Ce qui arrive lorsqu'on en sait un peu trop...[PV Stigma =)]

• Stigma •
Oooh le dessert servi sur un plateau d'argent

Affamé. Seul ce mot pouvait me définir. Mon estomac gargouillait depuis plusieurs jours. Mon corps était à sec. Les nutriments ne passaient plus dans mon sang. Je puisais donc de la "nourriture" dans les lipides que mon corps avait assimilé pendant l'été. Mais je n'avais pas pour autant perdu mon énergie. Je suçais le sang de toute les bêtes sur mon passage pour éviter la panne sèche. Cela n'empêchait rien. J'étais fatigué. Si je n'avais pas eut de poils, j'aurais eu des cernes énormes, violettes voir vertes. S'en était inquiètant d'ailleurs. Mes prunelles avaient perdu leurs couleurs vives et effrayantes et étaient désohrmais ternes et éteintes. Mon pelage avait perdu son lustre et sa classe. L'on pouvais même voir mes côtes, et encore mieux mais muscles bien fournit. Mais cela ne durerai pas. Je me l'étais promis.

Le félin roux se hissa difficilement sur une pierre. Ses griffes crissèrent sur la roche et laissèrent des traces blanches. Il s'assit et leva les yeux au ciel. Ce dernier était gris, froid. Le matou soupira. Rien de beau. Il s'assit quelques minutes et scruta les environs de son promontoire. En contre bas s'étendait une terre qui lui était inconnue. L'inconnu lui plaisait. Il sauta de la pierre et atterrit en souplesse quatre mètres plus bas. Puis il déambula un peu dans ce nouveau bout de terre. Il était uniquement constitué d'ajonc assez haut - plus haut que lui en tout cas - et de mauvaises herbes. Il y avait aussi des ronces... Le novice sauta en avant et progressa lentement dans les ajoncs. Une odeur de nourriture lui chatouilla soudain les narines. C'était une odeur qu'il ne connaissait que vaguement. Il trotta, se laissant guidé par son odorat. Un nid de ronces lui barrait le passage. Furieux, il donna sauvagement des coups de griffes à tors et à travers et cisailla en moins de deux une grande partie des tiges épineuses. Il répéta l'opération et passa. Les ajoncs laissèrent place à une herbe grasse et rase. Le rouquin galopa sur le sol moelleux, bien que le gazon lui picote les coussinets. Il se hatta car l'idée de rester longtemps à découvert ne le réjouissait pas trop. Il stoppa soudain sa course. Une barrière en bois se tenait devant lui. Il bondit par dessus et se retrouva les pattes dans le crottin. Il aperçut alors deux grandes bêtes avec des poils, des oreilles, quatre pattes, une crinière et une queue. Au bout de leurs pattes, il y avait des.. Sa.. sabot. Oui c'est bien ça, des sabots. L'un était un jeune pur-sang tout en muscles et en finesse. Il possédait une robe baie avec des balzanes noires hautes chaussées. Sur son chanfrein était une belle liste blanche. Il avait la crinière coupée en brosse, si bien qu'on aurait dit un poulain. L'autre était un vieux cheval qui semblait boiter. Il était maigre et crasseux. Ses paturons étaient infectés et l'on voyait des plaies en parties couvertes de boue. Répugnant. Le félin sanguinaire sentit l'eau lui monter à la bouche. Il s'approcha doucement, à pas feutré, et bondit sur le vieux. Il saisi juste la jugulaire et le tua d'un coup. Il n'avait pas envie de le faire souffrir. Il souffrait déjà trop. Bizarre. Stigma n'aurait jamais fait une chose pareil. Nuage Pourpre l'aurait peut être fais.
Le petit cheval bai partit au galop. Il donna un ou deux coup de c*l et trotta autour du cadavre que Stigma était en train de vider de son sang. Après s'être régaler, le matou se lécha les babines et bouffa l'integralité du corps. Il croqua dans les plus gros os lécha, avide, la moelle. Puis il partit et ne laissa que les os.

