Le coup de foudre...(PV Sanka')

Poussière d'étoiles.

Ecoute les bruits. Tu entends ton coeur. Non, le bruit de miliers d'autres coeurs battant ensemble. Leur bruit est celui de la mer à l'assaut des falaises.

Le ciel était dégagé. Le soleil, qui bien que rarement montrait le bout de son nez, dominait la voûte opale et lumineuse du ciel. Quelques oiseaus s'aventuraient à rayer de leurs vols l'immensité démesurément bleue. L'aurore, il n'y avait plus beau moment dans la journée. Le commencement d'une nouvelle journée, d'un nouveau jour, d'une nouvelle vie. D'une nouvelle histoire. Les clairières vertes étaient gelées, chaque brin d'herbe était recouvert d'un petit filet glacé qu'il perdait sous la puissance des rayons lumineux de l'astre roi. Les mulots, écureuils et autres rongeurs avaient renoncé à sortir et restaient terrées dans leurs terriers. Cet arbre au tronc si immense et orné de veine en relief. On avait l'impression qu'il vivait depuis des miliers d'années, qu'il avait tout vu, tout entendu et qu'au fur et à mesure, il aspirait les informations, les paroles, et plus il en avalait, plus son tronc s'épaississait. C'était comme ça qu'on le voeyait ce magnifique connifère. Ses branches ressemblaient à des dizaines de paires de bras dans lesquelles on aurait envie de se jeter. De se presser. De pleurer. De se vider. C'était comme ça oui. Ses feuilles ruisselaient d'une jolie couleur argentée et bleutée. Lorsque le vent les faisait frémir, un doux bruissmement se faisait entendre. Des miliers de petits papillons argentés et bleus s'envolaient et partaient vers de nouveaux horizons. C'était comme ça.

Une silhouette se détachait dans ce paysage paradisiaque. En premier abord, Poussière d'étoiles grogna. Il avait quitté le camps pour se retrouver seul et confier à cet arbre si majestueux qui le passionait ses peines et ses joies. Le matou au pelage constellé trouvait sa vie si morne, si plate. Plus aucune envies, comme celles d'autrefois, lorsqu'il était apprenti, de chasser plus de proies que les autres, de se détacher du lot, d'obtenir un regard courroucé d'un valeureux guerrier, plus rien. Une vie rythmée au sein d'un clan en pleine guerre. Chasser. Dormir. Manger. Apprendre. Dormir. Se nourrir. Transmettre son savoir. Voilà comment il occupait ses journées. Il avait été choisi pour être le mentor de Nuage de Fraise, quel moment de pur fierté que de se voir choisir pour une place telle qu'elle. Seulement voilà, le baptême se laissait tarder. Le matou se demandait bien si un jour il l'aurait son apprentie. Peu importe, sa vie ne sembalti en aucuns cas être chamboulée par ne serait-ce-qu'un petit évènement imprévu. Ou bien une rencontre. Si seulement. Mise à part cet arbre, avec qui avait-il parlé aujourd'hui ? Personne. Avait-il un problème social ? Pourtant, il ne s'en plaignait pas. Tant pis, il était asociable et puis voilà. Ce qu'il aimait, c'était se retrouver ici, à observer la toison couleur encre de ses deux prunelles opalines. Il ne l'entendit même pas arriver. Cette jeune apprentie d'un camps ennemi. Que faisait-elle là ? Pourquoi le dévorait-elle des yeux ?
Peut être que ça allait enfin commencer,
Enfin.
Ce serait si bien,
Si bien.

Poussière d'étoiles.

Les déceptions ouvrent les yeux et ferment le cœur .


Déjà, le soleil plus très lumineux, disparaissait derrière les montagnes rocheuses. Le matou se demanda depuis combien de temps était-il là. Il était arrivé à l'aurore, le moment où le soleil se lève, baille et finit par saupoudrer chaque parcelle de terre de son pouvoir sintillant. Sa lumière glisse le long des feuilles au bout des branches, coule et s'emporte dans le courant des rivière, afflue autour des nuages. La lumière est maitresse, elle règne sur la terre en concentrant tous les pouvoirs entre ses mains. Car oui, si le soleil voulait éteindre la planète, il le pourrait. Il lui suffirait de se coucher plus tôt et nous autres, les petits habitants minuscules de cette énormé sphère serions plongés dans un noir absolu. Une telle idée peu vous embler absurde, mais elle est seulement la réalité pure. Imaginez seulement quelques secondes que cet évènement prenne vie un des ces quatres. Que feriez vous, là, absorbés par le néant ? Engloutis par la nuit en plein jour. Ce sentiment d'impuissance, cette sensation d'être aspiré par les gouffres incertains de la vie, et de la mort, c'est là dedans que vit Poussière d'étoiles, il survit devrais-je dire. Essayant en vain de ne pas tomber au fond de ce qu'on appelle la déprime. Il guette chaque étincelle de vie, dans l'espoir de rallumer un jour cette flamme qui nous permet de vivre vraiment. Un jour il la ravivra. Un jour. Vivement ce jour, alors. Vivement. Se dit-il. Vivement qu'il revive à nouveau.

- Euh, comment t'appelles tu ?

