End of the Dream [PV Trafalgar]

Perle d'Eau

Le vent jouait dans les hautes herbes et faisait résonner dans la lande une mélodie gutturale. Quelques oiseaux piaillaient dans un ciel nuageux teinté de sang par le crépuscule. Une ombre solitaire se faufila entre deux buissons et huma l'air. Oui, c'était là. La silhouette de jais se mit à arracher quelques baies à l'arbuste à ses côtés avant d'afficher un air de satisfaction et d'envie profonde. Ses prunelles azurées et fatiguées luisaient faiblement dans l'éclat pourpre du coucher de soleil, d'un éclat dépendant, voir fou.

Ça y était! Elle les avait enfin trouvées!
Perle d'eau sourit, l'air ravi. Elle avait trouvé l'objet de sa quête. Les baies... Elle savait que ce n'état pas bon pour elle. Sa conscience le lui criait dans un coin de la tête mais elle se refusait de l'écouter. Elle ne pouvait pas. Elle avait trop besoin de ces baies.
Elles étaient sensationnelles, lui permettant d'oublier durant quelques temps sa sombre vie, une sorte d'engourdissement divin qui la plongeait dans d'atroces souffrances à chaque fois qu'elle revenait à la réalité. C'était une sensation atroce et douloureuse mais elle ne pourrait y renoncer pour rien au monde.
Son fils lui avait maintes fois répété sa désapprobation pour ce produit, infâme selon lui. Mais que pouvait il y comprendre lui? Aux dernières nouvelles c'était encore elle la mère non mais! Bien sûr, elle l'aimait. Elle savait que si il venait à disparaître cruellement, si le clan des Etoiles lui reprenait encore un être proche, elle craquerait et irait se jeter en bas de la falaise. Ou alors dans les bras d'un sanguinaire. Peu lui importerait la douleur. Elle ne serait en aucun cas pire que celle qu'elle éprouvait maintenant.
Le clan des Etoiles... Au début, elle lui en avait voulu a mort mas depuis la découverte de l'hallucinogène miracle, elle s'était radoucie envers lui. Il fallait être cool dans la vie parfois.
Elle mâcha les quelques baies récoltées et sombra hors de son corps, dans une vague de bien être. Qu'il était bon de se laisser flotter ainsi dans des vapes. Un nuage de bien-être s'était emparé de son corps et elle sombra dans l'inconscience.

Un sourd grognement lui fit ouvrir les yeux. Sa vision brouillée et opaque à cause de la drogue ne distinguèrent d'abord qu'une silhouette roussâtre un poil plus grande qu'un chat. Le voile humide et flou se leva et elle vit nettement que la chose se tenant devant elle n'était qu'un renard. Un renard! Sa conscience encore chiffonnée dans un coin de la tête ne se rappelait plus trop trop bien ce que pouvaient faire ces bêtes mais vu que c'était pas beaucoup plus massif qu'un félin ça ne devait pas être trop dangereux.
Le canidé était hérissé et de la bave coulait en un filet poisseux au coin de ses babines retroussées.
-" Cool mec!" lâcha la femelle. Mais le renard ne semblait pas tellement la comprendre et fit un pas. D'instinct, Perle d'Eau gonfla sa fourrure de jais et le fusilla de ses yeux bleutés en crachant. Mais elle faisait davantage pitié que peur avec sa fourrure sale et emmêlée, ses yeux éteints et ses crocs jaunis. Elle qui autrefois était si mignonne et si vive était maintenant devenue fatiguée et dépressive. Le renard sauta et retomba sur sa poitrine. Ses crocs d'ivoires s'approchèrent dangereusement de sa gorge. La féline laboura le ventre de son agresseur avec ses griffes. La bestiole poussa un glapissement et recula ce qui laissa le temps à la chatte de se relever. Cette fois, ce fut elle qui prit les devants. Elle fit un bond en direction du renard mais celui-ci l'esquiva et ses capacités naturelles s'étant retrouvées réduites à cause des baies, elle retomba lourdement sur le sol herbu. Cette fois, c'en était fini. Le renard approcha son museau de l'épaule de la femelle et y mordit sauvagement. Perle d'Eau poussa un hurlement de détresse et de douleur. Le liquide amarante éclaboussait son pelage. La bête rousse n'enleva ses crocs que lorsque sa mâchoire n'atteignit l'os.
La mort approchait. Bientôt, le renard ferait subir à son cou la même chose qu'à son épaule. Elle imagina déjà les puissants crocs transpercer avec une facilité déconcertante d'abord la peau, puis l'artère, puis l'os fragile qui finirait broyé. Elle voyait dans sa tête le sang chaud gicler avec violence tandis que la vie la quitterait peu à peu. Elle ne sentait même plus la douleur de son épaule.
Alors, le renard couina comme un tout petit. La dernière chose que vit Perle d'Eau ce fut un chat qui s'élançait sur le renard.
Puis elle sombra dans l'inconscience.