Stigma galopa encore un peu. Il sentait son corps se réaprovisioner, son énergie revenir. Il était maintenant au top de lui, même si sa santé ne se rétablierait pas en un jour. Cette régénération lui arracha même un sourire. Il parcourut encore un peu des terres libres et s'arrêta au "Berceau des Hirondelles". Un nom un peu "cucu" d'après lui. Peut importe. Les chats de Clan sont idiots. Pas besoin d'être un savant pour le savoir. Le matou fit une grimace sadique et lécha un peu sa fourrure. Il avait encore faim. Il huma donc l'air. Et là...! Jackpot! Un chat! Et pas n'importe lequel... La pauvre c*nne de novice qu'il avait vu peut après la mort d'Upsilon et lors de son combat aux côtés de Delta. Non elle n'était pas si c*nne en fait. Elle semblait même assez futé. Mais ça, le chat se garda bien de le montrer. Il s'avança, comme si de rien était. L'odeur de la peur de la petite fit sourire le spartiate. Il contourna le rocher où elle était planquée et miaula en susurrant.

- Alors, comme on se retrouve.. !

La petite trembla de peur et sursauta. La joie du félin n'était que plus grande. Mieux valais qu'elle se calme si elle ne voulais pas mourrir tout de suite. M'enfin, elle servirait de dessert de toute façon.

| Nuage de la Lutine |

Lorsqu'on est derrière un rocher et qu'un sanguinaire rôde dans le coin, qui plus est un sanguinaire avec la possibilité de retrouver une personne à son odeur, ce n'est guère plaisant d'être surpris. Même si on sait qu'il va venir vers nous. Même si on sait qu'il va nous parler d'une voix suave, légèrement caverneuse ou au contraire aiguë et nasillarde. Même si on sent son abominable odeur de cadavre en décomposition qui émane de son corps maigrelet aux poils couleur coucher de soleil. Dans ces cas là, le moindre "coucou!" vous fait faire un bond de trois mètres. Et c'est exactement ce que fit Nuage de la Lutine lorsqu'elle entendit la voix hélas très reconnaissable d'une connaissance qu'elle aurait préféré ne jamais rencontrer. Un susurrement cruel et terriblement terrifiant. En général, quand quelqu'un nous surprend de la sorte, on préfère encore que ça soit par de vigoureux cris qui expriment la haine et la vengeance. Pas par un murmure qui exprime la cruauté et l'abomination. Quelque chose qu'un chat parfaitement cinglé dirait à une proie qu'il a longtemps pourchassé.

- Alors, comme on se retrouve.. !