La chatte devant lui est à peine plus âgée que sa propre apprentie. Son pelage est mi-long et il est d'un blanc infini, rappelant au matou ébène loes hauts sommets de sa montagne natale. Ses oreilles sont mouchetées de brun. Elle n'est pas très grande mais semble vigoureuse. Ses yeux sont deux perles opales, le matou les observe, amusé. Les prunelles de la chatte semblent chercher, semblent fouiller, toujours plus loin, toujours plus profond au fin fond de lui. Il s'y met aussi dans ce cas. Plante ses pupilles opalines dans ceux de la chatte et sourit. L'inconnue dégage une sorte de bulle protectrice, elle semble timide. Légère. Prête à s'envoler, à faire le tour du monde rien qu'en jetant un regard vers le ciel. Rien qu'en croisant le regard du matou. Poussière d'étoiles hésite. Doit-il la chasser ? Elle veut peut être simplement parler à quelqu'un. L'hasard de la vie a fait que c'est bel et bien lui devant elle. A ce moment là, il oublie tout. Il pense seulement au après midis passés près de ces arbres, à lui confier ses désirs. Et alors, il fait pareil avec cette apprentie. Il lui parle. Il se met à lui parler. De lui même. En toute conaissance de cause. Conscient, il lui parle. Et là, il se rend compte que ça fait vraiment du bien de parler à quelqu'un d'autre.

- Poussière d'étoiles, et toi ?

Poussière d'étoiles.

Ne faire qu'écouter son coeur aura forçément des sequelles.

Poussière d'étoiles plongea dans ses pensées quelques instants, il se remémora ses années folles dans sa montagnes, là, il eu presque envie de pleurer. Déverser des torrents et des torrents de larmes, juste pour tous ces souvenirs de sa vie passionnante dans les montagnes. Lorsqu'il se rappellait toutes ces choses, le matou n'avait envie de qu'une chose, pleurer. D'un coup de langue, il plaqua sur son poitrail, ses poils ébène moucheté d'étoiles. Un frisson le parcouru, et d'un coup, comme ça, il sentit une larme perler au coin de son oeil. Elle se forma lentement, puis glissa le long des ses joues de jais, épousant avec sublimitude les courbes de ses babines. Puis, elle s'écrasa, dans un léger bruit. Le matou baissa les yeux et regarda cette petite perle écaillé se faire absorber par la terre. Il se demanda si lui aussi, lorsqu'il avait un problème, il pouvait se laisser tomber et fondre dans la terre, disparaitre et se laisser partir, sans retenue. Il se demanda ensuite si quelqu'un aurait la certitude sa disparition, si quelqu'un se douterait de quelque chose. Est-ce-qu'il manquerait à quelqu'un ? Il se le demande bien si un jour quelqu'un l'aimera comme lui a déjà aimé. A en perdre haleine . A ne plus penser à rien d'autre qu'a voir sa bien aimée. Il aimerait revivre ça, aimer, toujours plus. Plus profondément. C'est ça qu'il voulait, aimé et être aimer en retour. La première partie, ça pouvait se faire. La deuxième, c'était une autre affaire.

Tu sais, la vie est bizarre je trouve. Un jour, tout s'illumine, et le lendemain, le monde s'écroule, plongé dans les méandres de la peine. Un être cher disparu, des espoirs détruits, un rêve démoli. Pourtant, il y a toujours une lueur d'espoir dans notre âme, comme cet arbre. Une lueur clignotante parmi l'obscurité de la nuit... Une lueur parmi tant d'autres...

La jeune apprentie venait de vider son sac. Qu'attendait-elle de lui ? Il n'avait aucune envie de se confier à elle. Certes, il voulait bien l'écouter, lui apporter son épaule et sa confiance mais pas se confier. Il n'était pas comme ça. Pas assez imprévisible pour se confier à une simple inconnue. Il n'était pas de ce genre, pas se jeter dans la gueule du loup, comme on lui avait toujours appris. Il était simple, il le resterait. Comme on lui avait dit. Fais gaffe à tes fréquentations. Lorsque la chatte maculée se pressa contre lui, des relans de son enfance lui parvenirent. Il la laissa faire, doucement et posa sa tête sur celle de la jolie chatte.

- Je sais bien. La vie nous réserve bien des surprises.

La petite chatte immaculée regarda les prunelles dorés du mâle noir. L'amour. Sentiment qui vous faisait voler l'espace d'un instant, comme en apesanteur, dans une vision idéaliste de la vie, oubliant les limites claniques, la haine et la rancoeur entre les clans. Elle regardait le chat au pelage noir comme la nuit, comme s'il était le centre du monde. Ressentait-il la même chose qu'elle pour lui ? Il était encore trop tôt pour s'avancer, et tout d'un coup, une pensée triste certes, mais horriblement vraie, lui traversa l'esprit, lui brisant le coeur : leur amour était impossible, impardonnable par les membres de leurs clans respectifs. Elle ne savait même pas si ce chat ennemi éprouvait ne serait-ce que l'ombre d'une amitié. A cette pensée, une larme roula sur sa joue avant s'écraser sur le sol boueux.Néanmoins, elle s'accrochait à son idée de vie idéale, sur des arguments infondés et tristement faux. Si jamais il éprouvait la même chose qu'elle, elle devrait à nouveau choisir entre son devoir et son coeur. Comme beaucoup de fois auparavant, elle choisi son clan. Dans ce cas, elle devait l'attaquer mais elle en était incapable. Elle lui dit simplement, une boule à la gorge toutefois :

- Désolée, mais tout ceci est impossible. Je ne peux trahir mon clan au profit de mon coeur. Mais, si tu veux, nous pouvons être amis.

Et, sur ces paroles lourdes de sens, elle releva la tête, se leva, et s'enfuit dans les bois, ses larmes roulant sur son pelage, tombant sur le sol. La pluie se mit à tambouriner sur la plaine, masquant les traces de chagrins de la petite chatte. Le temps, dit-on, lave les blessures. Certaines sont irréparables.