Trafalgar Law
Être également médecin, ça peut servir.

Ce n’était pas que je n’aimais pas le vent, mais muni des frimas d’avril, je le trouvais particulièrement agaçant. Il était mauvais pour la marmaille clanique du Vent, exposée au mistral sempiternellement. J’allais encore devoir passer des heures au camps à les traiter pour les immuniser comme les maux de cette saison. Si seulement il existait une panacée, je pourrais sauver tout le monde. Mais la vie était ainsi, et la maladie nous offrait une ébauche de la mort, devenant réelle selon les cas. C’était un moyen de craindre la réalité, qui était si cruelle. Moi, je rêvais d’un idéal. Beaucoup me disait utopiste, mais je ne l’étais guère. L’anomie, le sang, et les autres revers du bonheur faisait partie de la vie. Je ne dis pas que je les aime également, mais je les respecte, car sans le malheur, et les choses négatives, on ne peut pas admirer le positif. Plongé dans les abysses de mes songes, je me dirigeai, ma feuille de bananier séchée dans la gueule, vers la prairie de la renaissance. C’était le lieu le plus riche en plante médicale. Une fois sur place, je commençais ma récolte. Je prenais méticuleusement, tout ce que je voyais de comestible. De racines aux baies, toute la faune de ce lieu était intéressante. C’était également le seul moment ou on me laissait approximativement tranquille. Je faisais métaphoriquement mes courses en paix, sans que quelqu’un me poursuive et contredise le moindre de mes faits et gestes. La populace avait un esprit critique de plus en plus développé, et je me décevais moi-même à faire partie de cette catégorie.

Un glapissement se fit entendre au loin. Mon oreille bascula à la renverse pour délimiter la provenance du son. Mon regard fila en même tant que mes pattes. Finalement, la bête orangée était proche. Je vis une chatte inconsciente, devant un tas d’herbe suspect. Même élite, même lieutenant, je n’avais aucune chance contre un renard. Je n’avais qu’une seule solution pour le faire fuir. Le clan des étoiles ne m’avait pas offert neuf vies, mais un don qui pouvait me servir. Déterminé à sauver la demoiselle, je m’élançais vers la bête. Mon mutisme ne devait guère la rassurer, bien que vu la quantité d’hémoglobine sur la terre soluble, elle devait être dans un sommeil profond. Le canidé tenta de me mordre, mais je l’esquivai en vitesse. Je lui plaçai un vil coup de griffe à l’œil. Il recula en se cabrant, une triste élégie sortant de la gueule. Je n’avais pas le temps de me concentrer pour l’activation de mon don. En une vitesse impressionnante, ses muscles maxillaires se refermèrent sur ma nuque. Aucun cris ne sortit de ma mâchoire tant je la serrais pour m’empêcher d’émettre un son. Je ne pouvais pas mourir. C’était impossible. Pas si près de mon utopie. Je n’avais même pas pu encore profiter une seule fois de mon don. Je voulais revoir Pistol Kay, ou Nami. Je voulais me battre pour mes amis. Je voulais que la femelle survive également. La bête me lâcha. Mon corps tomba comme une masse. Mais ma force de vivre m’empêcha de céder. Me croyant mort, le renard se décida à se servir de ma chair comme collation. Pas question.

Une larme noire coula de mon œil droit.

Ça y est. J’avais réussis. J’additionnais toute la véhémence qu’avais vécu le renard, accusant les coups en même tant que lui. Mon don était assez complexe. Lorsqu’une larme noire coulait sur ma joue, j’avais le don de connaître toute les émotions extrêmes, joie ou malheur, que mon ennemi avait connu dans sa vie. J’additionnais toute sa souffrance et la lui faisais revivre. C’était fort efficace sur un guerrier d’élite, mais moins sur quelqu’un ayant peu eu mal dans sa vie. En tout cas, cela marcha, et la bête fut pétrifiée par la peur fasse à ses mauvais souvenirs, et avait fuit avant que je lui porte un coup fatal. Je fis un petit sourire. Pour le moment, mon pouvoir n’était pas extrêmement développé. Mais peu être qu’avec le temps, je pourrais l’accroître. Je soufflais un peu coup, grièvement blessé au cou, boitillant jusqu’à la demoiselle. Je la reconnu facilement, c’était Perle d’Eau, une guerrière du Tonnerre. Sans hésiter une seconde, j’allais chercher tant bien que mal mes récoltes. Je la soignais du mieux que je pouvais, avec certaines mixtures qu’elle n’avait sans doute jamais vu de sa vie. Inconsciente, je pouvais faire mon travail sans que la mademoiselle gémisse ou autre. Lorsque j’eus considéré que j’avais fait mon possible, j’ai avalé un mélange calmant pour ma douleur. Son efficacité m’impressionna, et en peu de minutes, je ne souffrit plus de ma blessure, bien qu’elle s’infectait. Cela n’était pas le plus important. Je m’approchai du tas d’herbe que la femelle avait ingurgité. J’identifiai rapidement des restes de baies. Allez, il manquait plus que ça …

