One thing I can say, girl [ PRIVATE ]

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          L’air sauvage s’engouffra dans sa queue. Il la fit basculer sur le côté et la plaqua au sol. Elle se crispa un instant, le souffle coupé. Mais elle se releva tant bien que mal. Une deuxième bourrasque l’empêcha d’avancer. C’était comme un mur de vent et d’écume qui s’imposait devant elle. Papillonnant des yeux quelques secondes, elle se reprit et fit demi-tour. Pas la peine de tenter l’impossible. La neige crissa sous ses pas, détrempant sa fourrure protectrice. Une vague colorée zébra le ciel étoilé. C’était merveilleux. Elle possédait toutes les couleurs inimaginables. Chaque teinte était différente pour chaque dixième de millimètre de cette aurore. Ses prunelles virides et pistaches étaient emplies d’étoiles. Pourtant, elle agita la tête et pivota sur elle-même en un bond majestueux qui lui valut de s’enfoncer jusqu’aux épaules dans la neige scintillante. D’un regard, elle embrassa le paysage et sautilla vers ce mur givré. Puis elle remonta à la surface du sol, prit son élan et galopa vers ce dernier. S’attendant à un choc brutal, elle ferma les yeux et poussa sur ses épaules.
          
          
          
          
          
          
          
          Au contraire, le choc fut doux et agréable. La neige céda sa place à une praire aux herbes moelleuses et grasses. Le ciel étoilé était à présent violacé et parsemé de petits nuages duveteux. Des arbres fleuris englobaient la plaine et pointaient leurs branches colorées vers elle. Un parfum inconnu flottait dans l’air. Il était à la fois sucré et doux. De petits oiseaux se poursuivaient dans le ciel, gazouillant une comptine qui lui rappelait son enfance. La gorge sèche, elle s’avança vers une petite rivière qui jaillissait mélodieusement d’un rocher translucide. Elle lapa l’onde turquoise et surprit un goût chaud et maternel. Quelques pas en arrière lui apprirent avec délice que la rivière avait pris une couleur blanche et nacrée. Elle s’avança de nouveau et but à grandes gorgées le liquide lacté. Un papillon rose se déposa sur une pierre non loin. La chatte l’observa attentivement. Ses ailes flamboyantes contrastaient avec son corps charbonneux. Elle eut soudain envie de le poursuivre et de l’attraper.
          
          
          
          
          
          
          
          Après quelques galopades, elle se rendit compte que le paysage avait changé. L’air printanier était derrière elle. Le papillon avait disparu. De même pour le sol meuble et verdoyant. La terre était aride, d’une couleur semblable à du sable ou à de l’ocre rougeâtre. Les arbres étaient dénudés de leurs feuilles et le sol était jonché de feuilles mortes. La fraicheur ambiante la fit frissonner. Un léger vent caressa sa fourrure tourdille. La faim lui tordit les tripes. Elle s’avança vers un lac verdâtre non loin et remarqua qu’un canard s’y baignait. Se léchant les babines, elle se ramassa sur elle-même et sauta sur lui. Malgré son habileté, elle le rata et s’embourba dans l’eau trouble. L’oiseau déploya ses ailes flaves et prit son envol. La femelle jura et retourna sur la rive, trempée. Avec dégout, elle entreprit de nettoyer son manteau argenté plaqué contre son corps. Puis elle livra sa tête à la terre et laissa une patte pendouiller dans l’une des nombreuses failles du sol craquelé. Elle ferma les yeux et se senti attirée dans le trou. Sans aucune résistance, elle se laissa aller et chuta dans les entrailles de la Terre en un miaulement déchirant.
          
          
          
          
          
          Une vague de chaleur l’irradia littéralement. Le choc fut violent. Elle s’étala lourdement contre un rocher brûlant et feula de douleur. Un ciel azuré avait déteint sur le précédent, orangé. Un grand soleil brillait de mille feux et chauffait les pierres environnantes. Les herbes sèches et jaunies poussaient à perte de vue sur la colline. Quelques cactus pointaient le bout de leur nez de temps à autre, devinant des particules sablées. La féline fit quelques pas sur les graminées asséchés et sembla apercevoir de nombreux palmiers encerclant un point d’eau. Des animaux qu’elle n’avait jamais vus s’y désaltéraient. Ils avaient la même fourrure fauve que ses ancêtres, les grands félins des savanes. Certains possédaient des crinières luxuriantes, couleur feu. D’autres en étaient dépourvus, mais se distinguaient par de nombreuses taches sombres de toutes tailles sur le corps. Ils semblaient l’ignorer. À petit pas, elle se faufila sur le sable bouillant vers cet élixir de vie qu’était l’eau. Mais tout disparut avant même qu’elle est pu y toucher. Le sable, les félins gigantesques, les cactus, l’oasis. Tout.
          
