On est jamais totalement seul ... [Petit Cerisier & Petite Sabreuse]

J'avançais sans but, dans une direction inconnue, la tête dans les étoiles, rêvant d'une vie qui m'aurait été plus facile : ne jamais être née... Rejoindre la toison argentée au dessus de ma tête, loin de ce groupe de chats érrants... Loin de mon frère, Petit Hiver. Ce chat, blanc de la tête au pieds, heureux, aimé de tous. Ce chat qui, dés la naissance, à été un héros aux yeux des chatons, un ange aux yeux des adultes... Ce chat qui avait toujours eut de l'amour et de la compassion, des amis et de la gaieté... Ce chat qui, bien qu'étant mon frère, est tout l'inverse de moi. Les seuls points communs que nous ayons sont nos yeux bleus, notre lien familial, et notre caractère. Ces trois choses nous rassemblent. Tout le reste nous sépare au loin, chacun de notre côté.
J'erre maintenant avec peut-être un seul espoir, une seule envie, une seule utopie : avoir un ami. Un ami fidéle, qui me comprends, m'aide, m'aime, m'amuse, me suit toujours plus loin, m'admire. Un ami qui ne veuille pas m'humilier ou me tuer. Un ami qui me voit, un ami qui ne pense pas à un fantôme prenant des proies pour rien.
Un véritable ami.

Voilà maintenant quelques jours que j'avance, que je chasse sans aucune envie, que je dors éveillée, les sens en alerte... Voilà maintenant quelques jours, je me suis battue contre Petit Hiver... Voilà quelques jours que cette cicatrice marque mon départ du groupe, la fin d'une vie, le début d'une nouvelle. Cette cicatrice sur mon épaule gauche, qui me fait mal, qui me rend impuissante, qui m'empêche d'avancer à ma guise, de courrir... Mais qui chaque jour se referme un peu plus... Si seulement mon coeur, brisé en mille morceaux, pouvait se rassembler, lui aussi... Se rassembler, et vivre, battre, battre dans ma poitrine...

Je veux vivre.


Plus j'avance le long de cette rivière, plus l'odeur entêtante d'un clan de chats m'emplit la tête. Qui est-ce donc ? Pourrais-je trouver un félin assez ouvert pour me parler ? J'espère... J'ai peur... Leur odeur s'emplit de fierté et de force... Ce clan a l'air d'être tellement grand, les odeurs se mélangent dans ma tête, tellement de monde...
J'arrivais enfin à un lac... Un grand lac, où quatre ruisseaux se déversaient où démarraient.
Devant moi, un grand arbre, gigantesque, magnifique. Un arbre aux allures fortes et fluides. Un arbre en lequel on a envie de parler... Il parait dormir, comme un énorme chat engourdi. Cet arbre...
Je m'assis contre cet arbre, et regardait son sommet. Ces belles feuilles me cachaient du ciel bleu, parsemé de nuages blanc moutonneux.
Cet arbre me redonnait presque confiance.

Contre l'arbre, je m'endormait presque, fin de matinée, le soleil était haut, à moitié caché par les nuages, qui devenaient presque un peu plus gris... un peu plus foncé.
Un odeur féline vint chatouiller mon museau. J'ouvris les yeux, et me relevai. Engourdie, je regardai autour de moi. Cette odeur se rapprochait... Mais l'arbre était si épais que je ne voyais pas d'ici sur les côtés de l'arbre. Peut-être ce félin était de l'autre côté...
Alors que cette odeur se rapprochait, ces images, cette scène me réapparut... Cette scène qui avait révélée ce que j'étais... Bien que je ne voulais pas l'avouer... J'étais... Oui... J'étais une ... Une ... Une sanguinaire... ce chat que j'avais tuée, inconsiemment. Ce bain de sang qui j'avais crée... Pourvus que le chat qui arrive ne soit pas du clan dont j'avais rencontrée l'odeur, et si ce n'était pas le cas... Qu'il ne fasse pas la même erreur que l'autre imbécile... Je ne veux pas recommencer... Je ne veux pas être ce que je suis...

Je veux vivre !

Petit Cerisier regarda attentivement la jeune femelle. Elle avait les yeux bleus et sont palage était long, soyeux et noir. La solitaire lui lança un grand sourire. Quelques instants de silence s'écoulèrent. Puis, l'inconnue répondit :

- Je... Je suis... Petite Sabreuse.
Et toi ?

Cerisier agita les oreille de manière sympatique et s'assit devant Petite Sabreuse. Elle passa le bout de sa queue sur ses pattes avant.

- Je m'appelle Petite Cerisier.
Enchantée de te connaitre Petite Sabreuse !