Nuage de la Lutine se retourna et darda sur le mâle ses yeux bleus dépareillés. Elle les fixa dans la fente oblique de ses yeux, avec l'air de sonder son esprit. En réalité, il n'en était rien. Elle n'avait pas ce pouvoir quand même. Elle crevait de trouille et essayait juste d'intimider son adversaire. Quelque chose très dérisoire et de totalement stupide comme vous l'aurez remarqué. Mais bon, lorsqu'on va mourir dans l'heure qui suit, peu importe d'être stupide où pas —sauf si on veut mourir avec dignité bien entendu. Mais la petite chatte au pelage immaculé s'en fichait bien de la dignité. Elle avait ça de si spécial, de réfléchir totalement autrement que les autres personnes. Ça lui avait valu bien des quolibets et des histoires lors de sa vie dans le clan du vent, sa vie de solitaire, sa vie sans père ni mère. Depuis qu'elle avait rencontré cette guérisseuse ambulante qui elle aussi était spéciale en son genre, il lui semblait avoir trouvé quelqu'un qui la protégeait tout en l'aiment, qui lui apprenait des choses, qui rigolait avec, qui partageait ces moments d'intimidés où personne ne parlait mais où tout était dis. Etais-ce ça un mère? A qui l'on peut se confier de ses peines, de ses chagrins? De toute façon elle le saurait bientôt vu qu'elle allait rejoindre très prochainement les rangs du clan des Etoiles et là...et bien là elle retrouverait ses parents. Son père elle était pas sûre car il semblait qu'il avait quitté sa mère un jour pour ne plus revenir et tout le monde pensait qu'il était tombé dans une crevasse ou avait fini éventré par un sanguinaire. Si c'était le cas elle mourrait donc de la même façon...Cette pensée aussi étrange qu'elle puisse paraître la réconforta un tout petit peu - N'allez surtout pas penser qu'elle était contente de mourir, qu'elle alla se jeter sur le sanguinaire la joie au coeur et qu'elle se rendit directement au clan des Etoiles où elle retrouva sa mère avec qui elle vécut heureuse! Non! Elle n'était tout de même pas folle à ce point là. Elle avait juste moins peur de la mort. Elle en voulait quand même à ce sanguinaire. Tout d'abord, il avait failli prendre la vie de la personne à qui elle tenait le plus au monde. La seule qui lui restait après sa fuite du clan du vent. Ensuite, elle était encore jeune et avait plein de choses importantes à faire dans la vie. Comme trouver ce fichu remède contre la galle, devenir une guérisseuse complète et pas seulement une apprentie, pouvoir recevoir son nom ou encore tout simplement ramener à Eclat du Firmament les herbes qu'elles lui avait demandé. Elle maudissait Stigma de lui voler sa jeunesse, de lui prendre la vie, de mettre un cadenas sur toutes les années à venir et d'en avaler la clé! Elle le haïssait pour lui voler la seule chose qui lui restait hormis son statut de novice, et pire, de voler à Eclat du Firmament une apprentie qu'elle avait chéri comme sa propre fille! Elle le détestait parce qu'il allait jouer avec elle, la torturer un peu avant de mourir et de ne pas l'expédier tout de suite au pays des songes! Mais surtout, elle l'exécrait parce qu'elle le connaissait mais qu'elle ne se rappelait plus de son nom. Le pire c'est qu'elle ne lui avait strictement RIEN fait! Elle se sentit changer, une colère sourde monta en elle, lui balayant toutes les barrières de raisons qu'elle avait dans sa mémoire. Elle sortit en une explosion terrifiante. Elle commença par cracher, fourrure ébouriffée, ce qui est propre à tous les chats. Puis, elle suivit en l'injuriant, ce qui est moins commun. Elle-même fut surprise de connaître autant d'injures, toutes plus abominables les unes que les autres, en partant de "crotte de souris" jusqu'à "Enc*lé!" Elle continua à déverser son flot de jurons, jurons où elle aurait rougi rien qu'à leur évocation en temps normal. Elle était tellement furieuse qu'elle allait jusqu'à inventer des gros mots [si si, croyez vous vraiment que "égorgeur de midi" existe?] Elle ne pouvait plus se contenir, elle repoussait toute les limites, elle était tellement énervée! Elle ne pensait plus au IDIOTSéquences. De toute façon, un mort craintif et un mort malpoli ça change quoi? Avec sa langue sarcastique, Stigma serait sans doute ébahi. Mais pas fâché. Peut être qu'il la ferait souffrir un peu plus? Seul le clan des Etoiles le savait. Lorsqu'elle eut enfin fini sa litanie grossière, elle en soufflait presque, haletante. Elle s'était égosillée pendant près de dix minutes. Un sentiment de fierté lui gonfla le coeur. Il en avait vu de toutes les couleurs ce malapris! Elle lui jeta un regard. Il la fixait, une lueur mauvaise dans le regard. Les jointures de ses griffes étaient tendues. La novice voyait bien que ses "mots fleuris" l'avaient énervé. Bien énervé...
Sans prévenir, le chat roux se jeta sur la pauvre apprentie. Elle n'eut pas le temps de l'esquiver et fut plaquée sur le sol. Elle avait la tête de son agresseur juste sous le nez. Cette apparition fit "Tilt" dans sa mémoire. Elle se souvenait à présent qui était ce chat! Et c'est alors que dans le feu de 'action, elle fit la chose la plus débile qu'on peut faire lorsqu'on a un carnassier sur soi et qu'on est prêt à souffrir. Une chose tellement, mais tellement débile! C'en était idiot à pleurer. Mais dans sa petite tête de linotte, la chatte n'y pensa pas et c'est pour cela que lorsque le chat braqua ses yeux amarantes sur elle, elle s'écria comme une imbécile:

"- Nuage Pourpre!?"

| Nuage de la Lutine |

My only broken dream is to will live.

Perdue.
Pour ça, oui, on pouvait le dire qu'elle l'était! Elle s'était fourrée dans un sacré pétrin la petite. Sa situation actuelle n'avait rien d'enviable. Et pourtant elle se trouvait sous un ciel aux couleurs pastel parsemé de nuages qui filaient paresseusement avec le vent. Bon il faisait un peu froid mais ça c'était un détail. Sauf que dans ce paradis idyllique, elle était coincée sur le dos, écrasée par la masse d'un jeune chat roux au pelage clairsemé, aux yeux rubis et aux intentions très malsaines pour la santé des autres. Mais c'était fait, elle ne pouvait désormais plus reculer. Nuage de la Lutine était prise au piège et allait bientôt terminer sa vie ici-même, après avoir fait plusieurs choses dont elle ne se serait pas crue capable, dont le fait d'avoir insulté un félin plus grand et plus fort qu'elle.Elle ne pourrait plus rapporter ces fichues plantes qui lui avaient valu tant d'ennuis. Si elle survivait elle s'en rappellerait de l'hellébore!