          La tête lui tournait. Elle s’assit et ferma de nouveau les yeux. Un lourd sommeil s’abattit sur ses paupières, l’obligeant à quitter le monde des vivants pour rejoindre celui des songes. Elle se laissa aller et rassembla ses pattes endolories sous son poitrail. Un air frais apaisa ses blessures et balaya son esprit embrumé. Mais au lieu de s’endormir, elle se réveilla dans la réalité. Tout ce voyage n’était qu’un rêve. Elle était couchée sur les pierres dîtes magiques. Dans les territoires libres. Sur la rune Uruz, rune du voyage.
          

Un petit coeur déchiré, recousu à l'arrache. Une sorte de trou dans sa poitrine où l'air glacial de l'hiver s'engouffrait avec délice léchant avidement les bords de son âme détruite. Elle ne vit plus vraiment, mais survit aveuglément, seule et méfiante. Rongée par une rage sans limite difficilement contenue derrière un mur de pierre qui ne demande qu'à se briser pour laisser éclater ce sentiment comprimé. Elle en veut au monde entier, de la plus petite fourmi au plus grand des Bipèdes. Mais elle marche, elle marche. Sans rien montrer de tout cela. Et peut-être dans le fond, tente-elle d'oublier sa tristesse.



Dors le mal est passé et tu entres dans la danse. Le pire de côté tes rêves entrent en cadence. Tu sèmes le bonheur à chaque pas que tu fais, et à ton réveil la vie reprend son train. [...] Ouvres tes yeux, jolie Lyrisme. Le jour vient de se lever. La femelle ouvrit un peu brusquement ses étranges yeux vairons qu'elle referma presque aussitôt, éblouie par la clarté matinale. Ses paupières papillonnaient comme un nouveau né et elle ne semblait jamais autant calme et paisible que dans ces rares moments de tranquillité parfaite. Son coeur libéré de toute la tension accumulée, pendant quelques heures à peine et elle ressemblait à un chaton endormit encore insouciant de la vie. Puis ses paupières s'ouvrirent sur deux pupilles aux couleurs douceâtres mais dont l'éclat sombre glaçait jusqu'au sang, comme si la douleur et la tristesse qui y était imprégnées nimbaient qui les regardaient. Elle se leva, s'étira un peu paresseusement et sortie discrètement de la tanière des guerriers. Ses yeux redeviennent sombres et plats, elle se recompose lentement une expression presque sereine. La vie est bien plus belle lorsque l'on fait semblant d'être heureux. Le soleil balayait le camp d'une lueur voilée et une multitude de nuages cotonneux projetaient des ombres aux formes étranges sur la terre battue. La moitié du clan dormait. L'autre était partie en patrouille. La féline balaya rapidement la clairière du regard et s'élança. Ses pattes foulèrent le sol avec légèreté jusqu'à la sortie, puis tellement rapidement qu'elle avait l'impression de voler par moment. Ses yeux ne captaient plus qu'une multitude de points et de traits lumineux sur les côtés. Boum. Il fallait bien que cela arrive. Un terrier de lapin qu'elle n'avait pas prévu et voilà qu'elle se retrouvait étalé par terre. Super. Elle se relève un peu tremblante, ses pattes ne la tenaient plus vraiment. Son pelage est couvert de boue, on aurait dit un solitaire tout dégueulasse. Finit de courir sans regarder, c'était surement la pire idée qu'elle avait eut de sa vie. Elle repartie plus lentement, les yeux presque fixés sur le sol. Quelle idiote. Sa hanche la lançait atrocement. Pourquoi était elle sortie déjà ? Aucune idée, bien sur. Une odeur chaude et humide lui chatouilla les narines. Ses oreilles perçurent un frottement très léger, un petit tambourinement frénétique. La guerrière se tapie silencieusement sur le sol et bondit sur le petit animal. Comme une apprentie lors de sa première partie de chasse, sa patte blessée rendit ses mouvements plus lourds et elle roula lamentablement dans la poussière à l'endroit où se tenait le rongeur quelques secondes plus tôt. De frustration, elle feula suffisamment fort pour faire fuir tout le gibier qui aurait eut le malheur de se tenir encore dans les environs. Puis soudain, elle réalisa. Les territoires de son clan étaient bien loin maintenant et sans s'en rendre compte, elle s'était rendue en territoire libre.

