Une amitié singulière [PV Honeyy]

Coeur de Miel rôdait, n'ayant rien à faire ni a dire. Elle avait déjà chassé. Son joli petit ventre doré était déjà rassasié. Une quinte de toux lui déchira les poumons, au sens figuré rassurez-vous. Elle avait chopé un mauvais rhume. Rien de grave mais c'était vraiment très embêtant. Lorsqu'elle voulait surprendre une proie par exemple, elle s'approchait de son pas feutré et presque dansant lorsqu'un vacarme digne d'un troupeau de monstres bipèdes sortait de sa gorge. Evidemment, la souris ou autre entendait tout de suite! Elle décida d'aller marcher un peu, parcourir son territoire. Ses pas la conduisirent aux runes antiques. Là, se dressait un immense rocher où s'étalait à la vue de tous l'histoire des clans. Petite, cette relique la captivait. Maintenant, elle l'horripilait. C'est fou ce qu'on peu être bête lorsqu'on est chaton! De rage, elle donna un puissant coup de griffe sur la roche, visant ce qui semblait être le chef du clan de la Rivière. Elle ne réussit qu'à se casser une griffe. Elle jura tout haut. Vraiment, quelle journée de m*rde!

Coeur de Miel haïssait le clan de la Rivière plus que tout autre clan. Elle y avait séjourné un moment, en tant qu'orpheline. Ce statut lui a d'ailleurs fortement déplu, à elle et aux reines chargées de son allaitement. La jolie minette respira un grand coup. Son ventre lui pesait. Rien n'était encre visible mais elle était enceinte! C'était l'une des choses qui la rassurait, avoir des descendants à qui elle apprendrait la haine du clan de la Rivière! Ce clan de renégats! D'après les ragots, leur chef était morte, remplacée par un autre imbécile. De toute façon, elle n'en avait cure de leurs petits malheurs. Lorsque son ventre serait devenu gros et disgracieux, elle ferait appel à une guérisseuse itinérante. Pas question d'avoir recours à l'une de ces chiennes de clan, bonne à donner trois graines au malade! Une solitaire ou rien. Un rayon de soleil tomba, déversant sur le sol un chatoyant rayon d'or. La lumière se réverbéra sur le pelage mordoré de la féline. Il avait fait vraiment beau ces derniers jours. La femelle espérait que le beau temps reviendrait bientôt! Elle avait envie de gambader dans les champs d'herbe recouverts de rosée, s'étendre sur le dos et se laisser baigner dans la douce chaleur des rayons du soleil…
Cette magnifique utopie lui donna encore plus envie de quitter la mauvaise saison et son humeur déjà sombre devint carrément noire. Elle aperçut alors une silhouette se dessinant au loin, venant du clan du Tonnerre. Cette image se rapprocha jusqu'à apparaître en toute netteté. C'était une chatte enfin une demi-portion de chatte pensa la perfide. Son petit corps était recouvert d'un poil roux soyeux, coulant sur ses muscles. La petite la fixa des deux perles azurées lui tenant place d'yeux mais ne dit rien. Coeur de miel lissa son pelage, se retourna d'un geste tout à fait sublime, et la toisa de toute sa taille, ce qui n'était pas rien. Elle jeta sur elle un coup d'oeil dédaigneux, de ceux qu'on réserve habituellement aux moineaux les plus laids et les plus petits, puis, rapprocha lentement sa tête, son regard de glace plongé dans le regard d'eau de l'apprentie et déclara de sa voix la plus douce, la plus venimeuse, la plus envoûtante mais aussi la plus froide:

- Sais-tu, petite, que tu es sur Mon [on sentait la majuscule dans sa voix] territoire et que je n'aime pas beaucoup les intrus… Puis, plaçant une griffe d'un ivoire parfait sous le menton de "l'envahisseuse" qui ne bougea pas d'un poil, elle continua:
- Ce serait dommage d'abîmer un si joli minois, tu ne trouves pas?
Se relevant et cette fois, optant pour un air menaçant, elle lança d'une voix aussi sèche qu'un os de souris en été:
- File petite ou je te transforme en chair à corbeaux!
Satisfaite de sa tirade, elle attendit que ce microbe décampe, comme il n'allait pas tarder à le faire.
Il ne le fit pas.
La chatte rousse la fixait toujours, un léger sourire relevant le coin de sa bouche. Se moquait-elle d'elle? Non. Coeur de Miel fut sincèrement ébahie par le sang-froid de la petite et optant pour une voix ou perçait la curiosité mais avec nulle trace de menace, elle lui demanda:
Mais qui est tu donc?