Elle était toujours en vie pour le moment et le sanguinaire était toujours sur elle. Il la fixait. Non, il l'admirait! Elle sentait son regard brûlant sur les moindres parcelles de sa peau. En plus d'être meurtrier cet être était aussi lubrique. C'était du joli tout ça!
Les guérisseuses ne pouvant avoir d'apprentie la jeune femelle ne s'était encore jamais trop préoccupé de savoir si elle était belle ou pas ou si elle plaisait aux mâles. Elle se préoccupait un poil de son apparence pour donner bonne impression aux personnes qu'elle croisait ou soignait mais sans plus. Elle n'avait jamais remarqué à quel point son pelage blanc-bleuté touffu était beau ni que ses yeux troublants d'un azur légèrement varié étaient profonds. Le chat en tout cas semblait saisi. Elle eut le fol espoir qu'obnubilé, il la laisserait partir mais même si elle avait le poil luisant et l'oeil vif, il ne fallait pas rêver. Comme pour être en accord avec ses pensées, il sortit ses griffes d'une courbe parfaite et polie et les lui planta sous le menton, pour le plaisir de lui faire lever la tête vers lui. Mais pour qui se prenait-il? Elle détestait qu'on la force. Elle tenta de tourner la tête mais une perle de sang coula le long de l'ivoire de la griffe du mâle. Il adorait ça apparemment, la voir souffrir et le fixer avec ce regard de haine si intense et si défiant.

Et maintenant? La question trottait dans sa tête. Finalement en fait ce n'était pas d'autant grave qu'elle ait découvert et dit son vrai nom, Nuage Pourpre, qu'il allait la tuer de toute façon. Cela lui semblait presque évident.
La novice s'étonna de son ardeur à réfléchir. En principe aux abords de la mort on ne pense plus, on s'affole. Elle, elle n'était pas relax mais même si elle avait un peu peur, elle tentait de masquer son effroi par de la haine et son esprit fonctionnait normalement.

- " Comment sait tu cela ?! Peut importe. Fait tes prières jeune féline. "

Apparemment elle avait réussit à le surprendre. Elle décida de jouer le jeu du sarcasme. De toute façon elle n'avait vraiment plus rien à perdre du tout. Déjà qu'elle avait fait une énorme bêtise alors autant s'amuser un peu et continuer.
Le félin avait décollé son museau du sien et elle avait sentit que l'air était devenu un peu plus frais et respirable. Il la toisait d'un oeil froid. Il devait sûrement se demander comment elle savait.

- "Tu croyais quoi? Il n'y a pas que des idiots dans ce monde. Lorsqu'on est guerrier à une assemblée on ne pense qu'à se vanter aux autres clans. Lorsqu'on est guérisseur on prend le temps d'observer et les personnages au pelage miteux comme toi ne passent pas inaperçu."

Elle lui renvoya un sourire forcé se voulant moqueur mais elle avait plus envie de grimacer que de rire à cette heure.

| Nuage de la Lutine |

Repartir en silence

Le rouquin s'abstint de répondre à sa provocation, ce qui n'étonna qu'à moitié la jeune guérisseuse mais en plus, aussi étrange que ça puisse paraître, la frustra un peu. Un manque de réponse équivalait pour elle à ne pas avoir entendu la phrase et elle voulait qu'il sache combien elle le haïssait. Et cette place noire dans son coeur pur n'était pas chose courante pour son caractère jovial et ouvert. A vrai dire elle n'avait jamais eu de l'antipathie pour quelqu'un à part lui et son amie là, l'autre traînée qui avait à moitié ouvert son mentor à leur dernière rencontre.
Elle manqua de sursauter en voyant qu'il s'était avancée vers elle. La mine contrite affichée sur son visage d'ordinaire triomphant ne lui seyait guère. La novice sentait son coeur résonner dans tout son corps tel un immense tambour. La peur lui nouait la gorge. Elle se tenait, immobile, en le regardant glousser étrangement. Malgré tout il la regardait toujours avec cette expression de pitié moqueuse. Puis, toujours sans rien dire, il s'en alla.