***

Lorsqu’elle se réveilla, j’étais de dos à elle. Ma fourrure contrastait avec le camaïeu de grenat du coucher de soleil. Sans même me retourner, d’une voix empreinte de stoïcisme, je déclarai :

« C’est sympathique de te savoir en vie. Mais je te donne pas une lune si tu continue à te droguer, miss. J’ai des traitements, si tu tiens à t’en sortir un jour. Mais après, c’est ton problème. »

Perle d'Eau
La vie est un long esclavage de l'âme que la mort délivre.

Un souffle de vent plus fort que les autres caressa de ses mains froides le pelage ensanglanté de la guerrière endormie et cette dernière ouvrit lesyeux. Les premières choses que remarqua Perle d'Eau ce fut l'odeur du sang frais qui lui monta à la gorge ainsi que plusieurs contusions à divers endroits. Mais la douleur la plus forte était sans doute mentale. En effet, la drogue ayant cessé de faire son effet engourdissant des sens, elle était de retour à la réalité, plus assoiffée e la matière illicite que jamais. Elle se redressa un peu et grimaça du fait de ses plaies et bosses diverses. Le renard était partit mais ses poils étaient collés par le liquide grenat qui en séchant avait prit une teinte rouille. Un chat au pelage gris-blanc se tenait devant elle. Il ne la regardait pas. Elle l'observa avec curiosité et reconnu le mystérieux sauveur qui l'avait débarrassée du renard. Elle reconnut également le lieutenant du clan du vent pour l'avoir souvent vu. Elle allait ouvrir la bouche pour le remercier de l'avoir sauvée mais comme si une présence étrangère l'avait informé de son réveil, il la devança et, toujours de dos, lui dit:
-"C’est sympathique de te savoir en vie. Mais je te donne pas une lune si tu continue à te droguer, miss. J’ai des traitements, si tu tiens à t’en sortir un jour. Mais après, c’est ton problème."

Sa remarque lui fit l'effet d'une pluie glacée et elle le considéra sous un autre oeil. Qu'est ce qu'ils avaient tous à lui demander d'arrêter? D'abord son fils, ensuite lui... Elle n'avait PAS l'intention d'arrêter. De toute façon elle était condamnée à une mort certaine alors que ce soit par la drogue ou autre ça ne changeait rien du tout. En effet, si l'envie lui prenait d'arrêter, le malheur la pousserait à se trouver une falaise bien haute et de s'y jeter. Donc à moins de la veiller constamment en lui interdisant de faire un pas, ce qui ne serait pas vraiment une vie, il n'y avait aucune solution. Inutile de tergiverser là dessus pendant des mois. C'était soit mort rapide, soit mort lente. Ils voulaient la voir vivre? Très bien: qu'ils la laissent en paix jusqu'à ce qu'elle rende son dernier souffle et qu'elle rejoigne le clan des Etoiles. Non non, elle avait vécu trop de choses dans cette vie. Trop de malheurs, trop de bonheurs gâchés. Les dieux lui avaient donné des parents aimants, ils étaient morts tout les deux. Un compagnon affectueux, la vie lui avait été ôtée trop tôt. Quatre chatons merveilleux, un seul était resté en vie. Non, vraiment, la vie était trop malheureuse pour la vivre.
Au moins, une fois aux cieux, elle serait libérée. D'aucuns craignaient la mort. Oui, il faut la craindre lorsqu'elle vient chez les autres mais pas lorsqu'elle vient chez sois. La vie est un long esclavage de l'âme que la mort délivre. Le suicide est une rebéllion et la drogue est un échappatoire. Elle reporta ses yeux de glace sur le lieutenant et lui répondit:

-"Tu dis que tu as des traitements pour m'empêcher de me droguer mais as-tu des traitements contre la douleur d'un coeur? Aucune herbe ne pourra me guérir de ce mal. Néanmoins je te remercie de m'avoir sauvée la vie au péril de la tienne même si tu n'aurais pas dû car maintenant j'ai une dette envers toi. Non, désolée, je suis déjà fiancée avec la mort."