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      La jeune chatte se leva tant bien que mal. Ses yeux étaient écarquillés comme après un mauvais rêve. Sa fourrure argentée étaient plaquée contre son corps, elle frissonnait, le sang glacé dans les veines. Déglutir était une difficulté. La peur inconnue qui lui tordait le ventre l’assomma, si bien qu’elle s’effondra lamentablement sur les roches calcaires. Un râle s’échappa de sa bouche, sa gueule était soudain emplie de sang. De minces filets pourpres se glissaient entre ses dents blanches. Elle se sentit défaillir, et laissa sa tête claquer contre le sol. Que lui prenait-elle ? C’était donc ça la mort ? Furieuse, elle cracha, manqua de s’étouffer. Elle était au supplice, au pied du mur. Puutain. Elle n’en pouvait plus, la torture qui lui lacérait la gorge monta dans son visage. Comme si on lui avait renversé une bassine d’acide sur la figure. Ses griffes crissèrent, malgré les supplications de ses tympans. Pourquoi.. ? Elle recracha un caillot gros comme une pierre, puis s’étala sur le flanc, molle, anéantie. Un flot de sang sillonnait entre sa fourrure, s’échappant de sa gueule.
      
      Elle papillonna des yeux avec fainéantise. Alors tout ça n’était qu’un rêve ? Le sang, la souffrance et le martyr. Qu’une illusion ? Elle ressentait toujours ce flot bouillonnant s’échapper de son cœur. Sa gorge était sèche, elle se leva donc pour aller étancher sa soif. Mais l’eau du torrent ne lui suffit pas. Elle se mit en chasse, guettant le moindre mouvement aubrun dans l’herbe rase. Un petit cœur battait furtivement entre deux touffes jaunies par le soleil. La féline pivota souplement sur elle-même, sans faire le moindre bruit. Elle avança une patte griffue vers le corps minuscule, qui finirait bientôt dans son estomac. Un feulement furieux déchira l’air. Surprise, une oreille à l’opposé de l’autre, elle sursauta d’effroi. Sa proie s’était échappée, elle vit rouge. Pour la belle, on ne déconnait pas avec ça. Elle en oublia presque sa bonne humeur habituelle, les pupilles dilatées comme une panthère en quête d’humain pour se rassasier. Son visage strié de blanc scruta les environs, les traits tirés par la colère. L’ivresse lui monta à la tête, envoyant des signaux d’alerte au cœur de son cerveau. Elle bondit derrière un arbre, ondula de la queue, frustrée. Le bois lisse lui empêchait de grimper à son sommet sans se faire remarquer par la chose qui avait fait fuir son gibier. Le siens. Pas question de pardonner pour cet acte odieux. Elle prit du recul, tentant le coup. Finalement, ses pattes délicates hélèrent une branche qui lui permit de se hisser sur une autre, plus épaisse. De son promontoire, elle eu une vision panoramique du champ de runes ainsi que ses alentours. A première vue, rien n’attira son attention. Si ce n’est peut être une pierre plus foncées que les autres. Une pierre … Qui bougeait. Fraise ouvrit des yeux ronds, avant de se rendre compte que c’était un chat. Ou une chatte, on s’en fou. Elle bascula dans le vide, quasiment à la verticale, puis se réceptionna avec légèreté. Emportée dans son élan, elle se rua sur le félin. Le responsable.
      
      Ses prunelles pistaches s’assombrirent, toisa le chat. Il était d’une robe crème, strié de rayures plus foncées, genre chocolat. Sans ouvrir la bouche, elle la détruisit du regard avant de s’en apercevoir.