Comme un Lac d'Ombre [PV : Libre, Lum's & Zorro]

Soulmates

L'énorme félin tigré dévala du rocher, ses griffes crissant sur la paroi de pierre. Cela faisait des lunes qu'il n'avait été confronté à un tel choc. Il savait d'avance qu'il ne connaitrai pas sa réaction avant de se retrouver de nouveau face à lui, il n'aurait pas deviner que chaque muscle de son être ne se mette à se crisper d'impatience. Que son sang se mette à bouillir au travers de ses veines. Cela faisait longtemps, si longtemps...

Il savait maintenant que ce n'était pas qu'une simple impression, une véritable connexion mentale le reliait à lui. Ce lien qui s'était renforcé au moment même où il avait mit le pied sur cette île, et qui maintenant les attirait irrésistiblement l'un vers l'autre. Ça y est, il avait commencé à bouger. Il quittait cette foule de félins pour le rejoindre. Nuage Libre... non, Liberté des Ombres. Était-il déjà aussi impressionnant à l'époque où il avait quitté la forêt ? Non, il avait changé. Ils avaient changés. Ce n'était pas Conrad, c'était Liberté des Ombres. Liberté des Ombres !

« Comme au bon vieux temps... hein Libre ? »

En un instant il se raidit, la totalité de ses connexions nerveuses focalisée sur l'instant présent. À l'extrémité de ce fil invisible qui les reliaient, l'autre réagit d'emblée. En combien de temps avait-il amorcé sa course, un dixième de seconde ? Non, peut-être même moins...

Le colosse au yeux rouges bloqua d'un seul coup sa respiration, chaque fibre de son être tendue à l'extrême sous l'énorme pression qu'exerçaient ses muscles lors de son accélération. La branche sur laquelle il était assis un instant plus tôt n'avait pas finit de craquer qu'il avait déjà franchi la dizaine de mètre le séparant du tronc de l'arbre le plus proche. Aucun bruit ne venait parasiter le déplacement du chat strayé de rayures noires, le géant se mouvait sans le moindre bruissement.

Il accéléra encore, dépassant cette limite qui sépare les chasseurs de premier ordre du commun des félins. Mais il n'était pas un chasseur, c'était un guerrier. Rapidement, sa silhouette laissa place à une ombre floue arquée dans une course violente, agressive, innarêtable. Il pouvait le sentir proche, très proche. Il n'était plus qu'a quelques mètres de lui, il n'avait plus droit à l'erreur.

Une goutte de sueur perla sur sa fourrure avant d'être égarée dans son sillage. Rapidement son sprint laissa place à une suite de pas complexes, et sans même avoir pris la peine de l'éviter ni de ralentir, fondit sur l'arbre lui faisant face...

Il passa au travers avec une aisance déconcertante, comme si le tronc qu'il aurait du percuter n'existait pas. Un demi-sourire se peignit sur son visage. Le Pas de l'Ombre était sa technique d'esquive favorite, une véritable illusion qui donnait à son utilisateur l'impression de devenir un fantôme. Puis, il blêmit.

Cette liaison qui les unifiaient l'un à l'autre l'avertit du danger. Sur sa droite, il discerna la silhouette floue de Liberté des Ombres jaillir vers lui. Son cerveau réagit en fonction, décryptant et analysant la situation. Liberté des Ombres avait effectué une rotation afin de contourner l'arbre, et l'avait convertit en gain de vitesse en prenant appui sur le sol gelé afin de s'élancer à nouveau. Cela voulait donc dire que le chat au yeux bleu était capable d'aller encore plus vite ?

D'un mouvement simultané, les deux félins bondirent. Leurs yeux laissant un sillage de lumière durant leur chute dans la clarté nocturne. Légende Solaire réceptionna son énorme corps d'un dérapage sur le sable tiède de la berge, y inscrivant deux profondes entailles. Ses yeux de rubis se posèrent sur son frère d'âme qui avait également atterri sur la berge sans difficulté.

Il contempla Liberté des Ombres. Le chat couleur nuit baignait dans l'obscurité, la lune l'enveloppait d'une aura bleutée dans laquelle ses yeux de saphirs scintillaient. Il avait grandi. Malgré sa silhouette fine, Légende Solaire discernait ses muscles saillants. Prise au piège entre ses griffes, une touffe de poils bruns tentait vainement de s'échapper dans la brise nocturne...

Il se remémora le jeu du chat et de la souris auquel ils jouaient, lui et Nuage Libre, alors qu'ils n'étaient encore que des apprentis. Comme au bon vieux temps. Un sourire franc illumina son visage, Conrad n'était donc plus le seul d'Occident à être plus rapide que lui.

« Bon Sang Librounet ! Toujours aussi rapide à ce que je vois ! »

Il s'approcha, puis s'administrèrent une chaleureuse bourrade d'épaule. Il venait de retrouver son meilleur ami, ainsi que son meilleur rival.

[à Bloody de répondre normalement, mais si d'autres veulent le faire avant y'a pas de prob de mon côté ^^]