donnait quelque chose de beau mais d'affreux dans le sens....macabre. Elle ne laissa pas passer sa frayeur et le fixa calmement tout en battant des cils et en minaudant.

- Bonjour toi! On ne se connaît pas encore non? Moi c'est Coeur de Miel. Solitaire et célibataire et toi?

« J’aime cet endroit. Je m’y plais, puisque tu es là. Et tant que tu y resteras, je n’en partirais jamais. »

Mieux vaut mourir que partir, remarquablement. Un jeune guerrier, enfin, jeune comparé à d’autres au moins, se faufilait parmi les tiges d’herbe. Il avait vu derrière lui quelque chose d’effroyable, même pour un sanguinaire tel que lui. Il avait beau avoir un passé empli de combats et de meurtres, avoir tué plus de gens qu’il n’y en avait dans un Clan rempli, avoir combattu un renard, et en l’ayant vaincu… ce qui était derrière sa course de folie lui faisait froid dans le dos. Cette sensation de fuite, l’impression que sa vie pourrait avoir une fin, la peur surtout… c’était presque la première fois qu’il ressentait tout cela. Voir la deuxième seulement. Il se rappelait très bien, malgré le temps écoulé, le choc violent de la première fois. C’était lorsque sa mère était morte. Rien que de s’en rappeler, ses pattes couraient plus vite encore. Son souffle se faisait lourd, haletant, il courrait encore et encore, parmi ce champ qui lui semblait interminable. En y passant, il repensait à sa vie, à ses buts. Il n’avait jamais pu tous les accomplir. Il avait voulu aider sa sœur à survivre, a savoir se battre d’elle-même, à manger, à boire, à dormir paisiblement, sans devoir être sans cesse sur ses gardes. Eh bah non ; il avait échoué. C’était elle qui avait tué de maudit renard, pas lui. Il avait mérité la punition qu’il avait obtenu instantanément ; la perte de son œil gauche. Mais il trouvait bien trop suprême et injuste celui qu’il ressentait toujours, des lunes et des lunes après ; la perte de son unique âme-sœur dans la vie. Il s’en voulait, et s’en voudrait toujours de l’avoir perdue, mais il ne pouvait plus retourner en arrière, plus pour aller la chercher, ni même pour la venger. A présent, il se vengeait sur le monde. Le Clan des Étoiles, prétendu Clan souverain qui avait la force de tous les chats, ne l’avait pas aidé. Jamais. Il avait toujours du chasser seul pour se nourrir, aucune aide ne lui avait été apportée. Même pas la fois où il avait failli mourir au combat, là ou il avait perdu un bout de son oreille. Quel Clan était donc celui qui le voyait autant souffrir, depuis là-haut, sans rien daigner faire ? La réponse était bien claire à ses yeux ; pas une tribu digne de sa confiance. Ces idiots claniques ne le savaient visiblement pas, voila leur première faiblesse. Il n’y avait pas longtemps de ça, il se rappelait avoir violé une chatte qui prétendait avoir droit sur des terres. Elle venait du Clan de la Rivière, si sa mémoire ne lui jouait pas des tours, et son pelage était ravissant, tellement qu’il avait voulu, au premier approche, l’avoir toute une nuit. Il avait malheureusement pu faire qu’un petit tour avec elle, avant de laisser son pauvre corps sur ses prétendues « territoires », le temps que quelqu’un de son petit groupe ne vienne la trouver. Il ne savait pas ce qui était advenu d’elle d’ailleurs. Peut-être irait-il un jour la voir, au cas où elle aurait eu des petits de lui. Si c’était le cas remarque, il s’en ficherait pas mal. Dommage, il aurait sans doute était un bon père… voulant tuer ses enfants sans arrêt, les croyant indigne de lui. Oui, un bon géniteur en effet. Mais il n’avait jamais vraiment connu la gentillesse parentale, comment voulez-vous qu’il y arrive à ton tour ?

La chose derrière lui le rattrapait. Il sentait l’odeur. Mais étrangement, cette odeur venait de devant, et il ne sentait aucune présence venant de derrière… Il leva curieusement la tête, et vit alors une jeune rouquine, très jeune pour être solitaire, indépendante et vivante. De ses yeux verts, il sentait comme une aura de fierté et de puissance. Elle était belle comme le jour, et comme le soleil qui se couchait. L’astre du jour déclinait, chutait vers les cieux abyssaux. Mais le regard de cette chatte n’était pas dans le vague, comme les autres félins qui admiraient de « phénomène ». Timothy n’arrivait pas à comprendre pourquoi le soleil couchant était si beau. Pour lui, c’était comme un effondrement, comme si c’était la chute d’un grand empire qu’était le soleil. Pourquoi admirer la tombée, alors que le lever suivrait le lendemain ? Bizarre la société de nos jours. Lui, il n’essayait d’ailleurs plus de comprendre, car laisser tant de énigmes sans répliques derrières lui était insupportable. Cette jeunette le fixa alors. Il remarqua qu’elle n’avait pas au fond de ses jolies paupières l’étincelle de peur qu’il voyait souvent dans ceux qu’il croisait. D’habitude, tout le monde craignant sa cicatrice, son oreille mangée, son allure de racaille, la façon dont il regardait le monde, le rouge pourpre de son unique œil qui brûle d’une lueur sadique. Au contraire de ces imbéciles-là, cette chatte errante ne semblait pas souffrir de la peur. En tout cas, elle le cachait bien. Il lui sourit à sa tendre façon, puis l’observa battre des paupières furieusement, tout en disant d’un air lénifiant ;


- Bonjour toi ! On ne se connait pas encore, non ? Moi, c’est Cœur de Miel, solitaire et célibataire. Et toi ?


Time la regarda un instant, jugeant sa beauté de son œil aussi critique. En repensant à sa belle nuit passée avec cette chatte de la Rivière, il se disait au fond de lui qu’il avait bien envie de le refaire. Où était le mal d’ailleurs ? C’est pas comme si cette petite fille, pas plus âgée qu’une chatonne, était avec un Clan ou une famille nombreuse. Rien ne la protégeait, et il pouvait faire ce qu’il voulait d’elle, personne ne le saura jamais. Il sourit intérieurement, puis répondit poliment à la jeune femme ;


- Moi, c’est Time. On m’appelle Tim ou Timothy, mais c’est à toi de me trouver un surnom aussi beau que toi, poupée.


Il était plus qu’évident qu’il la draguait. Elle en semblait surprise, mais il s’en fichait bien. Quoi qu’elle pense de lui, il avait hâte de voir sa réaction…