Les oreilles de Nuage de la Lutine remuèrent. Elle ne pouvait pas le croire. Il y avait forcément un truc là dessous. Il n'allait quand même pas la laisser partir alors qu'elle savait tout...
Un plan se dessina follement dans sa tête. Simple mais peut être lui sauverait-il la peau: courir. Elle n'eut même pas le temps de se retourner que le mâle avait déjà bondit à ses côtés. Alors elle comprit: la proie et prédateur, le chasseur et le chassé, le chat et la sourit...
Il jouait avec elle. Il la tuerait quand même mais il s'amusait. Il se moquait d'une façon subtile de la jeunette en lui laissant croire à de fous espoir. Il lui disait qu'il avait gagné, c'était lui le winner et elle la looser.
Le mâle la surprit alors. Il se colla à son oreille et lui murmura de son ton moqueur "qu'il n'était pas un mauvais garçon. Qu'il ne la tuera pas. Pour une fois."
Elle ne le croyait pas. Son petit jeu ne lui plaisait pas. C'était une façon comme une autre de l'humilier elle et de le distraire lui. En même temps son ton dégoulinant et la façon dont il se collait à elle et s'étalait à ses pattes comme un roquet soumis lui faisait pitié. Il recula encore une fois derrière le rocher, faisant mine de partir. Elle le connaissait maintenant son petit jeu et resta droite et immobile. Gagné. Le mâle revint vers elle affichant cette fois l'air soucieux de celui qui se demande pourquoi son ami est fâché contre lui. Nuage de la Lutine sursauta lorsqu'il se frotta contre elle et ne put retenir un air de dégoût. Elle ne voulait pas de cet être crasseux aux poils souillés de sang à ses côtés. Elle se raidit lorsqu'il fourra son museau dans sa fourrure blanche et lui chatouilla les oreilles. Sa tête lui criait de se dégager de lui comme d'une mouche agaçante mais son corps restait de marbre et elle se laissa faire.
Le sanguinaire souleva son menton d'une patte flamboyante et fixa ses yeux dépareillés des siens amarantes. Elle voulut détourner la tête et baissa les yeux. Comme une chatte soumise. Comment pouvait-elle encore se battre? Nuage Pourpre le lui avait clairement fait comprendre, fini de jouer les vilaines minettes.
Il lança un rire cruel vers le ciel. Horrible. La novice était glacée.
Il se colla encore contre elle, se frotta la tête, l'huma et finit par l'embrasser dans le cou. Allait-il la violer? Non, il n'oserait pas. Elle était guérisseuse. Elle avait fait le voeu de rester pour toujours vierge et de ne laisser aucune autre vie croître en elle. Même ces câlins et ces "petits jeux" étaient déjà un blasphème de son point de vue. De plus il l'écoeurait profondément. Les yeux brillants de désir et de lubricité, le poil ébouriffé, excité par...par elle. Oui, par la jeune apprentie guérisseuse qu'elle était. Il s'approcha encore plus près. Elle sentit son haleine empestant la vieille charogne lorsqu'il lui susurra:

" Mon chou ne t'en fait pas. Je suis gentil et soumis comme un toutou. N'ai pas peur cherrie."

La chatte sentit son poil se dresser lorsqu'il s'approcha encore. Mais elle ne pouvait toujours rien faire. Bloquée comme une poupée de chiffon elle ne pouvait que se laisser ballotter par le félin roux.
Elle ne cria pas et n'essaya pas de se défendre lorsqu'il la poussa contre la paroi et que les aspérités du rocs lui vrillèrent le crâne, pas plus lorsqu'il lui égratina la langue de ses griffes immaculées. Elle ne comprenait pas. Pourquoi avait il fait ça? la coupure la brûlait un peu mais elle comprenait à comprendre. Trop tard.
Le regard du solitaire avait changé. Il avait reprit son expression froide et dure et sa voix sèche:

" J'ai bien peur de couper court à notre petit jeu. Je t'explique bébé. Tu as perdu. J'ai gagné. En fait tu ne pouvais que perdre face à moi. I'm sorry for you. Comme disait Delta. Mais tu ne mourras pas. Tu auras droit à pire que ça. Bien pire mon petit chou. J'ai une astuce pour t'obliger à la fermer. C'est une botte secrète en quelques sortes. J'espère ne pas me louper, ça risque de faire mal sinon. Au moins ça n'abîmera pas ton joli minois. Faut avouer que t'as été plutôt gâtée si tu vois ce que je veux dire. Bon stop la théorie. Passons à la pratique. "

Deux pensées se contredirent dans son esprit: "Il ne va pas me tuer, cool." - Oui mais il va te faire un truc pire. Te couper la langue par exemple...