Elle se garda bien de présenté Jiyû, qui ne protesta pas, de peur qu'on la prenne pour une tarée, même si à présent elle avait l'habitude. Quelques choses chez Petite Sabreuse l'intriguait. Elle avait l'air...sombre. C'était étrange, par Petit Cerisier n'avait pas l'habitude d'être triste. Enfin, depuis sa rencontre avec son ange gardien, en faite. Depuis qu'il l'avait rejoint, elle toujours souriante et heureuse. Pleuré ne lui venait mêm plus à l'idée. Elle se sentait plus forte avec lui. La jeune solitaire cligna des paupières deux ou trois fois et posa la question qui lui tenait à coeur :

- Es-tu...triste ?

La chatonne, qui semblait heureuse et intriguée, répondit à ma question, stupide, qui ne m'avancerai sûrement à rien. La seule chose dont je pouvais être contente, c'était que la féline semblait gentille, elle n'était pas aggresive comme les autres chats de mon clan. Elle était gentille, attentive, et peut-être pas seule, pas comme moi...

- Je m'appelle Petite Cerisier.
Enchantée de te connaitre Petite Sabreuse !

Enchantée de te connaître... Et tout ça avec un ton enjoué et joyeux. Jamais je n'avais entendu ces mots... Jamais de ma vie, je n'avais entendus des mots si gentils. Au fond de moi, une petite étincelle s'alluma, et me fit reprendre confiance. Petit Cerisier s'était assise devant moi, la queue enroulant ses pattes de devant. Elle semblait confiante, comme protégée par quelqu'un...


- Es-tu...triste ?

Triste... Triste ? Oui, j'étais triste, mais je ne le savais pas tellement. Le groupe m'avait fait perdre toutes émotions. J'avais perdu mes émotions, et celles-ci semblaient vouloir reprendre, telle une étincelle devenant flamme. Mais je les en empêchaient.
Je veux vivre, certes, mais je m'empêche de vivre. C'est bête, mais je n'y peut rien.

- Oui. Et toi ? Est-ce que tu connais la tristesse ?

Pourquoi avais-je posée cette question ? Mais pourquoi donc ? Si jamais je devenais amie avec Petit Cerisier, serait-elle un jour en sécurité ? Pourrais-je me retenir si un jour elle faisait seulement un, un seul pas, de travers ? Sûrement que non.

Je veux vivre.

C'est tout, je veux vivre, mais je n'y arrive pas, je suis un fantôme sans émotions, je suis un être dôté d'un sang infâme, un sang de sanguinaire, qui détruit ceux qui m'en veulent.
Pourquoi ? Pourquoi suis-je encore vivante après tout ce que j'ai fait ? Après avoir perdu toute envie de vivre, après avoir tout perdu ?
Et si... Et si cette chatonne pouvait être ma porte de sortie ? Ma seule chance de survivre ?
Si seulement je pouvais Vivre...

Je veux Vivre !

Petit Cerisier semblait perdue dans ses pensées... Serait-elle aussi seule que moi ? Serait-elle aussi victime d'une aventure comme la mienne ? Peut-être... Mais elle ne pouvait pas savoir comment j'étais, ni pourquoi elle devrait s'en aller loin si loin de moi et de mes attaques...
La jeune femelle semblait si sérieuse lorsqu'elle prononça ce petit mot, trois lettres, uen réponse si directe, si commune...

- Oui.

Elle aussi était triste ? Au quotidien ? Elle semblait pourtant si souriante, si joyeuse, une féline comme les autres, avec une famille, des amis, une aventure, un but, une vie...

Je veux vivre...

Petit Cerisier continua, toujours aussi franche, sérieuse, directe..

- Je sais que c'est dur. Je ne connais pas mon père. Ma mère est morte. mon frère me déteste. J'étais seule pendant longtemps. Peut-être était-ce simplement trois jours ? je n'en sais rien. Chaque seconde durait une heure. Tout me semblait interminable. Jusqu'à que je le rencontre. Lui. Celui qui m'a redonné le sourire. celui que m'a montré que je n'étais jamais seul, qu'il était toujours à mes côtés. A jamais.

Connait pas son père... Sa mère est morte... Frère la deteste... Son frère la deteste ? Tout comme moi et Petit Hiver ? Peut-être... Mais qui est donc celui qu'elle a rencontré ? Qui est donc ce "lui" ? Celui qui lui as montré qu'on était jamais seul ? Je n'eut pas le temps de lui demander, elle leva la tête vers moi, et me dit :

- Tu ne devrais pas rester triste comme ça ! Va voir les autres. En restant seule, tu te renfermeras sur toi-même et tu ne pourras plus retrouver la chaleur de l'amitier, d'une famille, d'un sourire !

Je baissa la tête, une larme sur ma joue... Elle avait tant raison !

- J'aimerais tant, tu sais... J'aimerais tant me faire des amis... Mais si je reste seule, c'est parce que j'ai peur de leur faire mal... J'ai peur... si peur !
Moi aussi, ma mère est morte, moi aussi, mon frère me déteste... C'est à cause de lui que je suis ici maintenant... Il m'a viré du groupe !... Je ... Je n'ai plus rien, je ne suis qu'un fantôme au yeux de tout le monde, mais c'est peut-être mieux ainsi...