Elle n'eut pas le temps d'écarquiller les yeux qu'elle se retrouvait déjà au sol, acculée, coincée sous les pattes puissantes du chat. Ce dernier commença par l'embrasser sur la joue. Bien sûr, il fallait quand même qu'il la nargue un peu sinon c'était pas drôle!
Puis, il la mordit férocement. Usant de toute sa force mentale, la néophyte serra les dents et s'abstint de crier. Une larme roula sur sa joue. Il la mordit encore. Elle ne céda pas. Il appuya sur sa gorge. Suffoquant, elle eut le réflexe d'ouvrir grand la bouche et d'engouffrer une gorgée d'air. Mauvaise idée. Heureusement, à voir l'expression agacée des yeux pourpres du sanguinaire, elle devait avoir la mâchoire trop étroite pour qu'il y passe sa patte. Malheureusement plutôt. Un cri déchirant sortit de sa poitrine lorsqu'il lui coupa un bout des coins de la bouche. Un flot de sang en jaillit. Elle recracha et capta au passage l'expression amusée du rouquin. Ça mon grand, je te le revaudrait un jour! Et comment? Elle sentit alors le membre du félin lui remplir la bouche Elle voulut y mordre mais comment ses petites dents pointues auraient pu lui faire grand mal? Toutes pensées se déconnectèrent pour laisser place à la douleur lorsque sa langue fut déchirée. Des larmes et du sang lui brouillèrent la vue et salirent sa fourrure. Elle hurla à s'en cracher les poumons. Elle se roulait par terre et pleurait comme un pauvre chaton. Il devait bien s'amuser l'autre.

"C*NNARD!"

Cracha-t-elle. Essaya de cracher plutôt. Seul un gargouillement et un flot de sang sortit de sa bouche. Ça y était. Le grand Stigma l'avait réduite au silence. Elle ne pourrait plus le dénoncer ni l'insulter. Il avait fermé la gu*le à la gamine insolente. Comme il devait être fier! Elle sentit qu'il essayait de lui glisser du thym dans la bouche. Le thym était un calmant mais il n'enrayait pas la douleur pour autant. C'était juste un truc d'esprit.
Sa nature d'apprentie guérisseuse reprit le dessus. Evidemment, son organe coupé lui faisait un mal de chien et elle sanglotait toujours mais au moins elle avait le idées claires. Le chat était partit. Bien. Adios Amigos.
Elle se dirigea vers le ruisseau le plus proche et se rinça la cavité buccale. L'onde entrait dans sa bouche, claire et limpide et ressortait souillée en traînant un long filet d'hémoglobine. La pureté et la fraîcheur causaient une douleur lancinante à Nuage de la Lutine mais elle n'arrêta que lorsque l'afflux de sang diminua. Ensuite elle avait besoin de girofle contre sa douleur et de souci pour éviter l'infection qu'auraient pu causer les pattes sales de ce pervers. La floraison du souci commençant en cette saison elle n'eut pas de mal à dénicher un plant au goût amer qu'elle mâchonna. En revanche le girofle ne poussait pas en ce moment. Tant pis. Eclat du Firmament devait en avoir dans sa réserve.
Alors, le message griffonné dans la neige par le mâle attira son attention. Ses yeux se plissèrent de colère et elle nota à son tour, d'une tournure poétique sur le sol:

"Tu m'as prit ma langue mais j'ai encore une dent contre toi.
Je suis faite pour guérir mais sache que je peux te nuire.
Je te notes ça à toi, le sanguinaire, Nuage Pourpre.

de Nuage de la Lutine parce que c'est toujours poli de demander son nom à une dame avant de lui couper la langue..."

Elle ne savait pas ce que deviendrait ce message. Peut être que par miracle quelqu'un le lirait. Peut être aussi qu'il serait balayé par le vent et la neige ou encore par la patte rageuse du concerné...

Elle s'en retourna alors, en direction du soleil levant, réduite au silence et abandonnant à côté du message, un bouquet d'héllebore.