J'hésitais... Devrais-je lui avouer mes crimes ? Tout révéler de mon passé ? Lui faire voir qu'elle devrait s'en aller ? Pourtant sa présence m'apaisait...

- Tu sais... Je suis... dangereuse... Lorsque j'étais petite... J'ai... J'ai... un chat de ma tribu m'a insulté... Et... et... je ... je l'ai... t...u...é... Je l'ai tué ! Je n'ai pas réussie à me contrôler, j'ai fais n'importe quoi... Je ne veux pas faire de mal à d'autres personnes, j'ai si peur de moi...

Je pleurai, tremblotant, si bête, stupide, frêle, seule, lointaine. Je n'avais même pas la force d'affronter le regard de Petit Cerisier... Etait-elle déçue, effrayée, dégoûtée ? Ou s'était-elle déjà enfuie sans que je m'enperçoive ? Avais-je perdu la seule personne au monde qui était en train de m'aider ?

Je veux vivre !

Petit Cerisier donna un coup de langue encourangeant sur l'oreille de sa nouvelle amie. Oui, Petite Sabreuse était son amie. Même si elles venaient juste de se rencontrer. Cette dernière baissa la tête. Puis, elle murmura :

- J'aimerais tant, tu sais... J'aimerais tant me faire des amis... Mais si je reste seule, c'est parce que j'ai peur de leur faire mal... J'ai peur... si peur !
Moi aussi, ma mère est morte, moi aussi, mon frère me déteste... C'est à cause de lui que je suis ici maintenant... Il m'a viré du groupe !... Je ... Je n'ai plus rien, je ne suis qu'un fantôme au yeux de tout le monde, mais c'est peut-être mieux ainsi...

La jeune solitaire agita les oreilles, ne comprenant qu'à moitier. Qui voulait-elle dire par "peur de leur faire mal ?". Elle ne posa pas la question, voyant bien qu'elle allait continuer :

- Tu sais... Je suis... dangereuse... Lorsque j'étais petite... J'ai... J'ai... un chat de ma tribu m'a insulté... Et... et... je ... je l'ai... t...u...é... Je l'ai tué ! Je n'ai pas réussie à me contrôler, j'ai fais n'importe quoi... Je ne veux pas faire de mal à d'autres personnes, j'ai si peur de moi...

Petit Cerisier ne put réprimer un frisson. Elle sentit le souffle réconfortant de Jiyû derière elle. Son instint lui disait qui s'enfuire en courant, ventre à terre. Mais elle ne broncha. Elle cligna juste des yeux, la bouche légèrement ouverte d'étonnement. Elle resta figée de longues minutes, avant de répéter, n'en croyant pas ses oreilles :

- Tu l'as...tué ?

Petite Sabreuse était dans tout ses états. Alors c'était ça qui lui donnait son air de chien, euh, de chat battu ? Comment un si jeune félin pouvait tuer de sang froid un autre chat de sa tribu. Le coeur de Cerisier battait à cent à l'heure, ses poils sur son échine se hérissèrent et elle grimaça. Elle se força à se calmer. Elle souffla un bon coup, rabbatit sa fourure en bataille en quelques coups de langue. Elle se leva, s'approcha de Sabreuse et ferma les yeux. Et d'un souffle, comme si elle voulait que personnes d'autres ne l'entende, bien qu'elles soient seules, elle souffla :

- Ne t'inquiète pas. Regarde le ciel. La nuit, plus il est noir, plus on voit les étoiles.

- Merci, Petit Cerisier. Tu ne peux pas savoir combien je te suis reconnaissante de ne pas t'enfuir comme l'aurait fait n'importe qui... Vraiment...

Petite Sabreuse enroula sa queue autour de ses épaules. Petit Cerisier ronronna. La jeune chatte reprennait confiance en elle. Tant mieux. Elle lui demanda, en un murmure :

- Dis... Est-ce que nous sommes... amies ?

Cerisier la fixa, ses yeux pétillant de malice. Pas besoins de réfléchir, la réponse, elle la connaissait !

- Bien-sûr que oui !

Tu es beaucoup trop naïve...! L'une des dernières paroles de son frère résonna dans son esprit. Elle secoua la tête pour chasser ces mauvais souvenirs. Son frangin était parti pour de bon et ne reviendrait pas. Il l'avait abandonné, laissé tomber. Elle devait l'oublier. Bien-que qu'ils soient liés par le sang, ce ne serait pas une grosse perte. Pas après ce qu'il avait fait.

~ Tu crois réellement que tu peux lui faire confiance ?

La solitaire tourna la tête. Elle sourit maladroitement.

- Oui. J'en suis certaine.

Elle avait parlé tout bas, espérant que Petite Sabreuse ne l'avait pas entendu. Sinon, elle allait de posé des questions. Elle s'assit d'un air naturel et se lécha une pattes, avant de la passer derière son oreille. Les nuages moutonneux traversaient le ciel, poussés par la brise paisible.
Que la vie était belle.